La Morale
La morale est un ensemble de règles de conduite posées comme bonnes dans l’absolu [19], « l’ensemble des règles de conduites socialement considerees comme bonnes » [66]. Elle est profondément influencée par plusieurs facteurs culturels, historiques, traditionnels, éducationnels, religieux, etc. [65]. La morale s’exprime par un ensemble de règles et de principes de bonnes conduites imposant de faire le bien et d’eviter le mal [38]. Elle est impérative, directive et normative.
L’éthique médicale
Le dictionnaire Larousse individualise de cette notion precedente l’ethique médicale qui selon lui est l’ensemble des règles de conduite des professionnels de santé vis-à-vis de leurs patients [48]. Autrement, nous pouvons definir l’ethique medicale comme une reflexion sur les orientations donnees a l’action clinique dans une situation singulière a travers des cas concrets, analysés dans leurs enjeux éthiques en vue de la meilleure décision possible [20]. Elle tente de résoudre des conflits entre valeurs, droit et obligations concurrentes. C’est une demarche de reflexion individuelle ou pluridisciplinaire face aux choix possibles se présentant dans une situation médicale complexe. Le but est de rechercher une solution compatible avec la singularité des différents protagonistes, la loi, la déontologie et les contraintes socio-économiques. Ce recours à une aide éthique pluridisciplinaire parait intéressant. Leur avis a surtout une valeur consultative, le médecin étant en principe celui qui prend la décision médicale finale et à en avoir la responsabilité. L’ethique medicale s’appuie sur quatre principes éthiques établis par Beauchamp TL et Childress JF [9] [13, 22, 58, 64].
– Le principe d’autonomie : il implique de respecter le choix et les positions personnelles ainsi que les décisions qui en découlent, sauf si ces décisions causent préjudices aux autres.
– Le principe de bienfaisance : il implique d’agir pour le bien des autres, faire et promouvoir le bien.
– Le principe de non malfaisance (« primum non nocere ») : il implique de ne pas faire subir de mal aux autres.
– Le principe de justice ou d’equite : il vise a l’egalite d’accès aux soins sans discrimination.
L’éthique appliquée à la pratique de la médecine remonte à la civilisation antique. Déjà dans le texte du serment d’Hippocrate au Vème siècle avant Jésus-Christ les idées du respect de la personne, de l’information du patient, de la bienveillance, de l’accès aux soins pour tous y sont présentes. Ces idées sont parmi les principes fondamentaux de l’ethique medicale et il est difficile de côtoyer les malades chaque jour sans en être confronté. Les personnels médicaux, généralistes comme spécialistes et les personnels paramédicaux sont par essence au cœur de la complexite de l’accompagnement du soin d’un patient. Les questions ethiques peuvent alors être pluriquotidiennes, et certains praticiens en ont conscience. Pour cela, la formation initiale et continue a l’ethique medicale doit être parmi les priorités éducatives des facultés de médecine. Dans une étude réalisée à la Barbade en Amérique du sud [67], 23% des étudiants disent rencontrer quotidiennement des problèmes éthiques ou juridiques au cours de leur travail. En France, l’ethique medicale fait partie, de plein droit, de la formation médicale initiale [12]. Barrier et al. constatent une perte de sensibilité éthique chez les etudiants pendant l’externat [8] et selon Descazeaud [25], les etudiants n’ont pas a l’esprit tout ce que la societe attend d’eux en matière de professionnalisme, et ce quel que soit leur niveau d’etude. Au Mali par exemple, des études ont été entreprises sur la qualité des soins. Ainsi, selon Traore [63], 98,5% des malades souhaitent avoir des informations sur leur état de sante. Mais, très peu d’etudes ont ete realisees sur la connaissance, l’attitude et la pratique comportementale des médecins en éthique médicale et des soins infirmiers. Aussi, selon Moute [53], 42,1% des étudiants en médecine pensent que les soignants ne demandent pas le consentement volontaire et éclairé des malades avant de leur administrer des soins.
Les limites de l’étude
Notre étude avait pour but d’etudier les perceptions de la notion d’ethique medicale par les soignants au sein du territoire national, d’apprecier leur niveau de formation et des connaissances en matière d’ethique medicale, d’evaluer leurs attitudes et leurs pratiques dans leur exercice et d’identifier les facteurs influençant les connaissances, les attitudes et les pratiques en matière d’ethique médicale. Certaines limites méthodologiques ont été soulevées lors de la réalisation de ce travail. Notre étude portant sur la collecte des donnees a l’aide d’un questionnaire conçu à cet effet, de nombreuses difficultés étaient rencontrées a cause du manque d’interêt de la part d’un certain nombre de médecins et le manque d’études sur ce sujet rendait la comparaison de nos résultats avec les données de la littérature difficile. Bien qu’il s’agisse d’un sujet étudiant les aspects éthiques en pratique médicale, notre etude comporte certains biais et l’interpretation des résultats doit être pondérée. Il s’agit d’une enquête déclarative sur une population de soignants du pays. De plus, nous pouvons nous demander si les soignants ayant répondu à ce questionnaire sont des soignants plus disponibles et/ou plus sensibilisés et intéressés par ce sujet. L’exhaustivité aurait pu être améliorée en élargissant à d’autres problematiques ethiques. Cette enquête manque de puissance car elle montre des tendances mais ne permet pas d’obtenir des resultats pouvant être extrapolables à toute la population des soignants du pays.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
De l’Antiquite a nos jours, les relations entre soignants et soignes ont très evolue, laissant une place importante aux questions éthiques dans la prise en charge médicale et la recherche en santé. En dehors des compétences classiques du médecin, les bonnes connaissances et les bonnes attitudes des soignants en ce qui concerne l’ethique deviennent de plus en plus indispensables pour mieux prendre en charge les patients et répondre à leurs attentes légitimes non liées à la santé. Cependant, en Afrique occidentale francophone et particulièrement au Sénégal, les recherches menées par les soignants sur le travail reel qu’ils accomplissent dans ce domaine qu’est l’ethique medicale et de la recherche en sante sont encore trop peu nombreuses pour nous permettre de cerner le sujet et de tirer des enseignements qui enrichiraient la pratique. Ainsi, notre etude avait pour principal objectif d’evaluer les connaissances, les attitudes et les pratiques concernant l’ethique des soins et de la recherche en sante. Notre échantillon était constitué de 271 soignants dont 202 médecins généralistes, 29 médecins spécialistes, 32 étudiants et 08 infirmiers. La tranche d’âge la plus représentative était celle de 25-34 ans notée à 85,2% avec une prédominance masculine à 65,7% et un sexratio de 1,91. La majorité des soignants était des médecins généralistes, soit 74,5% alors que 10% étaient des médecins spécialistes. Les 11,8% étaient des étudiants et le reste des infirmiers. Les soignants ayant moins de 05 annees d’experience constituaient le plus grand nombre, soit 56,9%. Ceux qui avaient entre 5 a 10 annees d’experience représentaient 37,5% alors que ceux qui totalisaient plus de 10 années d’experience faisaient les 5,6 %. La majorite des soignants, soit 89,4%, etait issue de l’universite publique. Les 59,4% des soignants étaient issus du système LMD (Licence-Master-Doctorat) et les 40,6% issus du système classique. La majorite des soignants etait au courant de l’existence d’un code de deontologie soit 93% et 82,3% d’entre eux estimaient avoir une connaissance du contenu de ce code. Les 49,4% des soignants ne connaissaient que quelques-uns des droits des patients alors que 14% ne connaissaient pas ces droits. Seuls 99 soignants, soit 36,5% avaient une connaissance de tous ces droits. Concernant les attitudes et les pratiques des soignants, 82,3% des soignants affirmaient ne jamais refuser de soins pour une quelconque raison, 87,5% affirmaient solliciter le consentement du patient ou de ses proches au moment de prendre une decision d’une importance pouvant avoir une repercussion sur son pronostic et 60,9% des soignants affirmaient accepter le refus de soins, sans qu’il y ait des répercussions négatives sur leurs relations avec un patient. Les 63,1% des soignants affirmaient donner d’emblee toutes les informations relatives au cas d’un patient pour lui permettre de comprendre son etat et de prendre une décision éclairée. Les 71,6% des soignants affirmaient informer loyalement un patient quand il (ou des proches) le sollicite(nt) pour des informations relatives à son cas et les 66,8% des soignants affirmaient accepter que le patient (ou des proches) participe(nt) à la décision médicale le concernant.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. DEFINITIONS
1. La Morale
2. La Déontologie
3. L’ethique
4. L’ethique medicale
5. La bioéthique
6. La relation de soins
II. HISTORIQUE
DEUXIEME PARTIE
I. METHODOLOGIE
1. Type d’etude
2. Population étudiée
2.1 Critères d’inclusion
2.2 Critères de non inclusion
3. Fiche d’exploitation (Annexe)
4. Collecte de données
5. Considérations éthiques
6. Méthodes statistiques
II. RÉSULTATS
1. Analyse descriptive
1.1. Données sociodémographiques des soignants (271)
1.1.1. Age
1.1.2. Sexe
1.1.3. Fonction
1.1.4. Ancienneté
1.1.5. Universite ou ecole d’origine
1.1.6. Système de formation
1.2. Connaissances liees a l’ethique médicale
1.2.1. Existence du code de la santé publique
1.2.2. Existence du code de la déontologie médicale
1.2.3. Connaissance du contenu du code de déontologie médicale
1.2.4. Connaissance des droits des patients
1.2.5. Refus de donner des soins
1.2.6. Sollicitation du consentement du patient dans la décision médicale
1.2.7. Acceptation Refus de soins
1.2.8. Informations
1.2.9. Sollicitation pour informations
1.2.10. Participation à la décision médicale
1.2.11. Pratique de la participation à la décision médicale
1.2.12. Connaissance des principaux principes éthiques qui guident les soins et la recherche en santé
2. Analyse bi-variée
2.1. Correlations entre les connaissances sur l’ethique et la fonction
2.1.1. Connaissance de l’existence du code de sante publique et fonction
2.1.2. Code de déontologie et fonction
2.1.3. Connaissance des droits des patients et fonction
2.1.4. Connaissance des principaux principes éthiques selon la fonction
2.2. Corrélations entre les attitudes et pratiques en éthique médicale et la fonction
2.2.1. Refus des soins et fonction
2.2.2. Consentement et fonction
2.2.3. Propension à refuser des soins sans répercussion négative sur leurs relations avec les patients et fonction
2.2.4. Informations communiquées et fonction
2.2.5. Information loyale selon la fonction
2.2.6. Acceptation à la participation dans la décision médicale et fonction
2.2.7. Pratique des soignants acceptant la participation du patient dans la décision médicale selon la fonction
2.3. Correlations entre les connaissances sur l’ethique et l’anciennete
2.3.1. Connaissance du code de la santé publique et ancienneté
2.3.2. Répartition des soignants connaissant les principaux principes éthiques de la recherche et ancienneté
2.4. Corrélations entre les attitudes et pratiques des medecins et l’anciennete
2.4.1. Refus de soins et ancienneté
2.4.2. Informations données et ancienneté
2.5. Correlations entre les connaissances sur l’ethique et le lieu d’exercice
2.5.1. Connaissance existence du code de la sante publique et le lieu d’exercice
2.5.2. Connaissance de l’existence du code de deontologie medicale et lieu d’exercice
2.5.3. Connaissance du contenu du code de déontologie médicale et lieu d’exercice
2.5.4. Connaissance des droits du patient et lieu d’exercice
2.5.5. Connaissance des principaux principes ethiques et lieu d’exercice
2.6. Corrélations entre les attitudes et pratiques des médecins et le lieu d’exercice
2.6.1. Consentement du patient et lieu d’exercice
2.6.2. Refus de soins et lieu d’exercice
2.6.3. Acceptation du refus des soins et lieu d’exercice
2.6.4. Acceptation de la participation à la décision medicale et lieu d’exercice
2.7. Correlations entre les connaissances sur l’ethique et l’universite ou l’ecole d’origine
2.7.1. Existence du code de la santé publique et université ou ecole d’origine
2.7.2. Connaissance de l’existence du code de deontologie medicale et universite ou ecole d’origine
2.7.3. Connaissance du contenu du code de déontologie médicale et école ou universite d’origine
2.7.4. Connaissance des droits du patient et ecole ou universite d’origine
2.7.5. Connaissance des principaux principes éthiques et école ou université d’origine
2.8. Corrélations entre les attitudes et pratiques des medecins et l’université ou l’ecole d’origine
2.8.1. Refus de soins et universite d’origine
2.8.2. Consentement du patient et université ou ecole d’origine
2.8.3. Acceptation du refus de soins et universite ou ecole d’origine
2.8.4. Informations données et universite d’origine
2.8.5. Sollicitation d’informations loyales et universite ou ecole d’origine
2.8.6. Acceptation de la participation à la décision médicale et université d’origine
2.8.7. Pratique de la participation à la décision médicale et université ou école d’origine
III. DISCUSSIONS
1. Caractéristiques socio-démographiques
1.1. Age
1.2. Sexe
1.3. Fonction
1.4. Ancienneté
1.5. Universite d’origine et système de formation
2. Connaissances sur l’ethique medicale
2.1. Connaissance de l’existence des codes de santé publique et de déontologie
2.2. Connaissance des principes de l’ethique medicale
3. Attitudes et pratiques liées a l’ethique medicale
3.1. Consentement
3.2. Informations fournies au patient
3.3. Informations loyales du patient suite à sa sollicitation
4. Discussion des corrélations
4.1. Corrélation entre les connaissances sur l’ethique et les facteurs pouvant les influencer
4.1.1. Correlation entre la fonction et les connaissances sur l’ethique
4.1.2. Correlation entre le système d’etude et les connaissances sur l’ethique
4.1.3. Correlation entre l’anciennete et les connaissances sur l’ethique
4.1.4. Correlation entre l’universite d’origine et les connaissances sur l’ethique
4.1.5. Corrélation entre le lieu d’exercice et les connaissances sur l’ethique
4.1.6. Correlation entre les stages ou les etudes a l’etranger et les connaissances éthiques
4.2. Correlation entre les attitudes et pratiques concernant l’ethique et les facteurs pouvant les influencer
4.2.1. Corrélation entre la fonction et les attitudes et pratiques des soignants
4.2.2. Correlation entre l’anciennete et les attitudes et pratiques des soignants
4.2.3. Correlation entre l’universite d’origine et les attitudes et pratiques des soignants
4.2.4. Corrélation entre le système de formation et les attitudes et pratiques des soignants
4.2.5. Correlation entre le lieu d’exercice et les attitudes et pratiques des soignants
4.2.6. Correlation entre les stages ou les etudes a l’etranger et les attitudes et pratiques des soignants
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE
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