État de la recherche sur les chaînes exégétiques grecques

État de la recherche sur les chaînes exégétiques grecques 

Les chaînes exégétiques grecques suscitent depuis bien longtemps l’intérêt, vu le nombre de manuscrits qui nous les transmettent, mais cet intérêt s’est révélé assez vite être d’une double nature : d’un côté, des savants ont cherché dans les chaînes des textes patristiques inédits et en ont tiré des éléments pour réattribuer certains textes ou améliorer la tradition directe de ceux-ci, comme en témoignent les travaux de C. Delarue qui, pour son édition des œuvres sur les prophètes d’Origène, a utilisé des manuscrits de chaînes , ainsi que l’activité des cardinaux A. Mai et J.-B. Pitra qui ont donné l’editio princeps de nombreux textes tirés des chaînes ou encore l’édition du Commentaire sur les Psaumes de Didyme à partir des fragments de chaînes ; d’un autre côté, des chercheurs s’efforcent de préserver la cohérence et l’unité des chaînes en éditant non plus une sélection d’extraits revenant à tel ou tel auteur, mais une partie ou l’ensemble du florilège, tel qu’il se présente dans les manuscrits, et en étudiant les chaînes comme un genre littéraire en soi. Ces chercheurs tentent alors de distinguer, pour un corpus donné, les différents types de chaînes, d’après la méthode du caténiste, compilateur des textes patristiques et par conséquent « auteur » du florilège.

En 1997, L. Vianès, au début de sa thèse de doctorat sur la chaîne monophysite d’Ézéchiel , a déjà procédé à une histoire de la recherche sur les chaînes que je ne vais pas reprendre en détail ici, mais dont je vais rappeler les principales étapes et à laquelle j’ajouterai les derniers travaux parus ou entrepris depuis cette date. J’essaierai aussi de mettre en valeur ceux qui ont fait le choix de respecter la forme littéraire des chaînes et de l’étudier en tant que telle.

Les premiers travaux d’envergure sont dus à des Allemands : H. Lietzmann, après avoir encouragé, en 1897, dans son ouvrage Catenen , une étude approfondie des chaînes et avoir plaidé pour une publication des chaînes dans leur intégralité, entame une collaboration avec G. Karo qui aboutit en 1902 à un catalogue de l’ensemble des manuscrits caténaux connus, classés par livres bibliques et, pour chaque livre biblique, par types . Ce catalogue général est le point de départ obligé pour tous les chercheurs qui veulent éditer une chaîne, même s’il faut le compléter grâce aux catalogues de bibliothèques parus depuis lors et s’il faut affiner le classement par types qui n’est pas toujours parfaitement clair.

Au même moment, M. Faulhaber s’investit dans la recherche sur les chaînes, en s’imposant à la fois des limites de corpus, puisqu’il concentre son attention sur les chaînes prophétiques, et des limites géographiques, puisqu’il ne retient que les manuscrits de Rome ou d’Espagne . Son premier ouvrage, essentiel pour ceux qui se penchent sur les chaînes des livres prophétiques, est beaucoup plus précis dans la distinction des différents types que le catalogue de G. Karo et H. Lietzmann, mais il contient, du fait de la limitation géographique des sources utilisées, des lacunes importantes, comme on le verra en particulier pour les chaînes sur Jérémie .

Un peu plus tard, en 1914, A. Rahlfs s’intéresse aussi de près aux chaînes, lorsqu’il compose son catalogue des manuscrits de la Septante : il les considère en effet comme des témoins du texte biblique, puisque celui-ci est presque toujours présent à côté des extraits patristiques ou en alternance avec ceux-ci, et les classe dans une catégorie spéciale « Catenen ». Son catalogue permet de compléter, sur certains points, celui de ses prédécesseurs G. Karo et H. Lietzmann.

Plus tard, en 1928, R. Devreesse publie, dans le Supplément du Dictionnaire de la Bible, un article proposant une synthèse des recherches sur les chaînes et esquissant une réflexion sur l’origine de ce genre littéraire, les scholies aux classiques . Prenant les livres bibliques les uns après les autres, il rappelle et remet parfois en cause le classement par types de G. Karo et H. Lietzmann, ainsi que celui de M. Faulhaber pour les prophètes.

Depuis que ces divers instruments de travail ont été mis en place, les chaînes ont commencé à être davantage étudiées et éditées en tant que telles. Les travaux de M. Richard (1907-1976), fondateur de la section grecque de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (unité du CNRS à laquelle j’ai été intégrée comme chargée de recherches documentaires pendant ces quatre dernière années et où j’ai pu mener mes recherches dans des conditions exceptionnelles), hésitent encore entre deux approches des chaînes : il souligne en effet leur intérêt dans la transmission des textes des Pères grecs , mais se pose aussi la question de l’origine des chaînes sur les Psaumes, en les prenant comme une œuvre en soi . Il faut mentionner aussi les travaux de M.- J. Rondeau, qui, à l’occasion d’une synthèse sur l’exégèse antique du Psautier, propose, à partir de la tradition manuscrite des Scholies aux Psaumes d’Évagre le Pontique, une contribution à l’exploration méthodique et au classement des chaînes sur le Psautier . Enfin, il est essentiel de citer les travaux de G. Dorival, qui, entre 1975 et 1985, a mené une immense enquête sur les chaînes du Psautier, afin d’en distinguer, à partir de sondages, les différents types, mais aussi afin de proposer une typologie et une chronologie des chaînes en général, puisque les chaînes sur les Psaumes, par leur nombre et leur diversité, sont assez représentatives de l’ensemble des chaînes . On peut souligner le parti-pris du titre de cette étude, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes. Contribution à l’étude d’une forme littéraire, qui montre que les chaînes sont étudiées en tant que telles et non disloquées pour retrouver la trace d’œuvres patristiques perdues. L’objectif était ainsi de « retracer l’histoire des chaînes sur les Psaumes, en établissant les liens nécessaires entre ces chaînes et l’ensemble des chaînes ; dégager selon quelles règles de composition les diverses chaînes sont fabriquées ; situer l’apparition des chaînes sur le Psautier ; suivre leur développement à travers l’histoire byzantine ; distinguer les processus de transformation et de renouvellement à l’œuvre ; dater la disparition des chaînes sur le Psautier en tant que genre réellement productif de compilations nouvelles ; repérer leur postérité et dégager les influences qu’elles ont exercées sur les formes traditionelles de l’exégèse » . G. Dorival s’est par ailleurs particulièrement intéressé à l’origine des chaînes et à leur postérité .

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES, L’EXEMPLE DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE
I. État de la recherche sur les chaînes exégétiques grecques
II. Pour une nouvelle définition des chaînes
III. Présentation des différents types de chaînes sur le livre de Jérémie et de leurs témoins manuscrits
IV. Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie : problèmes de sources et d’attributions
V. Pour une datation des différents types de chaînes sur Jérémie
VI. Le corpus prophétique de la Septante d’après le témoignage des chaînes exégétiques
CHAPITRE 2 : ÉDITION CRITIQUE ET TRADUCTION ANNOTÉE DES DIFFÉRENTS TYPES DE CHAÎNES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE (JR 1-4)
I. Principes de l’édition
II. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4
III. Édition critique et traduction annotée de l’abrégé de la chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4
IV. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à deux auteurs sur Jr 1-4
CHAPITRE 3 : ÉTUDE LITTÉRAIRE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE
I. Le fonctionnement des deux types de chaînes : modes d’écriture et de lecture
II. De la chaîne intégrale (famille B1) à la chaîne abrégée (famille B2)
III. Les phénomènes de récriture
IV. Les prologues des chaînes sur Jérémie
V. Le projet littéraire des caténistes et l’usage des chaînes
CHAPITRE 4 : ÉTUDE EXÉGÉTIQUE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE
I. L’exégèse du livre de Jérémie par les Pères grecs d’après le témoignage des chaînes exégétiques
II. Les tendances exégétiques propres à chacune des deux chaînes
III. De la chaîne intégrale à la chaîne abrégée : continuité ou rupture ?
IV. Le projet exégétique des caténistes et l’usage des chaînes
CHAPITRE 5 : MISE EN PERSPECTIVE DES CHAÎNES SUR JÉRÉMIE PAR RAPPORT À D’AUTRES CORPUS DE CHAÎNES
I. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Ézéchiel
II. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur le Cantique des Cantiques
III. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaînes sur la Genèse ou l’Exode
IV. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Job
V. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et Chaîne sur le Psaume 118
VI. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur l’Ecclésiaste
CONCLUSION

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