L’articulation des politiques environnementales au processus de développement économique constitue aujourd’hui une préoccupation majeure pour les pays en voie de développement. Lesquels pays sont aujourd’hui confrontés à de réelles difficultés liées à la gestion de leurs ordures ménagères. Depuis la conférence de Rio (1992), la protection de l’environnement est considérée comme un maillon important du développement économique des sociétés contemporaines. Plusieurs initiatives ont été prises pour lutter contre la dégradation du cadre de vie des populations dans un contexte de prolifération des dépotoirs sauvages au niveau des rues, des routes principales, des plages, des terrains vagues. Promouvoir les « bases d’une approche globale du système déchet » qui arrivent à répondre correctement à la situation actuelle de dégradation de notre environnement constitue dès lors une préoccupation première pour d’une part les collectivités locales de la ville de Dakar et d’autre part l’État.
L’enjeu d’une telle politique vise à instaurer un système de gestion des déchets qui ne soit pas exclu du reste des réalités urbaines et qui prend en compte l’ensemble des paramètres nécessaires à son bon fonctionnement. La région de Dakar, de par les fonctions importantes qu’elle remplit notamment celle de capitale régionale, a vu la mise en œuvre de moyens, de méthodes et de stratégies qui ont trait à la gestion des déchets. Ils ont fait intervenir les populations, les pouvoirs publics, les chefs religieux ; mais qui n’ont pas jusque là atteint les objectifs qui leur ont été fixés.
Face à cette situation, la politique intercommunale initiée par les collectivités locales de la région de Dakar semble être une solution efficiente pour une bonne gestion des déchets ménagers. Cependant, si en ses principes fondamentaux l’intercommunalité constitue une alternative pertinente pour une gestion intégrée et globale des déchets à Dakar, elle suscite par ailleurs des interrogations majeures. Ces interrogations ont trait à son dispositif institutionnel, organisationnel, territorial et financier. D’où toute la pertinence de ce travail d’études et de recherche qui se veut d’étudier les enjeux territoriaux et institutionnels de l’intercommunalité dans le cadre de la politique de gestion des déchets ménagers à Dakar.
Problématique
La population de la région de Dakar augmente à un rythme assez rapide. Elle est passée de 1 492 344 habitants en 1988 à 2 508 311 habitants en 2006 avec une superficie de 550 kilomètre carré soit 0,28% du territoire national (ADM, 2007). Cette croissance démographique conjuguée au développement progressif des activités de production et de consommation sur un espace réduit a pour conséquence majeure une production d’ordures ménagères de plus en plus importante.
Les impacts environnementaux et sanitaires sont visibles et peuvent constituer un obstacle au développement des activités économiques et sociales de la région et de la mise en valeur de notre patrimoine. Ce qui justifie l’importance que l’on doit accorder à la gestion convenable et durable des ordures ménagères à Dakar. A Dakar, la quantité d’ordures ménagères collectées s’élevait à 780 tonnes par jour en 1986, elle a dépassé 900 tonnes par jour en 1996 et ceci ne correspond qu’à un taux de collecte de 75% . En 2006, la quantité collectée était de 1 200 tonnes par jour, et dès août 2006 cette quantité a doublé du fait de l’arrêt des activités de AMA Sénégal.
A l’augmentation de la production des ordures ménagères, s’ajoutent les difficultés liées à leur collecte, leur évacuation vers une ou des décharges répondant aux normes environnementales et à leur élimination ou transformation. Plusieurs facteurs expliquent les difficultés liées à la gestion des ordures ménagères. Parmi eux nous pouvons citer ; les comportements des populations ne respectant pas les règles civiques d’hygiène et de salubrité, l’inefficacité des schémas de gestion des déchets, le déficit de moyens techniques, logistiques et financiers.
Les caractéristiques physiques
Les éléments géomorphologiques
La ville de Dakar est située à l’extrême ouest du Sénégal. Ses limites s’étendent sur toute l’étendue du département du même nom. Elle s’étend sur une superficie de 8238 hectares et dispose d’une superficie urbanisée de 7874 hectares. Elle représente 14,3 % du territoire de la région de Dakar (SRSDD, 2007).
L’océan Atlantique fixe ses limites Nord, Sud et Ouest ; tandis qu’elle partage sa limite Est avec les villes de Pikine et Guédiawaye. La partie Sud de la ville de Dakar est d’altitude comprise entre 15 et 40 mètres. Elle est formée de coulées volcaniques et d’affleurement du substratum (limons, marnes, calcaires), qui correspond aux quartiers du Plateau. La zone centrale présente une altitude inférieure à 10 mètres. Elle est constituée de sables reposant sur un substratum argilo-calcaire avec quelques affleurements. Cette zone abrite les quartiers d’habitation populaire de la Médina et les quartiers résidentiels de Fenêtre Mermoz, Point E et la zone industrielle. La partie Nord – Ouest correspond au second massif d’origine volcanique dont l’altitude moyenne est la plus élevée de la ville. Cette zone abrite les villages traditionnels de Ouakam, Ngor et Yoff ainsi que l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar (SRSDD, 2007).
Déjà, cette situation nous renseigne sur les possibles contraintes, liées à la disponibilité d’espace pour effectuer la mise en place de site de stockage des ordures ménagères.
Les données climatiques
La ville de Dakar est comprise entre les longitudes « Ouest 17° 10 et 17°32 et les latitudes Nord 14°53 et 14°3 ». Elle est caractérisée par un climat de type canarien. Par la présence d’une façade maritime ceinturant presque toute la ville, elle est caractérisée pendant une bonne partie de l’année par un climat marqué par l’influence de l’alizé maritime, d’où l’existence d’un climat doux et d’une humidité quasi permanente de l’ordre de 25% (SRSDD, 2007). L’alizé continental se fait sentir faiblement en saison sèche et au fur et à mesure que l’on s’éloigne des côtes. La température varie entre 17° et 22°C de décembre à avril et de 22° et 30°C de mai à novembre. Le régime des vents est marqué par l’influence prédominante de l’alizé (SRSDD, 2007). La pluviométrie est caractérisée par une durée relativement courte de l’hivernage par rapport à la situation que nous avons au sud du pays qui s’étale de juin à octobre. Elle est marquée par une répartition inégale dans le temps et dans l’espace d’une part et d’autre part par une faiblesse des quantités de pluies enregistrées. La ville de Dakar se situe dans les isohyètes 300 et 600 millimètres. Malgré une durée relativement courte, les incidences de la pluie se font sentir au niveau de la collecte des ordures ménagères. En effet, les véhicules de collectes rencontrent des difficultés pour accéder à certains quartiers. Nous avons noté ces difficultés durant les circuits effectués dans la commune d’arrondissement de Ngor, plus précisément dans le quartier de Darourakhemane. Des itinéraires n’ont pas été effectués à cause des routes en mauvais état. L’accessibilité de la décharge de Mbeubeuss pose aussi des problèmes pendant la saison des pluies. L’année 2008 a été particulièrement difficile. Les camions de collecte sont restés en stationnement pendant plusieurs jours du fait de l’inaccessibilité de la zone de décharge selon le responsable des concessionnaires.
Au terme de cette analyse, il apparaît que les caractéristiques physiques de la ville de Dakar peuvent présenter des contraintes pour la gestion des ordures ménagères. Les acteurs qui ont en charge la gestion des déchets doivent tenir compte des réalités physiques de la ville pour asseoir un système de gestion efficient et adapté à ces réalités. La croissance de la population, les caractéristiques urbaines et les structures économiques de la ville de Dakar constituent aussi des aspects à prendre en compte.
Les caractéristiques socio – économiques
La croissance démographique
Selon le recensement de l’année 1988, la population de la ville de Dakar était de 680 932 habitants et regroupait 45,7% de la population de la région. Le dernier recensement de 2002 fixe la population de la ville de Dakar à 955 897 habitants. Les estimations faites par l’ANSD pour les années 2004 et 2006 sont respectivement de 1 009 256 et 1 064 492 habitants. Aujourd’hui, la population de la ville de Dakar est estimée à 1 122 750 habitants. Le taux de croissance de la ville (1988/2006) est de 2,4%. Après la ville de Guédiawaye avec 22 108 habitants au km², elle a la plus forte densité de population au kilomètre carré de la région avec 13 383 habitants en 2006. La densification de la population peut influer sur la production et la gestion des ordures ménagères. La population de la ville de Dakar est répartie dans les différents arrondissements qui constituent la ville.
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Table des matières
Introduction
Problématique
Cadre conceptuel et Méthodologie
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DE L’ASSAINISSEMENT A DAKAR
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DE LA VILLE DE DAKAR
1.Les caractéristiques physiques
2.Les caractéristiques socio – économiques
CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC DU SYSTEME DE GESTION DES ORDURES MENAGERES A DAKAR
1.État des lieux du système de gestion des déchets solides
2.Les insuffisances du système organisationnel
DEUXIEME PARTIE : ENJEUX TERRITORIAUX ET INSTITUTIONNELS DE LA GESTION DES DECHETS MENAGERS
CHAPITRE 1 : L’INTERCOMMUNALITE AU SENEGAL
1.Décentralisation : historique et limites
2.La politique de l’intercommunalité au Sénégal
CHAPITRE 2 : LA CADAK UN EXEMPLE D’INTERCOMMUNALITE
1.Disposition
2.Organisation et fonctionnement
3.Les ressources financières de la structure
4.Les attributions de la CADAK
5.La pertinence de la CADAK face à la gestion des ordures ménagères
6.Les limites de la CADAK
CHAPITRE 3 : LE PARTENARIAT PUBLIC PRIVE UNE APPROCHE DANS LA GESTION DES ORDURES MÉNAGÈRES A DAKAR
1.Le partenariat public privé
2.Conditions de réussite
3.Le partenariat proposé
Conclusion
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des graphiques
Liste des photos
Liste des cartes