Malgré les progrès considérables dans le domaine de la santé buccodentaire, des problèmes subsistent dans de nombreuses communautés, en particulier dans les pays en développement. A l’heure actuelle, la répartition et la gravité des maladies bucco-dentaires varient selon les continents et à l’intérieur même d’un pays ou d’une région [41]. La plupart des enfants présentent des signes de gingivite et parmi les adultes, les stades initiaux de maladies parodontales sont courants. La parodontite chronique sévère, qui peut entrainer la perte de dents, touche 5 à 15% de la plupart des populations [41]. Les maladies parodontales sont perçues comme étant une priorité à cause de cette ampleur mais aussi à cause de ses répercussions d’une manière générale sur l’organisme et sur la qualité de vie. La prévalence de la carie dentaire n’a pas cessé de diminuer dans les pays développés au cours de ces dernières décennies. En revanche, les problèmes de déminéralisation et d’érosion dentaire, sans participation bactérienne sont en progression continue : ils sont essentiellement dus à des comportements alimentaires, en particulier une consommation excessive d’aliments et de boissons acides de type soda [14]. De plus, en dehors de la prévalence ou de l’incidence de ces pathologies, l’absence de données sur la connaissance et l’attitude des patients face à la santé bucco-dentaire est une préoccupation qu’il convient de satisfaire.
GENERALITES SUR LE SENEGAL
Données physiques
Le Sénégal a une importante façade maritime à l’Ouest avec l’océan Atlantique (700 km de côtes). Le fleuve Sénégal constitue une frontière au Nord avec la Mauritanie et à l’Est avec le Mali. Au Sud-est, la frontière avec la Guinée est traversée par les contreforts de la montagne du Fouta-Djalon et au Sud-ouest avec la Guinée-Bissau par une forêt tropicale. La Gambie forme une enclave et sépare la région de la Casamance du reste du pays. Le territoire sénégalais est compris entre 12°8 et 16°41 de l’altitude Nord et 11°21 et 17°32 de longitude Ouest.
Sa pointe Ouest (la presqu’île du Cap-Vert) constitue la partie la plus occidentale de toute l’Afrique continentale. La ville de Dakar qui y est située bénéficie du climat le plus doux du pays. De 3 millions d’habitants en 1960, la population du Sénégal est passée à environ 12,5 millions d’habitants en 2010. Elle augmente de plus de 260000 personnes par an, soit un taux d’accroissement total de 2,6%. A ce rythme, l’effectif total double quasiment chaque quart de siècle [42].
Données climatiques
➤ Le climat est au nord de type désertique et au sud de type tropical avec :
o Une saison des pluies de juin à octobre avec un pic en août, septembre est variable selon la latitude (moins de précipitations dans le nord par rapport au sud). C’est la période des moussons. Nous ne pouvons parler de vraie saison des pluies que dans la Casamance, seule région où il y a aussi des forêts dignes de ce nom ;
o Une saison sèche de novembre à juin avec des alizés continentaux, avec des températures comprises entre 22°C et 30°C, comportant des variations importantes entre le littoral et l’intérieur des terres.
➤ Les températures suivent les saisons :
o En été, période de pluie, souvent appelée abusivement « hivernage » depuis la période coloniale, les températures sont à leur maximum ;
o Mais elles sont au minimum en hiver aux mois de janvier-février. Par contre, nous remarquons des précipitations plus marquées du Sud au Nord.
Sur le littoral, la mer (avec le courant canarien froid) apporte de la fraîcheur, les températures sont de l’ordre de 16 °C à 30 °C mais le Centre et l’Est du Sénégal peuvent avoir des températures allant jusqu’à 46 °C. Pendant l’hiver en Europe, le Sénégal devient une destination appréciée permettant de développer une activité touristique [44].
Organisation administrative
Le Sénégal est une République laïque, démocratique et sociale qui assure l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion et qui respecte toutes les croyances. La Constitution consacre le principe de la démocratie en rappelant que la souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentations. La loi 2008-14 du 18 mars modifie la loi 72-02 du 1er février 1972 relative à l’organisation de l’Administration Territoriale et Locale. Le Sénégal comprend désormais 14 régions dont trois nouvelles : Kaffrine, Kédougou et Sédhiou. Le nombre de départements s’accroit de 10 :
✦ 1 dans la région de Kaolack : Guinguinéo ;
✦ 1 dans la région de Kolda : Médina Yoro Foulah ;
✦ 2 dans la région de Tambacounda : Koumpentoum et Goudiry ;
✦ 2 dans la nouvelle région de Kaffrine : Birkelane et Malem-Hodar
✦ 2 dans la nouvelle région de Kédougou : Saraya et Salémata ;
✦ 2 dans la nouvelle région de Sédhiou : Goudomp et Bounkiling.
Ainsi, il y a désormais 45 départements, subdivisés en Arrondissements, Communes, Communautés rurales et Villages. Le village ou le quartier correspond à la cellule administrative de base. Les grandes communes (Dakar, Rufisque, Pikine, Guédiawaye et Thiès) sont subdivisées en communes d’arrondissement. Il y a 46 communes d’arrondissement au total. La région de Dakar à elle seule, c’est-à-dire ses quatre grandes communes, en compte 43. Il y a deux modes de gestion du territoire qui se côtoient : un mode déconcentré et un mode décentralisé. Dans le mode déconcentré, la région est placée sous l’autorité du Gouverneur, le département sous celle du Préfet et l’arrondissement sous l’autorité du Sous-préfet. Dans le mode décentralisé, la région en tant que collectivité locale est gérée par le conseil régional, la commune par le conseil communal et la communauté rurale par le conseil rural. Chaque niveau est dirigé par une autorité à savoir :
o Un gouverneur et un président de conseil régional pour chaque région ;
o Un préfet pour chaque département ;
o Un sous- préfet par arrondissement ;
o Un maire par commune ;
o Un président par communauté rurale ;
o Un chef de village ou de quartier au niveau le plus périphérique.
La capitale du Sénégal, Dakar, est en même temps la capitale de la région du même nom, presqu’île de 550 km2 située à l’extrême Ouest du pays. A la suite des révisions constitutionnelles intervenues en 2007 et 2008, il a été institué un Sénat introduisant un pouvoir législatif exercé par un parlement bicaméral composé d’un Sénat et d’une Assemblée Nationale.
Dans cette même perspective, la loi n° 2008-32 du 7 Août 2008 a crée un Conseil économique et Social. Le Président de la République, Chef de l’Exécutif, est élu au suffrage universel direct. Il définit la politique de la Nation mise en œuvre par le Gouvernement à la tête duquel se trouve un Premier Ministre qu’il nomme [42].
Données économiques et sociales du Sénégal
Depuis son éligibilité à l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en 2000, le Sénégal met en œuvre, à travers sa Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP), des politiques et programmes intégrés, dans une démarche inclusive. L’objectif consiste à assurer les conditions d’une croissance soutenue et durable à même de réduire significativement la pauvreté et d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le premier Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, DSRP-I, défini sur la période 2003-2005, a été mis à profit pour consolider les performances économiques des programmes structurels. En plus d’avoir permis la correction de quelques insuffisances aux plans social et politique, il a été un véritable instrument de mobilisation de ressources et de recentrage des politiques de développement autour d’objectifs clairement définis et assortis d’indicateurs de performance et d’impact. Le DSRP-II couvrant la période 2006-2010, s’était engagé dans la mise en œuvre de la Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (SRP). C’est ainsi qu’il a associé la Stratégie de Réduction de la Pauvreté à la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) pour une meilleure réorientation des objectifs de développement économique et social prenant en compte la réduction des inégalités sociales et l’accélération de l’atteinte des OMD. L’élaboration de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) pour la période 2013-2017 obéit à la volonté politique d’inscrire le Sénégal sur la trajectoire de l’émergence et à la nécessaire prise en compte des préoccupations des populations. Elle s’effectue dans un contexte économique international difficile, marqué par la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Par ailleurs, la persistance de la crise financière illustrée par les turbulences sur les marchés financiers ainsi que les difficultés rencontrées par les économies avancées, devront sans doute accentuer des risques de repli de la croissance économique mondiale. Le développement économique et social du Sénégal nécessite la mise en œuvre d’une stratégie prenant en compte le redressement des finances publiques, le développement de l’épargne intérieure, le rééquilibrage à terme de la balance commerciale, mais devant conduire à une croissance économique à fort impact positif sur les conditions de vie des populations. A cet égard, le défi majeur porte essentiellement sur la relance de l’économie, la voie vers laquelle le Sénégal devra s’engager davantage dans un contexte de gouvernance vertueuse et efficace. Les indicateurs sur la période 2005-2011 révèlent une baisse relative de la pauvreté, expliquée en partie par un taux de croissance annuel du PIB par tête d’environ 0,5% en moyenne. Même si l’incidence de la pauvreté a légèrement baissé, elle a été accompagnée par une augmentation absolue du du nombre de pauvres sur la période. La pauvreté est plus élevée en zone rurale que dans les centres urbains. Ce phénomène de la ruralité de la pauvreté n’a pas été influencé par les politiques menées jusque là. Ces résultats mettent en évidence la fragilité de l’économie sénégalaise et l’urgence d’améliorer de manière durable les conditions de vie des populations. Cette situation doit être inversée rapidement afin d’inscrire le Sénégal dans la réduction de la pauvreté et l’accélération de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), à l’horizon 2015. Par ailleurs, il est apparu de nouveaux défis auxquels le Sénégal doit faire face à savoir : l’émergence économique, l’optimisation de la politique énergétique, l’adaptation aux changements climatiques, la sécurité alimentaire, la paix et la sécurité. Ces défis appellent à la formulation et la mise œuvre d’une Stratégie Economique et Sociale susceptible de pouvoir améliorer les niveaux de croissance économique, de lisser ou d’amortir les chocs exogènes et d’inscrire le Sénégal dans une perspective de développement durable. Cette stratégie nationale qui se veut réaliste et innovante, sera le cadre de référence pour tous les acteurs du développement. Elle s’inscrit dans une vision inclusive à long terme et appelle à une mise en œuvre optimale des politiques publiques aux niveaux central et local, pour faciliter l’atteinte des OMD et poser les jalons de l’émergence [45].
Système de santé
Organisation et fonctionnement du système de santé
Le système de santé sénégalais est un système mixte reposant sur une offre de soins publique et privée. Le secteur public fournit l’essentiel des soins ambulatoires et hospitaliers à travers des structures de santé organisées selon un schéma pyramidal à trois niveaux : le niveau national (central), le niveau régional (intermédiaire) et le niveau district opérationnel (périphérique) [47].
➤ Le niveau district opérationnel
Le niveau district comprend 69 districts sanitaires englobant 97 centres de santé qui constituent la référence pour 971 postes de santé qui polarisent 551 maternités rurales et 1384 cases de santé (ces maternités et cases de santé sont des structures communautaires). Il faut noter que les centres de santé correspondent aux hôpitaux de district dans la terminologie de l’OMS [47].
➤ Le niveau régional
Le niveau régional englobe 9 hôpitaux régionaux et un hôpital départemental [46].
➤ Le niveau national
Il est constitué du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, appuyé par les programmes de santé. Dans le cadre de la prestation de soins, le niveau national est constitué de 7 Hôpitaux nationaux et CHU [46].
Accès aux soins
Une proportion de 50,4% des ménages a accès à une formation sanitaire située à moins d’un km. Toutefois, ce taux est très bas dans les régions de Kolda (23,2%), Diourbel (25,5%), Fatick (35,3%) et Louga (35,6%). Par ailleurs, seuls 39% des ménages ont accès à une maternité et 31,8% à une Case de Santé [46].
Programmes
La mise en œuvre de la politique sanitaire s’appuie également sur un certain nombre de programmes de santé : Programme Elargi de Vaccination (PEV), Programme National de la Santé de la Reproduction (PNSR), Programme National de Lutte contre les IST/SIDA (PNLS), Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNP), Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNT), Programme de Lutte contre les Maladies Diarrhéiques (PMD), Programme de Lutte contre la Lèpre (PLP), Programme de Lutte contre la Bilharziose (PLB), Programme de Lutte contre la Cécité (PLC), le Plan sésame etc [46].
Secteur privé
Le secteur privé, largement concentré à Dakar, joue également un rôle important. Il dispose d’un hôpital, 24 cliniques, 414 cabinets et des services médicaux d’entreprise ; 4 grossistes et près de 800 officines pour le secteur pharmaceutique. À cela s’ajoutent des structures confessionnelles dont un hôpital, celles de l’armée (2 hôpitaux et des services médicaux de garnison) servant également aux populations civiles [46].
Autres ministères et secteurs
Divers autres ministères ont développé un important volet sanitaire et participent à l’exécution de la politique sanitaire : c’est le cas du Service de Santé des Armées, de l’Inspection Médicale des Ecoles, du Service Médicale des universités de Dakar (Centre des Œuvres Universitaires de Dakar, COUD) et de Saint-Louis (Centre des Œuvres Universitaires de Saint-Louis, CROUS) [46].
Infrastructures et équipements
Les structures bucco-dentaires sont le plus souvent équipées de fauteuil dentaire et d’unit. Selon une étude menée par Ndiaye en 2006 dans les centres de santé des districts du Sénégal, l’équipe du cabinet dentaire est constituée essentiellement d’un chirurgien dentiste, d’un technicien supérieur en odontologie et d’un assistant [35].
Formation et démographie professionnelle
La formation des chirurgiens dentistes se fait au Département d’Odontologie de la Faculté de Médecine Pharmacie et Odontologie. Les techniciens supérieurs en odontologie, les techniciens de laboratoire de prothèse dentaire et les assistants dentaires sont formés à l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS). Le Sénégal est encore loin des normes préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé en matière de prise en charge de la santé buccodentaire. En effet, le ratio d’un chirurgien pour une population de 32 500 habitants reste « trop faible » par rapport aux standards de l’OMS fixés à un chirurgien dentiste pour mille habitants [40].
❖Le chirurgien dentiste
Le Sénégal compte 400 chirurgiens dentistes dont 220 dans le secteur privé 180 dans secteur public et 70 au niveau de l’armée. Les 180 chirurgiens dentistes du secteur public sont répartis dans les formations sanitaires du ministère de la Santé et de la Prévention Médicale et dans les écoles de formation. Il est à noter que sur les 180 chirurgiens-dentistes du secteur public seuls 100 sont localisés dans les autres régions [53].
❖Le technicien supérieur en odontologie
Ce personnel dentaire intermédiaire est au nombre de 69 au Sénégal. Ils sont répartis dans les structures de soins et de formation du Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale.
❖Le technicien de laboratoire de prothèse dentaire
Il travail en collaboration avec le chirurgien-dentiste dans la réalisation des appareils de prothèse dentaire.
❖L’assistant dentaire
L’assistant dentaire est une formation diplômante nouvellement instaurée au Sénégal. Les assistants dentaires sont au nombre de 48 pour les trois promotions de l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE SENEGAL
I.1 Données physiques
I.2 Données climatiques
I.3 Organisation administrative
I.4 Données économiques et sociales du Sénégal
I.5 Système de santé
I.5.1Organisation et fonctionnement du système de santé
I.5.1.1 Accès aux soins
I.5.1.2 Programmes
I.5.1.3 Secteur privé
I.5.1.4 Autres ministères et secteurs
I.5.1.5 Médecine et pharmacopée traditionnelles
I.5.2 Organisation du système de santé bucco-dentaire
I.5.2.1 Services bucco-dentaires
I.5.2.2 Infrastructures et équipements
I.5.2.3 Formation et démographie professionnelle
I.5.2.4 Thérapeutiques bucco-dentaires modernes
CHAPITRE II : MALADIES PARODONTALES
II.1 Définition
II.1.1 Parodonte
II.1.2 Maladies parodontales
II.1.2.1 Gingivite
II.1.2.2 Parodontite
II.2 Classification des maladies parodontales « Armitage, 1999 »
II.3 Prévention et traitement des maladies parodontales
II.3.1 Thérapeutiques préventives en parodontologie
II.3.2 Thérapeutiques parodontales
II.3.3 Epidémiologie des maladies parodontales
II.4 Indices parodontaux
II.4.1 Indice PMA de Schour et Massler
II.4.2 Indice PI de Russell (1956)
II.4.3 Indice PDI de Ramfjord (1959)
II.4.4 Indice OHI (oral health index) de Grenne et Vermillion (1960)
II.4.5 Indices CSI (calculus surface index) et VM (Volpe & Manhold)
II.4.6 Indice OHIM
II.4.7 Indices GI (gingival index) et PlI (plaque index) de Löe et Silness
II.4.8 Indice RI (retention index)
II.4.9 Indice PTNS
II.4.10 Indice PSE
II.4.11 Indice CPITN
CHAPITRE III : LESIONS DENTAIRES NON CARIEUSES
III.1 Définition des lésions cervicales non carieuses
III.2 Différentes formes cliniques
III.2.1 Érosion
III.2.1.1 Étiologie
III.2.1.2 Rapport entre l’érosion et les parodontopathies
III.2.1.3 Évolution
III.2.2 Abrasion
III.2.3 Abfraction
III.3 Interaction entre les différents processus d’usure dentaire
III.4 Examen de base à l’usure érosive (BEWE)
CONCLUSION