Essais de diversification des cultures maraicheres : courgette, haricot et petsai

Le changement climatique constitue actuellement un enjeu mondial. Les dangers liés au climat influent sur la vie des pauvres directement par la perturbation des moyens de subsistance, la réduction des rendements des cultures, la destruction des habitations et indirectement par l’aggravation de l’insécurité alimentaire (Christopher et al., 2014). Ce phénomène se manifeste à Madagascar notamment par des fréquentes perturbations cycloniques de forte intensité pouvant conduire les ménages ruraux dans des niveaux de vulnérabilité critiques (Andriambolatiana et Randriamampianina, 2013). Le changement climatique est à l’origine des inondations, des ensablements des rizières, des pertes de production agricole affectant principalement la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions de l’ile.

La Région Atsimo Atsinanana est une zone dotée d’une forte potentialité agricole (Ramilisoa, 2009). Les cultures de rentes comme le café, le girofle et le poivre y trouvent les conditions climatiques favorables à leur développement. Les arbres fruitiers tropicaux aussi sont en abondance notamment le litchi à cause du climat qui leurs sont favorables. La pratique de maraîchage est marginale n’occupant qu’une faible surface (Ranaivoson, 2016). Cependant, cette région est classée vulnérables aux aléas climatiques. Ces derniers sont souvent à l’origine d’une insécurité alimentaire. La période structurelle de soudure dure 6,4 mois par an, ce qui est élevée comparé à la moyenne nationale qui est de 5 mois par an (PAM, 2007 ; Randriamiandrisoa et Ballet, 2014). Par ailleurs, la Région se trouve dans une situation de vulnérabilité par rapport à l’accès aux nourritures. Environ 4 ménages sur 10 risquent de se trouver en situation de difficulté alimentaire en cas de choc (FAO/PAM, 2016).

Le régime alimentaire des populations de la région est très déséquilibré, insuffisant tant en quantité qu’en qualité. Il est à base de féculents entre autres le manioc et le riz. La consommation de légumes demeure peu fréquente de l’ordre de 1,5 fois par semaine (Ranaivoson, 2016) ce qui est relativement faible comparé au cas des ménages urbains d’Antananarivo dont la fréquence moyenne de consommation est de 3 à 4 fois par semaine (Razafiarisoa et al., 2009). La principale raison expliquant ce faible niveau de consommation de légumes est le faible développement des cultures maraîchères. Ces dernières demeurent marginales et peu diversifiées. Elles n’occupent que des superficies restreintes au niveau des exploitations agricoles et sont constituées principalement de légumes feuilles (Ranaivoson, 2016). La diversification des cultures maraîchères avec l’introduction de nouvelles espèces de légumes permettrait certainement aux populations locales d’améliorer leur régime alimentaire. En effet les légumes apportent des minéraux et des vitamines pour surmonter la malnutrition notamment chez les enfants (Ed et al., 2008).

A part ces constats, la tradition locale demeure très marquée dans la région surtout au niveau du genre. Les femmes ne peuvent pas assister aux discours traditionnels (Razafindravamananjara, 2008). Les hommes ont encore une place privilégiée au sein de la famille notamment sur la quantité de nourriture alors que les femmes et les enfants n’en reçoivent qu’une faible part. La question de genre se ressent au niveau des ménages et des exploitations agricoles. La culture maraîchère est une activité des femmes. Les travaux liés aux maraîchages sont en majorité faits par les femmes et les enfants (Ranaivoson et Ravelombola, 2016).

Ces différents contextes ont justifié le choix de la Région Atsimo Atsinanana pour le projet NutriHAF. Ce projet a été mis en œuvre dans le District de Farafangana, Commune rurale Mahabo Mananivo, Fokontany Ankarimbelo. L’objectif assigné à ce projet porte sur l’amélioration de l’équilibre alimentaire de la population locale en diversifiant les cultures maraîchères dans les systèmes multi-étages des différents terroirs existant localement. Ce projet est financé par le Ministère Allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture (BMEL). La coordination locale et la mise en œuvre des activités sont assurées par le FOFIFA.

Matériels et méthodes

Matériels

La zone d’étude
L’expérimentation a été mise en place dans le Fokontany Ankarimbelo, Commune rurale de Mahabo Mananivo, District de Farafangana, Région Atsimo Atsinanana. Le fokontany est limité au Nord par la rivière Menantsimba et la Réserve Spéciale de Manombo, à l’Est par l’Océan Indien, au Sud par la réserve d’Agnalazaha et à l’Ouest par le Fokontany Lohagisy et la route nationale RN 12. Il est situé entre 23°07’ et 23° 09’ de latitude Sud et 47°43’ et 47°45’ de longitude Est.

Les contextes agro climatiques

Le relief et le régime hydrique
La zone d’Ankarimbelo est constituée en grande partie par des collines (tanety et roja), des vallées (horaka) et d’étroite zone alluvionnaire le long du fleuve Menatsimba. Les collines et les plateaux sont caractérisés par des sols ferralitiques rajeunis, lessivés par les eaux de ruissellement (ONE, 2006).

Les collines sont constituées de sols ferralitiques fortement désaturés et pauvres en bases et en phosphate (P2O5) assimilable lorsque les sols sont dégradés (Lentier et Martin, 2004). La culture du manioc expose les sols des collines à de risques important d’érosion. Le réseau hydrographique de la zone est dense. La rivière Menantsimba présente un débit constant toute l’année. Elle dépose des alluvions sur l’étroite bande de terre qui bordent son lit du côté d’Ankarimbelo .

Le climat et la végétation

Le climat :
La Région Atsimo-Atsinanana est soumise à un climat de type tropical humide à hiver et été australs chauds. L’influence de l’anticyclone Sud-Ouest de l’Océan Indien apporte de fortes précipitations dépassant annuellement 1500 mm, pour un nombre de jours de pluie annuel variant entre 140 et 175 jours (MAEP, 2003 et Guegan J et al., 2009).

La température et la pluviométrie moyenne durant l’année sont respectivement de 23,21 °C et 164,48 mm. La température maximale se situe en mars (24,9 °C) et le minima en Août (21,13°C). Pour la pluviométrie, le maxima est le mois de mars (259,01 mm) et le minima en septembre (74,62 mm). La pluviométrie annuelle est de 1973,82 mm.

Par ailleurs, selon les périodes culturales des paysans dans la zone, la saison se divise comme suit :
– une saison des pluies correspond à l’été austral. Elle dure 6 mois de décembre en mai caractérisée par les températures les plus chaudes et de fortes précipitations. La saison des pluies est la principale saison de culture du riz, dit riz vatomandry cultivé entre janvier et mai du repiquage à la récolte.
– un hiver austral correspond à une saison plus douce et moins pluvieuse. Elle dure de juin à novembre. C’est la période de la contre-saison pendant laquelle le riz appelé vary hosy est cultivé (juin à novembre).

La végétation :
La végétation de la zone est constituée de forêts primaires dans les réserves et de forêts secondaires à Ravenala sur les collines. Les végétations de marais à Viha ou Plante aux oreilles d’éléphant (Typhonodorum lindleyanum), et le Zozoro (Cyperus madagascariensis) dominent les zones marécageuses dans les vallées et au bord de la rivière Menatsimba.

La situation de l’agriculture et de l’horticulture de la région

La région Atsimo Atsinanana possède plusieurs atouts à cause de son climat tropical chaud, sa pluviométrie, son hydrologie et la qualité de son sol. C’est une zone favorable aux cultures vivrières, de rentes, maraîchères, fruitières et industrielles (Andriamparany, 2009). Elle se trouve en deuxième position après la Région Analanjirofo parmi les zones productrices de girofle, la culture du poivre fait également sa renommée (Andriamahafaly, 2016). En termes de cultures vivrières, le manioc est le plus cultivé en termes de superficie (52,26%), puis vient la culture du riz (39,64%) (ONE, 2006).

La possession des jardins de case (zolika) à proximité de la maison est fréquente dans la zone. Des fruits et légumes y sont cultivés, ce qui joue un rôle relativement important dans la diversification alimentaire de la population. Les exploitants agricoles cultivent aussi les légumes sur les bas de pente de tanety (roja), ou sur les bords des rivières. Ces légumes permettent à certains ménages de diversifier leur revenu agricole grâce à des ventes hebdomadaires. Les cultures maraîchères sont souvent prises en charge par les enfants et les femmes. Les jardins de case sont en grande partie occupés par des arbres fruitiers pérennes qui jouent en même temps le rôle d’arbres d’ombrage. Les villages sont souvent cachés au milieu de ces arbres caractérisant la Région. La récolte au niveau des jardins de case ressemble à des cueillettes ordonnées répondant aux besoins de la population. Les arbres fruitiers pérennes, à savoir les manguiers, les jaquiers, les arbres à pain, les litchis, sont souvent associés avec les cultures pérennes de rente comme le café et le girofle. Certains fruits, gros et abondants, comme le jaque et le fruit à pain sont classés comme aliments de base avec le manioc en période de soudure.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. Matériels et méthodes
I.1 Matériels
I.2 Méthodologies
II. Résultats et interprétations
II.1 Résultats des relevés climatiques
II.2 Résultats sur la capacité d’adaptation des cultures selon les pratiques et les variétés
II.3 Résultats selon l’approche genre
III. Discussions et recommandations
III.1 Discussions
III.2 Recommandations
Conclusion
BIBLIOGRAPHIES

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