État des lieux des connaissances des femmes sur l’implant contraceptif

En France, la couverture contraceptive des femmes en âge de procréer n’a cessé de progresser depuis que l’accès à la contraception a été légalisé en 1967, par la loi Neuwirth (1). En effet, elles étaient près de 52% à utiliser un moyen de contraception en 1978, et près de 82% en 1998 (2). Selon le Baromètre Santé 2010 de l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES), 90,2% des femmes sexuellement actives, au cours des 12 derniers mois, utilisent une méthode de contraception (3).

Paradoxalement, le taux d’interruption volontaire de grossesse (IVG) est élevé en France, malgré les campagnes d’information et un large choix contraceptif (4,5). En 2013, 229 000 IVG ont été réalisées en France, ce qui représente 15.6 IVG pour 1000 femmes de 15 à 49 ans. Les femmes de 20 à 24 ans restent les plus concernées, avec un taux de 28.8 (6). Ce chiffre révèle qu’il existe une différence entre l’efficacité théorique et l’efficacité en pratique de la contraception ; et exprime également un important nombre d’échecs, dont la principale cause est l’inéquation entre la vie de la femme et la contraception choisie, entrainant des difficultés d’observance (7)(8).

Au début du XXIème siècle, l’arsenal contraceptif des femmes a évolué avec l’apparition de nouveaux dispositifs, comme l’implant (Nexplanon®), l’anneau (Nuvaring®) ou encore le patch (Evra®) contraceptif. Ces méthodes ont l’avantage de remédier aux problèmes d’observance (8). Cependant, les données du Baromètre Santé de 2010 montrent qu’elles sont encore utilisées en marge (3). La crise médiatique de 2012-2013 sur les pilules de 3e et 4e générations a entrainé une évolution de la norme contraceptive en France. La diminution de l’utilisation de la pilule a engendré un recours plus fréquent aux préservatifs, aux méthodes naturelles et une faible augmentation des méthodes à longue durée d’action comme les dispositifs intra-utérins (DIU), surtout dans la tranche d’âge des 20-24 ans où le taux d’IVG est le plus important. Néanmoins, la pilule reste de loin le premier moyen de contraception (9).

D’après les données de l’organisation mondiale de la santé (OMS), l’implant contraceptif (Nexplanon®) est une des méthodes de contraception les plus fiables avec un indice de Pearl calculé à 0.1% (10). Malgré ces données, l’implant reste une contraception de second choix d’après les recommandations officielles de la Haute Autorité de Santé (HAS). Pourtant, il représente une bonne alternative en cas de contre-indication aux œstrogènes, en cas d’allaitement, mais surtout chez les patientes présentant des problèmes d’observance concernant la pilule (11). D’après l’enquête Fecond de 2010, l’implant était utilisé par 2.6% des femmes en âge de procréer. En comparaison, la même année, les DIU concernaient 21% des femmes, et la pilule œstro-progestative était prise par une femme sur deux (4).

Les actions de l’implant contraceptif sont les mêmes que pour les autres progestatifs auxquelles s’ajoute une inhibition de l’ovulation. L’efficacité est indépendante de l’observance, l’implant est efficace 3 ans et est à faible coût pour la patiente. Il existe peu de contreindications. En ce qui concerne les effets indésirables, ils sont comparables aux autres contraceptifs progestatifs : perturbations du cycle ovarien, variation de poids, acné, etc. (12)(13). Ce sont eux qui sont principalement responsables des retraits anticipés de l’implant (14–17). Une étude récente a montré que le taux de retrait anticipé de l’implant était d’autant plus élevé quand les femmes estimaient avoir reçu une information insuffisante sur les effets secondaires de celui ci (18). Parallèlement, des études menées auprès des porteuses d’implants ont fait ressortir des taux de satisfaction autour de 80% (19,20). Dans le choix de la contraception, la place de l’information est primordiale. D’autres recherches réalisées ces dernières années, que ce soit auprès des professionnels de santé ou des femmes, montrent que le manque d’information sur ces dispositifs représente un frein à leur prescription, leur utilisation et leur acceptation par les femmes (18,21 24). En 2007, ces nouveaux moyens de contraception n’étaient connus que par un français sur deux et parmi ceux qui les connaissaient, très peu savaient les utiliser (25).

La saisie des données et l’analyse statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel « Microsoft Excel 2016 ». Pour les questionnaires incomplets, les questions sans réponse étaient prises en compte mais non codées dans le tableau de recueil, avec un réajustement des effectifs pour les questions concernées dans l’analyse des résultats. Une absence de réponse à plus de trois questions excluait le questionnaire de l’étude. Des tests d’analyse de variance (ANOVA) ont été effectués avec chacun des critères recueillis dans la première partie du questionnaire, pour permettre une comparaison des moyennes, obtenues aux questions de la deuxième partie du questionnaire, entre les groupes de patientes. Les hypothèses statistiques posées au départ étaient les suivantes : l’hypothèse nulle (H0) signifie qu’il n’existe pas de différence entre les moyennes des différents groupes ; et l’hypothèse alternative (H1) qu’il existe une différence entre les moyennes des groupes. Le seuil de significativité a été fixé à 5%. Lorsque l’hypothèse nulle était rejetée (ρ < 0.05) pour un critère, des tests de Student ont été réalisés entre chaque groupe pour connaître lequel avait une moyenne significativement différente des autres. Le seuil de significativité était également fixé à 5%.

Cette étude a permis de montrer que les femmes avaient un niveau de connaissances limité sur l’implant contraceptif, en effet les participantes ont obtenu 48,5% de bonnes réponses au questionnaire. Cette moyenne est significativement influencée par différents facteurs comme le niveau d’études, le suivi gynécologique régulier, l’utilisation de la pilule, de l’implant, de l’anneau ou du patch contraceptif. Le fait d’avoir déjà entendu parler de l’implant, et notamment par des professionnels de santé influence également le niveau de savoirs des femmes ; de même le manque d’information sur cette méthode semble agir comme un frein à son utilisation.

Pour cette étude, le nombre de questionnaires recueilli sur les temps de présence au CHRU est conséquent et donne une image au plus près de la population de femmes Brestoises suivies à l’hôpital. L’échantillon obtenu se veut le plus hétérogène possible, avec un large panel de niveaux socio-économiques et de parcours contraceptifs diversifiés .

Le questionnaire a été distribué en milieu hospitalier pour des raisons pratiques, il existe donc un biais de sélection (de recrutement) des patientes. Pour obtenir une meilleure représentativité des différents niveaux socio-économiques et suivis gynécologiques, il aurait été intéressant de conduire cet état des lieux plus largement en interrogeant aussi les femmes dans le milieu extrahospitalier, consultant auprès de professionnels libéraux. De même, le fait d’interroger les femmes dans un lieu de consultation implique une forme de suivi. Pour inclure la part de la population féminine non suivie sur le plan gynécologique, il aurait pu être intéressant de mener l’étude dans des lieux publics.

Dans la population interrogée, 95% des femmes se font suivre sur le plan gynécologique par un médecin ou une sage-femme, et 5% déclarent n’avoir aucun suivi régulier. Ce chiffre est inférieur à celui retrouvé dans d’autres études qui montrent que 15 à 20% des femmes n’ont pas de suivi gynécologique annuel (26,27), mais peut être expliqué par le fait d’avoir interrogé les patientes au sein d’un hôpital. Les résultats retrouvés concernant les parcours contraceptifs des femmes sont en partie en accord avec les données de la littérature, notamment en ce qui concerne les moyens les plus utilisés. Il a été retrouvé une utilisation actuelle majeure de la pilule par 40% des femmes dans notre étude contre 45% dans l’étude Fecond de 2010, 20% d’utilisation du DIU contre 20,7% et le préservatif utilisé par 16% contre 12,2% (4). Par contre, l’implant contraceptif est utilisé par 7% des femmes interrogées contre seulement 2,6% des femmes dans l’étude Fecond (4). L’âge de la première utilisation d’une contraception dans l’échantillon est égal à l’âge médian du premier rapport sexuel chez la jeune fille, qui était de 17,6 ans en 2013 (3). Ce chiffre est en diminution depuis les années 1960.

Parmi les 93% des femmes qui avaient déjà entendu parler de l’implant, moins de la moitié (36%) se sentait suffisamment informée. Toutes les autorités et organisations de santé s’accordent à dire qu’il est indispensable d’avoir une information complète sur les moyens de contraception existants pour pouvoir choisir celui qui leur convient. La majorité des femmes connaissent l’existence de l’implant, mais seulement un tiers a reçu une information suffisante permettant de faire un choix en pleine connaissance.

La principale source d’information sur l’implant contraceptif est l’entourage (ami et parent) pour plus de 50% des patientes. Le gynécologue et les médias sont les sources secondaires pour un tiers de l’échantillon. Les connaissances des femmes sur ce dispositif contraceptif sont donc principalement apportées par des sources profanes, et non professionnelles.

Les freins à l’utilisation de l’implant chez les femmes interrogées dans cette étude sont majoritairement la peur des effets secondaires, la volonté de ne pas changer de contraception et le fait de peu connaitre cette méthode. Ces réticences sont également retrouvées dans quelques études, notamment dans celle de D. ROUCHE menée en 2015, qui a mis en évidence que les femmes sont freinées par les effets indésirables, le défaut d’information voire la méconnaissance sur l’implant et l’absence de besoin de celui-ci. A noter aussi, que cette étude a montré que des prescripteurs non engagés, ne proposant pas ce dispositif contraceptif ou délivrant peu d’information, limitent son utilisation (24). Dans notre étude, 19% des femmes déclarent que l’implant ne leur a pas été proposé. L’état des lieux des pratiques contraceptives, réalisé par l’HAS en 2013 montre les mêmes freins (8).

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Table des matières

I. Introduction
II. Matériel et méthode
Type d’étude
Population
Matériel
Méthode
Saisie et analyse des données
III. Résultats
Caractéristiques générales de la population
Parcours gynécologique des femmes
Informations et motifs de non-utilisation de l’implant contraceptif
Niveau de connaissances sur l’implant contraceptif
Connaissances des femmes en fonction des caractéristiques, de leurs parcours
gynécologique et des sources d’informations
IV. Conclusion

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