Aperçu sur le Burkina Faso
Le Burkina Faso (5° 31’W et 2°24’E, 15° 06’N et 9° 24’N), couvre une superficie de 274 000 km2 (Carte 1), sa population est de 14 millions d’habitants avec un taux de croissance annuel moyen de 3,1 %. La fraction de la population qui vit en milieu rural est de 77,3 % (INSD, 2006).
L’agriculture est l’activité économique la plus importante. Elle représente 32 % du Produit Intérieur Brut (PIB), et emploie 84 % de la population totale (Banque Mondiale, 2011). Selon la même source, le secteur cotonnier a représenté en 2009, 23 % des exportations et l’exploitation de l’or en 2010 a été de 53 %. L’indice de pauvreté multidimensionnelle a été estimé à 0,54 ; ce qui correspond à 82,6 % de la population totale (PNUD, 2010). L’agriculture burkinabè est essentiellement une agriculture de subsistance, dominée par la production céréalière pour la consommation intérieure. Les céréales occupent 88 % de la superficie annuellement cultivée, les cultures de rente occupent 12 % du restant (FAO, 2008). La pluviosité moyenne annuelle sur 30 ans (1981-2010) est inférieure à 500 mm en zone sahélienne. Elle varie de 500 à 700 mm en zone sub-sahélienne, 700 à 900 mm en zone nord-soudanienne et 900 à 1100 mm en zone sud-soudanienne (Direction de la Météorologie, 2010). La carte 1 donne la pluviosité annuelle moyenne du Burkina Faso (1981-2010) et la localisation des sites d’étude.
Localisation des sites d’étude
L’étude a été effectuée dans les quatre zones climatiques du Burkina Faso. Ces zones ont été choisies sur la base du découpage agroclimatique, du substratum géologique et de la géomorphologie.
Zone climatique sahélienne
L’étude a été réalisée dans la partie sahélienne du Burkina Faso (Province du Soum) dans quatre villages représentatifs du contexte géologique et géomorphologique. Ces quatre villages (Soum-Bella, Gaskindé, Pelhouté et Yaté) sont compris ente les latitudes Nord 14°44’53’’ et 13°57’12’’ et les longitudes Ouest 1°42’28’’ et 0°45’13’’ (Carte 2). Le climat est de type sahélien. La pluviosité moyenne annuelle enregistrée dans les stations synoptiques proches des sites d’études varie de 409 mm à 453 mm. La température moyenne annuelle est de 29°C. Le substratum géologique est constitué, des formations cristallines anciennes du précambrien inférieur recouvertes en discordance par des matériaux sédimentaires (Donzeau et al., 2003). La géomorphologie est étroitement liée au contexte géologique ; ce qui a permis de distinguer quatre unités majeures du paysage : les cordons dunaires d’origine éolienne qui correspondent aux ergs anciens et récents, les niveaux cuirassés issus des formations birimiennes, les buttes rocheuses et les inselbergs de granite. Les raccordements entre le relief résiduel et les réseaux de drainage se font par des glacis plus ou moins dénudés. La végétation est de type steppique caractérisée par une strate herbacée discontinue, courte, maigre, et une strate arborée et arbustive très clairsemée (Guinko, 1998). Elle est composée de Acacia laeta R. Br., Boscia senegalensis (Pers) Lam. Ex Poir., Boscia angustifolia A. Rich., Commiphora africana (A. Rich.) Engl., Balanites aegytiaca Del., Pterocarpus lucens Lepr. Ex Gill. et Perrot. La couverture pédologique selon la CPCS (1967) est constituée de : lithosols sur cuirasse et sur roches diverses, sols peu évolués, vertisols, sols bruns sub-arides, sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et sols hydromorphes (Kissou, 2002). Les activités humaines sont largement dominées par l’élevage ; l’agriculture occupe une place secondaire. Le système de culture est à base de céréales avec culture continue du mil qui occupe 81 % de la superficie des céréales ; et constitue 75 % de la production céréalière (DPSAA, 2010). La langue la plus parlée est le fulfuldé.
Historique de la classification locale des sols
Depuis des milliers d’années, les hommes ont labouré, drainé et irrigué les sols pour l’agriculture (Heiser, 1990). Il y a longtemps, ils ont utilisé les sols comme matériau de construction. Au début de l’ère de la civilisation, les populations avaient déjà acquis des connaissances sur les propriétés du sol, les méthodes de gestion et de classification des sols (Krasilnikov and Tabor, 2003).
Depuis des milliers d’années, les hommes ont labouré, drainé et irrigué les sols pour l’agriculture (Heiser, 1990). Il y a longtemps, ils ont utilisé les sols comme matériau de construction. Au début de l’ère de la civilisation, les populations avaient déjà acquis des connaissances sur les propriétés du sol, les méthodes de gestion et de classification des sols (Krasilnikov and Tabor, 2003).
En Russie, Dokuchaev et ses compagnons ont utilisé les noms locaux des sols tels chernozem, solonetz, et gley comme base de référence pour la classification des sols (Krasilnikov and Tabor, 2003). Ces dénominations ont été maintenues comme groupes principaux de sol au niveau 1 dans la légende de la carte mondiale de la FAO-UNESCO (1988), et comme groupes de référence dans la World Reference Base for soil resources, (WRB, 2006).
Les civilisations américaines ont développé aussi des systèmes de classification des sols. Au moins 45 termes attribués à des sols variés ont été enregistrés dans la culture Aztèque Pré-Hispanique. Quoique ces classifications aient été élaborées artificiellement, pour la plupart, par des prêtres ou des fonctionnaires, elles étaient, basées sur la connaissance locale des sols. Par exemple, plusieurs noms de sols en langue Aztèques sont encore utilisés chez les indiens mexicains (Williams, 1975). L’Europe post Renaissance a été caractérisée par une faible documentation sur la connaissance du sol. Dans une certaine mesure, cela est dû à la méthode scientifique européenne qui avait tendance à mépriser ou à discréditer les connaissances locales. Cette situation trouve son explication du fait que la connaissance du sol était étroitement liée aux mythes agraires de l’ère préchrétienne qui, par la suite, n’ont pas été acceptés par l’Eglise (Krasilnikov and Tabor, 2003).
En Afrique sub-saharienne, l’intérêt croissant de la classification locale s’est fait ressentir à partir des deux dernières décennies (Neimeijer, 1995). Au Burkina Faso, l’utilisation de la classification traditionnelle a commencé à prendre de l’importance à partir des années 90 (Neimeijer and Mazzucato, 2003). Le système de classification locale des sols chez les mossé, comme chez les autres groupes ethniques, repose sur des caractères tels, la texture, la couleur, les éléments grossiers, la topographie et la végétation. C’est une classification orientée vers l’utilisation des sols et basée sur les exigences des cultures (Dialla, 1993).
Des études menées chez les gourmantché et les mossé ont révélé un système de classification fondé sur une démarche méthodologique et structuré en trois niveaux correspondant aux caractères observés, aux caractères déduits et à l’appréciation qualitative (Thiombiano, 1995). C’est une classification pratique qui ne prend pas en compte le substratum géologique et les facteurs du climat à l’image de la WRB (2006). L’étude de la classification locale des sols en milieu bwaba a montré que les paysans ont une parfaite connaissance des sols qu’ils ont classifiés en groupes selon leur position physiographique dans le paysage (Kissou, 1994 ; Gray and Morant, 2003). Au Mali, la classification locale a connu un essor crucial avec les études effectuées sur la classification et la gestion paysanne des terres en milieu minianka. Cette recherche a permis de mieux appréhender les critères, les potentialités et les contraintes qui sont à la base de la structure de la classification et d’analyser les stratégies paysannes de gestion des contraintes et potentialités des terres. L’étude a révélé que la classification paysanne est structurée en niveau supérieur et inférieur. Les unités de niveau supérieur ou type de terrain se succèdent d’une manière ordonnée sur le relief (topographie/géomorphologie). Le niveau inférieur correspond aux types de terre. Les critères qui permettent de différencier les types de terre, sont intimement liés à la perception qu’a le paysan des contraintes et potentialités. Exemple : « l’aptitude du sol à être travaillé » est principalement liée à la texture, au taux d’éléments grossiers et au régime hydrique du sol (Kanté et Defoer, 1994). Cette structuration de la classification a des points communs avec celle décrite au Burkina. Des études conduites au Niger dans le village de Fandou Beri ont montré que les paysans djerma et peulh ont distingué dans leur système de classification, les sols durs appelés botogo et gangara, les sols sableux (tassi) et les sols indurés, compacts et nus (gangani). Chaque type de sol est ensuite subdivisé en fonction de sa fertilité (Osbahr and Allan, 2003).
En Côte d’Ivoire, la classification locale effectuée chez les bété en zone de forêt équatoriale et chez les sénoufo en zone de savane guinéenne, a mis en évidence des critères de classification basés sur la texture, la couleur, la charge graveleuse et l’inondation (Birmingham, 2003). Ces critères sont communs à ceux utilisés par les paysans en Afrique sub-saharienne ; ce qui montre à merveille que la référence de base de la classification traditionnelle va au-delà du cadre local.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 : Généralités sur le Burkina Faso
1.1 Aperçu sur le Burkina Faso
1.2 Localisation des sites d’étude
1.2.1 Zone climatique sahélienne
1.2.2 Zone climatique sub-sahélienne
1.2.3 Zone climatique nord soudanienne
1.2.4 Zone climatique sud soudanienne
Chapitre 2 : Etat de l’art sur la classification et les savoirs endogènes
2.1 Historique de la classification locale des sols
2.2 Perception endogène de la fertilité des sols
2.2.1 Végétation
2.2.2 Etat biophysique du sol
2.2.3 Productivité du travail
2.2.4 Productivité de la terre
2.3 Définitions des savoirs locaux
2.4 Historique des savoirs locaux
2.4.1 Marginalisation des savoirs locaux
2.4.2 Vitalisation de l’intérêt pour les savoirs locaux
2.4.3 Processus d’insertion des savoirs locaux dans le développement
2.4.4 Audience des savoirs locaux
Chapitre 3 : Méthodologie d’ensembble
3.1 Justification du choix des provinces et des sites
3.2 Choix des toposéquences
3.3 Méthode d’entretien
3.3.1 Avantages de la méthode d’entretien collectif
3.3.2 Limites de l’entretien collectif
3.4 Méthode de description et critères de classification des sols
3.5 Méthode de description scientifique des sols
3.6 Méthodes d’analyses physico-chimiques des sols
3.7 Analyses statistiques
Chapitre 4 : Connaissance endogène de la classification et utilisation des sols en zone sahélienne au Burkina Faso
4.1 Introduction
4.2 Milieu biophysique
4.3 Résultats
4.3.1 Classification locale des sols en milieu sédimentaire
4.3.2 Classification locale des sols en milieu volcano-sédimentaire
4.3.3 Classification locale des sols en milieu granitique
4.3.4 Utilisation des terres
4.4 Discussion
4.5 Conclusion partielle
Chapitre 5 : Corrélation, dénomination et perception endogène de la fertilité des sols dans la zone sub-sahélienne du Burkina Faso
5.1 Introduction
5.2 Milieu biophysique
5.3 Résultats
5.3.1 Classification locale des sols sur roches basiques
5.3.2 Classification locale des sols sur roche granitique
5.3.3 Perceptions de la fertilité des sols.
5.4 Discussion
5.5 Conclusion partielle
Chapitre 6 : Classification locale et utilisation des sols dans la zone nord-soudanienne du Burkina Faso
6.1 Introduction
6.2 Milieu biophysique
6.3 Résultats
6.3.1 Caractères de description locale des sols
6.3.2 Indicateurs de fertilités du sol
6.4 Classification locale et utilisation des sols
6.4.1 Situation topographique
6.4.2 Texture
6.5 Discussion
6.6 Conclusion partielle
Conclusion générale
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