Estimation des paramètres démographiques

Estimation des paramètres démographiques

DISCUSSION

SITUATION DE L’ELEVAGE DE L’ÉCHANTILLON DU FERLO PAR RAPPORT A DES ZONES COMPARABLES

Dans ce paragraphe les données recueillies et traitées seront comparées avec des données types collectées lors d’études antérieures dans des zones similaires auprès de pasteurs. L’intérêt d’une telle comparaison est de situer les valeurs recueillies par rapport à la zone géographique et de repérer les valeurs extrêmes. Si de telles valeurs sont trouvées elles peuvent permettre d’expliquer certains résultats des simulations.
Les tailles de troupeau relevées se situent dans la moyenne d’autres études ayant été réalisées au Bénin, en Gambie, au Niger, au Cameroun ou encore au Burkina-Faso.
La structure sexe-âge des troupeaux peulhs du Ferlo est comparable, tout en étant un peu plus tirée vers des âges élevés, aux données recueillies par Marshall et al. (2010) trouvant 21% de veaux (ici 18,5%), 33% de sub-adultes (29,2% dont 6% de mâles) et 46% d’adultes (51,7% dont 4% de mâles).
Les animaux nés dans le troupeau représentent 92,1% ce qui est proche des études réalisées au Bénin (91,2%) ou en Gambie (85%), montrant le recours limité à l’achat de bovins (Dehoux et Hounsou, 1993).
Concernant la reproduction, le taux de mise-bas global est estimé à 0,58 ± 0,03/ an. Ce taux ce rapproche de ce qui est communément admis en élevage extensif sahélien et confirmé par les études réalisées au Cameroun, , Bénin, Burkina-Faso et Gambie avec des taux respectivement de 52,1 ± 17,1%, 65,4 ± 13,1%, 57,6% et 46,6% (Njoya et al., 1997, Le Masson, 1980). On notera par ailleurs que pour tous les résultats le taux de mise-bas sur cette année passée est supérieur au taux de mise-bas sur la carrière des femelles. Cette différence peut avoir deux origines : celle d’une très bonne année 2010 ayant donné à plus de femelle un état corporel suffisant pour la gestation, ou un problème dans les déclarations des éleveurs sur les nombres de mises-bas totales de leurs femelles. On pourra pencher préférentiellement pour un effet année, comme le montre Le Masson (1980) au Burkina-Faso. Le taux de mise-bas carrière est une succession de creux et de pics tendant vers une moyenne qui n’est pas atteinte chaque année.
Les animaux mort-nés représentent 4,1 ± 1,3% du total des naissances sur l’année passée, ce qui est un taux moyen pour la zone et vis-à-vis des études précédentes (2,6% au Burkina et 3,8% en Gambie).
Le potentiel productif s’établit autour de 0,093/an ce qui est dans la moyenne basse des taux de ce type d’élevage dans cette zone établie entre 11 et 15%.
Le taux d’exploitation global est lui de 0,13±0,09/an, soit pour 1 bovin 11,4% de chance d’être exploité au cours de l’année. Ramené au nombre moyen d’animaux dans le troupeau (45) on exploitera à peu près 5 animaux dans l’année. Ce taux est comparable à ceux
relevés au Cameroun et au Bénin (19,6 ± 13,5 et 11,8 ± 6,5) mais plus élevé qu’en Gambie (0,08/an).
Le taux de mortalité des très jeunes têtes est élevé et significativement supérieur aux données recueillies par les autres études (situant ce taux autour de 20%). Le taux de mortalité des animaux de 1+an est quand à lui dans la moyenne des taux relevés restant inférieur à 10%.
On est donc en présence de données relativement communes aux zones semi-arides où l’on pratique un élevage extensif. Toutefois il faut mettre en relief certains résultats. Ainsi le taux de croit est mauvais malgré une productivité dans la moyenne (même si dans la moyenne basse). Cette productivité n’est pas dopée par les taux naturels (moyens et mauvais) mais par le fort taux de femelles (presque 0,8) présent dans les troupeaux. On compense donc par le nombre de femelles des taux naturels mauvais (surtout taux de mortalité juvénile).

LA TAILLE DU TROUPEAU : UNE DONNEE IMPORTANTE POUR L’ELEVEUR DU FERLO

La structure des troupeaux des petits éleveurs diffère de celle des plus grands. Le fait que les petits troupeaux comportent, en proportion, plus de femelles âgées (8ans et plus) peut traduire un âge de mise en réforme plus élevé. Ayant moins de facilité à renouveler leur noyau de productrice ils garderaient leurs femelles plus longtemps.Le taux d’exploitation, au contraire du taux de croissance trop variable, peut fournir un bon indicateur de la gestion des troupeaux par les éleveurs. Les petits éleveurs pourraient avoir la préférence de garder un maximum d’animaux utile pour l’augmentation numérique de leur cheptel. Et cette différence s’observe d’une part sur le taux d’exploitation des juvéniles et femelles adultes qui est négative chez les plus petits et positives pour les plus grands. Cette génération de produits supplémentaires s’explique par l’entrée de nouveaux animaux (h=0,12/an) et des sorties nulles pour les juvéniles, très faibles pour les femelles de plus de 1an (h=0,086/an). Les petits éleveurs entrent dans une stratégie de stockage des femelles qui ne seront vendues qu’en cas de nécessité financières ou lors d’événements spéciaux (par exemple constitution d’une dot) et se reposent sur la vente des mâles pour créer des liquidités.
Au contraire des petits éleveurs, les plus grands ont moins d’entrées d’animaux (seulement 0,005/an). Ceci, conjugué au sorties d’animaux plus importantes (0,032/an pour les juvéniles et 0,104/an pour les femelles de plus de 1an) explique le taux d’exploitation supérieur à 0 de ces éleveurs ; peut-être moins concernés par l’augmentation rapide de leur cheptel que par son exploitation.
Les taux de mortalité et de reproduction ne sont pas différents entre les 2 groupes d’éleveurs. Cela est il du à une conduite semblable entre troupeaux des petits et grands éleveurs ? On comparera donc, pour répondre à cette question, les pratiques pouvant avoir un impact sur les taux naturels. C’est-à-dire la complémentation, la vaccination et le déparasitage.
6/10 petits éleveurs pratiquent la complémentation contre 10/10 pour les plus grands. Il faut nuancer ces résultats car seul 1 éleveur de chaque groupe complémentera tous ses animaux, les autres se concentrant sur les très faibles, le géniteur et certaines gestantes.Tous les éleveurs indiquent effectuer des campagnes de vaccination annuelles auprès du même auxiliaire vétérinaire, il n’y a donc ici pas de différence.La pratique du déparasitage interne est minoritaire chez les deux groupes d’éleveurs, 2/10 pour les plus petits et 4/10 pour les plus grands. Les animaux ciblés sont uniquement ceux suspectés où avérés infestés. Le déparasitage externe est plus pratiqué 5/10 pour les petits et 6/10 pour les grands mais il est là aussi le plus souvent (hors 3 éleveurs) pratiqué au cas par cas sur certains animaux. On peut donc penser qu’il n’y a pas d’assez grande différence dans les conduites pour conduire à des taux naturels divergeant entre les groupes.

D’AUTRES TYPES D’ELEVEURS

Il se trouve que l’échantillon d’enquêtés est assez homogène et qu’il est difficile d’en faire ressortir de grands groupes d’éleveurs aux paramètres démographiques, et encore plus aux taux naturels différents. C’est pourquoi ce paragraphe tente de montrer des différences de mortalité ou de reproduction entre différents types d’éleveurs (grands types d’éleveurs, comme l’agro-éleveur, l’éleveur effectuant des actes de prophylaxie ou tout simplement suivant sa zone).Dans un premier temps 2 groupes ont été crées suivant le critère de stratification « pratique de l’agriculture » qui a été recueilli au sein du questionnaire campement.Ce groupe se compose de 12 personnes ayant déclarés pratiquer l’agriculture (a différents niveaux d’intensification) et de 8 personnes ayant déclarées ne pas en faire du tout (faute de temps et de main d’oeuvre principalement).Les paramètres démographiques des cheptels des agro-éleveurs et éleveurs purs sont relativement homogènes. Les faibles différences observées ne peuvent être étayées que par des hypothèses. Le taux d’exploitation plus faible, et le taux d’importation plus élevé des agro-éleveurs pourrait être expliqué par des revenus annexes plus importants permettant l’achat de bétail et évitant le déstockage. Ces revenus supplémentaires pourraient donc avoir pour origine la pratique de l’agriculture. Cette hypothèse pourrait être testée par l’étude de la nature des revenus de ces deux groupes. Notons tout de même que différemment de la comparaison de l’effet taille, les taux d’exploitation de ces deux groupes sont supérieurs à 0. La mortalité des juvéniles restes quant à elle ici aussi très élevée.La structure sexe-âge est similaire dans les deux cas. L’âge maximal des mâle est le même (7ans) et le gros des femelles se concentre aux âges de 3 à 8ans.
Dans un second temps on essaie de voir si la zone de rattachement de chaque campement (matérialisée par le forage) influe sur les paramètres zootechniques des troupeaux. Le forage d’Amaly semble se détacher des deux autres sur le critère du nombre de mise-bas sur toute la carrière, avec un chiffre plus élevé. On y note aussi le plus faible taux d’importation et un taux d’exploitation des femelles de loin le plus élevé. Ce forage compte 66% d’agro-éleveurs, ce qui est très supérieurs aux 38% et 37% retrouvés à Téssékré et Windou. Pour ces éleveurs, la sécurité du campement dépendrait moins de la taille de leur cheptel, du fait de leur activité agricole rémunératrice et/ou servant à l’autosubsistance alimentaire. Ils seraient ainsi moins préoccupés par l’augmentation de la taille de leur cheptel et auraient plus de facilités à l’exploiter suivant les besoins.A contrario se trouve le forage de Windou. Ce forage présente le plus faible taux de mise-bas des forages ainsi que le taux de mortalité le plus élevé. On observe aussi le fort taux d’importation de femelles par rapport aux deux autres, qui, combiné à un taux d’exportation dans la moyenne (0,082/an, entre Windou à 0,079/an et Amaly à 0,103/an) des femelles permettent d’enregistrer un taux d’exploitation négatif. On remarque tout de même que ce forage à un taux d’exploitation des mâles 0,20/an supérieur aux deux autres. Cela pourrait être du au fait que pour ces éleveurs que la vente de têtes corresponde à la source principale de revenu. Le forage de Windou, qui ne possède pas plus d’agro-éleveur, exploite pourtant moins ces mâles avec 28 départs contre 34 pour le forage de Téssékré.La 3ème comparaison se fait autour du déparasitage des animaux par les éleveurs. On distingue les éleveurs n’effectuant aucun déparasitage (n=6) de ceux effectuant un déparasitage interne et/ou externe (n=14). Il est à noter que tous les éleveurs indiquent effectuer de régulières vaccinations de leurs bêtes. Concernant les taux naturels (taux de reproduction, de mortalité) on ne peut observer de fortes différences. Pour le taux de reproduction carrière la différence n’est pas significative (p=0,29). Il en est de même pour le taux de mortalité, où l’effet du déparasitage semble nul. Cela peut s’expliquer car les éleveurs ne réalisent pas de campagnes élargies à tous leurs animaux mais se concentrent sur ceux montrant une forte infestation (principalement tiques et strongles). Ils peuvent alors passer à côtés d’animaux infestés mais ne présentant pas de troubles cliniques.
Pour trouver de la variabilité sur les paramètres démographiques on décide de crée une typologie basée sur ces mêmes paramètres. C’est ainsi que 3 essais ont été fais en typant des éleveurs suivant : le taux de mortalité, le taux de mise-bas et le taux d’exploitation. Là aussi les groupes ont été fais pour obtenir assez d’individus dans chacun avec un écart suffisant dans les valeurs fixées.
Lorsqu’on fait varier le taux de mise-bas on n’observe pas de différence significative sur le taux de mortalité. Tout comme lorsqu’on fait varier le taux de mortalité le taux de mise-bas reste proche entre les deux groupes. Lorsque le taux d’exploitation varie on observe seulement une petite variation des taux naturels.
Quel que soit le groupe pour le type d’éleveur basé sur le taux de mise-bas on obtient des valeurs supérieures à 0.50/an. Soit un taux relativement corrects pour la zone (proche d’un vêlage tous les deux ans). Lorsqu’on compare les groupes selon la typologie basée sur le taux de mortalité on trouve des taux variant entre le très fort et le fort. Par exemple la mortalité variant de 24% à 39% pour les juvéniles suivant le groupe reste une valeur élevée.

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Table des matières

RÉSUME 
Abstract 
Table des figures

Table des tableaux
INTRODUCTION 
1. CONTEXTE
1.1. Un pays sahélien : le Sénégal
1.2. Le Ferlo, lieu du pastoralisme sénégalais
1.3. Le projet ECLIS
2. Matériel et méthodes
2.1. Réalisation de l’enquête et exploitation des données démographiques
2.2. Simulations de divers scénarios de temps de reconstitution de cheptel après une crise
3. Résultats 
3.1.1. Estimation des paramètres démographiques
3.1.2. Données globales sur les troupeaux
3.1.3. Structure sexe-âge des troupeaux
3.1.4. Taux de mise-bas
3.1.5. Taux de sortie
3.1.6. Taux d’entrée
3.1.7. L’exploitation des troupeaux
3.2. Comparaison des paramètres démographiques suivant la taille des troupeaux
3.2.1. L’importance de la taille du cheptel pour l’éleveur
3.2.2. Structure sexe-âge
3.2.3. Taux de mise-bas
3.2.4. Taux de mortalité
3.2.5. Taux d’exploitation
3.2.6. Entrées et sorties d’animaux
3.2.7. Autres facteurs de variation et Paramètres démographiques indicateurs
3.3. Simulation des dynamiques démographiques des troupeaux (temps de reconstitution, production) après un choc climatique (sécheresse)
3.3.1. Résultats des simulations
4. Discussion 
4.1. Situation de l’elevage de l’echantillon du ferlo par rapport a des zones comparables
4.2. La taille du troupeau : une donnée importante pour l’eleveur du ferlo
4.2.1. D’autres types d’eleveurs
4.3. L’impact des taux naturels sur le temps de reconstitution d’un cheptel, des valeurs inegales
4.3.1. Les Indicateurs de résilience
4.3.2. Influence des taux naturels sur les indicateurs de résilience
4.4. Conclusion
Bibliographie
Annexes

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