Etalement urbain et ecologie urbaine : enjeux et methodes

Etalement urbain : définitions et représentations 

L’étalement urbain est un phénomène mondial, présent sur tous les continents, est observé dans la majeure partie des villes européennes, essentiellement autour des grandes et moyennes agglomérations. En France, les communes périurbaines ont, à partir du début des années 70, pris le relais des banlieues dans la croissance des aires urbaines, contribuant ainsi à renforcer le phénomène de l’étalement urbain. Les villes ont alors commencé à se dépeupler au profit des couronnes périurbaines. L’ampleur du phénomène et ses modalités peuvent varier d’une ville à l’autre en fonction des facteurs géographiques, sociaux et sociétaux, ce qui le rend difficile à définir. Malgré ces spécificités, l’étalement urbain présente quelques aspects qui semblent universels. Dans tous les cas, le processus d’étalement urbain, dont les facteurs sont connus, entraîne de nombreuses conséquences, notamment sur l’environnement. L’étude de l’étalement urbain représente donc un enjeu important pour comprendre les effets de l’urbanisation sur les processus écologiques. Evaluer et anticiper ces impacts exige un suivi et une analyse fine à partir de méthodes et données adaptées à la nature du phénomène et à la particularité de chaque cas d’étude. Sa mesure, son suivi dans le temps et sa modélisation est d’un grand intérêt à la fois pour la communauté scientifique mais également pour toute personne s’intéressant à la gestion urbaine.

Quelques éléments de description de l’étalement urbain 

L’étalement urbain a fait et fait encore l’objet de nombreux travaux et publications qui mettent en évidence la difficulté à le définir et à le mesurer. L’objet de ce sous-chapitre n’est pas de réaliser une synthèse détaillée et complète de ce phénomène ou d’en donner une nouvelle définition, mais de présenter ses principales caractéristiques, les outils qui permettent de le mesurer et ses modalités d’expression dans le temps et dans l’espace, afin de définir l’approche qui sera privilégiée dans ce travail.

Définitions

Définir la ville : un problème redoutable
« Qu’est-ce donc que la ville en général ? ». Cette question posée par la géographe BeaujeuGarnier (1997) révèle que la définition de la ville reste encore un concept ambigu, demeure un défi auquel le géographe, l’économiste, le sociologue et d’autres sont constamment confrontés. « Définir la ville a toujours été une préoccupation embarrassante pour ceux qui se consacrent à l’analyse urbaine» (Béguin, 1996). Définir la ville, délimiter ses contours, mesurer cet «univers urbain en expansion » et suivre son évolution spatiale dans le temps est un des problèmes redoutables auxquels se trouve confronté tout chercheur travaillant sur cet espace complexe.

Le grand problème habituellement rencontré dans la délimitation de l’espace urbain est le manque d’une définition unique de ce qui est « urbain ». Les définitions des entités urbaines diffèrent souvent d’un pays à l’autre (United Nations, 2004) pour des raisons historiques, géographiques ou encore juridiques. Ces définitions sont souvent basées sur des approches différentes telles que les limites administratives ou les densités de population. Ces approches qui, n’incluent pas l’extension spatiale des surfaces bâties, présentent des limites notamment dans le cas des études comparatives.

La ville est un concept difficile à définir, car elle est à la fois une réalité matérielle concrète et un ensemble de fonctions sociales et économiques où les échanges matériels et immatériels jouent un rôle moteur (Aydalot, 1976). « Ainsi, les villes sont des objets trop riches et trop divers pour qu’une seule définition, une conception unique, puisse en rendre compte. Selon que l’intérêt est porté au cadre bâti, à l’architecture, à l’habitat, aux activités et aux fonctions urbaines, au statut politique ou encore aux modes de vie des habitants, les définitions changent et les mesures aussi » (Lajoie, 2007). Toute définition de la ville, qui passe obligatoirement par une représentation et une mesure de l’objet, dépend donc de la représentation qu’on a choisie, qui est souvent corrélée avec son origine disciplinaire. Les disciplines travaillant sur l’objet urbain sont nombreuses, leurs approches et méthodes, leurs représentations et leurs modèles, les rapports qu’elles entretiennent avec cet espace sont différents et complémentaires. Ainsi, les définitions de la ville, très nombreuses et diverses, varient en fonction des disciplines. D’après Lajoie (2007), « le géographe approchait d’abord la ville par sa matérialité et sa territorialité quand le sociologue se tournait prioritairement vers ses fonctions sociales tandis que l’économiste approchait sa dimension fonctionnelle à partir du concept d’économie d’agglomération ». Face à une telle situation de cloisonnement disciplinaire, Beaujeu-Garnier (1997) dénonce « le sillon disciplinaire et le monde conceptuel cloisonné dans lequel se sont trop souvent complus les chercheurs préoccupés de recherches urbaines qui ont des vues et même un langage trop subjectif ».

À la complexité de la diversité des points de vue sur la ville, s’ajoute la difficulté de délimiter ses contours qui sont devenus de plus en plus flous dans l’espace et dans le temps. La ville a été longtemps définie par opposition à la campagne en faisant souvent référence à une limite brutale ville/campagne. Aujourd’hui, cette dichotomie n’est plus d’actualité : « les murs d’enceinte qui séparaient deux mondes aux lois distinctes ont partout disparu. L’élévation des niveaux de vie et le développement des transports ont affranchi les citadins de la nécessité d’habiter un périmètre bien circonscrit, bâti en continuité. Des activités et des résidences se diluent dans des zones naguère franchement rurales. Statistiquement, ces nouvelles formes d’urbanisation sont de plus en plus difficiles à saisir » (Le Gleau et al., 1996). Ainsi, le clivage ville/campagne, urbain/rural s’estompe de plus en plus et on se trouve en face d’une autre réalité beaucoup plus complexe : les espaces périurbains. Ces espaces mixtes offrent le sentiment d’être à la fois en ville et en campagne et posent un problème d’identité car on ne sait plus si on est en ville ou en campagne.

En fait, loin d’être figée, « la définition de la ville se recompose en permanence au rythme des territorialités toujours changeantes qui la constituent » (Lajoie, 2007). En effet, selon l’expression d’Elisée Reclus, « le temps modifie incessamment l’espace » (Reclus, 1905). Cette évolution s’accompagne d’une évolution des termes et des nomenclatures utilisés pour nommer les nouveaux territoires urbanisés (périurbains) : banlieue, suburbanisation, rurbanisation, exurbanisation, péri-urbanisation, péri-urbain, périurbanisation, périurbain, aire urbaine, couronne périurbaine, commune multipolarisée, zone à dominante urbaine, métropole, métapole, ville-pays, ville globale, ville-réseau, ville-archipel (Rouxel, 2002). Cette évolution du vocabulaire urbain et périurbain reflète parfaitement les changements et les mutations que subissent ces espaces.

L’étalement urbain : des définitions multiples, des caractéristiques communes 

Pour répondre à ses propres besoins, la ville grandit ; faute de disponibilités foncières dans ses limites, elle s’étale (Nicot, 1996). Par conséquent, la frontière de la ville se trouve continuellement repoussée plus loin. La périurbanisation, processus d’extension spatiale de la ville qui s’inscrit dans le processus de métropolisation, marque le développement urbain depuis les années soixante en France (Le Jeannic, 1997 ; Péguy et al., 2000). « On appelle périurbaine, une ceinture située en dehors de la ville et prenant la forme d’un espace mixte où se trouvent à la fois des ménages occupant des emplois urbains et des agriculteurs. Le périurbain est donc un espace rural au sens où l’essentiel des sols est attribué à des activités productives agricoles ; mais c’est aussi un espace urbain au sens où la majorité de la population active qui y habite travaille dans une ville, en effectuant des migrations alternantes » (Cavaillès et al., 2003).

Au cours des trente dernières années, les villes se sont développées selon le schéma de l’étalement urbain (Bessy-Pietri, 2000). Comment peut-on définir l’étalement urbain ? La littérature aborde le phénomène de l’étalement urbain à travers une multitude de définitions et de termes qui décrivent un même processus. Toutefois, il n’existe aucune définition universelle et complète de la notion d’étalement urbain (Wilson et al., 2003). Définir l’étalement urbain est d’autant plus difficile que le vocabulaire désignant l’espace périurbain et sa dynamique s’étend lui aussi, au risque de brouiller les lectures traditionnelles de l’espace urbain. « Désormais omniprésent, l’étalement urbain combiné à la recomposition de villes remodèle la géographie fabriquant des territoires hybrides, ni urbains ni ruraux » (Mangin, 2004). Comme le soulignent Le Gléau, Pumain et Saint-Julien (1996), cette difficulté de mesurer l’urbanisation ne se pose pas uniquement à l’échelle d’un pays mais elle rend encore plus délicate toute tentative de comparaison internationale.

D’ailleurs, les termes qui désignent ces nouveaux espaces se sont multiplié : « …espace suburbain, périurbain ou rurbain, suburbia, exurbia, ville diffuse, ville éparpillée, ville émergente, exopolis, edge-cities, boomburbs, new burbs, super-burbs, et beaucoup d’autres néologismes sont apparus » (Allain, 2004). Cette multiplicité souligne la difficulté à appréhender le phénomène d’étalement urbain. Toutefois, malgré la complexité du phénomène et la multiplicité des termes utilisés pour désigner les espaces qu’il transforme, l’analyse de quelques-unes de ses définitions permet d’en dégager les principales caractéristiques qui semblent universelles.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : ETALEMENT URBAIN ET ECOLOGIE URBAINE : ENJEUX ET METHODES
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
1.1. Etalement urbain : définitions et représentations
1.1.1 Quelques éléments de description de l’étalement urbain
1.1.2. Facteurs, impacts et enjeux de l’étalement urbain
1.1.3. Les modèles d’étalement urbain
1.1.4. Les outils de modélisation de l’étalement urbain
1.2. Etalement urbain, changements d’usage des sols et changements paysagers
1.2.1. Usage des sols et fragmentation du paysage
1.2.2. Le suivi de l’étalement urbain par télédétection
1.2.3. Indicateurs de l’écologie du paysage en milieu urbain : définitions et usages en milieu urbain
Synthèse
1.3. Les impacts des changements d’usage des sols et des paysages sur la biodiversité en milieu urbain
1.3.1. Ecologie urbaine : définitions et concepts
1.3.2. Paysages et biodiversité en milieu urbain
Synthèse
1.4. Le cas d’une métropole de taille moyenne : Rennes
1.4.1. Rennes Métropole, un territoire en fort développement à l’aire d’influence étendue
1.4.2. Une forte dynamique économique et démographique
1.4.3. Une forte croissance urbaine dans le cadre d’une ville-archipel
1.4.4. Une prise en compte grandissante de la biodiversité et des continuités écologiques
1.4.5. Le programme ECORURB
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
PARTIE II : RECONSTITUTION DES TRAJECTOIRES D’OCCUPATION DES SOLS ET DES PAYSAGES ET EVALUATION DE LEUR IMPACT SUR LA BIODIVERSITE
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
2.1. Les changements d’occupation et d’utilisation des sols observés à différentes échelles
2.1.1. A l’échelle du département d’Ille-et-Vilaine 21 ans d’artificialisation
2.1.2. A l’échelle de Rennes métropole : le rythme et les formes de l’artificialisation du territoire
2.1.3. A l’échelle des sites ECORURB
Synthèse
2.2. Les modifications de l’occupation des sols et des paysages à travers différents indicateurs de l’écologie du paysage
2.2.1. A l’échelle de Rennes Métropole
2.2.2. A l’échelle des sites ECORURB
Synthèse
2.3. L’impact des changements observés à l’échelle des sites sur la biodiversité
2.3.1. La réponse des espèces à la structuration actuelle des habitats et de leur environnement
2.3.2. La réponse des espèces aux modifications des habitats et de leur environnement
Synthèse
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
PARTIE III : DE LA MODELISATION A LA SIMULATION PROSPECTIVE DE L’ETALEMENT URBAIN
INTRODUCTION DE LA TROISIEME PARTIE
3.1. La modélisation des changements : facteurs de changements passés, actuels et futurs
3.1.1. Identification des facteurs explicatifs
3.1.2. Enjeux d’aménagement et scénarios
3.2. Simulation prospective de l’étalement urbain
3.2.1. Le choix du modèle de simulation de l’étalement urbain
3.2.2. Fonctionnement du modèle LCM
3.2.3. Méthodes d’évaluation des simulations produites par LCM
3.2.4. Application sur Rennes métropole : projections à l’horizon 2020
3.3. L’impact des scénarios sur les paysages et la biodiversité
3.3.1. Impact des scénarios sur les paysages
3.3.2. Impact des scénarios sur la biodiversité
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE

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