Les huiles essentielles sont devenues, ces dernières années, une matière d’importance économique considérable, avec un marché en constante croissance dont les domaines d’application sont directement liés à la consommation humaine. C’est pourquoi les huiles essentielles sont de plus en plus contrôlées afin de vérifier la présence de certains composés naturels, leur origine naturelle ou non, leur source, ainsi que la présence de certains composés actifs. Ainsi, les propriétés organoleptiques et physiques telles la couleur, l’odeur, la réfraction, la solubilité, le point éclair mais également les propriétés chimiques telles que les indices d’acides et d’esters sont contrôlées. La meilleure carte d’identité qualitative et quantitative d’une huile essentielle reste cependant son profil chromatographique réalisé la plupart du temps en chromatographie en phase gazeuse.
Les huiles essentielles sont présentes dans des plantes dites aromatiques. Elles sont susceptibles d’être utilisées dans différents domaines (pharmacie, parfumerie, cosmétique, agroalimentaire) pour leurs propriétés thérapeutiques et odorantes. L’inflammation est un mécanisme de défense indispensable pour l’intégrité de l’organisme. Elle se trouve impliquée dans un grand nombre de pathologies humaines. De ce fait, les antiinflammatoires font partis des médicaments les plus prescrits dans le monde. Cependant l’utilisation de substances chimiques de synthèse anti-inflammatoires est toujours accompagnée d’effets secondaires indésirables. L’aromathérapie est l’une des alternatives pouvant résoudre ce problème. Il s’agit de se soigner à l’aide des principes odorifères. La recherche des substances d’origine végétale s’avère très utile pour l’amélioration de la santé humaine tout en évitant les effets indésirables des molécules de synthèse. A Madagascar, la médecine traditionnelle ou « Raokandro » est encore très utilisée pour se soigner grâce aux vertus thérapeutiques de nombreuses plantes malgaches (BOITEAU, 1979). La flore malgache est unique par sa richesse, sa diversité et son endémicité.
Famille ASTERACEAE
La plante étudiée appartient à la famille des Asteraceae, son identification botanique est en cours.
Le mot « Aster » du grec signifie étoile, en relation avec la forme de la fleur. Les Asteraceae (anciennement appelés composées) sont une famille appartenant aux dicotylédones comprenant plus de 1500 genres et plus de 25000 espèces. C’est une des familles la plus importantes des Angiospermes. Ce sont presque toujours des plantes herbacées avec souvent des racines charnues : rhizomateuses, tubéreuses ou pivotantes (QUEZEL et SANTA, 1963). Cette famille présente des caractères morphologiques divers : herbes annuelles ou vivaces, plus rarement des arbustes, arbres ou plantes grimpantes et quelques fois, plantes charnues (ZIDORN et al., 2003). Bien que généralement ce soient des plantes herbacées à feuilles isolées (QUEZEL et SANTA, 1963), l’aspect de l’appareil végétatif est trop variable pour caractériser les Asteraceae sur ce seul critère. En revanche, cette famille est très homogène au niveau de ses inflorescences très caractéristiques : le capitule. Chaque capitule floral est composé de dizaines, voire de centaines, de fleurs, modifiées certes, le faisant ressembler à une fleur unique (les fleurs externes – ligules – miment des pétales, les centrales – tubules – des étamines). C’est la raison pour laquelle elles sont considérées comme les plantes les plus évoluées. Un très grand nombre d’entre elles sont aromatiques.
Leur aire de distribution est extrêmement vaste. En effet, elles sont représentées sur tous les continents, à toutes les altitudes, sous tous les climats. Les Astéracées sont particulièrement abondantes dans les régions sèches, ou même arides tels que les pays circumméditerranéens, l’Afrique australe, l’Australie du sud et l’Amérique (Ouest des Etats-Unis, Mexique, Andes). A Madagascar, cette famille est présente dans la partie centrale et nord de l’île. Elle occupe surtout les milieux découverts, les clairières naturelles et les lisières des forêts (RAMAVOVOLOLONA, 1996). Plusieurs sont originaires de l’Amérique comme l’Ageratum hitum, le Thitonia diversifolia et d’autres sont endémiques comme l’Hélichrysum cordifolium, Psiadia nigrescens (NICOLAS, 2012). Des plantes de cette famille sont utilisées par les Malgaches qui ont recours aux médecines traditionnelles pour résoudre leur problème de santé fondamentaux. Citons par exemple les préparations à base de feuilles et des racines du Taraxacum officinale qui sont utilisées comme apéritifs et toniques stomacaux (PAMPLONA ROGER, 1999) ; la décoction de la plante Emilia humifusa sur les plaies qui ne guérissent pas ; ainsi que l’Hélichrysum cordifulium qui soulage l’asthme (NICOLAS, 2012).
D’autres sont aromatiques, comme le Psiadia altissima dont l’HE extraite des feuilles, composées de pinène, limonène, sabinène et caryophyllène, possède des activités antiseptiques et anti-inflammatoires (NICOLAS, 2012). Il y aussi les HE extraites des feuilles et des fleurs du Psiadia salviifolia qui sont marqués par la prépondérance des hydrocarbures monoterpéniques, et possèdent des activités antibactériennes (RAVALISON, 2015).
Huiles essentielles
Les huiles essentielles sont des substances volatiles largement réparties dans le règne végétal. Elles peuvent être stockées dans tous les organes végétaux : fleurs, feuilles, écorces, bois, racines, rhizomes, fruits ou graines. Pour certaines plantes, l’huile essentielle peut être présente dans différents organes, la composition pouvant varier d’un organe à l’autre (HERNANDEZ, 2005). Une huile essentielle est un produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une plante aromatique soit par entrainement à la vapeur d’eau, soit par hydrodistillation. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entrainant pas le changement significatif de sa composition (AFNOR NFT 75-006). Le terme « huile » se comporte au caractère visqueux et hydrophobe de ces substances, et le terme « essentielle » étant la caractéristique principale de la plante.
Composition chimique
Du point de vue chimique, les huiles essentielles représentent le groupe le plus hétérogène qui existe. On y trouve divers composés représentant un bon nombre de fonctions organiques (hydrocarbures, alcools, cétones, aldéhydes, esters et acides). Ces composés appartiennent à une classe de produits naturels nommée terpènes ou encore terpénoides. Les terpènes ont été nommés par Friedrich et Kekulé Von Stradonitz, en référence à la térébenthine qui, en plus des acides résiniques, contient aussi des hydrocarbures. Seulement, ceux-ci ont été qualifiés à l’origine de terpène (KEKULE, 1865). Les terpènes sont des hydrocarbures résultant de la combinaison de plusieurs unités d’isoprène (C5H8) , et ont pour formule de base des multiples de celles-ci (C5H8)n. Ils sont subdivisés selon le nombre d’entités isoprène en monoterpène formés de deux isoprènes (C10H16), en sesquiterpènes, formés de trois isoprènes (C15H24), en diterpènes, formés de quatre isoprènes (C20H32), en tétraterpènes, huit isoprènes qui conduisent aux caroténoides, en polyterpènes (C5H8)n où n peut être de 9 à 30 (HERNANDEZ, 2005).
Activité biologique des huiles essentielles
Auparavant, les huiles essentielles étaient considérées comme des résidus du processus du métabolisme de la plante (PENFOLD et WILLIS, 1955). Mais des chercheurs ont montré que l’huile essentielle peut fournir un groupe métabolique pour la synthèse des composés indispensables de la plante tels que les pigments, les aminoacides et mêmes certaines coenzymes de la respiration (ERMAN, 1985). L’activité biologique d’une huile essentielle est liée à sa composition chimique, aux groupes fonctionnels des composés majoritaires (alcools, phénols, composés terpéniques…) et à leurs effets synergiques (DORMAN, 2000). Plusieurs travaux ont mis en évidence les différentes activités biologiques des plantes aromatiques et médicinales, en particulier leurs pouvoirs antifongiques (MOLEYAR et NARASIMHAM, 1986 ; SOLIMAN et BADEA, 2002 ; JAZET DONGMO et al., 2009), antibactériens (BOURKHIS et al., 2007 ; MAGINA et al., 2009), antioxydants (BOUZOUITA et al., 2008) et insecticides (ERLER et al., 2006 ; TANG et al., 2007 ; CHENG et al., 2009).
Mode d’extraction
Le choix du procédé d’extraction influe directement sur la qualité des produits et sur le rendement d’extraction. Il est orienté par la localisation histologique et la composition chimique de ces essences. Il existe différentes techniques d’exploitation des plantes aromatiques, les plus connus sont la distillation à la vapeur d’eau, l’expression à froid, l’extraction par les solvants (ROBERT, 2000 ; PROUST, 2006), et l’extraction au CO2 en phase supercritique (WENQTANG et al., 2007).
Distillation à la vapeur d’eau
La distillation est un procédé de séparation basé sur la différence de composition entre un liquide et la vapeur engendrée. Les produits aromatiques sont entrainés par la vapeur d’eau sans subir d’altération majeure. La technique implique la condensation de la vapeur et la récupération des fractions liquides résultantes. Il existe trois différents procédés utilisant ce principe : l’entrainement à la vapeur d’eau, l’hydrodiffusion et l’hydrodistillation.
Entrainement à la vapeur d’eau
L’entrainement à la vapeur d’eau est une technique qui ne met pas l’eau et le matériel végétal en contact direct. De la vapeur d’eau fournie par une chaudière traverse la matière végétale située au-dessus d’une grille. Durant le passage de la vapeur à travers le matériel, les cellules éclatent et libèrent l’huile essentielle qui est vaporisée sous l’action de la chaleur pour former un mélange eau-huile essentielle. Le mélange est ensuite véhiculé vers le condenseur et l’essencier avant d’être séparé en une phase aqueuse et une phase organique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE-I- GENERALITES
I-1- Famille ASTERACEAE
I-2- Huiles essentielles
I-2-1- Composition chimique
I-2-2- Activité biologique
I-2-3- Mode d’extraction
I-2-4- Méthodes d’analyses
I-3- Inflammation
I-3-1- Inflammation aigue
I-3-2- Inflammation chronique
I-3-3- Traitement
PARTIE-II- MATERIELS ET METHODES
II-1- Matériels utilisés
II-2- Méthode d’extraction
II-3- Méthodes d’analyses
II-4- Test anti-inflammatoire
PARTIE-III- RESULTATS ET DISCUSSIONS
III-1- Résultat des extractions
III-2- Identification de la composition chimique de l’HE de MAN0316
III-3- Identification des principaux constituants de l’HE de MAN0316 à partir de la bibliothèque de spectres RMN 13C de l’Université de Corse
III-4- Activité anti-inflammatoire
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES
ANNEXES