L’élevage demeure une activité importante dans de nombreux pays en developpement, particulièrement en Afrique, où il intervient souvent dans le produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 10 à 20% (SIDIBE, 2003). Au Mali, le sous secteur de l’élevage occupe la 3ème place dans l’économie après l’or et le coton. Il constitue la principale source de subsistance pour plus de 30% de la population malienne. Le sous secteur de l’élevage contribue pour 11% au PIB, 24% à la production du secteur rural, environ 80% aux revenus des populations rurales et près de 20% aux recettes d’exportation (DNSV, 2013).
L’élevage au Mali repose sur le cheptel national qui occupe le premier rang dans l’espace UEMOA et le second dans l’espace CEDEAO. Les effectifs sont estimés à 10 012 966 bovins, 13 735 523 ovins, 19 126 806 caprins, 978 980 camelins, 517 605 équins, 939 835 asins, 77 594 porcins et 36 850 378 volailles (DNPIA, 2013). Cependant, le développement de l’élevage au Mali est confronté à de multiples contraintes dont les pathologies animales. En effet, si la peste bovine a disparu du tableau épidémiologique du Mali, d’autres épizooties majeures, compte tenu du mode d’élevage et de la transhumance transfrontalière, continuent de sévir périodiquement. Ce sont entre autres la péripneumonie contagieuse bovine, la peste des petits ruminants, les pasteurelloses, la maladie de Newcastle, les charbons symptomatique et bactéridien, la fièvre aphteuse, la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNSV, 2013). Pour lutter contre ces pathologies, les médicaments vétérinaires restent largement employés en chimiothérapie et chimioprévention. Les médicaments vétérinaires utilisés couramment dans le traitement des maladies animales sont les antibiotiques, les trypanocides, les produits contre les parasitoses gastrointestinales et les ectoparasitoses (VETOTROTTER, 2010).
ELEVAGE ET CONTRAINTES SANITAIRES AU MALI
DONNEES GENERALES SUR L’ELEVAGE
Le Mali est un pays à tradition d’élevage. Pratiqué par au moins 80% de la population rurale, l’élevage occupe une place de choix dans l’économie du Mali. Il constitue la principale source de revenus pour plus de 30% de la population du pays et l’activité dominante pour les populations des régions de Tombouctou, Gao et Kidal (DNPIA, 2013). Source de produits multiples et variés destinés à la consommation humaine et à divers autres usages de l’homme, le bétail est un puissant outil de développement offrant de multiples perspectives de création de valeur ajoutée et d’emplois, donc de revenus (DNPIA, 2013).
PRINCIPAUX TYPES D’ELEVAGE AU MALI
Les types de productions animales sont rarement spécialisés et restent dominés par un mode extensif dans la conduite des principaux troupeaux. La prise en compte de certains critères de différenciation, notamment la place relative de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie nationale ainsi que les performances des productions agricoles et pastorales, les pratiques d’élevage, …, permet d’identifier les différents types d’élevages, que sont celui du bétail, des volailles et de l’élevage des équins et des asins.
Elevage du bétail
COULIBALY (2003) distingue trois (3) grands systèmes de production dans l’élevage des ruminants au Mali. Il s’agit des :
● systèmes pastoraux ;
● systèmes agro-pastoraux ;
● systèmes de production commerciale.
Systèmes pastoraux
Les systèmes pastoraux sont représentés par l’élevage nomade et l’élevage transhumant. Ces élevages se pratiquent dans des zones où la pression sur la terre est faible et où l’agriculture est presque absente en raison de la faiblesse des précipitations et de l’aptitude des sols. L’élevage nomade se caractérise par des déplacements fréquents des éleveurs et de leurs troupeaux sans campement fixe au gré des ressources. Les races élevées dans ces zones sont les zébus (Maure et Touareg) pour les bovins, les moutons et les chèvres du Sahel pour les petits ruminants et les camelins. Les productions sont le lait, la viande et la laine. L’élevage transhumant comporte un système associé aux cultures pluviales et un système associé aux cultures de décrue. Il est caractérisé par des mouvements d’aller-retour entre territoires pastoraux par des groupes ou des communautés pastorales à la recherche de ressources dans des territoires autres que les leurs. Les effectifs dans ce système d’élevage transhumant associé aux cultures de décrue sont beaucoup plus importants que dans le système précédent et les animaux sont constitués de zébus Peuhl et Maure pour les bovins, de moutons du Macina et de chèvres du Sahel. Le commerce de bétail est très développé dans ce système d’élevage qui, à partir de la taille des effectifs, dégage assez d’excédent commercialisable COULIBALY (2003).
Systèmes agropastoraux
Ce sont des systèmes où cohabitent l’agriculture et l’élevage. La transhumance est de règle ici aussi. L’animal fait l’objet de peu de soins et s’intègre très peu à l’agriculture. Il fournit du lait et de la viande pour la consommation de l’éleveur et joue surtout un rôle d’épargne. Il existe une variante au sein de ce système où l’élevage sert de véritable support à l’agriculture. Cette variante est très développée dans les zones de culture de rente (zone cotonnière) et d’agriculture en voie d’intensification (zones cotonnière et de riziculture, zones à fort encadrement technique). L’animal y fait l’objet de soins constants (santé, alimentation, abris) et participe de plus en plus à la production agricole en fournissant du fumier, de la force de traction et des ressources commercialisables (lait, animaux embouchés). Grâce à la relative abondance de ressources consommables, les mouvements des animaux y sont de faible amplitude. La productivité du bétail n’y est pas non plus très élevée et des tentatives sont entreprises pour l’améliorer COULIBALY (2003).
Systèmes de production commerciale
Les systèmes de production commerciale portent sur deux domaines principaux : la production laitière et l’embouche. La production laitière : l’amélioration de l’alimentation par l’utilisation de fourrages cultivés, de tourteaux de coton, de paille enrichie en mélasse, de graines de coton ou d’aliment bétail a permis d’élever la production laitière de 0 à 3-5 l /j en saison sèche dans certains élevages de la zone cotonnière. Cette spéculation laitière est devenue l’activité dominante dans les élevages urbains et périurbains où existe un nombre élevé d’animaux de races améliorées soit par sélection ou par insémination artificielle. Des pics de production de 20 l/j ont pu être obtenus dans les parcs de certains éleveurs de la zone périurbaine de Bamako COULIBALY (2003).
L’embouche : moins développée que la production laitière, elle est pratiquée par quelques éleveurs de la zone périurbaine et par certains agro-pasteurs en zone rurale. Les animaux embouchés sont essentiellement des bovins en zone périurbaine, et des ovins (moutons de Tabaski) ou des bovins de réforme (vaches stériles, bœufs de labour ou autres mâles en fin de carrière) en zone rurale COULIBALY (2003).
Aviculture
Avec un cheptel aviaire estimé à plus de 36 millions de sujets toutes espèces confondues, la contribution de l’aviculture aux résultats du sous-secteur de l’élevage est appréciable et va au-delà des seules contributions macroéconomiques (DNPIA, 2013). Sur le plan national, on distingue deux systèmes de production avicole, à savoir :
● l’aviculture traditionnelle, pratiquée surtout dans les zones rurales comme activité de diversification de revenu, est estimée à plus de 90% des effectifs et ;
● l’aviculture moderne, surtout localisée dans les zones périurbaines de Bamako, Ségou, Sikasso et Mopti, est estimée à 10% et caractérisée par la production de poulets de chair et d’œufs de consommation (DNPIA, 2013).
SANGARE (2005) estime que près de 80% des volailles sont composées de poulets, environ 18% de pintades et 2% de canards, de dindons et de pigeons; les pigeons étant élevés essentiellement par les enfants.
Elevage des équins et des asins
Au Mali, les équidés jouent un rôle socio-économique important. Leur effectif est estimé à environ 1,5 millions avec 65% d’asins (DNPIA, 2013). Dans plusieurs zones rurales du pays, les équidés sont régulièrement utilisés comme force de traction pour la culture attelée et le transport de personnes et de marchandises. Dans les centres urbains, environ 30% de la population dépend d’une manière ou d’une autre du travail effectué par les ânes. Dans les zones rurales, cette dépendance peut aller au delà de 65% (DOUMBIA, 2006). Selon SPANA (2013), le revenu mensuel de 33,3% des propriétaires d’ânes dans les zones rurales est inférieur à 100 £ (75 000 F CFA) ; 46,7% des propriétaires gagnent entre 100 £ (75 000 F CFA) et 300 £ (225 000 F CFA) et 20% gagnent plus de 300 £ (225 000 F CFA).
Ils contribuent ainsi largement à l’augmentation des productions agricoles et à l’amélioration des conditions socio-économiques des populations rurales. Malgré leur rôle important, les asins ne bénéficient pas de soins appropriés. Des associations de protection animale comme la SPANA conduisent des actions dans ce domaine (SPANA, 2011).
ACTEURS DU SECTEUR DE LA SANTE ANIMALE AU MALI
AFFOGNON et al. (2009) subdivisent en deux les secteurs de la santé animale au Mali : le secteur public et le secteur privé.
Secteur public
Actuellement, au Mali, un seul Ministère existe et a en charge l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche : il s’agit du Ministère de Développement Rural (MDR). Ce Ministère a remplacé l’ancien Ministère de l’Agriculture (MA) et le Ministère de l’Elevage et de la Pêche (MEP). Les missions des services publics de protection de la santé animale sont réparties comme suit :
● Le Laboratoire Central Vétérinaire (LCV) créé par la Loi n° 94-027 de juillet 1994, pour la production de vaccins vétérinaires, le diagnostic et la recherche appliquée vétérinaires et le contrôle microbiologique des aliments, des eaux et des boissons ;
● La Direction Nationale des Services Vétérinaires (DNSV) créée par la Loi n° 05- 010 du 11 février 2005 a pour mission d’élaborer les éléments de politique nationale dans les domaines de la protection sanitaire et de la santé publique vétérinaire et de suivre et coordonner la mise en œuvre de ladite politique ;
● La Direction Nationale des Productions et Industries Animales (DNPIA) créée par la Loi n° 05-008 du 11 février 2005 a pour mission d’élaborer les élements de la politique nationale dans les domaines des productions animales et de la valorisation des produits et sous produits animaux et d’assurer la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : ELEVAGE ET CONTRAINTES SANITAIRES AU MALI
I.1. DONNEES GENERALES SUR L’ELEVAGE
I.2. PRINCIPAUX TYPES D’ELEVAGE AU MALI
I.2.1. Elevage du bétail
I.2.1.1. Systèmes pastoraux
I.2.1.2. Systèmes agropastoraux
I.2.1.3. Systèmes de production commerciale
I.2.2. Aviculture
I.2.3. Elevage des équins et des asins
I.3. ACTEURS DU SECTEUR DE LA SANTE ANIMALE AU MALI
I.3.1. Secteur public
I.3.2. Secteur privé
I.3.2.1. Vétérinaires privés
I.3.2.2. Grossistes-importateurs-distributeurs
I.3.2.3. Eleveurs et groupements d’éleveurs
I.3.2.4. Acteurs du secteur privé informel
I.3.2.5. Autres acteurs de la santé animale au Mali
I.4. CONTRAINTES MAJEURES DE L’ELEVAGE AU MALI
I.4.1. Alimentation du bétail et instabilité de l’offre des pâturages naturels
I.4.2. Prévalence des systèmes extensifs de production
I.4.3. Services techniques en charge de l’élevage
I.4.4. Contraintes sanitaires
CHAPITRE II : MARCHE DU MEDICAMENT VETERINAIRE
II.1. DÉFINITION DU MÉDICAMENT VÉTÉRINAIRE
II.2. MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES DANS LE MONDE
II.3. MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES EN AFRIQUE
II.4. MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES DANS L’ESPACE UEMOA
II.5. MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES AU MALI
II.5.1. Marché officiel du médicament vétérinaire au Mali
II.5.1.1. Règlementation du marché des médicaments vétérinaires au Mali
II.5.1.2. Maillons du marché de médicaments vétérinaire au Mali
II.5.1.3. Laboratoires et fournisseurs agréés des médicaments vétérinaires au Mali
II.5.1.4. Procédure d’importation de médicaments vétérinaires au Mali
II.5.1.5. Effectif total des établissements vétérinaires et établissements pharmaceutiques vétérinaires au Mali
II.5.1.6. Gammes de médicaments vétérinaires en circulation sur le marché malien
II.5.2. Marché non officiel du médicament vétérinaire au Mali
CHAPITRE III : EFFETS NOCIFS DES MEDICAMENTS VETERINAIRES
III.1. NOTION DE TOXICITE D’UN MEDICAMENT VETERINAIRE
III.1.1. Définition de la toxicité d’un médicament vétérinaire
III.1.2. Types de toxicité d’un médicament vétérinaire
III.1.2.1. Toxicité aiguë
III.1.2.2. Toxicité chronique
III.2. RISQUES DES MEDICAMENTS VETERINAIRES SUR L’ANIMAL
III.2.1. Risque tératogène et embryo-toxique
III.2.2. Risque cancérigène
III.2.3. Risque immunotoxique
III.3. RISQUES SANITAIRES
III.3.1. Risque d’antibiorésistance
III.3.2. Résidus médicamenteux
III.3.3. Ecotoxicité
III.3.3.1. Devenir des médicaments vétérinaires dans l’environnement
III.3.3.2. Impact sur l’environnement
III.3.3.3. Impact sur la faune
III.3.3.4. Impact sur la flore
CHAPITRE IV : PHARMACOVIGILANCE VETERINAIRE
IV.1. GENERALITES SUR LA PHARMACOVIGILANCE VETERINAIRE
IV.1.1. Définition
IV.1.2. Historique de la pharmacovigilance
IV.1.3. Objectifs et mission de la pharmacovigilance
IV.1.3.1. Objectifs
IV.1.3.2. Mission
IV.1.4. Notion d’effets indésirables des médicaments vétérinaires
IV.1.4.1. Définition d’un effet indésirable
IV.1.4.2. Classification des effets indésirables
IV.1.4.3. Facteurs à l’origine des effets indésirables des médicaments vétérinaires
IV.1.5. Déclaration des effets indésirables des médicaments vétérinaires
IV.1.5.1. Importance de la déclaration des effets indésirables
IV.1.5.2. Déclaration à faire
IV.1.6. Recueil, enregistrement et évaluation des effets indésirables et/ou manque d’efficacité
IV.1.6.1. Recueil
IV.1.6.2. Enregistrement des données
IV.1.6.3. Evaluation des données
IV.2. IMPUTATION EN PHARMACOVIGILANCE VETERINAIRE
IV.2.1. Définition
IV.2.2. Principes de base de méthodes d’imputabilité
IV.2.2.1. Imputabilité intrinsèque
IV.2.2.2. Imputabilité extrinsèque
IV.2.3. Bilan de l’imputabilité
IV.2.4. Mesures correctives après imputation
IV.3. INSUFFISANCE DE LA PHARMACOVIGILANCE VETERINAIRE
IV.3.1. Définition de la sous – notification
IV.3.2. Conséquence de la sous-notification
IV.4. IMPORTANCE DE LA TRACABILITE EN PHARMACOVIGILANCE VETERINAIRE
IV.4.1. Définition de la traçabilité
IV.4.2. Importance de la traçabilité des médicaments vétérinaires
IV.4.3. Moyens techniques
IV.4.4. Limites et obstacles de la traçabilité
IV.4.4.1. Limites de la traçabilité
IV.4.4.2. Obstacle de la traçabilité
CONCLUSION