Etude épidémiologique des teignes du cuir chevelu à Dakar de 2005 à 2007

HISTORIQUE

               L’histoire des teignes remonte au temps les plus reculés. Leur étude étiologique n’a été entreprise qu’au siècle dernier avec les travaux principaux de Renak et Schoenlein en 1836. En 1845, il était démontré que les teignes étaient des affections d’origine fongique et il apparaissait de plus haut intérêt de préciser le caractère botanique, et par conséquent taxonomique de leurs agents d’après Sabouraud [46]. De 1892 à 1923, l’histoire des teignes fut le sujet de nombreux travaux, mais les progrès les plus notables sont dus à Bodin et Sabouraud de l’hôpital Saint-Louis de Paris. Bodin a découvert une série d’espèces nouvelles. Sabouraud a formulé la loi de la correspondance entre le type  d’une lésion et l’espèce qui la cause et isola Trichophyton violaceum de la lésion de la peau d’un homme originaire du Soudan, mettant en évidence la concordance qui existe entre le genre botanique et l’aspect des parasites dans les lésions [44]. En 1927, Nannizi découvre la forme parfaite de Microsporum gypseum. Bodin en 1907 en cultivant un dermatophyte d’une souche isolée de lésions cutanées, le nommait Gymnoacus gypseum [38]. En Haute Guinée [1] : Joyeux identifie pour la première fois le dermatophyte le plus répandu en Afrique de l’Ouest Trichophyton soudanense en 1912 au cours d’un voyage. En Côte d’Ivoire : En 1959 Deblock et colt, signalent 82 cas de teignes avec une prédominance de microspories [13]. Au Cameroun : En 1957 Cochet et coll entamèrent une enquête sur les teignes infantiles au Cameroun et prospectèrent durant 3 mois la région de Yaoundé [11,121 pour aboutir à l’isolement d’un dermatophyte Trichophyton yaoundei. Au Burkina Faso Ouedraogo a rassemblé 215 prélèvements provenant de Bobo Dioulasso qui ont été identifiés par Biguet et il signale l’absence de skérions et de favus, et l’extrême fréquence des teignes tondantes sèches [32, 53, 56]. Au Sénégal c’est Basset (A) et Basset (M) 151 en 1959 qui, les premiers ont abordé l’étude des teignes du cuir chevelu dans une consultation de dermatologie à Dakar. En 1960, les mêmes auteurs évaluent la prévalence de la teigne du cuir chevelu chez les écoliers de Khombole et enregistrèrent un indice d’infection de 22%. Par la suite, furent entreprise des études épidémiologiques intéressant de nombreuses régions du Sénégal. C’est ainsi que Juminer [22] en 1968 aborda le problème des teignes dans plusieurs régions du Sénégal. A Dakar, en milieu hospitalier on note essentiellement des lésions de la peau glabre avec comme principaux agents: Trichophyton rubrum, Trichophyton soudanense. En milieu scolaire casamançais, on note une prédominance des teignes tondantes sèches et exceptionnellement des kérions. En 1969, Juminer et ses collaborateurs ont étudié les champignons kératinophiles telluriques du Sénégal et isolent Trichophyton terrestre, Keratonomyces ajelloi et Ctenomyces serratus qu’ils affirment de ne jamais rencontrer chez l’homme [22]. Ils conclurent que le principal agent de dermatophyte est Trichophyton soudanense. Ils soulignent également la rareté de favique et kérions. En 1972, Laurens (D), corrobora par sa thèse les résultats pour la région du Cap-Vert. Ceci dans le cadre d’une vaste enquête menée dans certaines écoles de Dakar, Pikine, et Thiadiaye [32]. En 1983, Thiongane a confirmé dans sa thèse la fréquence de Microsporum audouinii en âge préscolaire et celle de Trichophyton soudanense en âge scolaire 1521. En 1992, Faye dans sa thèse sur les teignes dans la région du Fleuve Sénégal a noté une prédominance des teignes tondantes sèches et l’absence de favus et de kérions 1191. En 1993, Belmaachi dans sa thèse sur les teignes dans la région de Dakar a observé une prédominance des teignes tondantes sèches. Sur le plan mycologique, ses résultats démontrent que c’est Trichophyton soudanense qui domine le spectre avec un pourcentage de 82% : trois variétés ont été retenues : Trichophyton soudanense forme typique, Trichophyton soudanense forme apigmentée, Trichophyton soudanense forme glabre, Microsporum langeronii , Trichophyton violaceum et des formes mixtes 1201.

Microsporum audouinii : Gruby 1843

              C’est une espèce anthropophile rare en Europe, fréquente en Afrique noire, la contagion est exclusivement d’enfant à enfant. La teigne scolaire de Gruby et Sabouraud très contagieuse a été observée un peu partout dans le monde, elle fut très fréquente en France et dans l’Europe mais ce parasite a pratiquement disparu de France depuis une vingtaine d’années.

Teignes tondantes suppuratives ou Kérion

            Elles sont appelées également teigne inflammatoires, elles traduisent une réaction immunitaire violente au parasitisme, probablement parce qu’il s’agit d’une espèce peu adaptée à l’homme (dermatophytes d’origine tellurique ou dermatophytes animale. Rapidement, apparaît un placard inflammatoire en relief de quelques millilitres voire centimètres diamètre 20 à 50mm de diamètre ponctués d’orifices pilaire dilatés d’où les cheveux sont expulsés et d’où coule du pus, la douleur est variable ; il n’y a pas de fièvre il y’a souvent de petites adénopathies satellites inflammatoires impressionnantes. Ces teignes ne présentent aucune gravité particulière et ne laissent pas plus de zones cicatricielles que les autres types de teignes. Ces formes suppurées ont tendances à guérir presque spontanément (Rr, Degos) 1141, elles sont dues à Trichophyton mentagrophytes, Trichophyton ochraceum, Trichophyton rubrum.

Comparaison avec les travaux antérieurs

            Il est intéressant de comprendre l’évolution des teignes au Sénégal. C’est pourquoi nous nous sommes attelés à comparer les derniers résultats avec ceux des travaux antérieurs. Cependant, la comparaison et l’interprétation des différents résultats exigent une grande prudence car ces publications concernent, des époques différentes, des régions différentes, et surtout des populations différentes. Ces différences recouvrent des critères d’appréciation très importants à élucider avant toute conclusion. Il est évident que la fréquence varie selon que l’on s’adresse à une population générale (celle de tout le pays, ou celle d’une région ou celle d’une ville) ou à une population pathologique (nombre de consultants, nombre de culture) ou une population à haut risque. Au Sénégal, selon le tableau XIII depuis les travaux les plus antérieurs menés par Basset A et Basset M [6] jusqu’au plus récents, deux trichophytons ont été observés Trichophyton soudanense et Trichophyton violaceum. Selon nos résultats, les agents des trichophyties représentent (69,50 %) du spectre dermatophytique : ils sont réparties en 4 espèces de Trichophytons : il s’agit de 335 souches de Trichophyton soudanense soit (55,19%), 90 souches de Trichophyton rubrum (14,82 %), 2 souches de Trichophyton mentagrophytes soit (0,32 %) 1 souche de Trichophyton violaceum soit (0,16 %). Ces résultats nous laissent aussi entrevoir une nette prédominance de Trichophyton soudanense. Nous n’avons pas observé Trichophyton verrucusum qui a été signalé au Sénégal par Laurens en 1972. Les agents de microspories représentent 3D,50% de la flore dermatophytique avec 175 souches de Microsporum langeronii (28,83%) responsables des teignes tondantes microsporiques rencontrées avec une prédominance chez les femmes, 4 souches de Microsporum canis (0,66%).Les agents de microspories sont réduits ici à 2 espèces Microsporum langeronii et Microsporum canis. Alors qu’au Sénégal la présence d’une autre espèce de Microsporum a été signalée par les travaux de Juminer B et coll [231, ceux de Laurens D 1321, et ceux de Diallo S Thiongane Ch et coll 1521 dans leurs enquêtes menées dans les différentes régions du pays. Il s’agit de Microsporum ferrugineum. Ce Microsporum ferrugineum bien qu’il soit considéré comme le principal agent causal, n’a pas été observé durant notre étude. Le chien étant adopté pour garder les animaux domestiques et le chat non adopté, errant partout, de maison en maison, deviennent une sources de transmission. C’est pourquoi Microsporum canis est rencontré plusieurs fois au Sénégal de même qu’au Mali et non retrouvé dans les autres pays. En Afrique noire, Le tableau XIV montre un isolement constant de Trichophyton soudanense. Malgré la différence des milieux de cultures utilisés et les manières procédées lors des prélèvements des cheveux et squames, Trichophyton soudanense est présent et domine à chaque fois que des recherches furent envisagées quel que soit le pays de la sous région. Il est associé à moindre fréquence à Microsporum audouinii mais c’est plutôt Microsporum langeronii qui serait la variété africaine selon Vanbreuseghen [35] qui le décrit en Congo comme une variété de Microsporum audouinii. Nous remarquons qu’en dehors de Trichophyton soudanense ,les autre espèces sont faiblement représentées et ne sont pas toujours isolées , c’est le cas de Trichophyton tonsurans qui n’a été observé qu’en Guinée et en Haute Volta de même que Trichophyton yaounde qui n’a été isolé qu’au Cameroun [11,12]. Au Tchad Andrieu et coll 121, ont trouvé (92,5%) de teignes trichophytiques, 6,5% de teignes microsporiques, 1% de favus Au Burkina Faso Biguet et coll [9] trouvent (87%) de teignes trichophytiques et (13%) de teignes microsporiques. Au Mali Quilici et Coll [42] ont trouvé (85,5%) de teignes trichophytiques et (14,5 %) de teignes microsporiques.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPEL SUR LES DERMATOPHYTIES DU CUIR CHEVELU 
I. DEFINITION 
II.HISTORIQUE 
III. EPIDEMIOLOGIE 
III.1. Origine et habitat
III.2. Classification
III.2.1 . Classification de Sabouraud
III.2.2. Classification de Langeron et Milochevicht
III.2.3. Classification d’Ernmons
III.3. Genres et espèces
III.3.1. Genre Epidermophyton (Sabouraud 1910)
III.3.2. Genre Microsporum Gruby 1 843
III.3.3. Genre Trichophyton Malmsten 1 845
III.4. Modes de contamination
III.5. Facteurs favorisants
III.5.1. Age
III.5.2. Sexe
III.5.3. Carences alimentaires
III.5.4. Climat
III.5.5. Ecologie
III.5.6. Nutrition
III.5.7. Traitement
III.5.8. La connectivite
III.5.9. Facteurs immunologiques
IV. PHYSIOPATHOLOGIE
V. ASPECTS CLINIQUES DES TEIGNES DU CUIR CHEVELU
V.1. Teignes tondantes sèches
V.2. Teignes tondantes suppuratives ou Kérion
V.3. Teignes nécrosantes
V.3.1. Formes typiques
V.3.2. Formes atypiques
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL 
I. METHODOLOGIE 
1.1. Cadre biogéographique (Dakar)
1.2. Matériel et méthodes
1.2.1. Matériel d’étude
1.2.1.1. Cadre de l’étude
1.2.1.2. Organisation du Laboratoire
1.2.1.3. Echantillonnage
1.3. Prélèvement
1.3.1. Matériel de prélèvement
1.3.2. Technique de prélèvement
1.4. Technique d’isolement et (l’identification
1.4.1. Examen direct
1.4.2. Culture
1.4.2.1. Milieux utilisés
1.4.2.2. Composition en gramme par litre
1.4.2.3. Préparation
1.4.2.4. Utilisation
1.4.3. Critères d’identifications
II. RESULTATS
11.1. Population d’étude
11.1.1. Répartition de la population d’étude
11.1.1.1. En fonction des Structures sanitaires de provenance des patients
11.1.1.2. En fonction de l’âge
11.1.1.3. En fonction du sexe
11.1.1.4. En fonction de l’origine géographique
11.2. Indice d’infestation
11.2.1. Indice d’infestation globale
11.2.2. Variation de l’indice d’infestation
11.2.2.1. En fonction de l’âge
11.2.2.2. En fonction du sexe
11.2.2.3. En fonction de l’origine géographique des patients
11.3. Répartition des espèces retrouvées
11.3.1. En fonction de l’âge
11.3.2. En fonction du sexe
11.3.3. En fonction de l’origine géographique des patients
III. DISCUSSION
111-1 Comparaison avec les travaux antérieurs
111.2. Indice d’infestation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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