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LA VALIDITE : UN CONCEPT MULTIFACTORIEL
La validitรฉ est un concept multidimensionnel, recouvrant des dimensions comportementale et physique allant du sentiment perรงu, rรฉsultat dโune expรฉrience subjective ร des indicateurs de performance objectifs (Wade & Hammond, 1998). La validitรฉ dโun simulateur de conduite, utilisรฉ comme outil de recherche ou de formation, est รฉvidemment grandement recherchรฉe par lโensemble des acteurs et dรฉcideurs politiques ร lโorigine de son initiative. Intuitivement, il sโagit de chercher ร reproduire un dispositif technique le plus semblable possible ร la rรฉalitรฉ (Kaptein, Theeuwes, & van der Horst, 1996). On cherche donc ร produire un simulateur possรฉdant un haut niveau de fidรฉlitรฉ physique (par rapport ร un vรฉhicule rรฉel). Cependant il nโest pas toujours nรฉcessaire dโavoir un simulateur de conduite qui reproduise dans toute sa complexitรฉ la nature de lโactivitรฉ de conduite, puisque quโen dรฉfinitive la validitรฉ sera propre ร la question de recherche posรฉe. La validitรฉ d’un simulateur de conduite sera dรฉpendante d’un certain nombre de facteurs qui dรฉtermineront sa capacitรฉ ร fournir des mesures fiables en termes de performance de conduite attendue. Deux types de validitรฉ sont le plus souvent discutรฉs dans la littรฉrature concernant le domaine de recherche de la simulation automobile : la validitรฉ physique et la validitรฉ comportementale. En fonction de la question de recherche instruite et de lโusage du simulateur que cela prรฉsuppose, ces deux types de validitรฉ seront chacune plus ou moins pertinente ร considรฉrer.
De maniรจre gรฉnรฉrale, les procรฉdures de validation focalisent leur attention sur quelques caractรฉristiques ou composantes de la simulation qui seront sensรฉes รฉprouver un ensemble de comparaisons avec la rรฉalitรฉ. Par exemple, les profils de vitesse utilisรฉs dans les simulateurs ont รฉtรฉ validรฉs avec des รฉtudes sur route rรฉelle constituant un recueil de donnรฉes plutรดt consistant sur lequel sโappuyer (Bella, 2005). De mรชme, les recherches qui se sont intรฉressรฉes ร la prise de dรฉcision en conduite, incluant des situations en simulateur oรน le conducteur devait sโarrรชter ร lโapproche de feux de signalisation en fonctionnement, ont rapportรฉ des rรฉsultats analogues ร ceux observรฉs en conduite rรฉelle (Allen, Rosenthal, & Aponso, 2005). Par ailleurs, dโautres problรจmes ont รฉtรฉ mis en avant concernant le type de tรขche rรฉalisรฉe et la motivation du conducteur en simulation. Ces deux aspects semblent significativement diffรฉrents en simulation par rapport ร la conduite rรฉelle, induisant un manque de congruence en termes de comportement et de performance observรฉs.
LE SIMULATEUR : UNE MODELISATION LIMITEE DE LA REALITE
Par le passรฉ, il a รฉtรฉ montrรฉ quโil nโest pas possible de complรจtement valider un simulateur et ce quel que soit le dispositif de mesure expรฉrimental considรฉrรฉ (Allen, Mitchell, Stein, & Hogue, 1991). Par exemple, un simulateur validรฉ pour sa faรงon de reproduire des profils de vitesses, pourrait ne pas avoir la rรฉsolution visuelle suffisante pour permettre une lecture des panneaux de signalisation analogue ร celle de la rรฉalitรฉ ou encore pourrait รฉchouer ร retranscrire fidรจlement les distances de sรฉcuritรฉ. Un autre exemple pourrait รชtre celui dโun simulateur statique considรฉrรฉ comme performant pour proposer des scรฉnarios complexes mais qui ne serait pas appropriรฉ pour รฉvaluer les actions de contrรดle du vรฉhicule ร cause dโun manque รฉvident dโindices de mouvements liรฉ ร lโabsence dโune base mobile offrant plusieurs degrรฉs de libertรฉ (Siegler, Reymond, Kemeny, & Berthoz, 2001). Clairement, lโรฉtablissement de la validitรฉ dโune simulation de conduite automobile est un problรจme multidimensionnel qui nโest pas trivial et qui rรฉclame encore de nombreux efforts quant ร sa formalisation et aux solutions que de futurs travaux de recherche voudront bien lui apporter. Sargent (1998) dรฉcrit diffรฉrentes approches sur des techniques de validation basรฉes sur lโanalyse des donnรฉes. Il relรจve quโil nโexiste aucun test particulier qui permette de dรฉterminer quelles techniques ou procรฉdures seraient ร privilรฉgier en fonction de la question de recherche instruite. On retrouve dans la littรฉrature lโutilisation de diffรฉrentes dimensions ou catรฉgories sous-jacentes au concept gรฉnรฉral de validitรฉ. Ce concept complexe est souvent employรฉ pour lโรฉvaluation des simulateurs et en particulier ceux destinรฉs ร constituer des outils de formation ou de recherche dans le domaine des facteurs humains.
LA VALIDITE COMPORTEMENTALE
Blaauw (1982), reprenant deux sous-aspects de la validitรฉ dรฉfinis auparavant par Mudd (1968) et McCormick (1970), propose deux autres types de validitรฉ : (1) la validitรฉ ou fidรฉlitรฉ physique, qui est dรฉfinie par le degrรฉ de correspondance physique entre le simulateur et le vรฉhicule rรฉel au niveau des caractรฉristiques dynamiques et architecturales ; (2) la validitรฉ comportementale qui รฉtablit la correspondance ou la similitude entre le comportement de lโutilisateur sur simulateur et celui observรฉ en situation rรฉelle. Godley et al. (2002) font remarquer que la littรฉrature se rรฉfรจre souvent ร ces deux concepts de la validitรฉ sous les notions suivantes : la fidรฉlitรฉ des simulateurs et la validitรฉ prรฉdictive. Toutefois, Blaauw (1982) suggรจre que parmi ces deux aspects de la validitรฉ, lโaspect le plus important pour lโรฉvaluation dโun simulateur est la validitรฉ comportementale. Il distingue de plus deux niveaux de validitรฉ inhรฉrents ร la validitรฉ comportementale : la validitรฉ relative, selon laquelle la comparaison entre les deux environnements (rรฉel et virtuel) doit rendre compte de mesures de performance de mรชme grandeur et allant dans le mรชme sens ; la validitรฉ absolue, pour laquelle la comparaison entre les deux systรจmes doit rendre compte de mesures identiques. Dans son analyse bibliographique sur la validitรฉ des simulateurs de conduite de deux-roues motorisรฉs, Dagonneau (2012), a montrรฉ que cโest la validitรฉ relative qui est le plus souvent รฉtablie et plus rarement la validitรฉ absolue.
En rรฉsumรฉ, il y a plusieurs types de validitรฉ qui peuvent รชtre appliquรฉs aux simulateurs de conduite. Une approche frรฉquemment employรฉe consiste ร incorporer aux simulateurs le degrรฉ de fidรฉlitรฉ physique le plus รฉlevรฉ possible afin dโoptimiser la validitรฉ comportementale. Cette approche est le rรฉsultat direct de la croyance que des niveaux รฉlevรฉs de validitรฉ physique รฉquivalent ร des niveaux รฉlevรฉs de validitรฉ du comportement, malgrรฉ le fait qu’il existe des preuves qui suggรจrent que cela pourrait ne pas รชtre vrai (Liu, Macchiarella, & Vincenzi, 2009) . Il est important de se concentrer sur l’objectif spรฉcifique de la recherche ou de la formation concernรฉe afin dโรฉvaluer dans quelle mesure lโusage d’un simulateur infรฉrieur en termes de fidรฉlitรฉ physique, serait entiรจrement adaptรฉ ร la situation sous-jacente d’un programme de recherche ou de formation. Cette question de la validitรฉ doit aussi plus largement sโรฉtendre ร des considรฉrations dโordre psychologique. En effet, aussi longtemps que les participants sauront qu’il n’y a finalement pas de risque rรฉel dโaccident ou de blesser quelqu’un sur simulateur, ils auront des pratiques de conduite toujours plus ร risques par rapport ร celles de la vie rรฉelle. Face ร ce problรจme, Malaterre et Frรฉchaux (2001) ont approfondi la dรฉfinition de la validitรฉ proposรฉe par Blaauw (1982) en distinguant quatre niveaux de validitรฉ des simulateurs. Ces quatre niveaux de validitรฉ correspondent ร diffรฉrents niveaux de similitude entre la conduite simulรฉe et la conduite en situation rรฉelle : (1) la validitรฉ physique (fidรฉlitรฉ, identitรฉ des stimuli auxquels le conducteur est soumis) ; (2) la validitรฉ physiologique ou expรฉrientielle (similitude des sensations ressenties par le conducteur, ou encore jugement de ressemblance ou crรฉdibilitรฉ subjective de la situation simulรฉe) ; (3) la validitรฉ comportementale (analogie des comportements observรฉs) ; et (4) la validitรฉ psychologique (similitude des mรฉcanismes et du coรปt cognitif).
Allen et ses collรจgues (2005) dรฉfendent lโidรฉe au travers de leur รฉtat de lโart, quโune partie des chercheurs directement impliquรฉs dans le dรฉveloppement de la simulation quโils comptent utiliser, pourrait parfois passer outre un ensemble de contraintes pourtant induites par leur protocole expรฉrimental. Il serait par exemple ainsi tenu pour acquis le fait que les participants soient systรฉmatiquement disposรฉs ร faire preuve dโimagination pour se comporter dans le simulateur comme ils le feraient dans leur propre voiture. Cependant, il est probable que cette hypothรจse fonctionnelle ne soit que trop largement prรฉsupposรฉe et quโร dรฉfaut dโรชtre vรฉrifiรฉe, elle puisse sโavรฉrer relever davantage de la spรฉculation que du fait scientifique (Fisher, Rizzo, Caird, & Lee, 2011). En outre, les รฉtudes sur simulateurs รฉliminent le risque de blessures associรฉes ร la conduite et ne parviennent pas ร reproduire les motivations qui sont ร lโorigine de lโusage que lโon fait de la voiture dans la rรฉalitรฉ, et qui vont fortement conditionner les comportements de conduite ainsi influencรฉs. Malheureusement, il est constatรฉ que peu de chercheurs daignent accorder de lโimportance ร ce type de problรจme (Edwards, 1961) lโessentiel des pratiques en matiรจre de recherche sur cette question consiste ร donner des instructions sur la conduite en simulateur demandant au sujet de conduire aussi normalement que possible par rapport ร ce quโil fait dans la rรฉalitรฉ. Or en lโabsence dโun contexte de conduite bien dรฉfini avec de rรฉels objectifs ร atteindre, impliquant sรฉrieusement le participant, de telles instructions peuvent รชtre bien souvent trรจs confuses pour le sujet et paraรฎtre trรจs artificielles. Tout ceci a รฉtรฉ mis en avant par Zeitlin (1996) qui a examinรฉ plus de 106 publications de recherche qui nโapportaient trรจs peu voire aucune considรฉration ร cette question de la validitรฉ psychologique.
LA VALIDITE PSYCHOLOGIQUE : UN PILIER DE LA VALIDITE COMPORTEMENTALE
Les simulateurs possรฉdant une grande fidรฉlitรฉ ou validitรฉ physique fournissent une expรฉrience rรฉaliste et convaincante pour les sujets participant ร des expรฉriences de recherche. Cependant, la crรฉdibilitรฉ des rรฉsultats obtenus ร partir de ces รฉtudes reste encore trรจs discutรฉe (Horrey & Wickens, 2006). Par exemple McCartt, Hellinga et Braitman (2006) ont recensรฉ 54 รฉtudes qui utilisaient les simulateurs de conduite ou vรฉhicules instrumentรฉs pour รฉvaluer lโusage du tรฉlรฉphone portable au volant. Leurs observations furent que la variabilitรฉ de performance observรฉe dโune รฉtude ร lโautre posait clairement la question de leur propension ร constituer des bases de rรฉflexion sรฉrieuses pour apprรฉhender lโactivitรฉ de conduite rรฉelle. En effet, en plus dโavoir mis en avant un ensemble de problรจmes mรฉthodologiques, ils ont identifiรฉ une des principales faiblesses inhรฉrentes ร toutes ces รฉtudes รฉtant le manque criant de validitรฉ comportementale. La validitรฉ physique de lโexpรฉrience de conduite semble insuffisante pour dรฉpasser la plupart des critiques concernant le manque de validitรฉ comportementale. Si comme nous lโavons vu prรฉcรฉdemment, Malaterre et Frechaux (2001) dรฉfinissent plusieurs composantes de la validitรฉ en les plaรงant au mรชme niveau, le propos de notre article est de dire que la validitรฉ psychologique conditionne la validitรฉ comportementale. Nous considรฉrons, dรจs lors, la validitรฉ comportementale comme dรฉpendante de la validitรฉ psychologique de la situation de simulation. La validitรฉ psychologique est dรฉfinie comme la mesure selon laquelle les risques et les rรฉcompenses quโoffre la participation ร une expรฉrience en simulation correspond ร ce รฉprouvรฉ dans la rรฉalitรฉ (Goodman et al., 1997).
Pour รฉvaluer la validitรฉ comportementale des simulations, Stoffregen et ses collรจgues (2003) proposent deux critรจres distincts : la validitรฉ subjective de lโexpรฉrience (ou validitรฉ expรฉrientielle) et la validitรฉ de la performance (ou validitรฉ de lโaction). La premiรจre notion de validitรฉ expรฉrientielle est formalisรฉe par ces auteurs ร travers le concept de prรฉsence qui se dรฉfinit comme le degrรฉ auquel une simulation produit une expรฉrience subjective ยซ dโรชtre lร ยป (ยซ being there ยป). La prรฉsence est souvent considรฉrรฉe comme une illusion perceptive (Lombard et Ditton, 1997), qui soulรจve diffรฉrentes interrogations et confusions qui seront abordรฉes dans la derniรจre section de notre exposรฉ. Cette premiรจre notion est รฉgalement dรฉsignรฉe dans la littรฉrature sous la notion de fidรฉlitรฉ perceptive (Burkhardt, Bardy, & Lourdeaux, 2003) et semble trรจs proche dโun des concepts de la validitรฉ, la validitรฉ expรฉrientielle, proposรฉe par Malaterre et Frรฉchaux (2001). La deuxiรจme notion de validitรฉ de lโaction, peut รชtre dรฉfinie en termes de relation entre la performance dans la simulation et celle produite dans le monde rรฉel. On retrouve รฉgalement dans la littรฉrature ce sous-concept sous le terme de validitรฉ psychologique (Burkhardt et al., 2003) ou encore sous le terme de fidรฉlitรฉ fonctionnelle telle que dรฉfinie par Moroney et Moroney (1998).
Mesures physiologiques
Parallรจlement ร lโusage des indicateurs comportementaux prรฉcรฉdemment citรฉs, peuvent รชtre rรฉalisรฉes diffรฉrentes mesures physiologiques telles que la frรฉquence cardiaque (variabilitรฉ du rythme cardiaque), les mesures dโactivitรฉ รฉlectrodermale, la tempรฉrature de la peau ou encore la frรฉquence respiratoire. Ces indicateurs peuvent constituer des marqueurs plus ou moins objectifs de la prรฉsence ressentie au cours du temps. Ils restent encore assez peu utilisรฉs dans la grande majoritรฉ des รฉtudes sโintรฉressant ร la question de la prรฉsence, seuls certains auteurs se sont penchรฉs sur cette alternative mรฉthodologique. Toutefois, il semble que lโon ait de plus en plus recours ร ce type de mesure. Par ailleurs, quelques รฉtudes semblent avoir mis en avant des relations intรฉressantes entre les mesures subjectives et ces mesures physiologiques (Meehan, Insko, Whitton, & Brooks, 2002; Slater et al., 2009).
Mesures comportementales
Ce type de mesure semble une alternative intรฉressante pour รฉvaluer la dynamique du comportement comparรฉ aux questionnaires qui ne peuvent que donner une information subjective et moyennรฉe de tout ce qui a pu se passer au cours de lโexpรฉrience virtuelle. Dโaprรจs Usoh, Alberto et Slater (1996), un individu ressentant un fort sentiment de prรฉsence devrait adopter un comportement dans lโenvironnement virtuel similaire ร celui quโil adopterait dans des circonstances similaires de la vie (rรฉalitรฉ) de tous les jours. Freeman, Avons, Meddis, Pearson et IJsselsteijs (2000) sont les premiers ร avoir proposรฉ dโinstruire la question de la prรฉsence sous lโaspect comportemental et non plus seulement subjectif afin dโobjectiver au maximum la nature des rรฉsultats. Lโapproche comportementale de la prรฉsence dรฉveloppรฉe par ces auteurs consiste ร dire quโun individu ressentant un sentiment de prรฉsence de par son exposition ร un environnement virtuel rรฉpondra aux stimuli de lโenvironnement comme il le ferait aux stimuli prรฉsents dans le monde rรฉel. Plus concrรจtement, ils ont cherchรฉ ร dรฉvelopper des indicateurs comportementaux de la prรฉsence, essentiellement basรฉs sur des ajustements posturaux. Nรฉanmoins, leurs rรฉsultats, bien quโindiquant ร la fois un effet positif de la prรฉsentation stรฉrรฉoscopique sur lโamplitude des rรฉponses posturales latรฉrales des participants et sur le sentiment de prรฉsence ressenti (estimรฉ par des รฉchelles visuelles analogiques), nโont pas permis de considรฉrer les mesures posturales comme une mesure permettant de se substituer aux รฉvaluations subjectives de prรฉsence puisque les deux mesures ne semblent pas รชtre corrรฉlรฉes. Dโautres tentatives cherchant ร รฉtablir des indicateurs comportementaux de la prรฉsence ont รฉtรฉ faites par le passรฉ, telles que la vection, proposรฉe par Prothero et Hoffman (1995), Ohmi (1998), les rรฉponses rรฉflexes verbales et physiques testรฉes par Nichols, Haldane et Wilson (2000).
PRESENCE ET VALIDITE DES SIMULATEURS
Bien que plusieurs travaux de recherche dans le domaine de la rรฉalitรฉ virtuelle sont menรฉs sur cette question du sentiment de prรฉsence et quโils focalisent leur attention sur la caractรฉrisation des facteurs ร lโorigine de son รฉmergence, un nombre trรจs limitรฉ dโรฉtudes sโest intรฉressรฉ ร ce concept comme un outil pour รฉvaluer les environnements virtuels et plus spรฉcifiquement les simulateurs de conduite (Dagonneau, 2012; Godley et al., 2002). Tichon et al. (2006) et Tichon (2007) ont รฉtudiรฉ le degrรฉ de prรฉsence ressenti par des conducteurs de trains en simulation de conduite et lโimpact des diffรฉrents facteurs de la prรฉsence dans le but dโamรฉliorer le simulateur de conduite de train de lโUniversitรฉ de Queensland (Australie). Johnson et ses collรจgues (2011) ont รฉgalement รฉtudiรฉ la question de la validitรฉ des simulateurs en sโintรฉressant au sentiment de prรฉsence induit par ces derniers. Plus rรฉcemment, Dagonneau (2012) a repris lโapproche de Johnson et al. (2011) mais en lโadaptant aux simulateurs de deux-roues motorisรฉs.
Dans le cadre de cette revue de question, nous appuyons lโidรฉe dรฉfendue par Dagonneau (2012) sur la nรฉcessitรฉ de proposer une nouvelle approche pour apprรฉhender les similitudes du comportement entre environnement rรฉel et virtuel (validitรฉ comportementale), au travers du concept de prรฉsence. Bien quโรฉtant un phรฉnomรจne complexe et sous-tendu par de trรจs nombreuses dรฉfinitions, la prรฉsence nous semble รชtre un concept intรฉressant pour caractรฉriser la validitรฉ comportementale avec pour point dโancrage la validitรฉ psychologique. Nous considรฉrons donc la prรฉsence comme un รฉtat psychologique permettant ร des sujets en situation immersive dโadopter un comportement similaire ร celui de la vie de tous les jours et par consรฉquent ร rรฉagir aux divers stimuli comme sโils รฉtaient rรฉels. En consรฉquence, le sentiment de prรฉsence conduirait ร lโadoption dโun comportement dans lโenvironnement virtuel similaire ร celui que lโindividu adopterait dans des circonstances similaires de la vie de tous les jours (Slater, 2003; Slater et al., 2009). Les mesures subjectives reflรฉtant la validitรฉ psychologique de lโexpรฉrience pourraient รชtre ainsi corrรฉlables ร des mesures comportementales (indicateurs de performance de conduite : variabilitรฉ de la position latรฉrale dans la voie, variabilitรฉ de la vitesse, la variabilitรฉ de lโangle au volantโฆ) et physiologiques (caractรฉrisant lโรฉtat dโรฉveil physiologique ou stress physiologique). Des questionnaires sur les รฉmotions pourraient รฉgalement รชtre utilisรฉs parallรจlement ร toutes ces mesures afin dโarbitrer lโรฉtat รฉmotionnel du sujet (Diemer, Alpers, Peperkorn, Shiban, & Mรผhlberger, 2015). Ainsi lโhypothรจse sous-jacente ร notre travail est quโun individu รฉprouvant un fort sentiment de prรฉsence dans lโenvironnement virtuel rรฉagira dans cet environnement comme sโil รฉtait rรฉel. Notre analyse bibliographique plaide donc en la faveur dโune plus grande attention ร accorder ร la validitรฉ psychologique au travers du concept de prรฉsence, dans lโรฉlaboration de protocoles expรฉrimentaux, dรฉsireux dโรฉtablir la validitรฉ comportementale du simulateur de conduite utilisรฉ.
Etude de la validitรฉ du modรจle de la prรฉsence spatiale (Wirth et al., 2007)
Le modรจle de la prรฉsence spatiale de Wirth et ses collรจgues (2007) n’a รฉtรฉ que partiellement vรฉrifiรฉ au cours de notre expรฉrience. L’analyse des rรฉgressions sur l’ensemble des conditions expรฉrimentales a rรฉvรฉlรฉ que la suspension d’incrรฉdulitรฉ et l’implication cognitive รฉtaient bien des prรฉdicteurs positifs de la prรฉsence spatiale. En outre nous avons รฉgalement mis en รฉvidence que la suspension d’incrรฉdulitรฉ รฉtait bien un prรฉdicteur de la reprรฉsentation mentale. Toutefois notre analyse n’a pas permis de montrer que l’attention รฉtait un prรฉdicteur de la reprรฉsentation mentale et que la reprรฉsentation mentale รฉtait un prรฉdicteur de la prรฉsence spatiale. Nous expliquons ce rรฉsultat en nous basant sur le fait que pour notre expรฉrimentation les sujets ont probablement eu recours ร des processus attentionnels davantage automatisรฉs que contrรดlรฉs. Or dans le modรจle il est spรฉcifiรฉ que c’est la synergie des dimensions contrรดlรฉe et automatique qui permet de concevoir l’attention comme un prรฉdicteur de la reprรฉsentation mentale. A l’รฉvidence notre protocole expรฉrimental n’a pas permis de suffisamment moduler les processus attentionnels contrรดlรฉs afin d’observer une vรฉritable modulation de la prรฉsence spatiale et de l’ensemble des concepts qui sous
tendent son รฉmergence. Lโhypothรจse selon laquelle lโimagerie visuo-spatiale influencerait positivement lโattention nโa pas รฉtรฉ validรฉe. Cette rubrique semble nโinfluencer aucune autre dimension du modรจle. Cette rubrique semble plus largement poser problรจme puisqu’elle sonde davantage une propension ร se forger des images mentales qu’ร rรฉellement interroger le participant sur sa capacitรฉ au cours de l’expรฉrience ร avoir eu recours aux processus de lโimagerie mentale.
L’รฉtude des rรฉgressions pour chaque condition expรฉrimentale, a mis en รฉvidence des disparitรฉs en termes de pattern de covariance du point de vue des diffรฉrentes rubriques du questionnaire MEC-SPQ. Il ressort ainsi que dans les groupes 1 et 2 soumis au trafic, aucune rรฉgression n’a รฉtรฉ trouvรฉe entre les diffรฉrentes dimensions du modรจle. A l’inverse pour le groupe 3 non soumis au trafic et ร la double tรขche la reprรฉsentation mentale et la suspension d’incrรฉdulitรฉ se sont avรฉrรฉs รชtre tous les deux des prรฉdicteur positifs de la prรฉsence spatiale. Enfin dans le groupe 4 non soumis au trafic mais soumis ร la double tรขche, la suspension d’incrรฉdulitรฉ s’est avรฉrรฉe รชtre un prรฉdicteur positif de la reprรฉsentation mentale. Au vue de ces rรฉsultats il semblerait que ce soit le groupe 3 qui tรฉmoigne le plus d’un dรฉveloppement du sentiment de prรฉsence illustrant les liens de covariance attendus par la thรฉorie. Paradoxalement la condition trafic (G1 et G2) ne semble pas avoir sollicitรฉ la mรฉcanique de prรฉsence dรฉcrite par le modรจle, cela reviendrait ร dire que les participants n’ont pas mobilisรฉ leur reprรฉsentation mentale ou leur attention de maniรจre consciente. Cela signifierait que si prรฉsence il y a eu elle รฉtait de nature diffรฉrente des autres groupes. On peut penser que pour les groupes soumis au trafic leur activitรฉ de conduite consistait davantage en un jeu de stimulus rรฉponse et bien moins en une planification et anticipation de leur activitรฉ de supervision et de navigation. Il est intรฉressant de souligner que cette absence de corrรฉlation entre les concepts du modรจle de la prรฉsence spatiale est donc clairement observรฉe pour les personnes du groupe 2 soumis au trafic et ร la double tรขche. La double tรขche n’a eu, ร l’รฉvidence aucune incidence sur la perception attentionnelle qu’on eu les participants de ce groupe par rapport ร ceux non soumis ร la double tรขche. Cela reviendrait ร dire que l’activitรฉ des personnes du groupe 1 comme celles du groupe 2 รฉtait essentiellement automatisรฉe et que leur prรฉsence รฉtait davantage une prรฉsence physique, basรฉe sur jeu dย ยปaffordances comportementales et tout un ensemble de logiques opรฉratoires de bas niveaux. Paradoxalement il apparait que le groupe le moins contraint que ce soit par du trafic ou une double tรขche ร savoir le groupe 3 tรฉmoigne donc davantage d’un cercle vertueux de prรฉsence en accord avec la thรฉorie. Cela pourrait s’expliquer en dรฉfinitive par le fait que les participants dans cette condition ont davantage eu besoin recours ร leur imagination pour donner du sens ร leur conduite, puisquโil faut le rappeler la tรขche consistait ร exรฉcuter 10 tours de circuits. La recherche de sens et la nรฉcessitรฉ de se donner un horizon dans la rรฉgulation de leur tรขche de conduite leur รฉtait indiscutablement plus possible que tout autre groupe contraint par des รฉvรจnements souvent imprรฉvus. Il semblerait que leur tรขche de conduite ait รฉtรฉ contrairement ร ce qui รฉtait attendu plus challengeant et stimulante en termes de dรฉveloppement de la prรฉsence. En effet leur activitรฉ devait รชtre pensรฉe sur une รฉchelle de temps plus longue que celle des 3 autres groupes, leur laissant ainsi davantage de temps pour se construire une reprรฉsentation mentale consciente de l’environnement considรฉrรฉe comme clef de voute de l’รฉmergence du sentiment de prรฉsence.
Indicateurs comportementaux de la prรฉsence
Lโobjectif de lโรฉtude รฉtait รฉgalement de trouver des indicateurs comportementaux de la prรฉsence physique garantissant lโoptimisation de la performance de conduite. La prรฉsence de trafic a diminuรฉ la vitesse moyenne tout comme le fait de devoir rรฉaliser une double tรขche. Toutefois, la prรฉsence de la double tรขche n’a pas eu d’incidence sur la vitesse moyenne ou l’รฉcart type de la vitesse. Ainsi donc la performance de conduite ne semble pas avoir รฉtรฉ impactรฉe par une hausse de degrรฉ de distraction cognitive ou par une hausse de la complexitรฉ de la situation. Une fois encore on peut expliquer ce rรฉsultat dans la mesure oรน les marges de rรฉgulation du comportements รฉtait intrinsรจquement dรฉjร trรจs faibles de par la topographie du circuit. Il semblerait que les participants quelque soit la condition aient conduit ร peu prรจs ร la mรชme vitesse et avec le mรชme รฉcart type de vitesse. Il apparaรฎt que l’ensemble des participants a adoptรฉ la mรชme stratรฉgie de rรฉgulation de leur vitesse tangentielle indรฉpendamment des contraintes extรฉrieures. Ceci nous amรจne donc ร penser que la vitesse รฉtait implicitement contrainte par le terrain en lui mรชme et qu’en dรฉfinitive les marges de rรฉgulation รฉtaient faibles si l’on voulait suivre la consigne qui รฉtait de rester sur la voie principale et รฉviter les sorties de route. Le terrain รฉtait donc peut รชtre en lui mรชme trop complexe pour pouvoir observer un effet comportemental de la prรฉsence en termes de variabilitรฉ de la vitesse.
Concernant la position latรฉrale moyenne dans la voie, un effet du trafic a รฉtรฉ observรฉ. Il est apparu que les participants soumis au trafic ont davantage roulรฉ ร droite. Cela apparaรฎt donc clairement comme une stratรฉgie d’anticipation de vรฉhicules qui pouvaient venir en sens inverse. Cette stratรฉgie a certainement รฉtรฉ utilisรฉe pour toutes les fois oรน se prรฉsentait une succession de virages et oรน la visibilitรฉ รฉtait rรฉduite. Cette stratรฉgie peut donc d’ailleurs nous renseigner sur l’รฉtrange rรฉsultat qui est que le sentiment de prรฉsence n’a pas รฉtรฉ accru dans cette situation expรฉrimentale. En effet une fois que les participants ont compris qu’il suffisait de rester sur la voie de droite pour se prรฉmunir d’รฉventuelles collisions ce qui ร l’origine devait รชtre une tรขche complexe de gestion des commandes et de supervision est devenu une tรขche davantage de plus bas niveau, ne constituant pas en elle mรชme une tรขche plus challengeant en termes de processus attentionnels contrรดlรฉs. En outre il est important de souligner le fait que la rรฉpรฉtition de l’activitรฉ de conduite exigรฉe sur 10 tours a certainement contribuรฉ ร l’รฉtablissement de ces procรฉdures automatisรฉes dรฉconnectant ร termes les participants.
Un effet de la double tรขche a toutefois รฉtรฉ mis en รฉvidence sur l’รฉcart type de la position latรฉrale. Les participants soumis ร la double tรขche ont eu des valeurs plus รฉlevรฉes que les personnes non soumis ร la double tรขche. Ce rรฉsultat est central puisquโil constitue ร lui seul, l’unique preuve attestant que la hausse de la distraction cognitive a eu un effet sur les participants. Les participants soumis ร la double tรขche n’ont pas verbaliser diffรฉremment leur expรฉrience de prรฉsence comparรฉ aux personnes non soumis ร la double tรขche or il apparait clairement qu’en termes de maintien de la trajectoire leur performance de conduite n’a pas รฉtรฉ la mรชme. Il apparaรฎt donc que le questionnaire รฉchoue ร mettre en รฉvidence un effet de performance attestรฉ par les donnรฉes comportementales. De mรชme on a trouvรฉ que l’รฉcart type de la position latรฉrale รฉtait significativement plus faible pour les personnes soumises au trafic que pour les personnes non soumises au trafic. Cette stratรฉgie montre bien que les participants soumis au trafic ont cherchรฉ ร diminuer leur charge attentionnelle en limitant leur prise de risque en se plaรงant sur la voie de droite. Une fois encore cet effet du trafic sur le comportement et plus encore sur la performance de conduite n’est pas corroborรฉ par le questionnaire de prรฉsence. Tout ceci amรจne ร poser la question de la nature des processus cognitifs qui semblent sous tendre l’รฉtablissement de la prรฉsence. Il nous apparaรฎt รฉvident qu’une mesure de la prรฉsence qui ne soit pas tรฉmoigne pas de ce qui se passe du point de vue de la performance n’est pas intรฉressante. La question mรฉthodologique de l’รฉvaluation de la prรฉsence est posรฉe.
L’activitรฉ de conduite est une tรขche hautement automatisรฉe et qui requiert en fonction de la complexitรฉ des situations l’รฉtablissement de procรฉdures ou logiques opรฉratoires cognitives de plus ou moins haut niveau. La question de la prรฉsence semble se poser pour toutes ses tรขches de conduite qui relรจvent d’un certain niveau de conscience toutefois si comme dans notre expรฉrience on cherche ร mesurer la prรฉsence comme gage de performance dans des tรขches de conduite de bas niveaux nous ne parviendrons pas ร obtenir des correspondances d’effets entre les donnรฉes comportementales et les donnรฉes subjectives. Nous pensons que la question de la prรฉsence et plus encore de la volontรฉ d’obtenir des indicateurs comportementaux de la prรฉsence se pose donc en simulateur de conduite uniquement pour des tรขches d’un certain niveau cognitif exigeant un certain degrรฉ de conscience afin que les personnes puissent verbaliser une expรฉrience qui puisse รชtre corroborรฉe par le comportement. La littรฉrature souligne clairement l’idรฉe que plusieurs mesures comportementales et physiologiques doivent รชtre faites en parallรจle de la mesure de la prรฉsence par questionnaire. Notre expรฉrience visait clairement ร รฉtalonner notre mesure par questionnaire de la prรฉsence. La mesure de la prรฉsence par questionnaire ne permet pas de donner une information sur ce qui s’est passรฉ au cours de l’expรฉrimentation. La littรฉrature expose aussi clairement que la prรฉsence est un processus dynamique. Nous mettons donc en avant qu’en simulation automobile il serait nรฉcessaire d’utiliser des mesures pรฉriphรฉriques comme des mesures physiologiques pour donner des informations sur l’รฉveil physiologique et ses fluctuations au cours de lโactivitรฉ de conduite. Ces mesures pourraient รชtre analysรฉes en covariance avec les donnรฉes comportementales et les donnรฉes subjectives afin de se construire une vision plus complรจte de la prรฉsence. En effet notre expรฉrience a mis en รฉvidence que plusieurs participants pouvaient dรฉclarer un mรชme degrรฉ de prรฉsence sans pour autant avoir une performance de conduite analogue. Il semble donc crucial d’affiner notre analyse du comportement afin de prรฉciser le type de prรฉsence observรฉ. Est ce davantage une prรฉsence physique et ou psychologique. C’est ainsi que dans notre expรฉrience on met en avant l’idรฉe que la prรฉsence rapportรฉe par notre questionnaire de prรฉsence serait davantage une prรฉsence physique qu’une prรฉsence psychologique. Cet รฉtat de fait nous amรจne ร penser qu’il serait souhaitable d’utiliser un deuxiรจme questionnaire de prรฉsence davantage plus basรฉ sur notamment la notion de rรฉalisme comme le questionnaire IPQ qui semblerait un questionnaire intรฉressant ร utiliser en complรฉment pour nos prochaines expรฉrimentations.
Performance ร la double tรขche
Un effet du trafic a รฉtรฉ observรฉ sur la performance de conduite, les personnes soumises au trafic ont eu des temps de rรฉalisation de la double tache, supรฉrieurs aux personnes non soumises au trafic. Il est important de souligner que cet effet n’a รฉtรฉ observรฉ que pour les cinq premiรจres rรฉalisations de la double tรขche. Cet effet du trafic n’apparait plus ร partir de la septiรจme fois que la tรขche est rรฉalisรฉe. Un effet d’apprentissage apparait chez les personnes soumises au trafic elles parviennent ร diminuer leur temps de rรฉalisation et s’approcher des temps des participants non soumis au trafic. Cette performance accrue pour les personnes soumises au trafic tรฉmoigne d’une rรฉorientation attentionnelle sur la tรขche secondaire. Cela a certainement รฉtรฉ rendu possible par la stratรฉgie de ces participants qui soumis au trafic se sont placรฉs ร droite de la voie en limitant leur variabilitรฉ de la position latรฉrale. Tout ceci tรฉmoigne bien que la tรขche principale de conduite รฉtait peu ยซ challengeante ยป en termes de ressources attentionnelles ce qui corrobore nos observations prรฉcรฉdentes sur la nature de la tรขche de conduite plutรดt de bas niveau dans sa globalitรฉ.
Perspectives de recherche
Notre objectif est de trouver des indicateurs comportementaux de la prรฉsence qui soient gage de performance. En outre on a soulignรฉ par cette premiรจre expรฉrimentation la nรฉcessitรฉ d’affiner notre approche mรฉthodologique de la prรฉsence en utilisant un deuxiรจme questionnaire de prรฉsence pour rendre plus robuste les rรฉsultats qui en dรฉcouleraient et รฉventuellement interroger des dimensions plus psychologiques de la prรฉsence. C’est ainsi que nous avons pu mettre en avant que pour un mรชme score de prรฉsence on pouvait avoir diffรฉrents comportements associรฉs. Cette rรฉalitรฉ ne doit pas รชtre nรฉgligรฉe et dans le souci de fournir un modรจle mรฉthodologique le plus robuste possible il nous semble important d’affiner ce que l’on appelle prรฉsence en utilisant des indicateurs pรฉriphรฉriques qui nous donneraient plus de critรจres comme par exemple lโutilisation de mesures physiologiques. Ces derniรจres nous permettraient d’apprรฉhender la prรฉsence spatiale en termes d’รฉveil physiologique voire mรชme en termes de stress ou d’รฉmotions. Nous pensons donc รฉgalement utiliser un questionnaire sur les รฉmotions comme le PANAS afin d’interroger la valence de l’expรฉrience de prรฉsence. La prรฉsence est davantage ร l’heure actuelle considรฉrรฉe comme une boรฎte noire du comportement, il nous semble crucial de dรฉpasser cette vision behavioriste de la prรฉsence et de l’actualiser au regard des thรฉories plus cognitivistes c’est la raison pour laquelle le modรจle de la prรฉsence spatiale a รฉtรฉ choisi et que nous pensons qu’il serait plus facilement ยซ opรฉrationnalisable ยป si on pouvait y rajouter des รฉlรฉments liรฉs ร la dynamique du traitement de l’information et peut รชtre mรชme des รฉlรฉments sur la valence รฉmotionnelle de l’expรฉrience de prรฉsence.
Analyse des donnรฉes physiologiques
-Approche globale pour EDA et ECG :
La premiรจre minute de chaque pรฉriode de repos et de chaque pรฉriode dโactivitรฉ de conduite รฉtait supprimรฉe afin dโรฉliminer, dโune part, la pรฉriode de stabilisation du signal et dโautre part, la pรฉriode dโactivitรฉ de conduite durant laquelle les performances nโรฉtaient pas observรฉes (pรฉriode de familiarisation). De plus la derniรจre minute dโenregistrement รฉtait รฉgalement supprimรฉe. Lโeffet de bord รฉtait ainsi รฉvitรฉ, en supprimant les donnรฉes du dรฉbut correspondant au temps dโadaptation et en enlevant รฉgalement les donnรฉes de la fin souvent biaisรฉes par lโimpatience des participants ร terminer. De maniรจre gรฉnรฉrale nous avons cherchรฉ ร rรฉcupรฉrer des informations globales ร lโรฉchelle du scรฉnario rรฉalisรฉ sur lโรฉtat dโรฉveil physiologique moyen des sujets en termes de conductance รฉlectrodermale et de variabilitรฉ du rythme cardiaque.
-Filtrage de signaux :
Des filtres digitaux ร rรฉponse impulsionnelle infinie (IIR) รฉtaient appliquรฉs aux diffรฉrents signaux afin dโรฉliminer les artefacts les plus importants en fonction du temps de rรฉponse de chaque signal. Un filtre passe bande haut fixรฉ ร 1 Hz a รฉtรฉ utilisรฉ pour nettoyer le signal cardiaque tandis quโun filtre passe bande bas fixรฉ ร 1 Hz รฉtait appliquรฉ au signal EDA afin de ne laisser passer que les basses frรฉquences reprรฉsentatives.
-Donnรฉes physiologiques cardiaques : rythme cardiaque et variabilitรฉ du rythme cardiaque Aprรจs avoir rรฉcupรฉrรฉ lโECG nous avons rรฉcupรฉrรฉ la frรฉquence cardiaque que nous avons analysรฉe et nous avons rรฉalisรฉ une analyse temporelle et frรฉquentielle du signal cardiaque afin de procรฉder ร lโanalyse de la variabilitรฉ du rythme cardiaque (VRC). Attardons- nous quelque peu sur les origines et bases scientifiques de la VRC. Depuis les annรฉes 1970 (Bernston et al., 1997), les variations de lโactivitรฉ cardiaque ont รฉtรฉ utilisรฉes pour obtenir une mesure globale de lโeffort cognitif impliquรฉ dans la rรฉalisation dโune tรขche ร dominante cognitive.
Il a รฉtรฉ รฉtabli assez rapidement que les variations du rythme cardiaque (รฉcart type du rythme cardiaque) sont assez peu corrรฉlรฉes ร lโeffort cognitif, tout du moins quโelles ne sont pas suffisamment prononcรฉes pour รชtre un indicateur fiable. En dรฉfinitive lโaugmentation de lโeffort cognitif se traduit par une augmentation du rythme cardiaque dโau mieux 10 battements/minute ce qui est facilement ยซ masquable ยป par des efforts physiques mรชme lรฉgers (exemples : changement de posture, รฉtirement du corps). Pour pallier ร cette difficultรฉ, les recherches se sont orientรฉes vers lโanalyse de la variabilitรฉ du rythme cardiaque (VRC ร ne pas confondre avec lโรฉcart type de rythme cardiaque). La suppression de ce paramรจtre se rรฉvรจle รชtre un marqueur beaucoup plus fiable de lโinvestissement dans la tรขche que lโaugmentation du rythme cardiaque.
La variabilitรฉ du rythme cardiaque (VRC) ร ne pas confondre avec le rythme cardiaque (RC), est un phรฉnomรจne physiologique qui se manifeste par le fait que les durรฉes entre chaque pulsation cardiaque sont variables et que ces variations se font de maniรจre rythmique (voir figure 17).
La latence des rรฉponses de lโรฉlectrocardiogramme manifestรฉes par les battements cardiaques est dโenviron 150 secondes. De maniรจre gรฉnรฉrale cette rythmicitรฉ a deux origines physiologiques. Premiรจrement, elle rรฉsiderait dans la dynamique des boucles de rรฉgulation vรฉgรฉtative qui rรจglent le rythme cardiaque en fonction dโun certain nombre de paramรจtres physiologiques, les plus importants รฉtant la pression sanguine et le couplage avec le rythme respiratoire. Deuxiรจmement les noyaux vรฉgรฉtatif du tronc cรฉrรฉbral (i.e ; noyaux solitaires, noyaux caudaux ventromedulaires, noyaux ambigus, noyaux dorsomoteurs, et noyaux rostraux ventromedullaires) dโoรน รฉmergent les fibres parasympathiques et orthosympatiques qui se projettent sur le coeur (nerf vague) sont en bout de chaรฎne du systรจme CAN (Central Autonomous Network, Thayer & Lane 2009 ; Brenston, 2007). Ce dernier est composรฉ de structures corticales (i.e Noyaux central de lโamygdale, substance grise pรฉrie-acqueducale et noyaux parabrachiaux hypothalamiques), les noyaux hypothalamiques agissant directement sur les noyaux cardio rรฉgulateur du tronc cรฉrรฉbral. Des travaux pharmacologiques (Gianaros, 2008 ; citรฉ par Thayer & Lane, 2009) ont montrรฉ quโune activation de lโamygdale entraรฎne une dรฉsinhibition des centres mรฉdullaires cardio modรฉrateurs, ce qui se traduit par une lรฉgรจre augmentation du rythme cardiaque et une suppression de la variabilitรฉ du rythme cardiaque.
Cette activation est, il faut le noter, รฉgalement obtenue par une levรฉe de lโinhibition du cortex prรฉfrontal. Aussi, lorsque le sujet sโengage dans une activitรฉ impliquant fortement le cortex prรฉfrontal la succession dโรฉvรจnements corticaux et sous corticaux dรฉcrite prรฉcรฉdemment est รฉgalement observรฉe.
De nombreuses รฉtudes ont utilisรฉ lโanalyse de la VRC lorsque les sujets sโengagent dans des tรขches cognitives (Capa, Audiffren, & ragot, 2008 ; Duschek, Muckenthaler, Werner, & Reyes del Paso, 200รง, 2009 ; RYU & Myung, 2005, Backs, 1994). Si la diagnosticitรฉ de la mรฉthode est discutรฉe (Nickel & narchreiner, 2003) sa sensibilitรฉ aux efforts cognitifs est maintenant admise. Le rythme cardiaque augmente ร lโinspiration et diminue ร lโexpiration, lโactivitรฉ parasympathique รฉtant diminuรฉe pendant lโinspiration. La fluctuation de ce rythme caractรฉrise la variabilitรฉ de la frรฉquence cardiaque (VFC). Bien que le cลur soit relativement stable, les temps entre deux battements cardiaques peuvent รชtre trรจs diffรฉrents. En situation dite normale (En cas de non pratique dโune activitรฉ physique et soumis ร aucun stress quel quโil soit) il existe une variabilitรฉ naturelle du rythme cardiaque, toutefois en condition de stress cette variabilitรฉ a tendance ร disparaรฎtre. Le signal cardiaque est un des plus forts du corps et il est facilement mesurable par des techniques non invasives (positionnement dโรฉlectrodes sur le torse). De plus lโextraction des composantes des troubles du rythme cardiaque (arythmie) ne nรฉcessite que de recueillir les durรฉes unitaires entre chaque pulsation cardiaque, il nโy a donc que trรจs peu dโexigence sur le positionnement des รฉlectrodes sur la peau.
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Table des matiรจres
I INTRODUCTION
II SIMULATION AUTOMOBILE
II.1 LE DEVELOPPEMENT DE LA SITUATION AUTOMOBILE
II.2 USAGES ET PRATIQUES
III LA VALIDITE DES SIMULATEURS
III.1 LA VALIDITE : UN CONCEPT MULTIFACTORIEL
III.2 LE SIMULATEUR : UNE MODELISATION LIMITEE DE LA REALITE
III.3 LA VALIDITE COMPORTEMENTALE
III.4 LA VALIDITE PSYCHOLOGIQUE : UN PILIER DE LA VALIDITE COMPORTEMENTALE
IV ETABLIR LA VALIDITE PSYCHOLOGIQUE AU TRAVERS DU CONCEPT DE PRESENCE
IV.1 LE CONCEPT DโIMMERSION
IV.2 LE CONCEPT DE PRESENCE
IV.3 FACTEURS DETERMINANTS DE LA PRESENCE
IV.4 LA MESURE DE LA PRESENCE
IV.4.1 Mesures subjectives : questionnaires
IV.4.2 Mesures physiologiques
IV.4.3 Mesures comportementales
IV.5 PRESENCE ET VALIDITE DES SIMULATEURS
V PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
V.1 CONTEXTE
V.2 PROBLEMATIQUE
V.3 POSITIONNEMENT
V.4 PROGRESSION ENVISAGEE
VI EXPERIMENTATION 1
VI.1 OBJECTIFS
VI.2 HYPOTHESES
VI.3 METHODOLOGIE
VI.3.1 Participants
VI.3.2 Simulateur de conduite
VI.3.3 Situations de conduite
VI.3.4 Mesures subjectives
VI.3.5 Mesures objectives de la performance
VI.3.6 Procรฉdure
VI.4 RESULTATS : EFFETS PAR INDICATEUR
VI.4.1 Donnรฉes subjectives : MEC-SPQ
VI.4.2 Donnรฉes comportementales de conduite en situation globale
VI.4.3 Performance ร la double tรขche
VI.5 RESULTATS : REGRESSIONS POUR DONNEES SUBJECTIVES
VI.6 DISCUSSION
VI.6.1 Manque de sensibilitรฉ du questionnaire MEC SPQ
VI.6.2 Etude de la validitรฉ du modรจle de la prรฉsence spatiale (Wirth et al., 2007)
VI.6.3 Indicateurs comportementaux de la prรฉsence
VI.6.4 Performance ร la double tรขche
VI.6.5 Perspectives de recherche
VII EXPERIMENTATION 2
VII.1 OBJECTIFS
VII.2 METHODOLOGIE
VII.2.1 Participants
VII.2.2 Simulateur de conduite
VII.2.3 Situations de conduite
VII.2.4 Mesures subjectives
VII.2.5 Mesures objective de la performance
VII.2.6 Mesures physiologiques
VII.2.7 Procรฉdure
VII.2.8 Analyse des donnรฉes physiologiques
VII.3 RESULTATS : EFFETS PAR INDICATEUR
VII.3.1 Donnรฉes subjectives : MEC-SPQ
VII.3.2 Donnรฉes subjectives : IPQ
VII.3.3 Donnรฉes valence รฉmotionnelle : PANAS
VII.3.4 Donnรฉes comportementales de conduite
VII.3.5 Variabilitรฉ du rythme cardiaque (HRV) : Domaine temporel et domaine frรฉquentiel
VII.3.6 Conductance รฉlectrodermale
VII.4 RESULTATS : CORRELATIONS ET REGRESSIONS
VII.4.1 Rรฉgressions entre items du MEC-SPQ
VII.4.2 Corrรฉlations entre items du IPQ
VII.4.3 Corrรฉlations entre items du PANAS
VII.4.4 Corrรฉlations entre items des questionnaires IPQ/SPQ avec les donnรฉes comportementales de conduite
VII.5 DISCUSSION
VII.5.1 Sensibilitรฉ du questionnaire MEC SPQ
VII.5.2 Etude des liens de causalitรฉ entre les diffรฉrentes dimensions du MEC SPQ
VII.5.3 Etude des liens de causalitรฉ entre les diffรฉrentes dimensions de lโIPQ
VII.5.4 Etude des liens de causalitรฉ entre les diffรฉrentes dimensions du PANAS
VII.5.5 Donnรฉes comportementales de conduite
VII.5.6 Donnรฉes physiologiques
VII.5.7 Perspectives de Recherche
VIII EXPERIMENTATION 3
VIII.1 OBJECTIFS
VIII.2 METHODOLOGIE
VIII.2.1 Participants
VIII.2.2 Simulateur de conduite
VIII.2.3 Situations de conduite
VIII.2.4 Mesures subjectives
VIII.2.5 Mesures Physiologiques
VIII.2.6 Procรฉdure
VIII.3 RESULTATS : EFFETS PAR INDICATEUR
VIII.3.1 Donnรฉes subjectives : MEC-SPQ
VIII.3.2 Donnรฉes subjectives : IPQ
VIII.3.3 Donnรฉes subjectives : PANAS
VIII.3.4 Donnรฉes comportementales de conduite
VIII.3.5 Conductance รฉlectrodermale
VIII.3.6 Rythme cardiaque
VIII.4 RESULTATS : CORRELATIONS ET REGRESSIONS
VIII.4.1 Rรฉgressions entre items du MEC-SPQ
VIII.4.2 Corrรฉlations entre items de lโIPQ
VIII.4.3 Corrรฉlations entre items PANAS et SPQ/IPQ
VIII.4.4 Corrรฉlations entre items SPQ/IPQ et donnรฉes comportementales de conduite
VIII.4.5 Corrรฉlations entre items SPQ/IPQ et lโactivitรฉ รฉlectrodermale
VIII.4.6 Corrรฉlations entre items SPQ/IPQ et lโactivitรฉ cardiaque
VIII.5 DISCUSSION
VIII.5.1 Sensibilitรฉ du questionnaire MEC SPQ et IPQ
VIII.5.2 Donnรฉes comportementales de conduite
VIII.5.3 . Donnรฉes physiologiques
VIII.5.4 Perspectives de Recherche
IX ETUDE COMPARATIVE ENTRE EXPERIENCES 2 ET 3
IX.1 OBJECTIFS DE LโEXPERIMENTATION COMPARATIVE
IX.2 ANALYSES STATISTIQUES
IX.2.1 Donnรฉes subjectives
IX.2.2 Donnรฉes comportementales de conduite
IX.2.3 Donnรฉes physiologiques
IX.3 RESULTATS
IX.3.1 Donnรฉes subjectives
IX.3.2 Donnรฉes comportementales de conduite en situation globale
IX.3.3 Donnรฉes physiologiques dโun point de vue global
IX.4 DISCUSSION
IX.4.1 Donnรฉes subjectives
IX.4.2 Donnรฉes comportementales de conduite
IX.4.3 Donnรฉes physiologiques
X DISCUSSION GENERALE
X.1 EXPERIMENTATION 1 : LES LIMITES DES QUESTIONNAIRES DE PRESENCE
X.2 EXPERIMENTATION 2 : CARACTERISATION DโINDICATEURS COMPORTEMENTAUX DE LA PRESENCE SUR SIMULATEUR STATIQUE
X.2.1 Le questionnaire de prรฉsence : le problรจme de la mesure qui modifie en elle mรชme modifie ce quโelle cherche ร dรฉterminer
X.2.2 La valence รฉmotionnelle du phรฉnomรจne de prรฉsence
X.2.3 La performance de conduite : observable nรฉcessaire ร considรฉrer mais pas suffisante pour constituer un indicateur comportemental de la prรฉsence
X.2.4 Lโรฉveil physiologique : le cรดne dโombre de la prรฉsence
X.3 EXPERIMENTATION 3 : CARACTERISATION DโINDICATEURS COMPORTEMENTAUX DE LA PRESENCE SUR SIMULATEUR DYNAMIQUE
X.3.1 Le questionnaire de prรฉsence : baisse de sensibilitรฉ possiblement imputable ร lโeffet de plus grande immersion du simulateur dynamique
X.3.2 La prรฉsence sous simulateur dynamique : expรฉrience รฉmotionnelle plus marquรฉe
X.3.3 La performance de conduite : indicateur moins sensible ร la prรฉsence sur le simulateur dynamique
X.3.4 La conductance รฉlectrodermale : indicateur moins sensible ร la prรฉsence sur le simulateur dynamique
X.4 BILAN DE LโETUDE COMPARATIVE DE LA PRESENCE ENTRE LES SIMULATEURS STATIQUE ET DYNAMIQUE
X.4.1 Lโinvestigation subjective de la prรฉsence : de la symptomatologie au diagnostic
X.4.2 La performance de conduite sur simulateur dynamique : un indicateur de prรฉsence ou un effet collatรฉral des limites de la simulation ?
X.4.3 Lโรฉveil physiologique ร travers lโactivitรฉ รฉlectrodermale : indicateur de prรฉsence ou de sensation forte ?
X.4.4 Perspectives de recherche
XI BIBLIOGRAPHIE
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