Les systรจmes orageux
Les orages sont associรฉs ร des nuages spรฉcifiques appelรฉs cumulonimbus. Ces nuages dโorage sont produits par des processus convectifs mettant en jeux des conditions thermodynamiques particuliรจres. Ils impliquent aussi des processus dynamiques et microphysiques spรฉcifiques. Malgrรฉ leur violence, les orages sont importants pour le systรจme terre-atmosphรจre pour plusieurs raisons. Notamment, ils transportent les prรฉcipitations dans les rรฉgions tropicales et subtropicales; ils permettent un rรฉajustement rapide des dรฉsรฉquilibres thermiques qui apparaissent dans lโatmosphรจre; ils permettent une redistribution des charges รฉlectriques entre la terre et lโatmosphรจre.
Conditions thermodynamiques, dynamique et microphysiqueย
On assimile les orages ร des gigantesques machines thermodynamiques et รฉlectriques dont le โโcarburantโโ est lโair chaud et humide. Le mรฉcanisme qui maintient le fonctionnement de ces โโ machinesโโ est la convection dรฉclenchรฉe et entretenue par lโascension des masses dโair humides. La nature รฉlectrique du nuage dโorage est liรฉe ร la prรฉsence en son sein de particules dโeau en phase liquide ou solide appelรฉes hydromรฉtรฉores.
Flottabilitรฉ et instabilitรฉ convective de lโatmosphรจreย
La littรฉrature utilise le concept de โโflottabilitรฉโโ suivant deux sens. Trรจs souvent il est employรฉ pour dรฉsigner un mรฉcanisme physique (Malardel, 2005; Beucher, 2010). Ainsi on trouve certains problรจmes impliquant ce mรฉcanisme, tels que la flottabilitรฉ dโun solide ร lโinterface entre deux liquides, la flottabilitรฉ dโune particule dโair, la flottabilitรฉ dans lโatmosphรจre, la flottabilitรฉ dans un nuage, la flottabilitรฉ en prรฉsence de la vapeur dโeau, lโinstabilitรฉ de flottabilitรฉ. Mais certains auteurs (Malardel, 2005; Calas, 2013) emploient aussi le concept de โโflottabilitรฉโโ pour dรฉsigner la rรฉsultante de la force de gravitรฉ et de la poussรฉe dโArchimรจde (rรฉsultante verticale des forces de pression). En rรฉalitรฉ cette force sโappelle en toute rigueur โโforce de flottabilitรฉโโ (Malardel, 2005; Beucher, 2010). Lorsque lโambiguรฏtรฉ sera levรฉe, nous emploierons la dรฉsignation โโflottabilitรฉโโ pour รฉvoquer la force de flottabilitรฉ. Mais parfois ce mot dรฉsignera lโun ou lโautre des mรฉcanismes mentionnรฉs cidessus. Ainsi, par dรฉfinition, la โโforce de flottabilitรฉโโ est la force rรฉsultante du poids dโun volume รฉlรฉmentaire dโair appelรฉ aussi โโparticule dโairโโ et de la force dโArchimรจde ร laquelle il est soumis (Calas, 2013). Le poids de la particule dโair dรฉpend de sa tempรฉrature et de son humiditรฉ tandis que la force dโArchimรจde dรฉpend de la tempรฉrature et de lโhumiditรฉ de lโair environnant (Calas, 2013). Si la particule dโair est soulevรฉe au-dessus de son point de condensation, il y a libรฉration de chaleur latente. Lorsque la particule se trouve au niveau de convection libre, elle se retrouve plus chaude que lโenvironnement. Lโinstabilitรฉ permet ร la particule dโair soulevรฉe de continuer ร monter et la flottabilitรฉ peut lโentrainer ร des altitudes trรจs รฉlevรฉes atteignant ou dรฉpassant la tropopause. Cโest ainsi que se forme le cumulonimbus.
Le degrรฉ dโinstabilitรฉ convective de lโatmosphรจre est lโun des paramรจtres quโil faut prendre en compte pour prรฉvoir lโintensitรฉ des phรฉnomรจnes convectifs. On peut estimer le potentiel convectif de lโatmosphรจre en un lieu donnรฉ en calculant la vitesse maximale que peut atteindre une particule dโair suite ร lโaccรฉlรฉration verticale engendrรฉe par la flottabilitรฉ. On obtient une estimation de lโรฉnergie cinรฉtique maximale que peut acquรฉrir la particule, si toute lโรฉnergie disponible pour lโinstabilitรฉ de flottabilitรฉ est convertie en รฉnergie cinรฉtique verticale, en faisant la somme des gains en รฉnergie cinรฉtique de la particule au cours de son ascension verticale entre le niveau de convection libre et le niveau de flottabilitรฉ neutre. En pratique, on caractรฉrise le potentiel convectif de lโatmosphรจre par lโรฉnergie totale qui peut รชtre transformรฉe en รฉnergie cinรฉtique maximale dans une ascendance convective. Cette รฉnergie totale est dรฉsignรฉe, en pratique, par lโacronyme CAPE (convective available potential energy).
La convection profonde
Lโorage est associรฉ ร un cumulonimbus et ce nuage dโorage est produit par la convection profonde. Le terme de convection profonde est utilisรฉ lorsquโon observe des ascendances convectives sur toute la hauteur de la troposphรจre, cโest-ร -dire depuis la couche limite jusquโร la tropopause. La convection profonde se dรฉveloppe en trois phases: la phase dโinstabilitรฉ, la phase de dรฉclenchement de la convection profonde et la phase dโorganisation de la convection profonde. Pendant la premiรจre phase, il y a apparition dโun profil vertical avec dรฉcroissance de la tempรฉrature potentielle avec lโaltitude. Pendant la seconde phase les mouvements verticaux ascendants sont initiรฉs par un forรงage, ensuite ils sont amplifiรฉs par lโinstabilitรฉ de lโatmosphรจre. Une fois la convection profonde amorcรฉe, lโorganisation, lโintensitรฉ et le dรฉplacement des cellules orageuses formรฉes vont รชtre dรฉterminรฉs par plusieurs facteurs. Ainsi le dรฉplacement des cellules sera rรฉgi par le flux de moyenne altitude, leur rรฉgรฉnรฉration par lโexistence dโun front de rafale en basses couches et leur organisation et leur intensitรฉ par le cisaillement vertical de vent et la CAPE.
Les hydromรฉtรฉores
Tous les nuages sont constituรฉs dโair saturรฉ en vapeur dโeau et de particules dโeau en phase liquide ou solide appelรฉes hydromรฉtรฉores. Ceux-ci se forment sur les aรฉrosols. Les aรฉrosols sont des particules liquides ou solides en suspension dans lโair. Leurs sources sont naturelles (poussiรจres, sable, โฆ) ou anthropiques (particules fines รฉmises par le transport et les industries, condensation de gaz รฉmis dans lโatmosphรจre, โฆ). On distingue plusieurs types dโhydromรฉtรฉores : les gouttelettes de nuage, les gouttes de pluie, les cristaux de glace, la neige, le grรฉsil, le graupel et la grรชle.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte de lโรฉtude
2. Problรฉmatique
3. Objectifs
4. Intรฉrรชt du travail
5. Structure du document
I. ETAT DE CONNAISSANCES SUR LES MECANISMES PHYSIQUES LIES AUX ORAGES
I.1 Les systรจmes orageux
I.1.1 Conditions thermodynamiques, dynamique et microphysique
I.1.2 Types et organisations des systรจmes orageux
I.2 Nature รฉlectrique dโun nuage dโorage
I.2.1 Mรฉcanismes dโรฉlectrisation dโun nuage dโorage
I.2.2 Structure รฉlectrique dโun nuage dโorage
I.2.3 Orage et champ รฉlectrique atmosphรฉrique
I.3 Mรฉcanisme de production des รฉclairs
I.4 Phรฉnomรจnes lumineux transitoires (TLE)
I.5 Climatologie mondiale de lโactivitรฉ dโรฉclairs
I.6 Les systรจmes dโobservations des orages
II. CLIMATOLOGIE DE LโACTIVITE DโECLAIR DANS LE BASSIN DU CONGO
II.1 Donnรฉes et Mรฉthodologie
II.1.1 Les donnรฉes WWLLN
II.1.2 Les donnรฉes LIS
II.1.3 Nouvelle mรฉthode dโestimation de lโefficacitรฉ de dรฉtection du WWLLN
II.1.4 Reprรฉsentation des donnรฉes
II.1.5 Mรฉthodes statistiques
II.2 Estimation de lโefficacitรฉ de dรฉtection DE du WWLLN
II.2.1 Evolution de lโefficacitรฉ de dรฉtection
II.2.2 Distribution spatiale de lโefficacitรฉ de dรฉtection du WWLLN
II.2.3 Relation entre DE et multiplicitรฉ des arcs
II.3 Evolution temporelle de lโactivitรฉ dโรฉclairs dans le bassin du Congo
II.3.1 Evolution annuelle de l’activitรฉ dโรฉclairs
II.3.2 Evolution diurne de l’activitรฉ dโรฉclairs
II.4 Distribution spatiale de l’activitรฉ dโรฉclairs
II.4.1. Densitรฉ dโรฉclairs dans le bassin du Congo
II.4.2 Zoom sur la rรฉgion du maximum principal de densitรฉ dโรฉclairs
II.4.3 Comparaison des pรฉriodes 2005 โ 2008 et 2009 โ 2013
II.4.4 Densitรฉ dโรฉclairs et pรฉriodes de forte ou faible activitรฉ
II.4.5 Nombre de jours dโorages, nombre dโรฉclairs par jour d’orage et caractรฉristiques de surface
II.4.6 Profil zonal de lโactivitรฉ dโรฉclairs dans le bassin du Congo
II.5 Comparaison de lโactivitรฉ dโรฉclairs dans les zones rรฉduites
II.5.1 Distributions des proportions dโรฉclairs dans les zones rรฉduites
II.5.2 Corrรฉlations dans les zones rรฉduites
II.5.3 Le paradoxe du Lac Victoria
II.5.4 Comparaison des proportions dโรฉclairs dans des bandes zonales et mรฉridiennes
II.5.5 Contrastes saisonniers dans les zones rรฉduites
II.5.6 Dรฉplacements saisonniers des pics dโactivitรฉ dโรฉclairs
II.6 Comparaison des deux zones de forte activitรฉ
II.6.1 Spรฉcificitรฉs des deux zones de maxima
II.6.2 Comparaison de lโactivitรฉ diurne
II.6.3 Comparaison de la variabilitรฉ durant 363 jours et pendant les pรฉriodes de faible et de forte activitรฉ de lโannรฉe de 2013
II.6.4 Tests de corrรฉlation entre les activitรฉs dโรฉclairs des deux zones de maxima
II.6.5 Comparaison de lโactivitรฉ mensuelle
III. ANALYSE DE LโACTIVITE ORAGEUSE DANS LE BASSIN DU CONGO: ETUDE DE QUELQUES EVENEMENTS ORAGEUX
III.1 Donnรฉes et mรฉthodologie
III.2 CAPE et Activitรฉ journaliรจre dโรฉclairs des mois de mars et dรฉcembre 2013
III.3 Densitรฉ dโรฉclairs et CAPE pendant les pรฉriodes choisies
III.3.1 Pรฉriode 02-06 mars 2013
III.3.2 Pรฉriode 21-28 dรฉcembre 2013
III.4 Corrรฉlations entre activitรฉ dโรฉclairs, activitรฉ orageuse et caractรฉristiques nuageuses pour les cas dโรฉtude
III.4.1 Cas de la pรฉriode 04-05 mars 2013 pour la zone I
III.4.2 Cas de la pรฉriode 04-05 mars 2013 pour la zone II
III.4.3 Cas de la pรฉriode 25-26 dรฉcembre 2013 pour la zone III
III.4.4 Cas de lโactivitรฉ orageuse sur le Lac Victoria
III.4.5 Activitรฉ dโรฉclair et cycle diurne des orages
III.4.6 Zones et conditions de dรฉveloppement des orages
IV DISCUSSION GENERALE
IV.1 Efficacitรฉ de dรฉtection
IV.2 Evolution temporelle de lโactivitรฉ dโรฉclairs
IV.3 Distribution spatiale des รฉclairs
IV.4 Comparaison de lโactivitรฉ dโรฉclairs dans les zones rรฉduites
IV.5 Origine des contrastes saisonniers dans les zones rรฉduites
IV.6 Influence de lโorographie
IV.7 Sources dโhumiditรฉ et Convection
IV.8 Intensitรฉ orageuse
IV.9 Etalement des orages
IV.10 Influence probable des aรฉrosols
IV.11 Prรฉsomption de prรฉdominance de certaines caractรฉristiques de surface
CONCLUSION GENERALE