ETAT DE CONNAISSANCES SUR LA RESSOURCE CREVETTIERE
La crevette est un petit crustacé marin ou d’eau douce, très appréciée par leur chair. Elle est pêchée puis consommée par l’homme avec des quantités phénoménales. Mesurant environ de 5 à 10 cm, elle ne pèse en moyenne que 7g. La crevette vit parmi les algues sur le fond sablonneux et se nourrit de poissons, de planctons, de crabes morts et de vers. Ses principaux prédateurs sont les poissons et les autres crustacés mais également l’homme à travers les activités de pêche.
Les eaux marines et les estuaires malgaches logeant les côtes de l’île forment un habitat propice à la reproduction et à la croissance de nombreuses espèces aquatiques. Parmi ces ressources, la crevette se trouve en quantité abondante ; particulièrement repérée au Nord-Ouest et au Sud-Ouest de l’île. La répartition spatiale et le déplacement de ces crevettes ont fait l’objet de nombreuses études, pour la plupart, institué par le Programme National de Recherche Crevettière (PNRC) devenu plus tard le Centre d’Etude et de Développement de la Pêche (CEDP) à Mahajanga. Il a été sorti de ces recherches que la dynamique des populations de crevettes de Madagascar dépend des facteurs temporels (année, saison, mois, cycle nycthéméral) et des facteurs spatiaux (grande zone, carré statistique, latitude et bathymétrie) (PNRC, 2004). Ainsi, une modification ou une perturbation des conditions biophysiques du milieu n’est pas sans conséquences à la migration voire à la survie des crevettes dans la mer.
A Madagascar, les crevettes sont soumises à de fortes pressions actuellement. L’utilité de revoir brièvement l’état biologique de la ressource crevettière permettra d’appréhender une analyse moins complexe quant à la durabilité de l’exploitation.
Approche Biologique
A Madagascar, une dizaine d’espèces de crevettes sont identifiés mais seulement trois constituent la ressource cible des pêcheries. Il s’agit du Fenneropenaeus indicus ou le White, du Metapenaeus monoceros ou le Pink/Brown, et du Peneaus semisulcatus connu aussi sous le nom de Flower, Brown ou Tiger. Ces espèces font parties des groupes de crevettes pénéides. Force est de souligner que la classe des crevettes pénéides sont les plus abondantes dans les eaux malgaches.
Classification des crevettes pénéides
Les crevettes pénéides sont classées dans la catégorie des crustacés à l’ordre des décapodes. Selon Perez Farfante et Kensley (1997), elles sont classées de la manière suivante :
Embranchement : Arthropoda
Super-classe : Crustacea (Pennant, 1777)
Ordre : Malacostraca (Latreille, 1803)
Sous-ordre : Dendrobranchiata (Bate, 1888)
Super-Famille : Penaeidae (Rafinesque-Schmaitz, 1815)
Famille : Penaeidae (Rafinesque-Schmaitz, 1815)
Sloenoceridae (Wood-Mason, 1891)
Sicyoniidae (Ortmann, 1898) .
Distribution géographique et bathymétrique
– Fenneropenaeus indicus se rencontre dans les eaux lagunaires de Fort-Dauphin (à l’extrême sud) ainsi qu’à l’Ouest et à l’Est de l’île. L’espèce est abondante dans les bandes inférieures à 10 mètres et se raréfie au fur et à mesure que la profondeur augmente. Au-delà de 30 mètres, la présence de crevettesF.indicus est presque inexistante.
– Metapenaeus monoceros s’observe sur toutes les côtes. L’abondance maximale se situe à 6 – 15 mètres de profondeur.
– Penaeus semisulcatus est principalement présente sur la côte Nord-Ouest et de la région de Tsiribihina jusqu’à l’estuaire de Mangoky entre 2 à 130 mètres de profondeur.
Cycle biologique
Le cycle biologique des crevettes est un cycle amphibiotique alternant une phase marine et une phase estuarienne, c’est-à-dire que les crevettes pénéides peuvent vivre en eau salée puis en eau douce au cours de leur cycle de vie qui dure 18 mois.
La ponte des œufs chez les crevettes se passe au fond et en mer vers le large. Pour l’espèce Fenneropeneaus indicus, les périodes de ponte se situent en Octobre/Novembre et en Mars /Avril où les œufs se trouvent en quantités abondantes dans l’eau. Une femelle adulte peut pondre jusqu’à 500 000 à un million d’œufs selon le milieu et la taille de l’espèce. L’éclosion des œufs donne ensuite naissance à des larves planctoniques. C’est le stade « nauplius ». Les larves se développent petit à petit tout en se déplaçant en direction de la zone intertidale des eaux. Parallèlement, différentes phases de croissance ont lieu: le développement larvaire qui va du stade « nauplius » au stade « protozoe » puis du stade « protozoe » au stade « mysis » . A l’entrée de la zone intertidale, une mutation de la crevette « mysis » s’opère et donne des postlarves. Ces derniers se rapprochent de la côte et pénètrent dans les estuaires pour poursuivre leur croissance. Vers l’âge de trois mois, les petites crevettes se réfugient près des mangroves et grandissent à l’abri des racines. Lorsqu’ils ont acquis leur forme rostrale définitive, les postlarves sont appelés des juvéniles. Par la suite, les juvéniles quitteront les estuaires pour aller migrer vers la zone intertidale ou zone de balancement des marées. A 7 mètres de profondeur, les organes sexuels se forment et les juvéniles sont dénommés des « subadultes ». La taille à la première maturité est d’environ 27 mm (LE RESTE et MARCILLE, 1976). Enfin, les crevettes retournent en mer lorsqu’elles atteignent une dizaine de centimètres (crevettes adultes capable de se reproduire). La reproduction se poursuit et le cycle recommence.
La biomasse reproductrice importante pour la reproduction constitue la génération ayant leur période de ponte en Octobre/Novembre. Les conditions du milieu y sont propices à la mutation des larves : abondance de nourriture, vitesse adéquate du courant, taux de mortalité faible (RAJAONARIMANANA, 2010). D’ailleurs, la moitié des captures de la pêche traditionnelle et de la quasi-totalité de la pêche industrielle sont issus de cette génération.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I: ETUDE DE LA RELATION ENTRE CREVETTES-PECHE-ENVIRONNEMENT Approche socio-économique et écosystémique
CHAPITRE I : ETAT DE CONNAISSANCES SUR LA RESSOURCE CREVETTIERE
Section 1 : Approche Biologique
1. Classification des crevettes pénéides
2. Distribution géographique et bathymétrique
3. Cycle biologique
4. Période de recrutement
Section 2 : Approche écosystémique
1. Condition du milieu physique
2. Conditions hydroclimatiques
CHAPITRE II : CONTEXTE ACTUEL SUR LA PECHE AUX CREVETTES
Section 1 : Situation récente de la pêcherie crevettière dans le Monde
Section2 : Situation de l’exploitation de la filière crevette à Madagascar
1. Cadre juridique et règlementaires
1.1. Charte de l’environnement malgache
1.2. Conventions internationales
1.3. Code de la pêche
1.4. Textes législatifs et règlementaires
2. Les catégories d’exploitation
2.1. La pêche traditionnelle
2.2. La pêche artisanale
2.3. La pêche industrielle
CHAPITRE III : IMPACTS DE LA PECHE ET DES ACTIVITES ANTHROPIQUES SUR L’ENVIRONNEMENT– Etude de cas dans la Baie d’Ambaro
Section1 : Présentation de la zone d’étude
1.1. Localisation
1.2. Potentiel halieutique et biodiversité
1.3. Aperçu de l ’état des lieux socio-économiques à Ankazomborona
Section 2 : La pêche aux crevettes
2.1. Engins de pêche utilisés
2.2. Production de crevettes
Section 3 : Problème de la pêcherie et impacts sur l’environnement
3.1. Problèmes liés à la baisse de la production
3.1.1. Changement climatique
3.1.2. Dégradation des mangroves
3.1.3. Surexploitation et mauvaises pratiques de la pêche
3.1.4. Charge d’exploitation
3.2. Analyse des impacts
3.2.1. Impact sur le milieu physique
3.2.2. Impact sur le milieu biologique
3.2.3. Impact sur le milieu humain
PARTIE 2 : VERS UNE DURABILITE DE L’EXPLOITATION DE LA FILIERE
CHAPITRE IV : LES ENJEUX DE L’EXPLOITATION
Section 1 : Notion sur le développement durable
Section 2 : Les enjeux socio-économiques et environnementaux
2.1. La viabilité économique
2.2. Environnement écologique vivable
2.3. L’équité sociale
CHAPITRE V : GESTION DE L’EXPLOITATION ET CONSERVATION DE LA RESSOURCE CREVETTE
Section 1 : Gestion de l’exploitation de la crevette
1.1. Disposition règlementaires relatives à la gestion de la pêche crevettière
1.2. Les outils de gestion
Section 2 : Mise en place de ZCBS
Section 3 : Mesures et contraintes
3.1.Mesures d’atténuation et de renforcement des impacts
a. Les mesures d’atténuations
b. Les mesures de renforcement
3.2. Contraintes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE