État mental des étudiants au cours de la crise sanitaire liée au COVID-19

Définition de la détresse psychologique et conséquences

   Le terme de détresse psychologique est défini “comme un état émotionnel inconfortable, résultant d’une demande préjudiciable temporaire ou permanente, d’un ou de plusieurs stresseurs. Cet état peut être caractérisé par des symptômes d’anxiété, de dépression ou d’épuisement” (Morneau-Sévigny, 2017) (1). Ce sont ces 3 troubles qu’englobera le mot détresse psychologique dans cette étude. Plus précisément, l’anxiété se définit comme une sensation de peur, d’inquiétude, de crainte avec des signes de stress et une angoisse prédominante. Étant excessive par rapport aux dangers réels ou supposés, elle perturbe durablement la vie quotidienne (2). La dépression, quant à elle, se caractérise par de la tristesse avec une perte d’intérêt ou de plaisir, un sentiment de culpabilité ou de faible estime de soi ainsi que des troubles du sommeil ou de l’appétit, une sensation de fatigue et un manque de concentration (3). Enfin, l’épuisement se définit par un sentiment d’être incapable d’aboutir à des résultats (1). Les conséquences d’une détresse psychologique peuvent être multiples. Chez les étudiants dans cette situation, le risque d’échec scolaire, d’abandon des études, de trouble addictif ou d’idées suicidaires est plus important (1). Il est donc indispensable de pouvoir aider les étudiants en situation de détresse psychologique or pour pouvoir les aider, il est nécessaire d’identifier l’origine de ce trouble.

État mental des étudiants avant la crise sanitaire liée au COVID-19

   Les étudiants sont une population particulièrement touchée par la détresse psychologique. En effet, l’observatoire national de la vie étudiante, organisme chargé d’évaluer les conditions de vie des étudiants, a mené une grande enquête nationale en 2016 sur la santé de la population étudiante (4). Cette étude s’est notamment intéressée à leur santé mentale et révèle que près de 20 % des étudiants présentent les signes d’une détresse psychologique dans le mois précédent l’enquête et que près de 15 % des étudiants présentent les différents critères d’un épisode dépressif caractérisé avec un retentissement sur leurs activités habituelles. Ce même organisme présente dans une autre enquête que l’on retrouve un sentiment d’épuisement chez plus de deux-tiers des étudiants ainsi qu’une sensation de stress chez plus de 59 % d’entre eux (5). Ce constat n’est pas retrouvé dans ces deux seules études. Ainsi, dans une étude ayant pour population une cohorte d’étudiants bordelais en première année universitaire (toutes universités confondues), on retrouve 27% d’étudiants souffrant de dépression légère et 18 % de dépression modérée (6). Un autre exemple montre que chez les élèves en première année de commerce à Dijon, plus de 60 % des étudiants avaient un taux au General Health Questionnaire (outil de dépistage du bien-être psychologique) supérieur à la valeur cible, traduisant ainsi une détresse psychologique (7). Enfin, ce problème de souffrance psychologique chez les étudiants est également présent à l’international. En effet, une large étude menée sur plus de 13 000 étudiants américains en 2020 retrouvait une détresse psychologique sévère chez 21 % d’entre eux et un niveau de stress ressenti élevé chez 31 % d’entre eux (8). Ces différentes études nous montrent que les étudiants sont une population particulièrement touchée par les problèmes de santé mentale et de détresse psychologique, notamment l’anxiété et la dépression, et ce, bien avant la crise liée au COVID-19.

État mental des étudiants au cours de la crise sanitaire liée au COVID-19

   Les étudiants sont donc une population très touchée par la détresse psychologique et les troubles anxio-dépressifs. La crise sanitaire liée au COVID-19 est un évènement nouveau et particulièrement anxiogène pour toute la population, notamment pour les plus fragiles. Elle a été à l’origine d’un arrêt quasi complet de toute vie sociale et de plusieurs confinements favorisant ainsi l’isolement de tout un chacun. La population étudiante, déjà fragile, a connu une nette majoration des troubles mentaux durant cette période. Une large enquête française a été réalisée durant l’épidémie de COVID-19 sur les difficultés psychologiques chez les étudiants durant le confinement. Ainsi, parmi les étudiants interrogés, 42,8 % ont répondu souffrir d’un trouble psychologique (anxiété, détresse sévère, dépression ou stress intense) (9). Dans l’étude COVER sur l’impact de la crise sanitaire du COVID-19 sur la santé mentale des étudiants de Rennes, 60,6% des étudiants interrogés présentaient des signes de détresse psychologique. D’après les chercheurs, cette proportion d’étudiants touchés par la détresse psychologique est 1,8 fois supérieure à celle de leur précédente étude menée en 2017 avant la pandémie. La prévalence des différents troubles psychologiques parmi les participants est détaillée dans le tableau ci-dessous (10). Chez les étudiants américains, l’équipe de Leonardo Villani met en évidence que 71% des étudiants interrogés ont indiqué que leur stress et leur anxiété avaient augmenté en raison de l’épidémie liée au COVID-19 (11). De plus, dans ce contexte sanitaire incertain, nombreux sont les étudiants inquiets pour leur avenir. Dans un récent sondage en ligne, 54 % des étudiants ont déjà pensé à arrêter leurs études depuis le début de la crise sanitaire et 73 % d’entre eux sont angoissés à propos de leur insertion sur le marché de l’emploi. Certains s’inquiètent également de la valeur de leur diplôme dans ce contexte épidémique (12). Les répercussions de l’épidémie sur les étudiants ont été particulièrement sévères : arrêt des cours en présentiel et relais par des cours en visioconférence, perte des jobs étudiants (notamment dans le domaine de la restauration) entrainant une perte financière conséquente, difficultés de trouver un premier emploi ou un stage avec des entreprises qui n’embauchent plus, confinements avec impossibilité de voir la famille ou les amis, etc. Sur le plan social, l’épidémie a engendré un isolement important des étudiants. Ainsi, l’étude en ligne du journal “ Le Figaro étudiant ” a également mis en évidence que 66 % des étudiants se sentaient ‘‘abandonnés’’ depuis la pandémie (12).

Les différents types d’approche en analyse qualitative

   « Le but de la recherche qualitative est de développer des concepts qui nous aident à comprendre les phénomènes sociaux dans des contextes naturels (…), en mettant l’accent sur les significations, les expériences et les points de vue de tous les participants.» (Mays et Pope, 1995) (14). La recherche qualitative est donc une méthode d’étude qui permet d’explorer les émotions, les sentiments des patients ainsi que leurs comportements et leurs expériences personnelles (15). Comme le choix de la méthode est directement dicté par la question de recherche, la sélection de la méthode qualitative découlait naturellement pour cette étude. En effet, ce travail de recherche a pour but d’étudier, de manière générale, la santé mentale des étudiants mais surtout, et de façon plus précise, de déterminer les facteurs à l’origine de la survenue d’une situation de détresse psychologique chez les étudiants durant l’épidémie de COVID-19 en 2021. Cette étude s’intéresse particulièrement aux sentiments éprouvés, au ressenti et aux expériences vécues par les étudiants en situation de souffrance psychologique durant l’épidémie de COVID-19. De plus, il s’agit d’une analyse se basant sur des données expérientielles et sentimentales c’est à dire des données subjectives car dépendantes du ressenti de chaque participant. Or, la recherche qualitative est particulièrement appropriée lorsque les facteurs observés sont subjectifs et donc difficiles à mesurer (15).

Biais de recueil des données

   Le choix des entretiens semi-dirigés a été guidé par la thématique sensible du sujet d’étude qu’est la santé mentale et la détresse psychologique. En effet, les entretiens individuels permettent plus facilement d’aborder des sujets plus délicats que des entretiens par groupe et permettent ainsi de laisser la parole plus libre aux enquêtés. Cependant, cette étude aurait pu être approfondie et auraient pu bénéficier de points de vue différents par la réalisation de “ focus group ”. Ces entretiens réalisés en groupe permettent ainsi des échanges et de faire naître le débat entre les participants, apportant ainsi des données supplémentaires. De plus, pour respecter les gestes barrières et éviter la propagation du virus durant l’épidémie de COVID-19, les entretiens ont été réalisés par visiophonie ce qui limite beaucoup l’analyse de la communication non-verbale des enquêtés. Cependant, cette méthode permet également de mettre de la distance entre l’investigateur et le participant et faire que ce dernier se sente plus à l’aise pour parler d’un sujet sensible.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1 Définition de la détresse psychologique et conséquences
1.2 État mental des étudiants avant la crise sanitaire liée au COVID-19
1.3 État mental des étudiants au cours de la crise sanitaire liée au COVID-19
1.4 Faible accès aux soins des étudiants
1.5 Objectif de cette étude
2. MATÉRIEL ET MÉTHODES
2.1 Le choix de la méthode qualitative
2.1.1 Les différents types d’approche en analyse qualitative
2.1.2 Les différents concepts méthodologiques en analyse qualitative
2.1.3 Le choix de l’analyse par “ Théorisation ancrée ”
2.2 La population étudiée et l’échantillonnage
2.2.1 La population étudiée
2.2.2 L’échantillonnage des patients
2.3 Le mode de recueil des données
2.3.1 Choix de la technique des entretiens semi-dirigés
2.3.2 Guide d’entretien
2.3.3 Déroulement des entretiens
2.4 L’analyse des résultats
2.4.1 La retranscription
2.4.2 L’anonymisation des données
2.4.3 Le codage
2.4.4 L’analyse des données
2.5 Déontologie
2.5.1 Comité de protection des personnes et assurance
2.5.2 Comité d’éthique
2.5.3 CNIL
3. RÉSULTATS
3.1 Description de la population étudiée
3.1.1 Données générales
3.1.2 Caractéristiques socio-démographiques
3.2 Résultats des entretiens
3.2.1 Modélisation des résultats
3.2.2 Personnalité et parcours de vie
3.2.2.a Avoir vécu un parcours de vie difficile
3.2.2.b Avoir une personnalité fragile
3.2.2.c Préférer garder pour soi ses problèmes
3.2.2.d Bénéficier d’une certaine capacité d’adaptation
3.2.3 Devenir étudiant : le passage à l’âge adulte et une accumulation de responsabilités
3.2.3.a La difficulté du passage à l’âge adulte
3.2.3.b Devoir trouver sa voie
3.2.3.c Avoir peur de l’avenir
3.2.3.d Avoir la volonté de réussir ses études et son avenir
3.2.3.e Avoir besoin d’étudier des domaines utiles pour l’avenir
3.2.3.f Ne pas réussir à se détacher de ses études
3.2.3.g Avoir du mal à vivre les difficultés et les échecs scolaires
3.2.3.h Subir la compétition et la sélection dans les études supérieures
3.2.3.i Déception d’une réalité différente de celle imaginée
3.2.3.j Avoir des difficultés financières
3.2.3.k S’inquiéter pour ses proches
3.2.3.l Subir des environnements de vie et d’étude précaires et non adaptés
3.2.3.m Subir une accumulation de facteurs stresseurs
3.2.3.n Avoir besoin d’être aidé et soutenu
3.2.4 L’épidémie de COVID-19 : le grand bouleversement des habitudes de vie
3.2.4.a Devoir sans cesse s’adapter aux changements
3.2.4.b Avoir l’impression de perdre le contrôle
3.2.4.c Se sentir privé de liberté
3.2.4.d Subir l’omniprésence du virus dans sa vie
3.2.4.e Détérioration de la formation par la crise COVID et le distanciel
3.2.4.f Subir la perte du cadre universitaire
3.2.4.g Souffrir de l’imprévisibilité de l’épidémie
3.2.4.h Avoir besoin de retrouver sa vie d’avant
3.2.5 Être étudiant durant les confinements : une accumulation de difficultés
3.2.5.a Se sentir enfermé chez soi
3.2.5.b Dégradation de l’état de santé physique et mental
3.2.5.c Subir la perte d’indépendance du retour chez ses parents
3.2.5.d Vivre comme insupportable la récidive du confinement
3.2.5.e Avoir l’impression de perdre une partie de sa vie
3.2.6 Être étudiant durant la crise du COVID-19 : l’isolement
3.2.6.a Se sentir isolé
3.2.6.b Souffrir du manque et de l’altération des relations sociales
3.2.6.c Restriction des contacts familiaux
3.2.6.d Devoir faire face à des problèmes de communication
3.2.6.e Devoir faire face aux mauvaises relations avec ses enseignants
3.2.6.f Ne pas se sentir bien intégré au sein de sa promotion
3.2.6.g Avoir besoin de partager ses difficultés
3.2.7 La crise du COVID-19 : la perte d’un équilibre études / vie personnelle
3.2.7.a La nécessité d’un équilibre entre études et vie personnelle
3.2.7.b Apprécier d’avoir du temps libre durant le premier confinement
3.2.8 Être étudiant au sein de la société : un statut à part
3.2.8.a Avoir l’impression de ne pas compter
3.2.8.b Ne pas se sentir compris
3.2.8.c Désapprouver les réponses données aux problèmes étudiants
3.2.8.d Devoir subir l’anxiété et la peur de la société
3.2.8.e Se sentir stigmatisé par la société
3.2.8.f L’injustice de devoir se priver pour les autres
3.2.8.g Apprécier le statut et la vie d’étudiant
3.2.8.h Être fier de la réussite de ses études
3.2.9 Souffrir d’une détresse psychologique
3.2.9.a Souffrir de troubles mentaux
3.2.9.b Ressentir une perte d’élan vital
3.2.9.c Avoir des regrets
3.2.9.d Avoir l’impression de ne pas avoir le droit de souffrir moralement
3.2.9.e Avoir besoin d’être rassuré de la normalité de la détresse ressentie
4. DISCUSSION
4.1 Validité de l’étude
4.1.1 Forces de l’étude
4.1.1.a Originalité du sujet
4.1.1.b Échantillonnage
4.1.1.c Validité de l’étude
4.1.1.d Climat actuel de la société
4.1.1.e Intérêt suscité par le sujet
4.1.2 Limites de l’étude
4.1.2.a Expérience limitée du chercheur
4.1.2.b Biais de posture du chercheur
4.1.2.c Temporalité
4.1.2.d Biais de recueil des données
4.1.2.e Validité externe
4.1.2.f Biais de réponse
4.2 Comparaison des résultats avec la littérature 
4.2.1 Personnalité, parcours de vie et fragilité
4.2.1.a Parcours de vie
4.2.1.b Personnalité
4.2.2 Devenir adulte et devoir s’adapter à de nombreux changements
4.2.2.a De nouvelles responsabilités
4.2.2.b De nombreux changements
4.2.3 Peur de l’avenir, de l’échec scolaire mais volonté de réussir
4.2.4 Difficultés scolaires et déception
4.2.5 Difficultés financières
4.2.6 Accumulation de facteurs stresseurs
4.2.7 Isolement, manque de relations sociales et mauvaise intégration
4.2.8 Un besoin d’équilibre entre les études et la vie personnelle
4.2.9 La nécessité d’une aide et d’un soutien
4.2.10 Apprécier le statut d’étudiant
4.2.11 Souffrir de troubles mentaux
4.2.12 Comparaison avec les études réalisées durant l’épidémie de COVID-19
4.3 Perspectives
4.3.1 Le rôle du médecin généraliste et du médecin universitaire
4.3.1.a Le médecin généraliste
4.3.1.b Le service de santé universitaire
4.3.2 Le rôle de l’université et des enseignants
4.3.2.a Assouplissement des restrictions en temps de COVID-19
4.3.2.b Le rôle de l’université
4.3.2.c Le rôle des enseignants
4.3.3 Le rôle du gouvernement
5. CONCLUSION
6. BIBLIOGRAPHIE
7. ANNEXES

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