Étrangers et voyageurs dans le Sud-ouest médiéval

MOTIVATIONS AU VOYAGE ET CONDITIONS MATERIELLES DE LA MOBILITÉ

Lorsqu’on évoque les voyageurs du Moyen Âge, on s’imagine souvent de grands explorateurs comme Marco Polo, ceux qui veulent s’enrichir ou les membres de l’aristocratie qui viennent en visite les plus belles cours royales, ou encore les pèlerins. Mais, dans les faits, nous nous pencherons sur les motivations à la mobilité de ces « étrangers » et « voyageurs » à l’époque médiévale, qu’ils soient renommés ou obscurs. Nous étudierons aussi les conditions matérielles de leur expédition, déménagement ou passage, ainsi que les modalités d’accueil qui leur sont réservées.
Quel que soit le groupe social d’origine du migrant, il est intéressant d’étudier, quand les sources le permettent, les avantages qu’il recherchait en prenant la décision et le risque du voyage.
Malgré la peur, la méfiance, des difficultés de tout ordre, les gens se déplaçaient beaucoup. A l’époque médiévale, les gens ne voyageaient pas par plaisir, mais pour faire un pèlerinage, commercer ou encore guerroyer, en Terre Sainte ou ailleurs. Les jeunes partaient s’établir comme apprenti, certains fondant ensuite leur propre atelier, leur compagnie afin de vendre leurs produits de foire en foire. Les étudiants, quant à eux, voyageaient pour acquérir des connaissances intellectuelles dans des universités ayant une excellente réputation, comme c’est par exemple le cas de la Sorbonne à Paris pour la philosophie et la théologie ou de Bologne pour le droit. Ces universités recevaient des étudiants de l’Occident tout entier et de l’Orient latin.
Nous observons généralement deux raisons principales dans ce lointain périple : la curiosité et la religion. Le voyage en Orient, et plus particulièrement en Terre Sainte, est la destination la plus lointaine, celle qui voit le plus grand nombre de personnes sur les routes, c’est en effet par voie terrestre que le voyage s’accomplit le plus souvent.
Toutes les conditions sociales sont représentées, même si l’aristocratie ne voyage pas de la même manière que les plus modestes.
Pour les riches, l’objectif est souvent militaire. Ils prennent le temps de s’équiper, de consulter les relations de voyages antérieurs. Quant à lui, le pauvre rassemble le peu qu’il a en sa possession et se met en route, en prenant appui sur son bourdon ou en emmenant sa famille dans un chariot sommaire.

CONDITIONS D’ACCUEIL ET DE LOGEMENT DES MIGRANTS

En fonction les lieux et les époques, les immigrés s’insèrent, s’intègrent, voire s’assimilent aux locaux. Parfois, au contraire, ils font l’objet d’une marginalisation, d’un rejet ou d’une discrimination. Il existe de multiples formes d’intégration ou d’exclusion : spatiale, sociale, culturelle, professionnelle, juridique ou politique. Les nouveaux arrivants s’intègrent selon un processus très complexe. Ce dernier aboutit à des phénomènes différents d’une ville à l’autre et d’une période à l’autre. Cela dépend de facteurs d’importance variable. Les barrières religieuses, linguistiques ou culturelles impliquent souvent une discrimination sociale, civique voire spatiale. Ces situations peuvent donner naissance à des isolats péniblement intégrables. Le niveau social des arrivants est tout aussi discriminant. Les riches sont effectivement plus facilement accueillis et intégrés parmi l’aristocratie.
Judicaël Petrowiste souligne « l’importance fondamentale des apports humains extérieurs dans la croissance de la ville médiévale, et plus particulièrement de ceux en provenance de ses campagnes les plus proches ». La ville est un pôle commercial et artisanal en pleine expansion, elle offre de nombreux avantages d’opportunités assurant «un exutoire à l’essor démographique des campagnes voisines». Par conséquent, la migration constituait un enjeu économique essentiel. Par exemple à Toulouse les femmes peuvent trouver des emplois de domestiques, de nourrices, ou de servantes. Elles peuvent aussi obtenir le statut d’apprenties, mais le principal débouché féminin est la domesticité.
Généralement, les gens de passage appartiennent à l’aristocratie ou au clergé tandis que les personnes qui s’installent viennent du peuple. Dans cette dernière partie, nous essayerons de rendre compte des différentes manières dont les voyageurs et les migrants étaient accueillis dans les terres qu’ils traversaient ou venaient habiter.
Les responsables politiques peuvent approuver ou ralentir l’insertion des immigrants via des mesures volontaristes. Ces dernières actionnent plusieurs leviers parmi lesquels nous pouvons citer celui de la fiscalité, par des amoindrissements d’impôts ou des exonérations douanières. Il y a aussi le droit, par la protection personnelle, l’accès à la propriété ou à la citoyenneté. Enfin, l’économie est aussi un levier non négligeable car il permet l’accès à certaines activités. Ces avantages viennent contrebalancer l’obligation de résider, de contribuer à la défense et de payer certains impôts que les autorités imposent parfois aux nouveaux venus Ces dernières cherchent en effet à contrôler et à cibler l’immigration. Elles tendent vers une immigration choisie et réglementée.

ENTRE REJET ET ACCULTURATION, LE PROCESSUS DE SOCIALISATION DES NOUVEAUX ARRIVANTS

Entre intégration, méfiance et rejet, nous allons à présent nous focaliser sur l’accueil réservé aux migrants. Nous verrons tout d’abord la curiosité ou la xénophobie qu’ils suscitent, puis enfin les processus de leur socialisation.
Les motifs de la xénophobie ordinaire sont multiples. Christiane Deluz atteste que « le mouvement brownien de la société médiévale cher à Marc Bloch se limite dans l’espace aux petites lieus qui séparent le village du marché voisin. De là, une méfiance à l’égard des étrangers, voire une peur qu’il inspire, sentiments assez connus pour qu’il suffise de les rappeler. ». Le mouvement existe donc dans la société médiévale, il n’est cependant pas lointain et se limite aux terres environnantes. Les personnes rencontrées sont donc des semblables. L’étranger, différent, fait peur; il inspire donc méfiance et crainte.
Franck Collard donne une des explications possibles de à cette peur de l’étranger dans son article sur le portrait de l’étranger. La figure de l’étranger est parfois associée à celle d’un empoisonneur. Au milieu des « stéréotypes de psychologie nationale » les étrangers tiennent une forte propension à utiliser le poison, tant au sein de sa région que contre ses voisins.
Cela viendrait de l’imaginaire dont les gens se font de l’Orient, fantasmé avec des plantes dangereuses et vénéneuses, ainsi que des personnes détentrices de savoirs tout aussi inquiétants que secrets. Par exemple, les juifs ont été accusés d’avoir jeté des poudres dans les fontaines et cours d’eau d’Occident, semant ainsi la mort noire. La faune se fond à la flore en ce qui concerne la toxicité, avec par exemple les serpents. Le meurtre par poison est donc admis comme provenant des terres où les substances toxiques sont à portée de main, grâce à la nature ou au commerce. Or, le commerce est actif dans les villes orientales. D’où cette méfiance vis-à-vis des savoirs orientaux. Aux XIIe et XIIIe siècles la littérature toxicologique juive ou arabe provoque autant d’inquiétude que de curiosité en Occident. Les apothicaires et épiciers sont fréquemment considérés comme étant impliqués dans la confection du poison. Étant originaires d’Orient, ces derniers connaissent l’effet des végétaux ou des minéraux, ils sont donc suspects. Or, le poison est l’arme des tyrans, l’empoisonnement est l’une des figures de la tyrannie. C’est la raison pour laquelle l’accusation d’empoisonnement est utilisée comme arme de propagande lors de conflits.

STRUCTURATION DE LA RECHERCHE ET HISTORIOGRAPHIE DES ENJEUX

La première chose que nous avions à effectuer était le choix de notre futur objet d’étude. Comme le souligne Denis Menjot, « Le sujet qui nous réunit aujourd’hui est parfaitement et cruellement d’actualité, puisqu’il porte sur les gens venus d’ailleurs dans les villes, qui sont l’objet des préoccupations des opinions publiques et des dirigeants des communautés urbaines comme des États de la planète. On ne compte plus les expositions (« Bruxelles plurielles : gens d’ici venus d’ailleurs », « Nantais venus d’ailleurs »), ouvrages, articles, émissions radiophoniques ou télévisuelles, thèses et rapports consacrés aux groupes et communautés migrants qui sont aussi des thèmes de campagnes électorales. Les historiens étant fils de leur temps, il n’est donc pas étonnant que les chercheurs juniors […] aient choisi […] (d’) approfondir la question des migrants en milieu urbain […].»
La deuxième année de master que nous envisageons est un master professionnel en minorités et relations interethniques. Notre objectif professionnel est de travailler au contact de personnes émigrées, dans un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (C.A.D.A), des Organisations Non Gouvernementales (O.N.G), ou auprès d’individus minoritaires dans différentes structures étatiques, privées ou associatives.
Par conséquent, aborder le thème des « étrangers » dans notre recherche nous est apparu comme une évidence.
Il a ensuite fallu en définir son cadre spatiotemporel. La raison géographique complète donc notre approche. Nous devions trouver des situations voisines ou analogues, avec une échelle similaire, afin de pouvoir effectuer une comparaison sans encourir le risque de changer notre dimension d’observation.
Dans tous les cas, les territoires considérés sont cohérents, mais à échelle variable, d’une communauté à une zone plus vaste. Concernant la temporalité, « soit on définit les contours et les significations des territoires à un moment donné (analyse synchronique), soit on présente en diachronie les éléments et les mouvances des territoires dans un tableau synthétique. Cette variation engendre une vision comparée, l’observation d’un système spatial cohérent décrit à plusieurs moments.». Lorsque nous avions du choisir une période sur laquelle travailler, notre choix s’est porté sur la période médiévale. Notre temporalité sera donc évolutive, à travers tout le Moyen Âge, selon les différentes sources dont nous disposerons.

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Table des matières

INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE PREMIER  :DEFINITION, IDENTIFICATION ET REPRESENTATION
CHAPITRE DEUXIEME :MOTIVATIONS AU VOYAGE ET CONDITIONS MATERIELLES DE LA MOBILITÉ
CHAPITRE TROISIÈME  :CONDITIONS D’ACCUEIL ET DE LOGEMENT DES MIGRANTS
CHAPITRE QUATRIEME :ENTRE REJET ET ACCULTURATION, LE PROCESSUS DE SOCIALISATION DES NOUVEAUX ARRIVANTS
DEUXIÈME PARTIE 
CHAPITRE CINQUIÈME :STRUCTURATION DE LA RECHERCHE ET HISTORIOGRAPHIE
DES ENJEUX
CHAPITRE SIXIÈME  :PRÉSENTATION DU CORPUS
TROISIEME PARTIE 
CHAPITRE SEPTIÈME :L’OCTROIE DE PRIVILÈGES
CHAPITRE HUITIÈME :CONTREPARTIES ET CONSÉQUENCES
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE

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