L’urbanisation est un phรฉnomรจne mondial. Le nombre de villes millionnaires est un facteur explicatif de cette croissance de la proportion urbaine dans le monde. Selon Hervรฉ Thรฉry et Sรฉbastien Velut (2001), ยซ Les villes millionnaires rassemblent 1 160 millions dโhabitants, et celles de plus de deux millions dโhabitants, 882 millions, soit prรจs dโun habitant de la planรจte sur sept. ยป. D’aprรจs les Nations Unies (2007), plus de la moitiรฉ de la population mondiale vit dรฉsormais dans des villes. Toujours selon le rapport, lรฉgรจrement infรฉrieur ร 30% en 1950, le taux dโurbanisation franchit en 2007 la ยซ barre ยป de 50 %. Il devrait se situer un peu au-dessus de 60 % en 2030 et ยซ si lโAfrique et lโAsie comptent encore une majoritรฉ de ruraux, la croissance des villes y est rapide, et les urbains devraient devenir majoritaires dโici 2030 ยป Jacques Vรฉron in La moitiรฉ de la population mondiale vit en ville 2007.
Cette urbanisation galopante est causรฉe par une croissance naturelle forte (ร l’image de ces pays mรชmes) et un apport extรฉrieur venant des zones rurales ou d’autres contrรฉes urbaines moins importantes. Ces populations sont victimes d’une politique peu dรฉcentralisรฉe des รtats qui accentue le caractรจre rรฉpulsif de leurs zones. Ils se rabattent alors vers les grands centres urbains oรน l’essentiel des opportunitรฉs est concentrรฉ : industries, services, universitรฉs… Ces statistiques avancรฉes ci-dessus sont loin de cacher les clivages multiformes qui existent dans les villes quelque soit la nature (millionnaire ou pas). La ville est loin de constituer un ensemble homogรจne. Lโaccรจs ร la ville en gรฉnรฉral et ร son centre en particulier reste liรฉ au niveau de vie et au statut social, donc difficile pour bon nombre de citadins et de nรฉo-citadins.
Cette difficultรฉ dโaccรฉder aux villes et ร leurs centres est largement prise en compte par A. Philippe et al. (1995) dans son ouvrage ยซ La ville ร guichet fermรฉ ยป oรน ils relatent toute la difficultรฉ des populations attirรฉes par une localitรฉ qui leur sera vite hostile du fait du coรปt de la vie. En effet, autant la ville peut apparaitre attirante pour des ruraux, autant elle peut leur devenir inaccessible. La bidonvilisation sโimpose comme palliatif ร cette hostilitรฉ urbaine dans la plupart des cas. Au Sรฉnรฉgal les quartiers insalubres couvrent 30% des zones urbaines. Pour faire face ร cette situation en milieu urbain assujettie ร la croissance urbaine dont les causes viennent dโรชtre relatรฉes, les gestionnaires de ces villes procรจdent par des opรฉrationsโurbanisme notamment le lotissement et la restructuration afin de viabiliser et/ou de rรฉgulariser ces espaces. Cependant, cette tentative de contenir la croissance urbaine et de rรฉgularisation des installations spontanรฉes, repoussent les limites administratives de la ville. En effet, ces espaces pรฉriurbains lotis ou restructurรฉs finissent par intรฉgrer la ville en favorisant ainsi son รฉtalement. Les effets nรฉfastes de ces opรฉrations se trouvent ร plusieurs niveaux. ยซ Sans respect aucun pour les gens, les lieux et les choses, le monde sโurbanise trรจs vite. Cela se fait le plus souvent de maniรจre spontanรฉe, plus ou moins lรฉgalement. Et, quand un semblant dโorganisation se manifeste, il nโa dโautre ambition quโune juteuse spรฉculation ou lโapplication de rรจgles urbanistiques obsolรจtes รฉlaborรฉes par une technocratie arrogante. Ce constat concerne principalement les rรฉcentes mรฉgalopoles des pays en voie de dรฉveloppement. ยปย .
PROBLEMATIQUE
Avec une population dโenviron 12 millions d’habitants, le Sรฉnรฉgal reste un pays relativement dense dans sa population (60 hts/kmยฒ) . Cette densitรฉ cache cependant des inรฉgalitรฉs trรจs fortes entre les rรฉgions cรดtiรจres de lโouest trรจs peuplรฉes et celles de lโest moins peuplรฉes et marquรฉes par la continentalitรฉ. Au delร de ces inรฉgalitรฉs interrรฉgionales, le clivage entre villes et campagnes en matiรจre dโinfrastructures mรฉrite dโรชtre posรฉ. Ceci entraรฎne l’exode des populations rurales vers les villes. Ce phรฉnomรจne combinรฉ ร la croissance naturelle qui est de 2.9% dโaprรจs le RGPH 2010 favorise la croissance urbaine : le Sรฉnรฉgal est ร 49% dโurbain en 2008. Dโautres problรจmes frappant le secteur des transports sont ceux infrastructurels. Selon le courrier ACP-UE 1998, dans les pays en dรฉveloppement, le principal problรจme de transport tient habituellement en des infrastructures inadaptรฉes. Ainsi, ยซ Dix ans aprรจs ยซ la dรฉcennie des transports et communication pour lโAfrique ยป, dรฉcrรฉtรฉe par lโassemblรฉe gรฉnรฉrale des Nations Unies, lโรฉtat du rรฉseau des transports en Afrique nโest guรจre reluisant. Malgrรฉ le volume des fonds investis dans le secteur, lโinsuffisance des voies de communication reste lโun des points faibles des politiques de dรฉveloppement ยป . La vรฉtustรฉ du parc automobile aussi bien dans le type de vรฉhicules que dans leur nombre est รฉgalement un cas ร souligner.
Dans la ville de Ziguinchor, le problรจme nโest pas moins sensible. En effet, chef lieu de rรฉgion, Ziguinchor est la principale ville รฉconomique de la partie sud du Sรฉnรฉgal grรขce aux infrastructures socio-รฉconomiques et aux multiples potentialitรฉs dont elle dispose. La ville se caractรฉrise par une poussรฉe dรฉmographique naturelle et est fortement influencรฉe par une arrivรฉe importante de populations des zones rurales, de la rรฉgion et de la Guinรฉe Bissau du fait de son attractivitรฉ mais รฉgalement, de la situation de crise qui prรฉvaut dans la rรฉgion et qui peine ร trouver une fin dรฉfinitive : ce qui tend ร pรฉrenniser le sรฉjour de certains migrants/rรฉfugiรฉs dans la ville. Sa population est estimรฉe ร 250 000 habitants (Direction de la prรฉvision et de la statistique, estimations en 2004). Le rythme de croissance est soutenu et lโon peut estimer, quโen 15 ans, entre 1997 (191 271 hts) et 2012 (381 415 hts), la population aura quasiment doublรฉ .
Faute de planification, la ville sโest รฉtalรฉe de maniรจre rapide ร travers des phases de lotissements et de restructurations. Ces diffรฉrents facteurs que nous venons de relater concourent ร la mise en place dโune demande de transport dont la satisfaction reste toujours partielle du fait de facteurs naturels mais aussi anthropiques. Il sโagit entre autres dโune croissance rapide sur un espace dont lโextension est limitรฉe , de lโinsuffisance des moyens de transport et de la dรฉgradation des infrastructures, du circuit fermรฉ et ร sens unique des cars urbains et des points de collecte peu nombreux des taxi-clandos. Le manque de politiques vรฉritables en matiรจre de transport urbain ร Ziguinchor mรฉrite dโรชtre mis en exergue. Les cas spรฉcifiques de lโintรฉgration de lโaรฉroport dans les limites de la commune et du quartier spontanรฉ de Nรฉma 2 au cลur de la ville et leurs impacts sur le transport urbain sont lโun des traits marquant de la ville de Ziguinchor.
LโESPACE URBAIN DE ZIGUINCHOR
La ville de Ziguinchor est sur la rive gauche du fleuve Casamance non loin de lโembouchure. Cette position stratรฉgique explique lโimportance que les franรงais vont trรจs vite lui donner aprรจs son acquisition ร la fin du XIXรจme siรจcle. La ville est en effet un carrefour entre plusieurs localitรฉs de la rรฉgion naturelle de la Casamance, de la Gambie et de la Guinรฉe Bissau. Aujourdโhui, Ziguinchor sโimpose ร travers ses multiples richesses et potentialitรฉs naturelles et humaines pour devenir la ville la plus importante du sud du Sรฉnรฉgal.
Les Caractรฉristiques physiques et humaines de la ville de Ziguinchor
SITUATION ET LIMITES DE LA COMMUNE
La ville de Ziguinchor est la capitale de la rรฉgion qui porte son nom. Elle รฉtait celle de toute la Casamance jusquโau 1er Juillet 1984 date de la rรฉforme ayant divisรฉ la Casamance en deux rรฉgions administratives ร savoir Ziguinchor et Kolda. La rรฉgion a une superficie de 7739 Kmยฒ et est composรฉe de trois (3) dรฉpartements que sont Ziguinchor au sud-est de la rรฉgion, Oussouye au sud-ouest et Bignona au nord. Les limites de la rรฉgion montrent un fort enclavement gรฉographique par rapport aux autres entitรฉs nationales. En effet, elle est limitรฉe au nord par la Rรฉpublique de Gambie, au sud par la Guinรฉe Bissau, ร lโouest par lโOcรฉan Atlantique et ร lโest par la rรฉgion de Sรฉdhiou seule partie qui la rattache au territoire national.
La ville de Ziguinchor, capitale de la rรฉgion du mรชme nom, se trouve sur la rive gauche du fleuve Casamance ร 65 km de son embouchure sur lโOcรฉan Atlantique, ร environ 15 km de la frontiรจre bissau-guinรฉenne et ร 135 Km de la Gambie. Les autres chefs lieux de dรฉpartement (Oussouye ร 40Km et Bignona ร 30 Km) sont relativement proches de la ville du fait surtout de la petitesse de la rรฉgion. Les limites de la ville de Ziguinchor sont largement rรฉgies par la prรฉsence du fleuve Casamance et de ses affluents qui la drainent. La limite nord est constituรฉe par le cours principal du fleuve, celle Est et sud-est par lโaffluent de Boutoute et lโest par lโaffluent de Djibรฉlor. La limite sud est marquรฉe par la piste de Toubacouta seule partie possible de lโextension de la ville sans obstacles naturels.
LE CADRE PHYSIQUEย
Le site
La ville de Ziguinchor sโest dรฉveloppรฉe sur un site fluvial, celui de la Casamance. Le site est composรฉ de dรฉpressions inondรฉes par saison (le lit du fleuve) mais aussi de bas plateaux du continental terminal. Le point originel de la ville matรฉrialisรฉ par les quartiers de Boudody et Escale est un point de resserrement extrรชme de lโestuaire. Ce resserrement est causรฉ par lโavancรฉe vers le nord, des bas plateaux mรฉridionaux. Ziguinchor est ainsi la derniรจre agglomรฉration urbaine oรน la terre ferme est le plus proche de la berge vaseuse du fleuve Casamance.
Le Relief
La ville a un relief plat qui accuse dans lโensemble une pente gรฉnรฉrale de lโEst vers lโOuest et permet de distinguer deux ensembles (plateaux et dรฉpressions) entre lesquels peut sโinsรฉrer un relief dโinterface (les terrasses) :
โค Les plateaux constituent les hautes terres de la commune. Ils sont au nombre de 2.
-Le plateau de Nรฉma ou plateaux mรฉridionaux abrite le point culminant de la villeย aux environs de 30 mรจtres. Ils abritent le site de lโaรฉroport de la commune situรฉ ร une altitude de 28 mรจtres. Sa pente diminue du sud vers le nord, basses terres riveraines du fleuve Casamance.
-Le plateau de Peyrissac ou plateau du nord ouest culmine ร une altitude dโenviron 20 mรจtres. Son altitude diminue ร mesure quโon avance vers les basses terres du marigot de Djibรฉlor et de la cuvette de Tilรจne.
โค Les terrasses constituent une transition entre les hautes terres (plateaux) et les basses terres (dรฉpressions) de la commune. Ils bordent les plateaux jusquโร une altitude de 5 mรจtres. Les dรฉpressions de Kandialang/Boutoute, de Djibรฉlor, de Lyndiane et la cuvette de Tilรจne sont les constituants de ce relief biais.
โค Les bas fonds qui occupent les parties de la ville proches du lit du fleuve Casamance au nord, du marigot de Djibรฉlor ร lโouest et du marigot de Boutoute ร lโest endroits ร partir dโoรน ils partent jusquโร une hauteur de 4 ร 5 mรจtres. Plusieurs quartiers sont concernรฉs. Il sโagit notamment de Boudody, dโEscale, de Diรฉfaye qui sont prรจs du fleuve ; de Kandรฉ, Djibock, Alwar qui sont prรจs du marigot de Boutoute et de Colobane, Boucotte ouest qui sont proche du marigot de Djibรฉlor.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : LโESPACE URBAIN DE ZIGUINCHOR
CHAPITRE 1 : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA VILLE DE ZIGUINCHOR
CHAPITRE 2 : HISTORIQUE ET EVOLUTION
DEUXIEME PARTIE : LE SYSTEME DE TRANSPORT DANS LA VILLE DE ZIGUINCHOR
CHAPITRE I : LES ACTEURS DU TRANSPORT
CHAPITRE II : LโOFFRE DE TRANSPORT
TROISIEME PARTIE : LES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES DU TRANSPORT DANS LA VILLE DE ZIGUINCHOR
CHAPITRE 1 : LES LIMITES DU TRANSPORT URBAIN
CHAPITRE 2 : LES PERSPECTIVES DโAVENIR DU TRANSPORT DANS LA VILLE DE ZIGUINCHOR
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES PHOTOS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES CARTES
QUESTIONNAIRES