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Historique législatif
➢ De la contraception à la légalisation de l’IVG :
Au début du 20ème siècle, la loi du 31 juillet 1920 réprime l’avortement et interdit la propagande pour les méthodes contraceptives dans un contexte de politique nataliste à la suite de la Première Guerre mondiale. Le crime d’avortement est passible de la cour d’Assises. (7)
En 1956, la pilule contraceptive est inventée.
C’est également cette année-là qu’est créée la “Maternité heureuse”, association militante à l’initiative de quelques hommes et femmes ayant la volonté de faire changer la loi de 1920. En 1960, le mouvement prend le nom de “Mouvement Français pour le Planning Familial”.
Il faut attendre le 19 décembre 1967 et la loi Neuwirth pour la légalisation de la contraception. Cependant elle n’est pas remboursée par la Sécurité sociale et les mineures de moins de 21 ans requièrent l’accord écrit de leurs parents. (8)
Cette loi est aussi celle de la création des Centres de Planification et d’ Éducation Familiale (CPEF) et des Établissements d’Information, de Consultation et de Conseil Familial (EICCF).
Ces derniers ont été institués pour accompagner la diffusion des méthodes contraceptives en leur confiant des missions d’information, d’éducation à la sexualité et de planification familiale. (4) Les EICCF ont pour mission d’informer sur les droits en matière de vie affective, relationnelle et sexuelle et d’accompagner les personnes dans ces domaines. Ces structures sont portées par le Mouvement français pour le Planning Familial, l’Association française des centres de consultations conjugale et les centres départementaux d’information sur les droits des femmes et des familles. Ils reçoivent des subventions annuelles de l’Etat. Pour information, les activités des EICCF doivent aujourd’hui obligatoirement comprendre la mission d’accompagnement préalable à l’IVG et des femmes ayant eu une IVG.
Ces dispositifs s’adossent aux centres départementaux de planification et d’éducation familiale portés par les conseils départementaux. Les missions des CPEF peuvent, certes, être jugées comme proches de celles des EICCF. Cependant, leurs missions se sont spécialisées de façon différente avec le temps : la mission sanitaire des CPEF s’est renforcée alors que l’orientation éducative et sociale des EICCF a été confortée.
La circulaire « Fontanet » de 1973 autorise pour la première fois l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires et fait entrer l’éducation sexuelle à l’école. Pour autant, celle-ci reste facultative et sur demande des parents ou des élèves du dernier cycle au chef d’établissement. (9)
La loi du 4 décembre 1974 assouplit les dispositions de la loi Neuwirth : remboursement des pilules contraceptives et accès pour les non assurés et les mineures à la contraception de manière anonyme, gratuite, et sans autorisation parentale dans les CPEF.
Une étape majeure dans l’évolution législative est la loi Veil du 17 janvier 1975 qui dépénalise l’interruption volontaire de grossesse (IVG) :
Cependant celle-ci ne peut avoir lieu que dans certaines conditions cumulatives :
• Situation de détresse
• Délai de grossesse inférieur à 12 semaines d’aménorrhée
• Intervention réalisée par un médecin dans un établissement hospitalier
• Deux consultations médicales et un entretien psychosocial sont obligatoires
• La volonté de la mère doit être confirmée par écrit
➢ Aux temps du VIH :
En 1985, alors que l’épidémie de VIH/Sida commence à se développer en France, il est rapidement nécessaire d’organiser des actions de prévention en direction des jeunes qui sont particulièrement touchés. La même année, la circulaire Chevènement introduit « l’éducation sexuelle » à l’école primaire et en 1992, un décret encourage les relations entre les associations et le monde de l’éducation.
Initialement, les séances étaient limitées à des informations sur la maladie et sa transmission. Finalement, elles s’évèreront plus efficaces lorsqu’il y est question, plus largement, d’éducation à la sexualité. (9)
En 1988, les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) sont créés en vue d’offrir dans chaque département au moins une structure d’accueil, d’information, de dépistage du VIH et d’orientation.
Sous la pression des associations pour la prévention du SIDA, la loi du 18 janvier 1991 autorise la publicité pour les préservatifs et autres contraceptifs. En 2000, une première campagne nationale « Contraception » est lancée sous l’impulsion de Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité. (9)
En 1999, la contraception d’urgence est mise sur le marché et la loi de décembre 2000 en précise les modalités :
• Délivrance sans ordonnance et sans autorisation parentale aux mineures dans les pharmacies si elles désirent garder le secret -les décrets viendront plus d’un an après, en janvier 2002 permettant une délivrance gratuite aux mineures.
• Administration possible par les infirmières scolaires des collèges et lycées avec un décret d’application le 27 mars 2001. (10)
Une autre étape clé dans l’évolution du rapport à la santé sexuelle est la loi du 4 Juillet 2001. Sur le terrain éducatif, celle-ci prévoit qu’une information et une éducation à la sexualité soient obligatoirement dispensées dans les écoles, collèges et lycées, à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupe d’âge homogène. Ainsi, elle légalise et généralise à l’ensemble du cursus scolaire une démarche qui était jusqu’alors définie par voie de circulaire en 1988 et centrée uniquement sur les classes de 4ème et de 3ème.
Sur le plan contraceptif, cette loi met en place les consultations anonymes et gratuites pour les mineures : l’autorisation parentale n’est alors plus nécessaire pour la prescription et la délivrance de contraceptifs. Elle légalise également la contraception définitive.
Enfin, la loi de 2001 assouplit les modalités de l’IVG en supprimant le caractère obligatoire de l’entretien psychologique avant IVG pour les femmes majeures ainsi que la nécessité du consentement parental pour les mineures. Elle porte également le délai légal de l’IVG de 12 à 14 semaines d’aménorrhée (SA) et autorise l’avortement pour toute femme présente sur le territoire français
En 2007, la campagne nationale « Contraception » avec pour thème « La meilleure contraception, c’est celle qu’on choisit » met en place des outils pérennes : création d’un site internet référent « www.choisirsacontraception.fr » et déploiement d’un numéro gratuit d’information (0 800 235 236).
La stratégie nationale et la place des jeunes
Une stratégie nationale pour l’amélioration et la promotion de la santé sexuelle des Français a été mise en place pour l’agenda 2017-2030. (15)
Elle intègre la santé sexuelle dans une approche globale de la santé et comprend plusieurs axes :
• Promouvoir la santé sexuelle chez les jeunes
• Améliorer le parcours de santé en matière d’IST
• Améliorer la santé reproductive
• Répondre aux besoins des populations les plus vulnérables
• Promouvoir la recherche et l’innovation
• Prendre en compte les particularités d’outre-mer.
Elle se base sur trois principes fondamentaux :
• L’autonomie
• La satisfaction
• La sécurité
Elle prend en compte les relations inégalitaires entre les sexes et les sexualités qui impactent l’accès universel à la santé sexuelle. (6)
Cette nouvelle stratégie s’appuie notamment sur l’évaluation du 5ème plan de lutte contre le VIH et les IST du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) et sur le rapport relatif à l’éducation à la sexualité rendu par le Haut Conseil à l’ Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) qui mettent en évidence des résultats peu satisfaisants sur certains indicateurs liés à la santé sexuelle (9):
• Un tiers des grossesses reste non prévu et dans ce cas aboutissent 6 fois sur 10 à une IVG
• 7.7% des femmes de 15-19 ans sexuellement actives déclarent avoir eu une grossesse non prévue au cours des 5 dernières années.
• Les jeunes âgés de de 15 à 24 ans représentent environ 40 % des IST rapportées en 2013 et 2014.
• Une augmentation de 10% des IST a été constatée chez les 15-24 ans entre 2012 et 2014
• Près de 6 000 nouvelles séropositivités en 2015
• Une femme sur 7 et un homme sur 25 déclarent avoir subi au moins une fois une forme d’agression sexuelle au cours de leur vie.
• 31 % des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes victimes d’actes homophobes au cours des 12 derniers mois en 2012
• 25 % des écoles déclarent n’avoir mis en place aucune action d’éducation à la sexualité malgré l’obligation légale
En 2015, une étude pour la mutuelle étudiante SMEREP rend compte d’un recul important chez les pratiques des jeunes : 1 étudiant sur 3 déclare ne jamais porter de préservatif et 43 % d’entre eux n’utilisent pas systématiquement un préservatif lors d’un rapport intime. (16)
Dans une autre étude réalisée en 2018, la SMEREP rapporte qu’en outre, 88% des lycéens ne se font pas systématiquement dépister lors d’un changement de partenaire et 72% ne se font jamais dépister. (17)
La stratégie nationale entend dès lors placer l’éducation à la sexualité et à la santé sexuelle des plus jeunes au coeur de leur parcours éducatif.
Certes, la question des grossesses non désirées se pose pour les femmes tout au long de leur vie féconde. Pour autant, elle revêt une particulière acuité pour les plus jeunes, à un moment où l’activité sexuelle est plus intense, la fertilité plus élevée et la familiarité avec les méthodes de contraception moins grande.
On observe par-delà la stabilité globale des IVG (environ 200 000 par an), une augmentation de la part des moins de 18 ans : leur nombre est passé de 11 000 en 1997 à près de 15 000 dix en plus tard. (18)
Si les échecs de contraception sont fréquents chez les adolescents, la stratégie nationale souhaite aller au-delà d’une information sur les IST et la contraception. Il s’agit en effet de sensibiliser le public dès le plus jeune âge aux questions relatives à la sexualité et de développer l’esprit critique des jeunes sur des sujets comme l’égalité homme-femme, les discriminations liées à l’orientation sexuelle, les violences etc. (19) (6)
Depuis 2018, les étudiants en médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, kinésithérapie et soins infirmiers voient leur formation complétée d’un module obligatoire de trois mois appelé « Service Sanitaire ». Il se compose de trois temps : acquisition des compétences, interventions collectives puis temps de débriefing. Les thèmes abordés sont la vie affective et sexuelle, les comportements d’addiction, l’activité physique et la nutrition. Les étudiants peuvent se rendre dans les établissements scolaires, EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), structures médico-sociales, entreprises ou bien lieux de privation de liberté.
En 2019, le Service Sanitaire a été étendu à tous les étudiants en santé (y compris ergothérapeute, orthophonie etc.).
L’objectif est d’initier tous les futurs professionnels de santé aux enjeux de la prévention primaire et de la promotion de la santé, d’une part, et de développer leur compétence à mener des actions auprès de tous les publics, d’autre part.
Ce concept existait déjà à Marseille depuis 10 ans : en effet, dans le cadre des enseignements de la Faculté de Médecine, un module optionnel d’éducation à la sexualité et à la contraception a été créé au cours de l’année universitaire 2006-2007. Cette démarche propose ainsi la mise en place d’une formation des étudiants associée à une application pratique par l’intermédiaire d’une intervention dans des collèges de la région. (20)
Le département des Bouches-du-Rhône et la santé sexuelle
Démographie
Le département des Bouches du Rhône est un département de la région Provence Alpes Côte d’Azur. Il s’étend sur 5 087 km2 et comprend 2 035 000 habitants répartis en 135 communes.
Les disparités socio-économiques y sont importantes.
C’est le 3ème département le plus peuplé de France.
Depuis 2008, la croissance démographique a ralenti pour s’établir à + 0,3% par an, contre + 0,8% entre 1999 et 2008.
Le département se distingue, par ailleurs, par la jeunesse de sa population par rapport au reste de la région PACA (Provence Alpes Côte d’Azur).
Les acteurs de la santé sexuelle dans le département
Le médecin généraliste
Le médecin généraliste possède un rôle important dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé : il est souvent le premier interlocuteur médical des jeunes. Une de ses missions est d’accompagner l’adolescent pour qu’il se sente épanoui dans sa sexualité en toute sécurité. (15) (23)
Les médecins généralistes étaient au nombre de 3 718 dans les Bouches du Rhône en 2018 dont 2 271 libéraux exclusifs. (21)
Selon la stratégie nationale en santé sexuelle « les professionnels de santé de premier recours et en particulier les médecins généralistes (…) ont un rôle central à jouer dans la prévention, le dépistage et l’orientation de leur patientèle en matière de santé sexuelle ». (24)
En 2017, une cotation spécifique est créée pour la première consultation de contraception et de prévention. Elle est dénommée CCP. Cette consultation à fort enjeu de santé publique est gratuite et réservée aux jeunes filles de 15 à 18 ans. En effet, elle est prise en charge dans les conditions de l’article L. 160-14 du code de la Sécurité sociale et prépare, à terme, son extension pour les garçons. Lors de cette consultation, le médecin informe la patiente sur les méthodes contraceptives et sur les maladies sexuellement transmissibles. Elle peut être réalisée par un médecin généraliste, un gynécologue, un gynécologue-obstétricien ou un pédiatre. Elle ne peut être facturée qu’une seule fois par patiente. Enfin, le médecin doit informer la patiente du droit à l’anonymat. (25)
Les gynécologues et les sage-femmes
La gynécologie est la discipline médicale qui, par définition, s’intéresse à l’appareil reproducteur féminin au sens large, à savoir les organes pelviens et les seins. (26)
Il en existe plusieurs sous spécialités : gynécologie médicale, obstétrique, chirurgie gynécologique, oncologique, assistance médicale à la procréation et diagnostic anténatal. (27)
Ils étaient 124 gynécologues médicaux dans le département des Bouches du Rhône en 2018 dont 85 libéraux exclusifs. Les autres gynécologues exerçaient en tant que salariés, hospitaliers ou non, ou avaient un exercice mixte. (21)
Ils s’occupent de pathologies variées mais aussi du suivi, de la prévention et de la prescription de contraception.
Les sage-femmes étaient initialement compétentes essentiellement dans le diagnostic et le suivi de grossesse, la préparation à la naissance, l’accouchement et le suivi postnatal.
Mais depuis la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) du 21 juillet 2009, elles peuvent désormais assurer des consultations de gynécologie préventive et prescrire toute contraception hormonale, en dehors de situations pathologiques nécessitant un avis médical.
La sage-femme peut pratiquer en toute autonomie l’ensemble des actes cliniques et techniques nécessaires au suivi et la surveillance des situations non pathologiques d’une part, et au dépistage de situation pathologique, d’autre part : échographie gynécologique, frottis, prescription de bilan biologique, pose de DIU (Dispositif Intra Utérin), cape et implant.
Dans le même cadre législatif évoqué plus haut, la sage-femme peut prescrire, délivrer et administrer des contraceptifs auprès de patientes mineures en dehors de tout recueil préalable du consentement des titulaires de l’autorité parentale.
À la suite du décret publié le 5 juin 2016 au Journal Officiel, les compétences des sage-femmes ont été étendues à la pratique des IVG par voie médicamenteuse ainsi qu’à la vaccination du nourrisson, sa mère et leur entourage. (28)
Les pharmacies
La pharmacie joue un rôle important via l’accès direct aux préservatifs et tests de grossesse qui sont en accès libre.
Le pharmacien se doit également de délivrer de manière gratuite et sans ordonnance la contraception d’urgence gratuite à toute jeune fille alléguant être mineure. (4)
Le décret du 17 juillet 2012 permet aux pharmaciens le renouvellement des contraceptifs oraux pendant 6 mois maximum sur présentation d’une ordonnance de moins d’un an. (10)
L’éducation nationale
L’établissement scolaire est un des lieux de promotion de la santé sexuelle par le biais des séances d’éducation à la sexualité. Ces séances peuvent être réalisées par du personnel scolaire : professeur de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), IDE (Infirmier Diplômé d’État) scolaire, prof principal. Elles peuvent également être réalisées par des intervenants extérieurs : étudiants en santé, CPEF, planning familial, etc.
On y délivre des préservatifs à l’infirmerie, qui est également un lieu d’échange entre élève et professionnel de santé.
Depuis 2001, la contraception d’urgence peut être délivrée par l’infirmière scolaire dans un contexte de détresse caractérisée. Le décret du 26 mai 2016 supprime cette nécessité, seule la notion d’urgence est nécessaire pour une prescription anonyme et gratuite chez les mineures et les majeures.
Le décret du 10 janvier 2012 autorise les infirmières dont les infirmières scolaires à renouveler pour 6 mois une ordonnance de contraception en écrivant sur l’ordonnance originale. (10)
Le Planning Familial
Offre de soins proposée
Il s’agit d’une association qui se définit comme un mouvement féministe et d’éducation populaire militant pour le droit à l’éducation à la sexualité, à la contraception, à l’avortement, à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et combat toutes formes de violence ou de discrimination. Le Planning Familial est composé de bénévoles, salariés et adhérents. Il s’organise à différentes échelles : locale, départementale, régionale et nationale.
Les personnes peuvent être reçues sans rendez-vous pour venir parler, questionner, s’informer au sujet de la vie relationnelle, affective et sexuelle. Elles peuvent également être reçues sur rendez-vous pour une consultation gynécologique par un médecin ou une sage-femme (nécessité d’une consultation médicale pour avoir une contraception). La contraception d’urgence peut leur être délivrée.
Certains sites peuvent réaliser des interruptions volontaires de grossesse.
En complément, le personnel du Planning Familial dispose des informations nécessaires à l’orientation vers les pays autorisant l’IVG après la limite des 14 semaines d’aménorrhée que prévoit la loi française. Il peut aussi solliciter la solidarité des adhérents pour aider financièrement les femmes ne pouvant assumer le coût d’un avortement à l’étranger.
Des actions collectives sont également réalisées :
• Séances d’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires.
• Intervention dans des structures adultes comme les CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) ou les CSAPAs (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
• Organisation de débat ou stand lors d’évènements.
• Formation des professionnels pouvant intervenir sur les sujets de la santé sexuelle. (29).
Organisation dans le département
Dans le département des Bouches-du-Rhône, les sites du Planning familial se trouvent à Marseille (3eme arr.), Aix en Provence, Istres, Salon de Provence et Miramas.
A Marseille, le site est ouvert tous les après-midis jusqu’à 18h sans rendez-vous pour venir parler, questionner et s’informer. Il faut prendre un rendez-vous pour avoir une consultation gynécologique ou un dépistage des IST.
Dans les autres sites, il existe des permanences sans rendez-vous soit tous les après-midi (Aix en Provence) ou bien certaines demi-journées dans la semaine. (29)
Les CEGIDD
Offre de soins proposée
Les CeGIDD peuvent être portés par les départements, des structures hospitalières ou encore des associations. Issus de la fusion des CDAG et des CIDDIST, ils centralisent leurs anciennes missions en les élargissant à la prévention des autres risques liés à la sexualité dans une approche globale de santé sexuelle et de prévention combinée. (30)
Ce sont des lieux de consultations anonymes ou non, gratuits, avec et sans rendez-vous. Ils proposent un dépistage adapté de l’infection VIH (SIDA), des hépatites virales et autres infections sexuellement transmissibles, le traitement des IST et des traitements préventifs de l’infection VIH (PrEP). Ils délivrent également le traitement et le suivi post-exposition (TPE).
Les centres disposent de TROD (Test Rapide d’Orientation Diagnostique) VIH, hépatite C, hépatite B, syphilis.
Selon les recommandations, la vaccination contre les hépatites A et B et contre le papillomavirus peuvent être proposées.
Les centres assurent également la prévention des grossesses non désirées par la prescription et la délivrance de la contraception d’urgence, l’orientation des demandes d’IVG vers une structure de santé ou un professionnel compétent, ainsi que la prévention et la détection des violences sexuelles. Du matériel de prévention (préservatifs) est mis à disposition dans les centres et lors des actions hors les murs (par exemple participation à des séances d’éducation à la sexualité). Des consultations médico-socio-psychologique sont également réalisées.
Au moins un CeGIDD existe par département, ouvert au minimum 4 demi-journées par semaine et offrant dans la mesure du possible une consultation en fin de journée ou le samedi.
Les horaires d’ouvertures sont adaptés : ouverture entre 12 et 14 heures ou en fin de journée jusqu’à 19 heures. (31) (32)
Le personnel
On y trouve des médecins, infirmiers, assistantes sociales, psychologue et agents d’accueil.
Organisation dans les Bouches-du-Rhône
Les CeGIDD du département se situent à : Marseille Joliette, Marseille Saint Adrien, Aubagne, Gardanne, Aix en Provence, Vitrolles, Martigues, Salon de Provence, Istres et la Ciotat.
Les sites de Marseille sont ouverts 9 demi-journées par semaine. Le site de la Joliette propose des consultations jusqu’à 19h le mardi et le jeudi. Le site de Saint Adrien propose des consultations jusqu’à 19h le lundi et des consultations le samedi matin.
Le site d’Aix en Provence est ouvert 7 demi-journées par semaine et propose des consultations jusqu’à 19h le lundi.
Les autres sites proposent des dépistages une ou plusieurs demi-journées par semaine.
Un accueil en langue des signes française (LSF) pour les personnes malentendantes est réalisé dans le centre marseillais de la Joliette. (32) (33)
Élaboration du questionnaire
La littérature a permis d’élaborer un questionnaire en trois parties :
La première partie permet de déterminer les caractéristiques des jeunes interrogés : âge, sexe, situation, évaluation des séances d’éducation à la sexualité (participation, nombre, intervenant).
La deuxième partie permet d’évaluer leurs connaissances : connaissance des CPEF et CeGIDD, les lieux ressources en santé sexuelle et leurs modalités d’accès.
La troisième partie vise à évaluer les freins et les attentes de ce public concernant ces consultations et le personnel qui s’y trouve : critères de choix, horaires souhaités, freins à consulter, moyen souhaité pour une communication ultérieure au sujet des centres.
Un pré test sur notre entourage a été réalisé ce qui a permis de modifier l’intitulé de certaines questions dont la compréhension était difficile.
Le questionnaire comporte 17 questions au total. Il a été décidé d’opter pour une majorité de questions fermées afin de permettre une rapidité des réponses et d’exploitation des données. La plupart était de type multi dichotomique à choix unique ou multiples. Une question ouverte de type numérique a été utilisé pour l’âge des participants mais également pour de nombreuses questions où une réponse “autre” permettait au répondant une réponse personnalisée.
Population étudiée
Critères d’inclusion
Ont été inclus les sujets âgés de 15 à 25 ans, homme, femme ou non binaire, ayant été informés et ayant exprimé leur non-opposition.
Critères d’exclusion
Ont été exclus :
• Les sujets ayant exprimés une opposition à leur participation
• Les mineurs dont les parents n’ont pas donné leur consentement.
Nombres de personnes interrogées
La population cible concerne les jeunes du département des Bouches du Rhône âgés de 15 à 25 ans. Elle représente d’après les données de l’INSEE 266 742 personnes.
Le nombre de sujets nécessaire pour être représentatif de cette population avec un intervalle de confiance de 95 % et un pourcentage d’erreurs de 5% est de 380 questionnaires.
La population source était représentée par des échantillons de 3ème, lycéens et étudiants de l’Université Aix Marseille âgés de 15 à 25 ans.
Lieux de l’étude :
Les étudiants étaient les étudiants de l’université Aix-Marseille sans distinction.
Concernant les collèges et lycées : Seuls deux collèges du 16ème et du 11ème arrondissement de Marseille ont accepté de participer à l’étude.
Méthode de recueil des données
Concernant les collèges et lycées :
Ce travail a été réalisé en partenariat avec le Réseau Périnatalité Méditerranée déjà en lien avec certains établissements scolaires par son activité d’éducation à la sexualité.
Durant les mois de mars à mai 2021, les différentes infirmières scolaires de ces établissements ont été contactées par téléphone afin de leur expliquer l’étude puis par mail avec une demande d’autorisation au chef d’établissement quand cela était demandé.
Dans le contexte actuel et avec la charge de travail des infirmières, de nombreuses relances ont dû été réalisées.
Parmi les 10 collèges et lycées marseillais contactés, les retours étaient les suivant : 2 ont répondu favorablement au terme de cette période, 4 refus du chef d’établissements malgré la volonté de l’infirmière, 1 refus d’infirmière pour cause de manque de temps, 3 demandes sans suite malgré un premier accord téléphonique et de nombreuses relances par mail et téléphone.
Initialement, nous devions nous rendre en présentiel dans les différents établissements afin de présenter le questionnaire en début de cours et distribuer des versions papier pour les jeunes n’ayant pas accès à Internet ; les autres pouvant y répondre sur leur smartphone, tablette ou ordinateur via un lien LimeSurvey.
Finalement, en raison d’un nouveau confinement, la méthodologie a dû être revue :
Du 3 mai au 15 juin 2021, les questionnaires ont été distribués.
Pour un des collèges, il a été mis en ligne sur la plateforme Pronote (interface d’interaction entre parents, élèves et professeurs) un lien à destination des parents de mineurs avec une demande de consentement sous forme de questionnaire oui/non puis un lien vers le questionnaire de l’étude accompagné d’une notice d’information.
Les deux étant des questionnaires distincts il n’était pas possible de faire de lien entre le nom sur le consentement et le questionnaire intrinsèque à l’étude qui était anonymisé.
Le logiciel LimeSurvey a été utilisé. Toutes les données ont été anonymisées.
Pour le second collège, l’infirmière scolaire a préféré travailler avec la version papier qu’elle a distribué avec la demande de consentement parental préalable.
Concernant les étudiants Aix-Marseille Université :
Les étudiants ont été contactés via notre adresse mail étudiante ENT (Espace Numérique de Travail) permettant un accès public au mailing des autres étudiants.
Devant un retour important il a été décidé d’arrêter les envois rapidement, le nombre de sujets nécessaires ayant été obtenu.
V. Variable étudiée
La première partie du questionnaire concernait les données de présentation générale des répondants : âge/sexe/niveau d’étude/participation aux séances d’éducation à la sexualité.
La seconde partie évaluait les connaissances préexistantes sur les lieux ressources en santé sexuelle et leurs modalités d’accès.
La dernière partie questionnait les critères de choix et les freins d’accès à ces consultations.
Analyse statistique :
L’analyse statistique a été réalisée à l’aide d’un tableur Excel.
Une analyse par niveau d’études et par sexe a été réalisée, afin de voir s’il existait des attentes différentes.
Considérations éthiques
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une recherche n’impliquant pas la personne humaine au sens de l’article R1121-1 alinéa II 1.
Il a obtenu un avis positif du comité d’éthique de l’université Aix Marseille.
Il a obtenu l’accord de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL).
A la fin du questionnaire, les participants avaient accès à une notice d’information leur donnant les réponses aux questions de connaissances qui leur sont posées. (Annexe 3)
Cette notice leur rappelait les raisons pour lesquelles ils peuvent consulter pour leur santé sexuelle et leur faisait part des lieux existants dans le département. Elle mentionnait l’anonymat, la gratuité, le fait que la présence d’un adulte n’est pas obligatoire et que l’examen gynécologique pour les filles n’est pas obligatoire lors d’une consultation.
Ils avaient à disposition des liens vers plusieurs ressources internet leur permettant de s’informer sur leur santé sexuelle et d’avoir connaissance des différents lieux dédiés à leur accueil. Une des ressources était le site « Parlons sexualité », créé par l’ensemble des acteurs de santé sexuelle de la région Provence Alpes Côte d’Azur à destination des jeunes. Il y avait également d’autres sites gouvernementaux recommandés par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes : www.onsexprime.fr, www.ivg.gouv.fr, www.choisirsacontraception.fr.
Enfin, nos coordonnées leurs avaient été communiquées afin de pouvoir répondre à d’éventuelles questions et les orienter vers une consultation médicale ou psychologique s’ils en exprimaient le besoin.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Concept de santé sexuelle en France
II. Historique législatif
III. La stratégie nationale et la place des jeunes
IV. Le département des Bouches-du-Rhône et la santé sexuelle
A. Démographie
B. Les acteurs de la santé sexuelle dans le département
1. Le médecin généraliste
2. Les gynécologues et les sage-femmes
3. Les pharmacies
4. L’éducation nationale
5. Le Planning Familial
a) Offre de soins proposée
b) Organisation dans le département
6. Les CEGIDD
a) Offre de soins proposée
b) Le personnel
c) Organisation dans les Bouches-du-Rhône
7. Les CPEF
a) Présentation
b) Offre de soins proposée
c) Le Personnel
d) Le public accueilli
e) Organisation dans les Bouches du Rhône
V. Objectif de l’étude
ÉTATS DES LIEUX DES CONSULTATIONS EN SANTÉ SEXUELLE DANS LES CPEF, LES CeGIDD ET LES CENTRES DU PLANNING FAMILIAL DURANT L’ANNÉE 2019
I. Méthode
A. Population étudiée
B. Méthode de recueil des données
1. CPEF
2. CeGIDD
3. Planning familial
II. Résultats
A. CPEF ambulatoires
1. Caractéristiques de la population
2. Lieux de consultations
3. Exemple des CPEF Marseillais
B. CPEF hospitaliers
C. CeGIDD
1. Caractéristiques de la population
2. Lieux de consultations
D. Planning familial
MATÉRIELS ET MÉTHODES
I. Élaboration du questionnaire
II. Population étudiée
A. Critères d’inclusion
B. Critères d’exclusion
C. Nombres de personnes interrogées
III. Lieux de l’étude :
IV. Méthode de recueil des données
V. Variable étudiée
VI. Analyse statistique :
VII. Considérations éthiques
RÉSULTATS
I. Analyse des réponses au questionnaire
II. Caractéristiques de la population
III. Connaissances des jeunes :
A. Les CPEF et CeGIDD
B. Les lieux ressources en santé sexuelle
C. Obligations et motifs de consultation
IV. Les attentes des jeunes
DISCUSSION
I. Validité interne de l’étude :
A. Les forces
B. Les limites et les biais
II. Validité externe : comparaison aux données de la littérature
A. Réalisation des séances
B. Les connaissances des jeunes sur les consultations en santé sexuelle
1. Sur les CPEF et CEGIDD
2. Les sources d’information
3. Les modalités d’accès aux consultations en santé sexuelle
C. Les attentes des jeunes sur les consultations en santé sexuelle
1. Les critères de choix
2. Les horaires
3. Les freins à consulter
4. Les réseaux comme moyen de communication :
III. Hypothèses et pistes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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