ETRE UN ADOLESCENT NON ACCOMPAGNÉ

ETRE UN ADOLESCENT NON ACCOMPAGNÉ

MATÉRIEL ET MÉTHODES:

Aire d’étude
L’aire d’étude cOlTespond à la forêt publique de la région administrative du Bas SaintLaurent, Québec, Canada et couvre une superfici e de 22 630 km2 (figure 1). Le telTitoire est caractérisé par des roches appalachiennes d’origine sédimentaire (Robitaille et Saucier, 1998) et un climat de type continental sec et frais avec des températures moyennes annuelles de 3, 1 oC et des précipitations annuell es moyennes de 930 mm dont 350 cm sous fonne de neige (Environnement Canada, 2007). Ce telTitoire appartient à la secti on acadienne de la forêt boréale, plus précisément à la région forestière des Grands Lacs et du Saint-Laurent (Rowe, 1972). Le secteur d’étude comprend, du sud-ouest au nord-est, 3 domaines bioclimatiques: le domaine de l’ érablière à till eul de l’ Est (1 ,3 % du telTitoire), le domaine de la sapinière à bouleau j aune de l’Est (87 %) et le domaine de la sapinière à boul eau blanc de l’Est (II %) (Robitaille et Saucier, 1998; Grondin et al., 1999).

La forêt occupe 85 % du ten’itoire administratif du Bas-Saint-Laurent, soit une superficie de 19 188 km2 dont 60 % fait parti e du domaine public et 40 % du domaine privé (FAPAQ, 2004). L’ exploitation continue depuis la fin du XIXe siècle a profondément rajeuni les paysages forestiers de la région du Bas Saint-Laurent (Boucher et al., 2006; Sorel, 2004). Les besoins croissants pour la mati ère ligneuse ainsi que le recours à une stratégie d’ aménagement de forêts équi ennes [. coulies rotations ont eu comme conséquence de raréfi er de mani ère importante les peuplements âgés dans la région (Fortin et al. , 1993). Au début du XX ièlllc siècle, les peupl ements de plus de 100 ans fonn aient la majorité (76 à 84 %) du territoire non-coupé alors qu’ en 2000, les peupl ements de 110 ans n’occupaient plus qu’une composante mineure (5 à 14 %) des paysages foresti ers (Boucher et al., en préparation).

Méthode de sélection des refuges biologiques:

La stratégie préconisée dans la mise en place des refuges biologiques s’inspire du concept de conservation qui tend à disperser dans l’ensemble de la matrice forestière de petites aires protégées (-} refuge/200 km2 ) qui serviront de refuges à certaines espèces associées aux forêts mûres et surannées. Selon cette stratégi e, ces mêmes espèces pourront ensuite se propager et recoloniser les territoires forestiers adjacents quand ces derni ers seront redevenus propices (Leblanc et Déry, 2005). Enfin, le réseau de refu ges biologiques vient bonifier le réseau québécois de grandes aires protégées (MRNFP, 2005).

Diversité floristique et composition structurale:

Nous avons sélectionné au jugé 40 refuges biologiques panni les 105 désignés pour la région de manière à couvrir l’ ensembl e du territoire et l’ensembl e des classes de taille des refuges. Ainsi, 16 refu ges inventori és se trouvaient dans la classe < J 00 ha , 12 dans la classe JO 1-200 ha, 9 dans la classe 20 1-300 ha et 3 dans la classe > 300 ha. Enfin, l’accessibilité aux sites sur le telTain a limité notre choix pour celiains refuges.

RÉSULTATS:

Analyses spatiales
Le réseau de refuges biologiques actuel comprend un grand nombre de petits massifs forestiers, isolés sur le telTitoire. La superficie des refuges se situe entre 50 et 615 ha avec une moyenne de 165 ± 102,3 ha. Deux refuges ont une taille inférieure à la taille minimale fix ée (50 ha), soit 1 et 27 ha. Les refuges dont la taille excède 300 ha con’espondent à seulement 10 % de la superficie totale du réseau de refuges (figure 2). Le couvert forestier potentiel et la structure d’âge des refuges biologiques ne diffèrent pas de ce qui est observé dans la forêt régionale (Khi calTé; p= respectivement 0,256 et 0,306). La sapinière à bouleau jaune, la sapinière à bouleau blanc et l’érablière à bouleau jaune constituent les couverts foresti ers potentiels dominants tant dans les refuges que dans l’ ensemble du telTitoire public (tableau 2). De même, le couvert forestier potentiel dans une zone tampon de 5000 m en périphérie des refuges est relativement similaire au couvert potentiel à l’ intérieur des refuges.

Capacité de conservation des refuges biologiques:

Capacité de conservation des refuges biologiques Les résultats de cette étude documentent pour la premi ère fois la valeur écologique des refuges biologiques sélectionnés dans un contexte de forêts ayant déjà connu l’ impact de un ou plusieurs épisodes de coupes. Les refuges bi ologiques analysés ont une valeur écologique mitigée en ce qui concern e l’obj ectif de conserver une proportion adéquate de fo rêts mûres et surannées dans la région du Bas-Saint-Laurent. La presque totalité des refuges biologiques sont constitués de forêts de seconde venue, présentant peu d’ indi ces de développement avancé. Depuis plus d’ un siècle, cette région a été soumise à un régime de coupes sévères qui a fo rtement modifi é le paysage fo resti er (Fortin et al., 1993; Sorel, 2004; Boucher et al., 2006). En 1930, le paysage était dominé par les peuplements de plus de 100 ans (76 à 84 % du telTitoire non-coupé) alors qu ‘ en 2000, les peuplements de 11 0 ans n’ occupaient plus qu ‘ une composante mineure (5 à 14 %) du paysage (Bo ucher et aL., en préparati on). Ces résultats suggèrent que la capacité de conservati on actuell e des refuges biologiques est mitigée en regard de l’obj ectifvisé.

Flore non-vasculaire
Les communautés de plantes non-vascul aires inventori ées sont peu di versifi ées et constituées principalement d’espèces généralistes en comparaison des relevés effectués aill eurs dans des sapini ères anciennes (Desponts et al., 2002). Seulement di x taxo ns généralistes soit, Cladonia sp., Dicranum fitscescens Tum ., Dicranum montanum Hedw., Frullania bollanderi Aust., Hypogymnia physodes (L.) Nyl. , Parmelia squarrosa Hale, Parmelia sulcata Taylor, Pleurozium schreberi (Brid.) Mitt., Ptilidium pulcherrimun (G. Web.) Hampe et Usnea sp., comptent pour plus de 55 % des espèces inventoriées. Cette faibl e di versité pourrait refl éter l’ histoire des coupes fréquentes dans la région d’étude. Il est reconnu que peu importe le type de forêt, les coupes foresti ères diminuent significati vement le nombre d » espèces de bryophytes et ce, de faço n très prononcée dès la premi ère coupe (Vell ak et Ingerpuu, 2005). De plus, les pl antes non-vascul aires sont pa1111i les organismes les plus dépendants des forêts anciennes (Tibell , 1992; Esseen et al., 1992). À cause de leur vulnérabilité à la coupe foresti ère (Lesica et al. , 199 1; Esseen et al., 1992) et de leur capacité de dispersion limitée, ell es ont besoin pour se maintenir du renouvell ement continu de leur substrat d’ établissement à savoir, le bois mort au sol et debout (Soderstrom, 1988; Ohlson et al., 1997). La fa ibl e di versité de taxons nonvascul aires pOLllTait donc être associée au fa it que les refuges inventori és présentent peu de bois morts de grande dimension puisque le bois mOl1 est un substrat privilégié par plusieurs taxons (Soderstrom, 1988; Ohlson et al., 1997). Par exemple, plusieurs espèces de bryophytes dépendent pour leur survie de la présence de gros bois morts dont la décomposition est intennédi aire à avancée (Soderstrom, 1988). Ces observations suggèrent que les refuges biologiques possèdent une valeur écologique mitigée en ce qui concerne la fl ore non-vascul aire représentati ve des forêts anciennes.

Restauration écologique
Bi en qu’on vise avec l’ impl antati on des refu ges biologiques à conserver de petits îl ots foresti ers qui constituent des refuges pour certaines espèces et qui pourront servir de source de recolonisati on dans le futur, la validité de cette mesure de conservation reste à démontrer. Cette étude révèle qu ‘on retrouve peu d’ espèces associées aux fo rêts anciennes à l’ intéri eur des refuges. Ce résultat s’explique entre autre par l’ âge relati vement j eune des refuges ainsi que par la faibl e représentati on de substrats clés comme les bois morts de grande taill e au sol et debout. Cette fai bl e quantité d’espèces associées aux fo rêts anciennes remet en questi on le potenti el de recolonisati on des refuges dans les fo rêts périphériques étant donné que les espèces visées sont faibl ement représentées à l’ intérieur même des refu ges. Par aill eurs, une grande proportion de la superficie des refuges a dépassé l’âge de maturité et il est probabl e qu ‘ avec le temps, ces sites développeront des caractéristiques écologiques qui favoriseront la colonisation des refuges par les espèces communes aux forêts anciennes.

Implications pour l’aménagement
La plupart des refuges ont été perturbés par l’ exploitation foresti ère au cours du dernier siècle de sorte qu ‘ils offrent à court terme peu de caractéristiques associées aux forêts mûres et surannées. Ce résultat suggère que le déploiement de cette stratégie de conservati on dans les territoires fortement aménagés aura des impacts positifs limités. Néanmoins, avec le temps, une plus large proportion de refuges atteindra un âge ava ncé, pouvant ainsi bénéficier aux espèces associées aux forêts mûres et surannées (Desponts et aL. , 2002). En l’ absence d’ interventions sylvicoles, des signes de vieillissement pOUlTont apparaître comme des structures verti cales et hori zontales plus compl exes, la présence de trouées, des vieux arbres, des chicots et des débris ligneux grossiers à différents stades de décomposition, pouvant ainsi bénéfici er à plusieurs espèces spécialisées (Franklin et aL. , 198 1; Berg et aL. , 1994; Hunter, 1999; Spies et Turner, 1999; Mosseler et al., 2003).

CONCLUSION:

Cette étude a démontré que le réseau de refuges biologiques actuel ne rencontre pas totalement l’objectif visé, à savoir la conservation des forêts mûres et surannées. En effet, cette étude révèle que les refuges biologiques présentent relati vement peu de caractéristiques communes aux forêts anciennes. L’ensemble des sites inventori és présentent peu d’arbres de grande dimension, une faible quantité de débris li gneux au sol
et debout, une richesse peu diversifiée pour la fl ore non-vasculaire et un âge moyen relati vement j eune. Les pratiques sylvicoles intensives au Bas-Saint-Laurent ont rajeuni le paysage de telle sorte que les îl ots de forêts anciennes sont très rares. Conséquemment, la majorité des refuges biologiques sont constitués de forêts de seconde venue. Certai nes modifi cati ons, comme l’ ajout de zones tampons en périphéri e des refuges, pennettraient de bonifier la stratégie de conservation actuell e. Enfin, le réseau de refuges biologiq ues va se bonifier avec le temps à mesure que des signes de vieillissement vont apparaître comme des structures verti cales et horizontales plus compl exes, la présence de trouées, des vieux arbres, des chicots et des débris ligneux grossiers à différents stades de décomposition, pouvant ainsi bénéfi cier à plusieurs espèces spécialisées.

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Table des matières

INTRODUCTION 
MATÉRJ EL ET M ÉTHODES
RÉSULTATS 
DISCUSSION 
CONCLUSION 

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