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METHODOLOGIE
METHODE INTERTEXTUELLE
Dans notre investigation nous avons retenu l’intertextualité comme méthode d’analyse littéraire dans les théories de al réception. C’est une démarche qui explique la littérature et le fait litéraire à partir des emprunts qui existent dans un texte littéraire pour en cerner les enjeux. Elle analyse la manière dont une œuvre s’inscrit dans le sillage d’ une tradition et reprend certain nombre de sources pour expliquer les inflexions nouvelles. Elle vise le texte comme un lieu d’échange constant entre des fragments que l’écriture redistribue en construisant un texte nouveau à partir de textes antérieurs plus ou moins reconnaissables, de formules anonymes, de citations inconscientes ou automatiques. La méthode intertextuelle désignera donc une lecture intertextuelle pour mettre à jour la singularité d’une œuvre dans son époque et l’évolution en diachronie d’un sujet ou d’une tradition.
En effet, l’intertextualité peut se définir comme un élément constitutif de la littérature : nul texte ne peut s’écrire indépendamment de ce qui a déjà été écrit et il porte de manière plus ou moins visible la trace et la mémoire d’un héritage et de tradition. Toutefois le texte ne se réfère pas seulement à l’ensemble des écrits antérieurs mais aussi des discours qui l’environnent, au langage environnant. Ainsi « l’intertextualité est la perception par le lecteur, de rapports entre une œuvre et d’autres, qui l’ont précédée ou suivie » 3.
C’est donc au lecteur de reconnaître et d’identifier l’intertexte. Les passages que celui-ci réunit dans sa mémoire, les approchements qu’il fait, lui sont dictés par l’accident d’une culture plus ou moins profonde plutôt que par la lettre du texte. Roland Barthes évoque dans Le plaisir du texte (Seuil, 1973), les ramifications qu’une mémoire alertée par un mot, une impression, un thème, engendrera à partir d’un texte donné et avoue que Proust est pour lui le prisme à travers lequel il lit tous les autres textes. Toutefois l’intertextualité s’est construite contre la traditionnelle critique des sources, qui s’efforce de faire la part de l’influence, de situer l’œuvre dans la tradition littéraire, de montrer quelle est l’originalité de l’auteur, et qui fonctionne donc en termes de filiation et de tradition littéraire. En effet l’intertextualité n’induit pas un mode de lecture qui cherche à faire la généalogie de l’œuvre en révélant les différents emprunts. C’est la profondeur d’une mémoire collective et anonyme que confère au texte l’intertextualité ainsi définie, tandis que la critique des sources postule une mémoire individuelle.
Cependant, comme l’affirme Laurent Jenny, « l’intertextualité n’est pas sans rapport avec la critique des sources : elle désigne non pas une addition confuse et mystérieuse d’influences, mais le travail de transformation et d’assimilation de plusieurs textes opérés par un texte centreur […] » 4.
Ainsi définie, l’intertextualité ne se contente pasde repérer les emprunts, mais cherche à en cerner les enjeux : en analysant la façon dont une œuvre s’inscrit dans le sillage d’une tradition et reprend mais aussi contourne et délaisse un certain nombre de sources, il est possible de montrer comment l’ensemble des valeurs communes à une époque impose une relecture de l’intertexte. L’étude de l’intertexte met à jour non seulement la singularité d’une œuvre dans son époque, mais aussi l’évolution en diachronie d’un sujet ou d’une tradition.
JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA METHODE RETENUE
Notre méthode se veut intertextuelle parce que La Modification, l’œuvre qui fait l’objet de notre étude porte en lui des fragments d’autres textes et que notre étude se consacre sur le thème de créativitéscripturale dans ce nouveau roman de Butor. En effet, le travail intertextuel est l’un des éléments fondateurs et définitoires de l’écriture de La Modification. Michel Butor a créé son nouveau roman à partir de fragments et de greffes provenant de différents corps textuels. Donc l’approche intertextuelle nous semble pouvoir être un excellent modèle d’interprétation de La Modification.
En fait, nous avons choisi cette méthode intertextuelle puisque, avec cette méthode, nous courrons peu le risque d’une lecture boiteuse, car il s’agit de la somme des expériences d’un ensemble de lecteurs. Notre lecture intertextuelle, dans les théories de la réception, demeure presque entièrement dépendante du texte et se conçoit comme une condition sine qua none d’une « bonne » lecture pour aborder le sujet.
Nous avons retenu cette méthode car elle nous permettra de rendre compte de manière satisfaisante du phénomène intertextuel dans notre étude de créativité scripturale dans La Modification. Elle nous permettra de distinguer les techniques traditionnelles de nouvelles techniques afin de mettre en évidence les procédés d’écriture dans lenouveau roman.
PROCEDURES ET SITUATIONS PREVUES
La méthode retenue est de nous servir les outils de l’intertextualité pour examiner le mécanisme d’assemblage des textes de La Modification. C’est une méthode de lecture intertextuelle appliquée ici l’étude de créativité scripturale : procédés d’écriture dans lenouveau roman. Elle doit :
– nous informer sur les traces d’intertextes présentes dans notre œuvre d’étude ;
– nous permettre de percevoir les rapports entre cette œuvre-ci et les œuvres qui lui précèdent ;
– contribuer à nous placer dans une posture réceptive rassurante (par la réception, le réemploi et le ressassement du déjà dit).
Son objectif consiste à :
– nous mener vers les autres textes dont certains passages de La Modification s’inspirent ;
– impliquer une large part d’interprétation conditionnant une meilleure façon d’aborder le sujet.
L’intérêt de notre méthode intertextuelle est de mettre en évidence la stratégie qui paraît pertinente pour déterminer lesdonnées cherchées, la façon de les trouver et de les analyser.
Les techniques de notre lecture intertextuelle visent à :
– repérer les emprunts et à en cerner les enjeux ;
– mettre à jour la singularité de La Modification dans son époque et l’évolution en diachronie d’un sujet ou d’une autretradition.
Puisque la méthode intertextuelle fonctionne comme une passerelle transitionnelle qui mène progressivement le lecteur vers l’univers étoilé du texte, elle nous permettra de faciliter l’interprétation textuelle et d’engager l’œuvre vers une prise de conscience de la matérial ité de l’existence contre la fiction du romanesque classique.
AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA METHODE
L’intertextualité a besoin d’être reconnue par un lecteur et que ce lecteur doit posséder un certain bagage ou des compétences encyclopédiques, selon l’expression de Umberto ECO, pour réaliser cette reconnaissance. Donc, il nous paraît impossible de réaliser une lecture intertextuelle parfaite. Toutefois, pour que notre lecture intertextuelle ne soit pas totalement à la remorque d’une lecture empirique, il nous faudra nous approprier de l’expérience lectoriale d’un groupe de lecteurs ou des constructions textuelles. En effet, avec une lecture empirique seule nous ne pourrons pas parvenir à une lecture intertextuelle complète et satisfaisante. Notre lecture intertextuelle ne dépendra pas donc d’un savoir encyclopédique mais de notre sensibilité et de nos aptitudes coopératives. Il ne faut pas oublier en outre la part de l’autotextualité dans la lisibilité de l’œuvre.
Un des avantages de notre méthode intertextuelle est qu’aujourd’hui, avec l’irrésistible ascension du livre électronique avec des différents formats nouveaux, il nous est possible de réaliser une lecture intertextuelle parfaite. L’exploitation des nouvelles fonctionnalités hypertextuelles permet de rendre le texte informatisé accessible à tout le monde ; chaque lecteur peut par un simple « clique » ajouter ses notes et ses propres comment aires intertextuels. Cela nous procurera un plaisir certainement plus intense que le plaisir d’une lecture solitaire. En outre, cette nouvelle conception de l’œuvre littéraire nous permettra de jouer réellement avec le texte.
Donc ce qui commandera notre interprétation de l’intertexte, ce n’est pas une lecture savante ou une compétence exceptionnelle, mais une « stratégie de signification » propre à l’écriture.
SPECIFICATIONS
Notre future thèse ne se contentera pas à repérer et à analyser les intertextes présents dans La Modification. Une telle démarche ne nous permettra pas à démontrer la spécificité de ce roman dans son époque, ni son apport dans la vie actuelle. Pour mener à bien l’étude de notre projet, notre recherche devra se concentrer sur le thème de créativité scripturale pour mettre en évidence les procédés d’écriture dans le nouveau roman de Butor, puis chercher à savoir si l’étude de notre thème peut apporter quelque chose au monde d’aujourd’hui pour envisager autrement la sclérose qui y règne. Dans ce cas, notre étude présentera une triple vision : la première essayera de définir la conception de la tradition dans La Modification ; la deuxième distinguera les techniques traditionnelles de nouvelles techniques ; la troisième essayera de montrer dans quelle mesure ce roman est une œuvre d ’actualité. Le but assigné à la recherche est de montrer que les procédés d’écriture mis à jour par Michel Butor permettront de voir l’évaluation d’un sujet ou d’une tradition et de sauver les lecteurs de l’absurdité de notre existence, de la passivité de l’homme loin de ses références culturelles.
SPECIFICATION EN PROFONDEUR
Notre étude se spécifie d’explorer, de décrire et d’analyser les techniques traditionnelles et nouvelles du genre romanesque dans La Modification. La méthode retenue se justifie puisqu’il s’agit de montrer la présence de certains principes du roman traditionnel dans un nouveau roman. La lecture de certains ouvrages consacrés à notre roman d’étude nous semble à première vue que les chercheurs antérieurs ont eu des vocations théoriques plus ou moins différentes, pour expliquer le mécanisme d’assemblage de textes dans ce nouveau roman de Butor. La plupart des études décrivent plusieurs théories du nouveau roman. Certains décrivent La Modification comme étant un roman à double formule : roman de formules traditionnelle et nouvelle. D’autres enfin, voient en ce roman, une œuvre classique. Le but de notre étude sera d’évaluer l’acquis de ces recherches, mais en focalisant notre intérêt sur les procédés d’écriture possibles dans La Modification et d’envisager les moyens d’investigation généralisée. Nous avons l’intention de percevoir toutes les techniques employées par Michel Butor pour parvenir à envisager plusieurs situations. Toutefois ces recherches antérieures ne seront employées qu’à titre d’exemple ou d’illustration. Ainsi pourrons-nous aboutir à une meilleure démonstration des procédés d’écriture dans le nouveau roman à partir des intentions de Michel Butor et des critiques écrites à travers notre roman d’étude. Nous envisagerons d’englober le maximum d’informations nécessaires pour parvenir à notre but.
SPECIFICATION VERTICALE
D’une manière générale, notre recherche vise à apporter les éléments essentiels pour que nous puissions appréhender ce qui est le fondement de l’acte d’écrire chez les nouveaux romanciers. Même si Michel Butor s’approprie les textes antérieurs pour écrire son roman, il reste toujours un auteur qui est confronté aux mêmes problèmes que les nouveaux romanciers qui cherchent à donner au réalisme traditionnel un nouveau réalisme. Un nouveau réalisme qui se présente comme une accommodation au réel et non comme transformation de ce réel, voilà pourquoi l’œuvre rompt avec les n otions d’intrigue ou de transformation narrative par une série de superposition de faits et d’événements propre à éclairer notre conscience de la matérialité du monde.
Les résultats de notre recherche pourront aider le lecteur un peu perdu dans les œuvres du XX ème siècle, à s’initier à la lecture de leurs auteurs qui refusent les formes littéraires du XIXème siècle. Parmi les buts assignés à cette recherche se trouve la volonté de mettre en évidence les notions d’auteur et de héros. Cela permettra au lecteur de saisir la perspective du nouveau roman.
Notre recherche confirme l’intérêt des recherches interdisciplinaires. Elle permet d’explorer de nouvelles pistes en étude du roman et de montrer l’utilité de l’approche intertextuelle dans les théories de la réception, pour analyser une œuvre littéraire.
DELIMITATION ET DESCRIPTION DU CORPUS
Maintenant que l’objet de recherche, la problématique, la question de recherche, la revue de la littérature, le cadre conceptuel et théorique sont déterminés, nous devons décrire les caractéristique du corpus et donner ses critères en fonction du sujet. Dans cette composante du projet, nous essayerons de spécifier notre domaine d’étude. Cela nous aidera à collecter les données et les informations à analyser.
RAISONS DU CHOIX DU CORPUS
Pourquoi La Modification ?
Ce roman présente certains avantages que nous pouvons énumérer rapidement. C’est un roman contemporain particulièrement intéressant. Il a été reçu par le public à la fois comme un roman traditionnel et comme un nouveau roman. Ce dernier n’est pas une simple invention des critiques, il correspond à ce qui sort du roman de Butor. Mais La Modification est un nouveau roman qui respecte plus ou moins certaines règles du romanesque traditionnel. C’est un point essentiel qui nous permet sans cesse d’améliorer notre niveau de connaissance dans le domaine du genre romanesque. Du côté de la réception, notre étude consacrée à cette œuvre permettra d’en tirer certains avantages : ils peuvent s’initier à la lecture des auteurs du XXème siècle qui refusent les formes littéraires du XIXème siècle. En effet, il est impossible d’appréhender les œuvres des nouveaux romanciers à partir des critère s du roman traditionnel où l’intertextualité a très peu de rôle. La mauvaise éputation,r à tort du nouveau roman est son hermétisme. En effet, l’absence d’intrigue et de personnage héroïque déroute la lecture. Le fait nouveau est qu’il faut percevoir des similitudes formelles dans des événements différents dans le nouveau roman Nous croyons qu’une méditation sur La Modification permettra aux lecteurs de saisir le mécanisme de l’écriture romanesque chez esl nouveaux romanciers.
Mais les vraies raisons ne sont pas là. Si nous avons choisi le nouveau roman de Butor, c’est que son étude nous permettra de saisir l’effort des nouveaux romanciers pour la compréhension du monde dans une perspective existentielle. En fait parmi les buts assignés à notre recherche, se trouve la volonté d’étudier l’absurdité de notre existence, al passivité de l’homme loin de ses références culturelles dans La Modification. Cela sera, peut-être, une occasion de plus qui nous permettra de nous débarrasser de l’immoralité qui règne actuellement un peu partout.
MICHEL BUTOR ET LA MODIFICATION
La Modification, l’œuvre qui fait l’objet de notre étude, appartie nt au genre romanesque. Il entre dans le cadre de la littérature du XXème siècle. Son auteur, Michel Butor, est l’un des instigateurs du nouveau roman. On regroupe sous cette expression des romanciers qui renient les principes traditionnels du roman au profit d’une réflexion savante concernant la problématique de la créativité et de ses procédés.
Traditionnellement, tout roman était censé raconter une histoire, ce qui suppose toute une série de conséquences d’ordre technique qui demande, à son tour, l’ingérence médiatrice d’un narrateur, qui camoufle le romancier et lui permet de se substituer à un personnage fictif. On voit comment cette double vision se situe tantôt au niveau du réel, tantôt auniveau fictif. Et la crise du roman est due justement au désir profond de s’arracher définitivement à toute empreinte de la réalité. Le roman traditionnel voulait se substituer au réel en lui opposant la fictionnalité de l’œuvre qui échappe à toute l’influence du moment, déterminé par l’histoire, c’est-à-dire par l’empreinte du temps et du lieu, deux limites imposées à tout affranchissement de la pensée.
Contrairement à tout ce qui fut officiellement prôné au XIXème siècle par les romanciers traditionnels, contrairement au désir de « reproduire la réalité » et de la présenter avec les détails possibles, les nouveaux romanciers se lancent dans une recherche de nouvelles formes d’expression qui leur permettraient de se concentrer sur le roman lui-mêm e et sur sa problématique interne. Ce sont ainsi les problèmes esthétiques qui leur préoccupent.
Toutefois, cette problématique spécifique ne fut pas née d’une atmosphère générale de crise qui concerne seulementle roman mais toute la pensée européenne. Le XXème siècle fut, en effet, une période particulièrement douloureuse pour l’histoire de l’humanité. C’était« une crise de la valeur, une démystification de l’idéal, une décadence de la cilisation,v un pourrissement de la culture » 5. Rien d’étonnant que le nouveau roman renie les principes traditionnels du genre au profit d’une réflexion savante et de ses procédés.
Cependant le nouveau roman a des tendances divergentes. Il se caractérise par quelques constantes qui focalisent toute l’attention sur les fonctions de la parole et de ses interprétations surtout au niveau métaphorique en dégageant ainsi son caractère dimensionnel grâce auquel, il peut fonctionner comme une certaine potentialité littéraire, capable de revêtir les couches de signification très épaisses. Les constantes en question sont « l’agonie du personnage, la primauté de l’objet, la disparition de la psychologie, une nouvelle conception de la durée romanesque, une esthétique formaliste dont le postulat est la production littéraire subversive » 6.
Et La Modification, dans tout cela ?
Si l’on considère que le nouveau roman se veut avant tout une recherche qui a pour objet l’invention d’un langage neuf, La Modification sera alors déclaré y appartenir. En effet, le point fort de la créativité de Butor dans cette œuvre est d’avoir mis à jour un nouveau langage. Certes le nouveau roman de Butor présente certains principes traditionnels du genre, mais l’utilisation de la deuxième personne « vous » a permis à Butor d’aband onner les deux notions fondamentales du romanesque traditionnel (notions d’intrigue et de héros) et de donner au genre romanesque un renouveau.
CLASSIFICATION FONCTIONNELLE DE LA MODIFICATION
La Modification fonctionne comme un :
Roman classique qui respecte la règle de trois unités et qui calque le schéma du roman traditionnel ;
Roman d’analyse psychologique qui actualise une crise de quarantaine poussant la bourgeoisie à l’adultère dans une forme de ménage à trois : le mari (Léon Delmont, la femme (Henriette) et l’amante (Cécile) ;
Roman réaliste qui introduit nécessairement son monde romanesque dans le monde réel de façon qu’il ne reste point de monde fictif ;
Roman historique qui reflète la situation politique économique et sociale de la France des années 50. Parmi les romans de Michel Butor, La Modification est reconnue comme le plus livresque. C’est une histoire d’amour toute pétrie de références littéraires et mythiques. Donc Butor a effectué dans son nouveau roman un vrai travail d’intertextualité. En effet, on remarque d’emblée dans tout le roman une présence de livres, de l’écrit en général : histoires, guides touristiques, indicateurs horaires, journaux et magazines, tableaux d’art, panneaux, avertissements divers….
Ainsi parmi les intertextes de La Modification, nous pouvons citer :
Mon plus secret conseil de Valéry Larbaud ;
La Répétitionde Kierkegger ;
L’Enéide de Virgule (Chant VI) ;
L’eau et les rêvesde Bachelard ;
L’indicateur Chaix, indicateur officiel de la S.N.C.F. ; La Chapelle Sixtine, tableau de Saint-Augustin ;
Deux tableaux symétriques de Pannini, qui représente la Rome moderne et la Rome antique.
DEFINITION DE CONCEPTS
Nous avons recensé et défini ici certains concepts qui visent à faciliter l’analyse et aussi à suggérer l’orientation de la thèse future.
Espérance
L’espérance caractérise un rapport positif et confiant au temps futur. Michel Butor fait sienne la thèse selon laquelle la religion répond à la question « Que m’est-il permis d’espérer ? » L’action, quell e qu’elle soit, est indissociable d’une dimension d’espérance puisqu’elle postule du succès. C’est en ce sens qu’il faut interpréter les symboles et les mythes religieux mise en évidence dans La Modification.
SUR LA MODIFICATION.
Nous avons actuellement deux ouvrages consacrés entièrement à La Modification.
L’important travail universitaire de Françoise VAN ROSSUM-GUYON, Critique du roman, Essai sur « La Modification » de Michel Butor, Gallimard, 1970. Dans ce travail l’auteur se propose de vérifier sur le nouveau roman de Butor plusieurs théories du genre romanesque, mais en respectant la particularité. C’est une longue étude où La Modification est considérée à peu près de tous les points de vue possibles. La lecture de cet ouvrage ne présente de difficulté. C’est un essai particulièrement pertinent dont la nécessité est aujourd’hui incontestable.
Dans La Modification- Butor, coll. Profil d’une œuvre, Hâtier, 1972, Bernard LALANDE applique au roman de Michel Butor deux théories indépendantes : une théorie du roman traditionnel d’une part et une théorie du nouveau roman de l’autre. Une telle méthode, nous l’avons vue, nous semble impertinente pour notre travail, mais nous aiderons quand même sur certains points.
A part ces deux ouvrages, il existe de nombreux articles qui parlent plus ou moins de La Modification dont voici quelques-uns : Dans cet article, l’auteur montre que La Modification est une œuvre qui pêche par humanisme, qui ne se lit que trop souvent comme un roman d’analyse psychologique traditionnel. La décision annoncée à la toute dernière page du livre de rentrer dans le droit chemin du devoir familial fait partie d’une volonté morale qui est enchanté n’importe quel défenseur des droits de famille. P. THODY montre qu’il s’agit d’un roman où le conformisme bourgeois et l’acceptation des devoirs de père de famille sont pleinement justifiés par le caractère de l’anti-héros.
Louis BARJON, Etude, janvier 1958.
Dans cette revue, Louis Barjon montre qu’il y a dans La Modification un essai très intéressant qui s’apparente aux rigueurs des analyses stendhaliennes et minutieuses introspections de la littérature proustienne. Selon lui, il s’agit, dans ce roman, d’une observation clinique centrée autour des troublants problèmes de l’être, de la conscience, de la personne, des moyens d’échapper à cet imiettement de l’être humain qui s’opère au travers des fragmentations du temps et des fluctuations de la mémoire.
Emile HENRIOT, « La vie littéraire », in Le Monde, 13 novembre1957.
L’auteur de cet article montre que malgré l’esprit de système qui provoque la lourdeur des descriptions, Butor, qui est un psychologue hors de pair, est du côté des maîtres. Il a réussi le roman que veut écrire l’Ecole du Regard.
D’après Emile Henriot, La Modification. est un livre très important qui ramène à l’essentiel de toute littérature, qui est la peinture de l’homme, de son esprit, de ses sentiments, de ses mœurs, de ses rêv es, de ses aventures. Il conclut que cet essentiel l’emporte finalement sur l’accessoire et le décor et les manies de Michel Butor écrivain.
Pierre de BOISDEFFRE, « Une Révolution qui fait long feu », in Revue de Paris, décembre 1957. L’auteur de cet article montre que rien ne témoigne d’une notation quelconque dans le domaine du roman. Pour lui, il s’agit d’une utilisation du temps proustien. Il avance que la monologue intérieur n’est absolument plus une nouveauté. D’après son interprétation, le meilleur du récit de La Modification tient dans les épisodes du voyage, les petits faits bien observés sont significatifs, les retours en arrières ne sont pas maladroits, l’ensemble est parfaitement plausible. Finalement, P.BOIDEFFRE conclut que le roman de Butor est un roman classique. Il s’agit d’une heureuse « modification ».
Dominique AURY, Notes « Le Roman », in La nouvelle Nouvelle Revue Française , décembre 1957.
D. Aury montre ici que le personnage principal (Léon Delmont) de La Modification n’est pas un homme, mais l’idée d’une ville entre temps, légendes et mythe. Il se pose la question de savoir si le sol, l’air, la lumière, les pierres, d’une ville peuvent être les souvenirs sur l’âme d’ un homme ou bien les sentiments que lui inspire Rome sont puissants sur son cœur pour sa maîtresse ou encore le passage de l’amour pour sa femme à l’amour pour sa maîtresse. Au bout du compte, il conclut qu’il n’y a pas eu modification, mais révélation. Le voyage révèle ce qui avait toujours existé. Pour lui La Modification témoigne la maîtrise du temps dans un langage neuf et sobre, varié, subtil et fort qui sait restituer un rêve.
Cette note ainsi que les quatre articles commentés ci-haut sont très intéressants pour aborder le sujet. Ils nous aideront particulièrement à traiter la troisième partie de notre future thèse.
SUR MICHEL BUTOR
Voici d’abord un ouvrage d’initiation :
Georges RAILLARD, Le Michel Butor, Gallimard, 1968.
Dans cet ouvrage, l’auteur montre que Butor a écrit un livre préparatoire à une interrogation de l’histoire. Selon lui, Butor a fallu d’abord rendre compte du mythe sur lequel l’histoire prend son assise. Cela a permis de briser une clôture et d’ouvrir l’être humain à l’interrogation. C’est une ouverture qui donne à La Modification sa forme et son sens. En fait, il s’agit d’une très dense analyse thématique qui constitue pour le moment la source obligée de toute recherche tant sur l’œuvre de Butor que sur l’homme. C’est un ouvrage qui est à ce jour plus riche de renseignement sur Butor mais il contient des commentaires littéraires qui ne sont pas faciles à lire.
Il est évident que nous trouverons de nombreux éclaircissements sur les intentions de Butor romancier en feuilletant l’œuvr e de Butor critique littéraire :
-Répertoire I, Minuit, 1960 ;
-Répertoire II, Minuit, 1964 ;
-Répertoire III, Minuit 1968.
Ces trois recueils groupent de nombreuses et diverses études qui s’échelonnement tout au long de l’œuvre de Butor, d e 1948 (date des premiers textes de Répertoire) à 1968, année de publication de Répertoire III.
Ce sont des précieux documents sur le travail de Butor et sur son évolution qui fournissent les bases de toute réflexion rhétorique sur le roman.
Citons quelques titres « le roman comme recherche » (I) ; « le roman et la poésie » ; « l’espace du roman » ; « l’individu et groupe dans le roman » ;« recherche sur la technique du roman » (II).
Ce sont un témoignage sur les vastes lecteurs de Butor. Ce dernier révèle à la fois un esprit ouvert et une intelligence littéraire exceptionnelle.
C’est avec Répertoire III que se dessine plus nettement l’orientation de la recherche de Butor. A côté d’étude littéraire sur Diderot, Rousseau, Balzac, Hugo, Appolinaire et Breton, la plus grande partie de recueil est consacré à des études sur l’opéra et surtout sur la peinture : Holbein, Le Caravage, Monet, Picasso, Mondrian, Rothko…
C’est une œuvre ouverte qui est une des plus singul ières, une des plus conscientes, une des plus provocantes de la littérature française moderne.
SUR LE NOUVEAU ROMAN
Rappelons que nous ne saurons concevoir ce que veulent les adeptes du nouveau roman sans avoir lu:
Nathalie Sarraute, L’ère du soupçon, Gallimard, 1956 ; Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman, Minuit, 1963.
Et l’une et l’autre proclament la mort du héros du roman. Certes, il subsiste dans leurs romans des noms propres, parfois réduits à une simple initiale, mais ces noms ne désigneront plus que des simples supports, des porteurs d’états encore inexplorés que nous trouvons en nous-mêmes. Ni Nathalie Sarraute, ni Alain Robbe-Grillet ne prétendent avoir inventé de faire disparaître le héros ; ils constatent que c’est le terme d’une évolution commencée depuis longtemps ; Robbe-Grillet se contente d’ajouter quelques noms à la liste des romanciers en qui Nathalie Sarraute reconnaît des précurseurs.
L’accord se fait également sur l’abolition de l’intrigue classique dans le roman. Robbe-Grillet consacre quatre pages à montrer qu’il n’est plus possible de raconter aujourd’hui ce qu’on appelle généralement histoire c’est-à-dire une suite d’évènements ordonnés selon des conventions ittérairesl. Pour lui, les romanciers traditionnels veulent à tout prix éviter la moindre contradiction pour que le lecteur trouve un monde stable, cohérent, continu, univoque. Toutefois, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet et les autres nouveaux romanciers ne s’interdiront pas de présenter des évènements, maisils ne les groupent pas de telle sorte que leur suite soit un enchaînement certain, tranquillisant.
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Table des matières
Introduction
Première partie : Etat de la question et le cadre conceptuel
I-1-Présentation du sujet
I-1-1. Objet et question de recherche
I.1.2. Problématique et question générale
I.1.3. Revue de la littérature
I.2. Méthodologie
I.2.1. Méthode intertextuelle
I.2.2. Justification du choix de la méthode retenue
I.2.3. Procédures et situations prévues
I.2.4. Avantages et inconvénients de la méthode
I.3. Spécifications
I.3.1. Spécification en profondeur
I.3.2. Spécification verticale
I.4. Délimitation et description du corpus
I.4.1. Raisons du choix du corpus
I.4.2. Michel BUTOR et La Modification
I.4.3. Classification fonctionnelle de La Modification
I.5. Définition de concepts
Deuxième partie : Rédaction – plan de la future thèse
Troisième partie : Bibliographie commentée
III.1. Sur La Modification.
III.2. Sur Michel Butor.
III.3. Sur le nouveau roman
Bibliographie
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