Etat des lieux de la consultation préconceptionnelle en médecine générale

Forces et limites de l’étude

Forces

La force de cette étude portait sur son originalité car il y a peu de littérature sur ce sujet, voire aucune littérature sur la question des désirs parentaux. Cette étude a permis d’interroger un nombre plus important de médecins généralistes que dans les études déjà existantes (2 thèses qualitatives sur des effectifs de moins de 20 médecins). Il s’agit d’un travail quantitatif et régional, actuellement difficile à réaliser compte tenu de la nouvelle loi RGPD (mai 2018) .

Limites

Il y a un biais de sélection, puisque nous avons transmis nos questionnaires via URLM ; le rappel n’a été fait que dans certains départements de la région des Pays de la Loire. Ce rappel a été fait pour favoriser le nombre de réponses, mais ne nous permet pas de calculer le taux de réponse, ne sachant pas précisément combien de médecins ont été sollicités. Malgré la consigne de ne pas répondre une deuxième fois au questionnaire lors du rappel, il est possible que certains médecins y aient répondu à nouveau.

Il nous a été rapporté des difficultés techniques pour les répondants lors du remplissage des questionnaires, ce qui pourrait expliquer les 44 questionnaires incomplets. Les définitions des désirs parentaux et du désir de grossesse n’ont pas été expliqués dans le questionnaire et ont été laissés à la libre interprétation du médecin. Chaque médecin a répondu de façon subjective sur sa pratique, en estimant approximativement ses habitudes, ce qui entraine un biais de classement.

Discussion des principaux résultats

Caractéristiques sociodémographiques

Une étude régionale appelée Le Panel, dont les données ont été recueillies en 2014 et 2015 auprès d’un échantillon représentatif de médecins généralistes de Pays de la Loire, soutenue par l’ORS (Observatoire régional de la santé) et l’URML, a permis de comparer les résultats de l’étude et de discuter la représentativité de la population interrogée [17]. Par ailleurs, l’ORS a publié des chiffres concernant la démographie des médecins généralistes des Pays de la Loire en se basant sur le RPPS (répertoire partagé sur les professionnels de santé), les données du répertoire ADELI et les fichiers de l’assurance maladie, ce qui a permis de faire la comparaison avec notre population [15]. La population étudiée est particulièrement féminine, puisque 65% des médecins interrogés sont des femmes, contre 45% en Pays de Loire en 2018 [15]. Les femmes ont peut-être un intérêt plus prononcé pour des sujets gynécologique-obstétricaux. En effet, une thèse réalisée en 2010, en Ile de France, retrouvait que les femmes avaient une activité gynécologie obstétrique plus importante que les hommes (13% contre 5%) [16]. De plus, le panel met en évidence une propension des femmes à exercer plus de gynécologie que les hommes [17]. Les médecins interrogés sont plus jeunes que ceux des Pays de Loire, puisque 26% sont âgés de moins de 35 ans contre 18% en Pays de Loire ; et 9% sont âgés de plus de 60 ans contre 27% dans les Pays de Loire [15]. La transmission des questionnaires via internet, ainsi que le fait que le travail de thèse des médecins plus jeunes soit plus récent, a pu créer un biais de sélection vis-à-vis de l’âge. L’effectif est majoritairement issu de la Loire Atlantique et du Maine et Loire ; respectivement 32% (51 médecins) et 28% (44 médecins) ; ce qui est sensiblement comparable à la population générale des médecins généralistes des Pays de la Loire (respectivement en 2018 : 44% et 24%) [15]. Le faible effectif des médecins de la Sarthe peut s’expliquer par l’absence de relance du questionnaire dans ce département. Les médecins inclus ont tous une activité libérale ou mixte (99%), contrairement aux médecins des Pays de la Loire qui en compte 68% avec une activité libérale ou mixte [15]. Ceci s’explique probablement par le fait que les questionnaires ont été transmis via URML qui est une association de médecins libéraux. La population étudiée retrouve un nombre comparable de médecins formés en gynécologieobstétrique que dans les Pays de la Loire (33% contre 34% dans la région) [17].

Activité gynécologique 

Les Pays de la Loire sont une des régions qui se situent parmi les moins bien pourvues en gynécologues-obstétriciens [3]. La quasi-totalité (97 %) des praticiens considère le suivi de grossesse à bas niveau de risque faisant partie des missions du médecin généraliste. Cette appétence pour la gynécologie-obstétrique peut être expliquée en partie par la présence d’un DIU local (à Angers et à Nantes). La population étudiée avait une pratique gynécologique plus importante que celle des médecins des Pays de la Loire : 73% des médecins généralistes des Pays de la Loire disaient avoir au moins une consultation de gynécologie par semaine contre 94% dans notre étude [17]. L’activité obstétrique semble au moins aussi importante voir plus dans notre étude, car 74% des médecins déclaraient suivre plus de 6 grossesses par an, alors que les médecins généralistes des Pays de la Loire font pour 72% d’entre eux au moins une consultation de suivi de grossesse par mois. Dans le mail transmis aux médecins généralistes accompagnant le questionnaire, il était notifié qu’il s’agissait d’un travail sur le thème de la gynécologie-obstétrique ; ce qui a certainement attiré davantage les médecins ayant une activité de gynécologie obstétrique développée. Les médecins interrogés faisaient plus de prévention préconceptionnelle que dans la population des médecins de la région. En effet, 30% des médecins des Pays de la Loire estimaient avoir fait au moins une consultation par mois en vue d’une future grossesse contre 86% dans cette étude [17]. Il a été constaté que les médecins qui faisaient plus d’actes de prévention étaient caractérisés par leur jeune âge [18] et, comme relevé précédemment, la population de médecins interrogée dans notre étude est particulièrement jeune ce qui pourrait expliquer le nombre encourageant de CPC.

Les désirs parentaux

Les médecins qui réalisaient plus de consultations de désir de grossesse connaissaient davantage les désirs parentaux de leurs patientes. En effet, il est possible que les médecins qui abordaient plus facilement les désirs parentaux invitaient leur patient(e) à venir consulter en préconceptionnel. Les désirs parentaux étaient plus connus des médecins qui sont formés en gynécologieobstétrique. Ces médecins ont pu être plus à l’aise pour aborder la question des désirs parentaux et plus sensibilisés par l’intérêt d’aborder ce sujet. Les occasions d’aborder les désirs parentaux sont nombreuses et sont principalement des consultations dédiées aux femmes. Les occasions qui seraient moins propices pour aborder les désirs parentaux seraient les consultations d’annonce de maladie grave et de traumatologie. Une sensibilisation des médecins généralistes et des patientes à la prévention préconceptionnelle et plus particulièrement au questionnement des désirs parentaux serait à travailler. En effet, la plupart des médecins n’abordant pas la prévention préconceptionnelle ne connaissaient pas les désirs parentaux de leurs patientes. De plus, les patientes ne semblaient pas les aborder spontanément si leur médecin ne les interrogeait pas.

Les désirs parentaux des hommes étaient beaucoup moins connus que ceux des femmes. Il semble que ce soit une conséquence d’une problématique sociétale. En effet, selon une étude réalisée par l’UNAF (Union Nationale des associations familiales) 56 % des pères interrogés ont le sentiment que leur rôle de père est moins reconnu par la société que celui de la mère. On peut dès lors s’interroger sur l’intérêt d’une meilleure connaissance des désirs parentaux des hommes pour une meilleure prévention préconceptionnelle. Les femmes seraient plus sensibles à leur santé et aux messages de prévention que les hommes. Elles sont plus attentives à leur alimentation, souvent gestionnaires de la santé familiale, elles déclarent plus souvent consulter leur médecin et elles consomment plus de médicaments. Les hommes quant à eux ont des comportements moins favorables vis-à-vis de leur santé : comportement plus agressif et consommation plus importante d’alcool ou de stupéfiant. Ils auraient tendance à rejeter les signes de faiblesse comme la maladie et sont par conséquent moins dans un esprit de prévention.

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Table des matières

INTRODUCTION
MÉTHODES
1. Constitution de l’échantillon
2. Questionnaire et recueil des données
3. Analyse statistique
RÉSULTATS
1. Etude de notre population
1.1. Caractéristiques sociodémographiques
1.1.1. Age, sexe et lieu d’exercice
1.1.2. Type d’activité et formation complémentaire
1.2. Activité gynécologique et obstétrique
2. Les désirs parentaux
2.1. Connaissance des désirs parentaux
2.2. Aborder les désirs parentaux (q12-13)
2.2.1. À quelle occasion ?
2.2.2. Sentiment d’intrusion
3. Consultation préconceptionnelle
3.1. Connaissance de la consultation préconceptionnelle (q14-18)
3.1.1. Son existence
3.1.2. Son contenu
3.2. Aborder la prévention préconceptionnelle (q19-20)
3.2.1. Modalités de réalisation de la prévention préconceptionnelle
3.2.2. Les freins
DISCUSSION
1. Forces et limites de l’étude
1.1. Forces
1.2. Limites
2. Discussion des principaux résultats
2.1. Caractéristiques sociodémographiques
2.2. Activité gynécologique
2.3. Les désirs parentaux
2.4. Connaissance de la consultation préconceptionnelle
2.5. Acide folique
2.6. Modalités de la réalisation de la prévention préconceptionnelle
2.7. Les freins
3. Perspectives
CONCLUSION

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