Soutenance mémoire
Préambule à destination des élus et du public
Le Saint-Pardoux, un cours d’eau à protéger
Le Saint-Pardoux, petit cours d’eau en tête de bassin versant de la Dore, est une rivière remarquable puisque sa qualité de réservoir biologique et son très bon état écologique ont conduit à son classement en liste 1 de l’article L. 214-17 du Code de l’Environnement qui recense les cours d’eau nécessitant une protection complète des poissons migrateurs. Le Saint-Pardoux fait également partie du périmètre Natura2000 « Dore et affluents », qui regroupe les cours d’eau d’intérêt patrimonial de par leur faune ou leur flore particulière. En effet, il a été observé dans le cours d’eau la présence d’une espèce native protégée : l’écrevisse à pattes blanches.
Qu’est ce que le Contrat territorial Dore amont ?
Le Contrat territorial est né d’une prise de conscience par les acteurs locaux des problématiques liées à l’eau sur le territoire de la Dore amont et de la volonté des élus du bassin versant. Élaboré sur 5 ans, ce projet permet la préservation, la restauration et l’entretien des cours d’eau du territoire. Il permet de répondre aux objectifs européens, qui préconisent l’atteinte du bon état écologique des masses d’eau en 2021 et aux besoins locaux .
Les actions programmées
Pour remédier à ces problématiques, le Contrat territorial a donc élaboré et programmé des actions de restauration du Saint-Pardoux et les autres affluents de la Dore. Ainsi, dans le courant de l’année 2016 et 2017, des travaux de mise en défens des berges et de recul des résineux devront voir le jour.
L’objectif de l’étude
Cette étude se développe dans un objectif d’analyses préalables aux travaux du Contrat territorial Dore Amont. Se concentrant sur la problématique des plantations d’Épicéas au bord de berges, ce projet a pour but de mettre en place différents indicateurs de suivi sur le cours d’eau. Ces indicateurs permettront de mettre en évidence les impacts néfastes des résineux sur le Saint-Pardoux ainsi que les conséquences bénéfiques des travaux programmés au Contrat territorial.
Quels sont les impacts des conifères ?
Certaines espèces de résineux (épicéas, douglas…) associées à un mode de gestion inadapté ne permettent pas à la ripisylve (la végétation de berge) d’assurer correctement ses fonctions pour plusieurs raisons :
• Leur système racinaire, se développant en surface, ne permet pas la stabilité des berges et favorise son érosion (chutes d’arbres dans le lit mineur, création d’embâcles, etc.).
• Ces arbres, implantés en quantité, engendrent de l’ombre sur le cours d’eau, limitant le développement de la faune et de la flore.
• La litière se dégrade difficilement et s’accumule dans le lit de la rivière,
• Les plantations mono spécifiques en futaie régulière et les coupes à blancs limitent la capacité du milieu à résister à des perturbations (crues, tempêtes, incendies, espèces invasives) et le développement des autres strates de végétation (herbacée, arbustive, arborée).
De plus, la gestion de ces arbres est difficile pour le propriétaire, car ils sont inadaptés aux cours d’eau et ont une croissance faible et sont sensibles aux parasites. L’effondrement des berges entraîne également la chute des arbres et l’érosion latérale provoque des pertes de terrain. Les plantations de résineux présentent donc tout autant des problèmes pour l’environnement que pour les exploitants.
Quels sont les résultats obtenus ?
En premier lieu, l’étude morphologique a démontré que la rivière est nettement plus large dans le secteur enrésiné (touché par les Épicéas). Le lit mesure, en effet, presque le double de celui de la station de référence, sans résineux. À l’inverse de la station de feuillus, la station de conifères présente des faciès d’écoulement peu nombreux, des substrats faiblement diversifiés et une forte quantité de sable transportée. Les berges sont creusées et hautes, menaçant de s’effondrer et de faire chuter les arbres avec elles. L’érosion du lit est donc nettement visible. L’analyse biologique vient confirmer ces observations, en montrant une dégradation des peuplements de macro-invertébrés benthiques entre les deux stations.
Et après ?
Des mesures simples de gestion peuvent être mises en place pour remédier aux problèmes des conifères. Sur le Saint-Pardoux, les travaux programmés permettront de laisser un espace relativement important entre le cours d’eau et la plantation annexe (5 à 6 mètres). Cela conduira à la restauration d’une ripisylve adaptée et à la limitation de l’ombrage sur la rivière. Si on souhaite accélérer le processus de conversion, des travaux de plantations d’espèces appropriées aux cours d’eau peuvent être envisagés. La zone restaurée sera surveillée régulièrement et entretenue afin de maintenir une bonne ripisylve. Dans un délai de 3 à 5 ans après les travaux, les dispositifs utilisés dans cette étude seront de nouveau mis en place sur les mêmes stations du Saint-Pardoux. Ainsi, les nouvelles données obtenues seront comparées à celles issues de cette étude.
Les politiques publiques de gestion de l’eau actuelles sont guidées par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) qui induit, pour l’ensemble des activités liées à l’eau, la mise en place de plans d’action permettant l’atteinte du bon état écologique des milieux aquatiques. C’est dans ce cadre que le Contrat Territorial du bassin de la Dore Amont a été mis en place, outil permettant de répondre aux objectifs de la DCE. La démarche repose sur la réalisation d’une étude préalable au Contrat qui a permis de dégager les différents enjeux prioritaires sur le bassin versant afin de constituer par la suite un programme d’actions ciblées. Parmi les problématiques mises en évidence par le diagnostic sur le territoire du Contrat, l’une d’elle est particulièrement prépondérante : l’enrésinement inadapté des cours d’eau. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, l’introduction massive d’essences à croissance rapide (notamment de l’épicéa) sous l’impulsion des aides au reboisement du Fonds Forestier National et de la déprise agricole, s’est faite au détriment des ripisylves naturelles (LIFE, 2009). Pourtant, la ripisylve des cours d’eau, essentiellement composée de feuillus, joue un rôle écologique majeur pour le bon fonctionnement des rivières. À l’inverse, les peuplements de résineux en bordure de rivières ont des conséquences négatives importantes sur les milieux aquatiques, aussi bien sur le plan écologique qu’économique (destruction des berges, colmatage du lit mineur, chute des arbres…) (LIFE, 2009). C’est dans ce contexte particulier que s’inscrit cette étude dont l’objectif est de mettre en évidence l’impact des espèces de résineux sur la rivière. Sur le territoire du Contrat Territorial de la Dore amont, le Saint Pardoux représente le cours d’eau le plus impacté par l’enrésinement et constituera l’objet de cette étude. L’objectif est de définir le(s) meilleur(s) indicateur(s) de l’impact de l’enrésinement en bord de berge et de quantifier cet impact sur l’altération de la qualité du milieu. Ces indicateurs seront de nouveau utilisés après les travaux afin de quantifier des bénéfices et éventuellement de justifier ou de prioriser des secteurs d’intervention sur le Saint Pardoux. Dans un premier temps, un état des lieux des caractéristiques du territoire et de la masse d’eau sera présenté. Les indicateurs choisis pour l’étude du Saint Pardoux seront détaillés dans une seconde partie ainsi que les raisons pour lesquelles on a choisi de mettre en place ces indicateurs. Deux stations différentes seront étudiées sur le cours d’eau. Les résultats seront analysés et interprétés avant de conclure quant à l’impact des résineux sur les milieux aquatiques.
Présentation de la structure d’accueil
Le Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples (SIVOM) d’Ambert
Le SIVOM d’Ambert, situé dans le Puy-de-Dôme, est un service public administratif crée en 1978 qui met en œuvre des projets et actions d’intérêt commun pour l’ensemble des communes du territoire de la structure. Les missions de l’établissement consistent en plusieurs domaines :
_ La collecte et le traitement des déchets
_ Contrat territorial Dore Amont,
_ Aide à la scolarité,
_ Accompagnement à la scolarité et à la parentalité dans les collèges du territoire du SIVOM,
_ Services aux communes,
_ Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC),
_ Petit patrimoine.
Aujourd’hui, la structure regroupe 58 communes (8 cantons de l’arrondissement d’Ambert, 3 communes adhérentes, Ceilloux, Tour-sur-Meymont, et Domaize) réparties en 7 communautés de communes .
Le Contrat territorial du bassin versant de la Dore Amont (CTDA)
Le Contrat territorial est un outil opérationnel de gestion de l’eau établi à l’échelle de tout ou partie d’un bassin versant. Contractualisé pour 5 ans, le programme du Contrat territorial regroupe un ensemble d’actions coordonnées pluri-thématiques dont les objectifs visent à améliorer la qualité de l’eau, à valoriser les milieux aquatiques et à gérer de manière équilibrée et durable la ressource en eau. Localement, le Contrat territorial de la Dore Amont, situé dans le Puy de Dôme, concerne 44 communes regroupées en 9 communautés de communes (cf. figure 2 p.4). Le Contrat territorial représente le dispositif le mieux adapté pour répondre aux objectifs de la DCE : malgré des milieux relativement préservés, les différentes études menées dans le cadre de l’élaboration du Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau de la Dore (SAGE Dore) traduisent l’existence de pressions et d’altérations non négligeables sur l’ensemble du bassin versant. Ainsi, la mise en œuvre du Contrat territorial permet à la fois de répondre à des obligations réglementaires (rétablissement de la continuité écologique, mise aux normes de réseaux d’épuration, entretien de la ripisylve etc.), d’apporter un conseil et un appui aux collectivités et propriétaires privés et de répondre à des besoins de terrain. Le Contrat Territorial s’accompagne d’une démarche de communication et de sensibilisation des habitants sur les thématiques qui le concernent. C’est donc l’aboutissement d’un travail de concertation entre les différents acteurs (élus locaux, services administratifs, usagers, pêcheurs, associations de protection de la nature etc.). Le programme d’actions est décomposé en 3 volets (restauration des milieux aquatiques ; qualité de l’eau ; gouvernance, animation, communication, sensibilisation et suivi) correspondant aux principaux enjeux dégagés en phase préalable.
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. ETAT DES LIEUX
1. PRESENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL
a. Le Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples (SIVOM) d’Ambert
b. Le Contrat territorial du bassin versant de la Dore Amont (CTDA)
2. CONTEXTE DE L’ETUDE
a. Caractéristiques du bassin versant de la Dore
b. Aspects réglementaires
c. La problématique de l’enrésinement
3. PRESENTATION DU SITE D’ETUDE : LE BASSIN VERSANT DU SAINT PARDOUX
a. Le Saint Pardoux au sein du CTDA
b. Hydromorphologie
c. Occupation du sol
d. Géologie
e. Qualité de l’eau
II. MATERIELS ET METHODES
1. CHOIX ET LOCALISATION DES STATIONS
2. CHOIX DES INDICATEURS DE SUIVI
a. SYRAH-CE
b. CARHYCE
c. IAM
d. IBG-DCE
e. Pièges à sédiments
3. CONDITIONS D’ECHANTILLONNAGE
4. LIMITES DE LA METHODE
a. Variations liées aux protocoles
b. Conséquences des conditions météorologiques, matérielles et temporelles
III. RESULTATS
1. HYDROMORPHOLOGIE DU SAINT-PARDOUX
a. CARHYCE
e. IAM
2. SUIVI DES PEUPLEMENTS DES MACRO-INVERTEBRES BENTHIQUES
a. Principales données issues des listes faunistiques
b. Indices complémentaires
c. Guildes trophiques
3. TRANSPORT SEDIMENTAIRE
IV. DISCUSSIONS
1. ETAT DE LA MORPHOLOGIE DU SAINT-PARDOUX
a. D’après le protocole CARHYCE
b. D’après l’Indice d’Attractivité Morphologique
2. ETAT DES PEUPLEMENTS DE MACRO-INVERTEBRES BENTHIQUES
3. ANALYSE DU TRANSPORT SOLIDE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet
