Les problรจmes de lโenvironnement nโont pas de frontiรจres. Dรจs le dรฉbut du siรจcle, ils sont devenus une prรฉoccupation internationale. Leurs รฉvolution rapide, a conduit la communautรฉ des Nations ร รฉlaborer des instruments juridiques de protection de lโenvironnement sous forme de conventions et de protocoles internationaux. Cependant, lโรฉtat de lโenvironnement ne cesse de se dรฉgrader et la vision protectionniste se trouve confrontรฉe ร de nombreuses limites (FEPS, 2007).
Le milieu marin, un monde riche et extraordinaire recouvre prรจs de 71% de la Terre. Il constitue une immense rรฉserve de ressources รฉnergรฉtiques, minรฉrales et biologiques. Une grande partie de la diversitรฉ de la planรจte se trouve dans les mers et les ocรฉans qui recรจlent environ 250 000 espรจces connues et des millions ร dรฉcouvrir ! Des trรฉsors inestimables dont nous tirons des services ร l’image du plancton marin, constituรฉ dโanimaux et dโalgues visibles mais aussi de cyanobactรฉries, microalgues et virus qui jouent un rรดle รฉcologique primordial en apportant des matiรจres nutritives fondamentales pour les รฉcosystรจmes marins. Ces organismes restituent dans lโatmosphรจre une quantitรฉ considรฉrable dโoxygรจne en rรฉalisant la photosynthรจse. Cependant, cet espace ne cesse dโรชtre menacรฉ par diffรฉrentes sources de pollution qui risquent de diminuer ses potentialitรฉs รฉconomiques et dโavoir des rรฉpercussions nรฉfastes sur la santรฉ humaine (Mc Cauley et al., 2000; Long, 2000). Parmi les consรฉquences majeures de la pollution, celle des produits chimiques est devenue actuellement un danger prรฉoccupant qui affecte lโhydrosphรจre par perturbation au niveau des รชtres vivants (faune et flore) et les compartiments abiotiques (eau et sรฉdiments) quโils occupent (Truhaut, 1977).
Lโaltรฉration actuelle de lโรฉcosystรจme aquatique est favorisรฉe aussi bien par la poussรฉe dรฉmographique que par les progrรจs de la technologie industrielle (Neveu et al, 2001). En effet les cรดtes sont depuis toujours le lieu privilรฉgiรฉ dโinstallation des villes, des ports et des industries. De plus, la moitiรฉ de la population mondiale est localisรฉe ร moins de 50 Km des rivages oรน lโeau est devenue par la force des choses le vรฉhicule naturel des dรฉchets domestiques et industriels (Munkittrick & Mc carty, 1995). La qualitรฉ des hydrosystรจmes sโest retrouvรฉe ainsi peu ร peu altรฉrรฉe par la quantitรฉ et la diversitรฉ des polluants rejetรฉs dans le milieu naturel (Lavado et al; 2006, Sanchez et al; 2007). Le littorale se trouve continuellement exposรฉ ร une grande variรฉtรฉ de substances contaminantes et de micropolluants directement rejetรฉs dans les mers et les ocรฉans, auxquels sโajoutent ceux rejetรฉs dans lโair et qui seront drainรฉs par les sols et les fleuves (Damiens et al; 2004, Valavanidis et al; 2006). Le dรฉveloppement technologique a donnรฉ de nouvelles dimensions aux risques dโintoxication et aujourdโhui le nombre de populations exposรฉes aux contaminants environnementaux ne cesse dโaugmenter. On estime ร 250 000, le nombre de nouveaux produits chimiques synthรฉtisรฉs qui viennent sโajouter chaque annรฉe ร plus de 2 millions de substances dรฉjร rรฉpertoriรฉes. Plus de 100 000 substances sont commercialisรฉes et la plupart se retrouvent dans lโenvironnement ร la fin de leur cycle de vie (Depldege & Galloway, 2005).
La pollution toxique de lโeau a plusieurs origines, elle peut รชtre urbaine produite par la population vivant autour du bassin (dรฉchets solides ou liquides, traitement des eaux usรฉes, polluants contenus dans les eaux de ruissรจlements,โฆ.), industrielle (mรฉtaux lourds, hydrocarbures, substances chimiques,โฆ.) et/ou agricole (pesticides, insecticides,โฆ) (Sarkar et al; 2006). Ces polluants sont introduits et circulent dans les รฉcosystรจmes, depuis les milieux contaminรฉs (air, eaux et sols) jusqu’aux communautรฉs vivantes (Chapman, 1995; Baird et al., 1996). Lโรฉcotoxilogie est une discipline qui รฉtudie les perturbations fonctionnelles (รฉcophysiologiques) produites par l’exposition des รชtres vivants ยซ dans la nature ยป ร tel ou tel polluant, ainsi que les consรฉquences qui en rรฉsultent pour les populations affectรฉes (niveau dรฉmoรฉcologique). (Breitholz et al., 2006). Elle contribue ร la surveillance permanente des polluants dans l’environnement, en particulier par l’usage de biomarqueurs et d’indicateurs biologiques de pollution. Elle connaรฎt aujourd’hui un dรฉveloppement important, cโest celui de la prรฉvision de l’impact potentiel d’un polluant sur l’environnement (Truhaut, 1977 & Arapis, 2005).
Au dรฉbut des annรฉes 70 des programmes de surveillance de l’environnement sont basรฉs sur l’analyse chimique des contaminants majeurs comme les hydrocarbures aromatiques et polycycliques (HAP), les polychlorobiphรฉnyles (PCB), les mรฉtaux lourds, les pesticides dans diffรฉrents compartiments de l’environnement (colonne dโeau, sรฉdiments, organismes) (Takisawa, 1970). Le deuxiรจme volet de la surveillance de lโenvironnement est lโobservation des changements induits au niveau des populations et des communautรฉs constituant les รฉcosystรจmes permettant de typer les biocรฉnoses (Amiard et al., 1998).
MATERIEL ET METHODESย
Prรฉsentation du modรจle biologique
L’embranchement des Mollusques (du latin molluscus = mou), l’un des plus anciens et des plus variรฉs du monde animal, le deuxiรจme embranchement le plus diversifiรฉ aprรจs celui des arthropodes, comprend plus de 100.000 espรจces vivantes. Ses reprรฉsentants habitent principalement le milieu marin, Ils peuvent รชtre ovipares ou ovovipares. Lโespรจce choisie pour cette รฉtude est le mollusque bivalve Donax trunculus (linneau, 1758), cโest une espรจce bioindicatrice de la pollution. La classification des mollusques bivalves se base sur plusieurs critรจres ร savoir, la forme de la coquille, la charniรจre et la structure des branchies (Bellon-humbert, 1992). La position systรฉmatique du Donax trunculus est la suivante (Inventaire nationale du patrimoine naturel de France, 2006):
Embranchement : Mollusca
Classe : Bivalvia
Ordre : Veneroidae
Super-famille : Tellinoidae
Famille : Donacidae
Genre : Donax
Espรจce : trunculus (Linnaeus, 1758)
Morphologie et anatomieย
Donax trunculus, appelรฉ communรฉment Haricot de mer, ou Telline. Les pรฉcheurs franรงais ont coutume de lโappeler รฉgalement flion, olive de mer, haricot de mer, douceron, blanchette (nord de la France), pignon (Vendรฉe) et lagagnon (Landes), tanille, tenille, ou encore truille (sud de la France), aussi appelรฉ ยซ papillon ยป en raison de la forme des deux valves ouvertes. En Espagne il est commercialisรฉ sous le nom de Tellerina (Catalan), Tallerines ou Coquina (Castillan). Il est dรฉnommรฉ aussi Edge shell en grande Bretagne, Tellina en Itali et Conquilha, Cadelinha au Portugal. Enfin, il est รฉgalement consommรฉ au Japon sous le nom de Naminoko. (Thรฉband et al., 2005), haricot de mer en Algรฉrie.
Donax trunculus, est un mollusque bivalve aquatique de la famille des Donacidae avec une taille qui varie de 25 ร 35 mm, certains spรฉcimens peuvent mesurer jusquโร 5 cm. D. trunculus prรฉsente une symรฉtrie bilatรฉrale avec une coquille solide, peu renflรฉe, allongรฉe, triangulaire et inรฉquilatรฉrale avec une partie postรฉrieure plus courte que la partie antรฉrieure (Poutier, 1978) (Fig. 3). Cette coquille est formรฉe de deux valves reliรฉes par un ligament externe, chaque valve possรจde deux dents au niveau de la charniรจre et plusieurs autres plus petites tout le long du bord latรฉral. La surface externe des valves est pratiquement lisse, de couleur blanche jaunรขtre ou brunรขtre, uniforme extรฉrieurement; ou variablement ornรฉe de rayons et de bandes concentrique gรฉnรฉralement violacรฉs, brunรขtres, ou grisรขtres; lโintรฉrieur blanc, est souvent largement maculรฉ de violet, brunรขtre ou orangรฉ en deux rรฉgions intรฉgrales (Fischer et al., 1987). Les deux valves sโarticulent autour dโun dispositif appelรฉ charniรจre et dโune structure รฉlastique, le ligament. Sous lโaction de ces valves, la coquille tend ร sโouvrir et ร se refermer par contraction des muscles adducteurs qui sโinsรจrent sur la face interne des deux valves oรน leur empreinte est gรฉnรฉralement visible (Bougis, 1976).
D. trunculus prรฉsente un corps mou, non segmentรฉ, comprimรฉ latรฉralement, sans tรชte distincte (Acรฉphales) ni appareil masticateur; il est enveloppรฉ par un manteau, constituรฉ de deux lobes qui sรฉcrรจtent et supportent chacune des valves de la coquille. Ces deux lobes (pallรฉaux), fusionnรฉs dorsalement entre eux et avec la masse viscรฉrale dรฉlimitent ventralement une vaste cavitรฉ pallรฉale interne en communication avec le milieu extรฉrieur; ils sont รฉtroitement attachรฉs aux valves le long d’une ligne pallรฉale. Les bords externes du manteau sont parfois plus ou moins soudรฉs, formant ร l’arriรจre deux siphons permettant l’entrรฉe de l’eau dans la cavitรฉ pallรฉale (siphon inhalant) ou son rejet vers l’extรฉrieur (siphon exhalant) (Fisher et al., 1987). Le pied, organe musculeux ventral mobile, parfois en forme de hache (pรฉlรฉcypodes), permet la locomotion (fouissage) ou la fixation au substrat par des filaments (byssus). Il possรจde une paire de branchies respiratoires lamelleuses (Lamellibranches) qui participent aussi ร la collecte de la nourriture par crรฉation de courants d’eau dans la cavitรฉ pallรฉale. De plus cette espรจce prรฉsente une masse viscรฉrale englobant divers organes tels que la glande digestive (comporte un estomac avec un appendice posterodorsal gastrique et un intestin enroulรฉ), la nourriture passe ร travers le gros intestin et le rectum (Mikkelsen et al., 2007), le cลur, les reins et les gonades ( Ramon Herrero, 1993).
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Table des matiรจres
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Prรฉsentation du modรจle biologique
2.1.1. Morphologie et Anatomie
2.1.2. Rรฉpartition gรฉographique
2.1.3. Biotope
2.1.4. Nutrition
2.1.5. Distribution spatiale
2.2. Reproduction et dรฉveloppement
2.2.1. Cycle de reproduction
2.2.2. Cycle du dรฉveloppement
2.3. Prรฉsentation du golfe et des sites dโรฉtude
2.3.1. Site dโEl Battah
2.3.2. Site de Sidi Salem
2.4. Stratรฉgie dโรฉchantillonnage de Donax trunculus
2.5. Biomรฉtrie et croissance de Donax trunculus
2.6. Dissection et prรฉlรจvement des tissus
2. 6. 1. Dissection et prรฉlรจvement du manteau
2. 6. 2. Dissection et prรฉlรจvement des gonades
2.7. Dosage des biomarqueurs du stress environnemental
2.7.1. Dosage de lโacรฉtylcholinestรฉrase
2.7.2. Dosage de la glutathion S-transfรฉrase
2.7.3. Dosage de la catalase
2.7.4. Dosage des protรฉines
2. 8. Dosage biochimique
2.8.1. Dosage qualitatif des acides gras
2.8.2. Dosage des sucres
a- Dosage qualitatif des sucres
b- Dosage de Glycogรจne
2.8.3. Dosage qualitatif des acides aminรฉs
2.9. Etude Histologique
2.10. Analyses statistiques
3. RESULTATS
3.1. Etude de la distribution des frรฉquences de taille
3.2 .Etude de la biomรฉtrie et de la croissance
3.2.1 Analyse de la variance multivariรฉe et analyse hiรฉrarchique de la croissance
3.2.1.1. Analyse de la variance multivariรฉe (MANOVA)
3.2.1.2. Analyse hiรฉrarchique
3.3. Variation mensuelle des biomarqueurs du stress environnemental
3.3.1. Activitรฉ enzymatique de lโacรฉtylcholinestรฉrase (AChE)
3.3.2. Variation mensuelle de lโactivitรฉ la glutathion S transfรฉrase (GST)
3.3.3. Variation mensuelle de lโactivitรฉ de la catalase (CAT)
3.3.4. Test de corrรฉlation
3.3.5. Analyse de la variance multivariรฉe (MANOVA)
3.3.6. Analyse hiรฉrarchique
3.4. Dosages biochimiques
3.4 1. Dosage des acides gras
3.4.2. Dosage des sucres
3. 4.2.1. Dosage du glycogรจne
3.4 2.2. Dosage qualitatif des sucres
3.4.3. Dosage qualitatif des acides aminรฉs
3.5. Aspect cytologique de la reproduction
4. DISCUSSION
4. 1. Dynamique des populations
4.2. Rรฉponse des biomarqueurs du stress environnemental
4.2.1. Lโacรฉtylcholinestรฉrase
4.2.3. La glutathion S-transfรฉrase
4.2.4. La catalase
4.3. Composition biochimique
4.3.1. Glycogรฉne
4.3.2. Acides gras
4.3.3. Acides aminรฉs et sucres
4.5. Aspect cytologique
CONCLUSION