Lโutilisation et le changement dโutilisation des terres jouent un rรดle prรฉpondรฉrant dans la dรฉgradation de nos รฉcosystรจmes et le dรฉrรจglement climatique. Lโexploitation des forรชts et lโagriculture sont les deux premiรจres causes de perte de la biodiversitรฉ (Maxwel et al, 2016) et sont responsables dโun quart des รฉmissions de gaz ร effets de serre dโorigine anthropique ร lโรฉchelle globale (IPCC, 2014b). En parallรจle des รฉvaluations de lโimpact des activitรฉs humaines sur le climat par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’รฉvolution du climat (GIEC) et dรจs sa crรฉation en 1988, une longue sรฉrie dโaccords et avancรฉes politiques ont eu lieu au niveau international, principalement dans le cadre des trois conventions des Nations Unies sur le climat (UNFCCC, pour United Nations Framework Convention on Climate Change), la biodiversitรฉ (UNCBD, pour Convention on Biological Diversity) et la dรฉsertification (UNCCD, pour United Nations Conventions to Combat Desertification) . Cโest le cas notamment du mรฉcanisme de Rรฉduction des รmissions liรฉes ร la Dรฉforestation et la Dรฉgradation des forรชts, lโaccroissement des stocks de carbone et la gestion durable des terres (REDD+) initiรฉ en 2005 dans le cadre de lโUNFCCC. Le rรดle de lโagriculture sur le climat et son lien avec lโusage des forรชts a รฉtรฉ plus rรฉcemment pris en considรฉration au niveau international. Depuis quelques annรฉes, on assiste ร une multiplication des objectifs et initiatives globales visant ร rรฉduire notre impact sur lโenvironnement, en combinant pratiques agricoles et usage de la forรชt plus durables. Cโest le cas par exemple de lโinitiative ClimateSmart Agriculture, lancรฉe lors de la Conference of the Parties (COP) ร Copenhague en 2009, et plus rรฉcemment de l’initiative ยซ 4 pour mille ยป ร la COP de Paris en 2015.
Toutes ces initiatives ou mรฉcanismes visant ร changer notre mode dโutilisation des terres sโappuient sur le concept de services รฉcosystรฉmiques portรฉ au niveau international lors de lโรฉvaluation des รฉcosystรจmes pour le millรฉnaire en 2005 (Millennium Ecosystem Assessment, 2005). Cette notion implique l’identification et la quantification des services ยซoffertsยป par les รฉcosystรจmes pour rรฉpondre aux ยซdemandes ยป des sociรฉtรฉs. Ces services pouvant concerner des demandes locales (ex. purification de lโeau par les sols), rรฉgionales (ex. provision de matรฉriaux de construction) ou globales (ex. rรฉgulation du climat). La gestion des biens publics mondiaux sโorganise aujourdโhui autour de cette idรฉe de services รฉcosystรฉmiques, avec dโun cรดtรฉ les ยซ politiques ยป au sens large qui fixent les objectifs, imaginent des mรฉcanismes et implรฉmentent des actions et de lโautre les scientifiques qui mesurent, suivent, modรฉlisent les impacts et font des recommandations . Les activitรฉs de ยซsuiviรฉvaluation ยป font le lien entre science et politique car elles permettent dโadosser ร lโaction des critรจres de mesure dโindicateurs d’impact environnemental, รฉconomique et social. Ainsi, la mise en ลuvre concrรจte des initiatives politiques pour changer notre trajectoire de dรฉveloppement nรฉcessitent une rรฉelle comprรฉhension scientifique de ces services รฉcosystรฉmiques, notamment pour guider et รฉvaluer lโimpact des actions. Ces indicateurs, dont le carbone, doivent pouvoir รชtre quantifiรฉ de maniรจre prรฉcise et cohรฉrente sur le territoire, selon des mรฉthodologies reproductibles, assurant une transparence des rรฉsultats et un suivi dans le temps. L’agenda international sur la gestion de lโenvironnement pousse aujourdโhui de nombreuses sciences (foresterie, รฉcologie, hydrologie, pรฉdologie, gรฉographie, etc.) ร fournir des informations environnementales avec une prรฉcision, une รฉtendue gรฉographique et une frรฉquence sans prรฉcรฉdent.
Le rรดle potentiel des forรชts dans lโattรฉnuation du changement climatique a รฉtรฉ relayรฉ en 2005 par un groupe dโacteurs nommรฉ Coalition of Rainforest Nations menรฉ par la Papouasie Nouvelle Guinรฉe au cours de la onziรจme Confรฉrence des Parties (COP 11) ร Montrรฉal. Cette proposition appelรฉe REDD a รฉtรฉ reprise deux ans plus tard dans le plan dโaction de Bali (COP 13), ses rรจgles et principes clรฉs ont ensuite รฉtรฉ prรฉcisรฉs dans les accords de Cancun (COP 17). Ce mรฉcanisme visant initiallement uniquement la dรฉforestation (RED) concerne aujourdโhui un grand nombre dโactivitรฉs de changement dโusage des terres ร lโinterface forรชtagriculture (REDD+): dรฉforestation, dรฉgradation des forรชts, gestion durable des forรชts, conservation et renforcement des stocks de carbone forestier (tableau 1). La finalitรฉ de la REDD+ est dโinciter la diminution de certaines conversion dโusage (ex. dรฉforestation) ou leur augmentation (ex. rรฉgรฉnรฉration des forรชts) par le biais de paiements sur rรฉsultats. Ce mรฉcanisme ne fait pas partie des mรฉcanismes dรฉfinis et รฉligibles dans le cadre du protocole de Kyoto adoptรฉ en 1997, mais est considรฉrรฉ ร partir de la deuxiรจme pรฉriode dโengagement du Protocole de Kyoto (post 2012). Aujourdโhui, le mรฉcanisme REDD+ se traduit sur le terrain par lโexistence de plus de 300 projets plus ou moins engagรฉs dans un processus de certification carbone (Simonet et al, 2015 ; figure 3) et la mise en place de stratรฉgie et plan dโaction REDD+ nationale ou sous nationale (juridictionnelle) avec lโappui des Nations Unies (ex. Programme UN-REDD pilotรฉ par la FAO) ou de fonds carbone ad-hoc (ex. Forest Carbon Fund Facility โ FCPF โ pilotรฉ par la Banque Mondiale).
Plusieurs principes clรฉs fรฉdรจrent ce mรฉcanisme et sont par ailleurs source dโimportants enjeux politiques, รฉthiques et scientifiques (Karsenty, 2008) : les fuites, lโadditionnalitรฉ, la permanence et la mesure.
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Table des matiรจres
CHAPITRE 1 – INTRODUCTION GรNรRALE
1 CONTEXTE, DรFINITIONS ET CADRE MรTHODOLOGIQUE
2 PROBLรMATIQUES SCIENTIFIQUES
3 OBJECTIFS ET PLAN DU MANUSCRIT
4 RรFรRENCES DU CHAPITRE 1
CHAPITRE 2 – SUIVI DE LA DรFORESTATION EN RรGION TROPICALE
1 CONTEXTE DE LโรTUDE
2 ESTIMATING DEFORESTATION IN TROPICAL HUMID AND DRY FORESTS IN MADAGASCAR FROM 2000 TO 2010 USING MULTIDATE LANDSAT SATELLITE IMAGES AND THE RANDOM FORESTS CLASSIFIER
3 CONCLUSION DE LโรTUDE
4 REFERENCES DU CHAPITRE 2
CHAPITRE 3 โ ESTIMATION DES STOCKS DE CARBONE DANS LE SOL
1 CONTEXTE DE LโรTUDE
2 ESTIMATING TEMPORAL CHANGES IN SOIL CARBON STOCKS AT ECOREGIONAL SCALE IN MADAGASCAR USING REMOTESENSING
3 CONCLUSION DE LโรTUDE
4 REFERENCES DU CHAPITRE 3
CHAPITRE 4 – MODรLISATION DES CHANGEMENTS DโUSAGE DES TERRES
1 CONTEXTE DE LโรTUDE
2 DEFORESTATION, LAND DEGRADATION AND REGENERATION MODELING USING MACHINE LEARNING TOOLS AND GLOBAL
CHANGE DATASET: ASSESSMENT OF THE DRIVERS AND SCENARIOS OF LAND CHANGE IN MADAGASCAR
3 CONCLUSION DE LโรTUDE
4 REFERENCES DU CHAPITRE 4
CHAPITRE 5 โ CONCLUSION GรNรRALE
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