Ethnographie d’une ONG de conservation et développement au Pérou

L’INSTITUTION INTERNATIONALE DES SOMMETS ET LA MONTAGNE ; DES DESTINS LIES 

En janvier 2007, je me rendais aux Etats-Unis d’Amérique, à Washington D.C, tout d’abord, pour rencontrer les dirigeants du collectif de l’Institution Internationale des Sommets afin de compléter le travail d’ethnographie que j’avais effectué jusqu’alors sur leur programme Andinau Pérou. Mon intention fut également d’interviewer les fondateurs de la communauté des bois, à Franklin en Virginie de l’Ouest, qui, en 1972, ne se doutaient certainement pas que leur groupe engendrerait une entité internationale intervenant vingt ans plus tard à l’échelle mondiale. Finalement, j’enregistrais et j’écrivais plus que la trajectoire de la communauté des bois puisque mes interviews avec les différents protagonistes de mon enquête me plongèrent dans la genèse de la reconnaissance des écosystèmes de montagne comme fragile et d’intérêt majeur par la communauté internationale. Sans le savoir, je découvrais que ce collectif avait intelligemment manœuvré pour faire éclore un Agenda de la Montagne au plan mondial. C’est ce trop bref, mais passionnant, récit que je me propose de vous narrer. J’ai complété les données recueillies lors de mes conversations par la bibliographie existante sur cette histoire dont il reste, vraisemblablement, tout à écrire.

COMMENTAIRE PREALABLE 

La création d’une association suppose la communion fondative ; C’est-à-dire le rassemblement des intelligences et la mobilisation des volontés autour d’un pouvoir capable d’unifier les consentements, puis la matérialisation par une procédure juridique. Dans ce premier chapitre, je décomposerai l’ensemble des processus de la communion fondative de la communauté du pays des bois. Puis, je décrirai l’entremêlement des événements personnels et institutionnels qui ont conduit cette communauté de valeurs à se transformer en une institution internationale organisée sur la logique entrepreneuriale standard du secteur privé lucratif. Je détaillerai le rôle joué par quelques uns de ses membres afin d’incorporer un non-humain, la montagne, dans le collectif des humains à la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement ŔCNUED- de Rio de Janeiro en 1992.

LA CREATION DE LA COMMUNAUTE DU PAYS DES BOIS 

création d’une communauté de valeurs portée par un projet éducatif

Lors du déjeuner qui a suivi la soutenance de la thèse de Daniel, l’un des membres du jury l’a pris par le bras et lui a demandé de le suivre pour discuter quelques instants à l’écart des invités. La scène se déroulait en 1972. Daniel venait d’obtenir le titre de docteur en planification de développement international de l’Université d’Harvard aux États-Unis d’Amérique. Le professeur lui demanda très simplement:’maintenant, que penses-tu faire de ta vie ?’ Daniel lui répondit qu’il envisageait de se rendre au Bangladesh pour travailler dans une ONG, le chercheurne pu cacher sa déception ‘quel gâchis, l’affairisme du développement international empiétera sur tes prérogatives.’ Et il ajouta : ‘Pourquoi ne crées-tu pas un environnement de travail qui correspondrait à tes valeurs ?’.

La vision de la communauté du pays des bois était dès lors implicitement formulée puisque la spécificité du collectif inspiré par Daniel, composé de son épouse Jennifer ainsi que de trois amis universitaires, était de transmettre des valeurs ; comment enseigner à des parents à léguer leurs valeurs morales alors que l’aspiration des teenagers de la génération des années 70 semblait remettre en question le modèle familial traditionnel. Au fond, l’idée de Daniel et de ses amis étaient de créer une institution de recherche et d’expérimentation sur le développement de nouveaux modèles éducatifs plus efficients pour les adolescents. Dès 1972, la communauté du pays des bois avait commencé à promouvoir auprès des habitants de la commune de Franklin, en Virginie Occidentale (E.U), l’importance pour les membres d’une même famille de partager ensemble des moments singuliers et ‘extra-ordinaires’. Pour cela, le collectif leur a proposé de participer à des activités ludiques et sportives  dans les montagnes d’Allegheny  du comté de Pendleton en Virginie Occidentale (E.U).

Fort de son succès, la communauté a étendu son champ d’action en animant des séminaires à l’attention de jeunes posant des difficultés. Daniel m’avait précisé que la démarche était ‘de les motiver à aller de l’avant en les sensibilisant qu’il était dans leur propre intérêt de vivre harmonieusement avec leurs communautés’. Finalement, Daniel et ses amis animeront des cours dans les écoles de leur agglomération. Les grands espaces étaient pensés comme une salle de classe, ce qui rendait plus vivants et intéressants des sujets souvent considérés comme ennuyeux par les adolescents. A cette période de leur vie, les membres de la communauté du pays des bois vivaient ensemble, le plus simplement possible, afin de partager leur valeur morale basée sur le soutien mutuel au sein de la collectivité. Tous recevaient le même salaire malgré les différences de responsabilités au sein du groupe et éviter de parler d’argent. Cuisiner et vivre ensemble, c’était d’après Daniel ‘une vie construite sur le travail, au service des autres, sans sexe ni drogue’. Une philosophie de vie inspirée des idéaux des communautés Amish implantées en Virginie Occidentale mais également influencée par la sobriété du mode de vie des populations montagnardes de l’État.

Formalisation d’une association locale puis création du centre Spruce Knob

Après quatre années de vie commune, les membres de la communauté du pays du bois ont décidé de poursuivre leur vie privée et professionnelle en dehors du collectif. Daniel a collaboré comme enseignant avec les écoles secondaires et les collèges. Louant parfois les services d’animateurs pour répondre à la demande du système éducatif régional. Mais le groupe d’amis en tant que communauté de vie s’était fractionné. L’événement qui sera finalement de nouveau fédérateur pour les membres de la communauté du pays des bois aura été l’achat d’un terrain en 1978. Alors qu’il ne lui restait plus que quelques semaines avant de perdre son option sur des terres, Daniel a parcouru l’Est américain pour collecter des fonds, 250,000 dollars US, et a acquis une propriété pour construire un centre d’éducation sur la montagne, le Spruce Knob, du nom du sommet le plus élevé de la Virginie Occidentale. Les étudiants des villes de Baltimore (EU) et Pittsburg (EU) pouvaient suivre des cours de géologie, écologie, biologie, sur les écosystèmes montagnards ainsi que des séminaires en sociologie et histoire sur la culture des populations peuplant les Appalaches. L’accent était mis sur l’autonomie dans le travail, la prise d’initiative et l’apprentissage de la vie en communauté. En 1979, Daniel et son épouse avaient décidé de refonder la communauté du pays des bois sur une base institutionnelle et non plus sur les modalités de la vie collective des premières années. Les membres étaient des salariés rémunérés qui devaient rendre compte mensuellement de leurs activités professionnelles.

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Table des matières

INTRODUCTION
Avant propos
A. Contexte
1. LE MONTAGE INSTITUTIONNEL DU TERRAIN
2. MA PRE-PROBLEMATIQUE DE TERRAIN : UNE FICTION FAULKNERIENNE
3. ORGANISATION DE MON PROTOCOLE D’ENQUETE
4. MON CADRE D’ANALYSE
5. CARACTERISATION DE LA MODALITE DES ECHANGES
6. METHODOLOGIE ET PROTOCOLE DE RECHERCHE
7. STRUCTURATION DE LA THESE
Chapitre 1. Itinéraire de la communauté du pays des bois
COMMENTAIRE PREALABLE
A.1 CREATION D’UNE COMMUNAUTE DE VALEURS PORTEE PAR UN PROJET EDUCATIF
A2. FORMALISATION D’UNE ASSOCI ATION LOCALE PUIS CREATION DU CENTRE SPRUCE KNOB
A.3 DU STATUT D’ASSOCIATION LOCALE A CELUI D’ORGANISATION INTERNATIONALE SANS FINALITE LUCRATI VE
A.4 FIN D’UN CYCLE INSTITUTIONNEL DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES BOIS
B.1 RECRUTEMENT D’UN NOUVE AU PRESIDENT/DIRECTEUR DU BUREAU EXECUTI F
B.2 « CHAMBOULEMENT » ORGANISATIONNEL
CONCLUSION
Chapitre 2. La genèse de la conception de l’Agenda de la Montagne : 1973-1996
A.1 LE PROGRAMME REGIONAL 6 DE L’HOMME ET LA BIOSPHERE DE L’UNESCO
A.2 LE GROUPE ACTION POUR LA MONTAGNE
A.3 PLANIFICATION DES ACTIONS DU SECTEUR A FINALITE NON LUCRATIF
B.1 DESINTERET DURABLE POUR LES MONTAGNES
B.2 LES COLLE CTIFS DE LA SPHERE DU PRIVE NON LUCRATIF ET LES ECOSYSTEMES DE MONTAGNE
CONCLUSION
Chapitre 3. La compétence organisationnelle : une montagne de problèmes
A.1 LE SECOND FINANCEMENT DE L’USAID : 2002-2007
A.2. VISION ET MISSION
A.3 L’APPROCHE INSTITUTIONNELLE
A.4 LES SERVICES DE DIRECTION ET D’ADMINISTRATION
A.5 POLITIQUE DES RESSOURCES HUMAINES
A.6 DEFINITION DES MODALITES D’INTERVENTIONS
A.7 VIABILITE FINANCIERE
A.8 SYSTEMATISATION DE L’EXPERIENCE ET PRODUCTION DE SAVOIR
B.1 L’ENVIRONNEMENT DE LA SPHERE
C. SYNTHESE
C.1 REGARD SUR L’EVALUATION D’UNE CONSULTANTE DE L’USAID
CONCLUSION

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