Lโagriculture extensive et la surexploitation des ressources forestiรจres en milieu rural ont conduit ร la dรฉgradation des forรชts. Cette situation a entrainรฉ la disparition dโespรจces forestiรจres occasionnant la perte de la biodiversitรฉ , la mise ร nu des sols qui favorise leur รฉrosion entrainant une baisse de la fertilitรฉ et une chute des rendements de la production agricole. En milieu pรฉriurbain , la dรฉforestation liรฉe ร la dรฉmographie galopante entraine la perte de poumons verts qui atรฉnuent la polution industrielle. La consรฉquence de cette situation est lโaugmentation des risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires chez les citadains.
Lโhomme sโapprovisionne en viande, lait, fibres, energies et autres produits ร partir des herbivores qui se nourrissent des produits des dรฉserts, des savanes et des prairies. (Child et al, 1984). Les vรฉgรฉtaux ligneux peuvent avoir des rรดles variรฉs de service. Parmi les services les plus importants figurent celui dโabri contre le vent et le soleil, et celui de clรดture (Baumer, 1997). Les arbres interceptent jusquโร 18% des prรฉcipitations qui tombent sur les feuilles larges surtout si elle sont peu intenses (Prebble et al, 1980). Aussi, Mott et al (1985) en concluent que cela sโajoute ร lโaugmentation du ruissellement sous le houpier dรป ร la raretรฉ de la couverture herbacรฉe, et rรฉduit lโinfiltration de lโeau. Sous les arbres, le sol contient des taux รฉlevรฉs en matiรจre organiques et en matiรจres minรฉrales ; lโhorizon supรฉrieur est plus riche et les tempรฉratures maximales plus basses, aussi la germination est-elle favorisรฉe et beaucoup dโespรจces herbacรฉes survivent mieux quโen plein dรฉcouvert (Baumer, 1997). Le bambou du Sรฉnรฉgal reprรฉsentรฉ par lโespรจce Oxytenanthera abyssinica (A. RICH) MUNRO est lโobjet dโune exploitation abusive ร cause des nombreux services quโil procure aux populations rurales. Dans les villages limitrophes du Parc National de Niokolo-Koba , les retombรฉes financiรจres issues de lโexploitation du bambou occupent la 4eme place aprรจs le mil , le bรชtail et lโarachide (De Merlier, 1998). Dans la forรชt de Dabo, le taux de rentabilitรฉ financiรจre du bambou serait de 36% (Thiam, 1992). La surexploitation du bambou ajoutรฉe au dรฉficit pluviomรฉtrique contribue fortement ร sa dรฉgradation. Lโintensitรฉ de cette dรฉgradation est croissante en allant du dรฉpartement de Kรฉdougou ร celui de Sรฉdhiou. Elle est proportionnelle ร la presion anthropique (coupe , broutage , feux) et inversement proportionnelle ร la pluviomรจtrie. Pour lutter contre cette dรฉgradation des populations de bambou , lโInstitut Sรฉnรฉgalais de Recherches Agricoles (ISRA) a lancรฉ un vaste programme de recherche visant ร mieux gรฉrer et ร restaurer celles de la rรจgion de Kolda . Pour cela , il faut connaรฎtre dโabord la nature et la structure de la population de bambou . Diverses activitรฉs ont รฉtรฉ retenues dans le cadre de ce programme, parmi lesquelles la caractรฉrisation biopรฉdologique des sites visitรฉs. Les champignons endomycorhiziens un rรดle important dans lโรฉtablissement et la croissance des espรจces forestiรจres des zones dรฉgradรฉes. En effet la majoritรฉ des plantes ont besoin de sโassocier aux champignons mycorhiziens arbusculaires pour une absorption efficiente des รฉlรฉments nutritifs et de lโeau du sol pour maintenir leur croissance (Le Tacon et al, 1987).
Etat des connaissances sur le bambou et la symbiose mycorhizienne
Le Bambou
Systรฉmatique
Le bambou est une plante qui appartient ร lโembranchement des Spermaphytes, au sous embranchement des Angiospermes , ร la classe des Moncotyledones. Selon Cronquist (1891) le bambou appartient ร lโordre des Cypรฉrales tandisque Hutchinson et al (1968) classent la plante dans lโordre des graminales. Le bambou appartient ร la famille des Poacรฉes , รงโest une plante ร tige ligneuse et qui a lโapparence dโun arbre. Il existe 1500 espรจces de bambou appartenant ร 87 genres (Ohrnberger, 1999). Au Sรฉnรฉgal, le genre Oxytenanthera a une seule espรจce selon Adam (1971).
Distribution gรฉographique
Le bambou a fait son apparition il y a 200 millions dโannรฉes ร lโรฉpoque des dinosaures (Anonyme 2003a). Le bambou pousse aujourdโhui dans les zones tropicales , subtropicales et tempรฉrรฉes de toutes les rรฉgions du monde , ร lโexclusion de lโEurope et de lโAsie occidentale. Il existe environ 40 espรจces de bambou en Afrique appartenant aux genres Arundinaria , Oxytenanthera , Oreobambusa et Bambusa qui sont les plus importants du point de vue รฉconomique. Arundinaria alpina et O. abyssinica sont les espรจces les plus rรฉpandues ร travers le continent. O. abyssinica qui a une aire de distributin plus vaste que celle de A. alpina ocupe le sou-bois dans des formations dominรฉes par les Combrรฉtacรฉes et les Lรฉgumineuses (Sรฉne , 1998). Au Sรฉnรฉgal , O. abyssinica se rencontre principalement dans les rรจgions du sud du pays , ร Tambacounda et ร Kolda. Ba et al (1997) ont identifiรฉ la prรฉsence du bambou dans toutes les vรฉgรฉtations du parc de Niokolo-Koba ร lโexception des prairies marรฉcageuses. Boudet (1970) a classรฉ beaucoup de zones en Casamance , dont la zone des Kalounayes , comme รฉtant des zones ร bambou. De Wolf et Van Damme (1989) ont rรฉalisรฉ une รฉtude phytosociologique dans les formations ร bambou au sud du Sรฉnรฉgal. Ils ont distinguรฉ deux types de formation. La savane ร Oxytenanthera abyssinica qui se caractรฉrise par une abondance plus faible de bambou (entre 15 et 25% de la vรฉgรฉtation totale). Cโest une savane ayant du bambou dans le sous bois , sans que les touffes ne soient jointives et sans quโelles ne deviennent dominantes. Ils ont aussi dรฉcrit les bambousaies caractรฉrisรฉes par une dominance de Oxytenanthera abyssinica (plus de 26% de la vรฉgรฉtation totale ; souvent entre 35 et 60%) dont les touffes sont jointives et forment des peuplements denses.
Biologie
Le dรฉveloppement du bambou commence par un rhizome ร partir duquel apparaissent les racines et la tige. Ce rhizome stocke les rรฉserves nรฉcessaires ร la croissance des turions ou pousses , qui sont protรฉgรฉes au cours de leur croissance par des รฉcailles imbriquรฉes appellรฉes gaines. La tige principale ou chaume est aussi appellรฉe canne (Anonyme , 2003b). La forme et la taille des feuilles varient selon les espรฉces. Chez O. abyssinica, elles sont lancรฉolรฉes mesurant 5 ร 25 cm de long et 10 ร 30 mm de large. Lโapex des feuilles est attรฉnuรฉ et dur.
En considรฉrant la forme des rhizomes , les bambous sont classรฉs en deux groupes : les rhizomes pachymorphes et les rhizomes leptomorphes . Les rhizomes pachymorphes sont munis dโyeux qui รฉmettent dโautres rhizomes qui se propagent pas trop loin et forment une touffe รฉpaisse. Les rhizomes pachymorphes sont gรฉnรฉralement plus รฉpais que les chaumes tandis que les rhizomes leptomorphes sont plus minces que les chaumes et poussent toujours ร lโhorizontal. La structure des rhizomes leptomorphes est identique ร celle des chaumes. Ce sont des rhizomes minces , cylindriques ร subcylindriques longs. On peut aussi classer les bambous en deux groupes , selon que le rhizome est cespieux ou traรงant. Les bambous ร rhizome cespieux sont typiquement tropicaux et subtropicaux. Lโespรจce Fargesia spp ou bambou du Panda est une exception des bambous ร rhizome cespieux , car pouvant rรฉsiter ร des tempรฉratures de โ25ยฐF (Diver , 2001). Les bambous ร rhizome traรงant parmi lesquels on trouve le genre le plus commun des rรจgions tempรฉrรฉes, Phllostachys, peuvent parfois rรฉsister ร des tempรฉratures dโhiver comprises entre โ10ยฐ et +15ยฐ F. O. abyssinica est un bambou ร rhizome cespieux .
De toutes les plantes de la planรจte , le bambou est certainement celle qui a la croissance la plus rapide. La plante croit entre 75 et 400mm par jour , le record de 1.2m en 24 heures รฉtant dรฉtenu par Phyllostachis eludis au Japon (Kumar et Sartry, 1999). Les espรจces importantes du point de vue commercial atteignent leur maturitรฉ en quatre ร cinq mois. Des rรฉcoltes sont ensuites possibles tous les deux ans , pendant 120 ans pour certaines espรจces , indรฉfiniment pour dโautres. Le bambou est รฉgalement au premier plan pour la production de biomasse , puisquโil fournit jusquโร 40 tonnes par hectare et par an dans les populations sous amรฉnagement. La tige du bambou qui est la partie la plus importante du point de vue รฉconomique peut atteindre et dรฉpasser 40m chez certaines espรจces en trois mois environ.
Le bambou est une plante monocarpique. Son cycle de floraison varie selon les espรจces. Selon Hassan (1988) , le cycle de floraison de O. abyssinica est de 7 ร 21 ans. Gaur (1985) donne un cycle de floraison de 30 ans pour lโespรจce. Adams (1968) note une floraison puis une fructification du bambou dans le parc de Niokolo-Koba aprรจs une longue pรฉriode de vรฉgรฉtation (7 ans environ) , aprรจs quoi la plante meurt. La mort de la plante serait due ร un dรฉlai court ne permettant pas ร la plante de reconstituer ses resrves aprรจs la production de graines (Crouzet, 1981). Aprรจs la disparition des bambousaies de la rรจgion de Kolda , De Merlier (1998) , constate une nouvelle dynamique de rรฉgรฉnรฉration naturelle dans les forรชts classรฉes de Dabo et Mahou.
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Table des matiรจres
Introduction
Chapitre 1 : Etat des connaissances sur le bambou et la symbiose mycorhizienne
1-1 Le bambou
1-1-1 Systรฉmatique
1-1-2 Distribution gรฉographique
1-1-3 Biologie
1-1-4 Ecologie
1-1-5 Usages du bambou
1-2 Les mycorhizes
1-2-1 Dรฉfinitions
1-2-2 Les diffรฉrents types de mycorhizes
– Les ectomycorhizes
– Les endomycorhizes
1-2-3 Partenaires des endomycorhizes
1-2-4 Ecologie des champignons mycorhiziens arbusculaires
1-2-5 Etablissement de la symbiose
1-2-6 Bรฉnรฉfices de la symbiose mycorhizienne
1-2-7 Influence des facteurs du milieu sur la mycorhization
Chapitre 2 : Matรฉriel et mรฉthodes
2-1 Cadre dโรฉtude
2-2 Mรฉthodes utilisรฉes
2-2-1 Prรฉlรจvement des sols
2-2-2 Dรฉnombrement des racinaire
2-2-3 Infection endomycorhizienne
2-2-4 Dรฉnombrement des spores
2-2-5 Recouvrement des ligneux
2-2-6 Traitement des donnรฉes
Chapitre 3 : Rรฉsultats
3-1 Concentration racinaire
3-2 Infection endomycorhizienne
3-3 Nombre de spores
3-4 Recouvrement des ligneux
Chapitre 4 : Discussion
Conclusion
4-1 Distribution racinaire de Oxytenanthera abyssinica
4-2 Infection endomycorhizienne des racines de Oxytenanthera abyssinica
4-3 Distribution des spores
4-4 Recouvrement des ligneux
Chapitre 6 : Perspectives de recherche
Rรฉfรฉrences bibliographiques
Annexes