Soutenance mémoire
Une haute potentialité géographique permet à des pays tropicaux d’être de grands pays d’agriculture favorable pour une large gamme de production agricole. Pour le cas de Madagascar, la plupart des produits agricoles sont destinés tout d’abord à la consommation des ménages constituant la demande locale, ensuite à l’exportation de produits à l’état plus ou moins transformés (Andriamiharisoa, 2017). Toutes les régions de l’Île présentent des potentialités propres, mais la Région Atsimo Atsinanana attire particulièrement l’attention en étant favorable aux cultures vivrières, de rente, industrielles et maraîchères (VPEI , 2010).
Malgré le potentiel du secteur agricole, la population malgache n’arrive pas à subvenir à ses besoins alimentaires (Andriamiharisoa, 2017). La Région Atsimo Atsinanana figure parmi les plus vulnérables vis-à-vis de l’insécurité alimentaire à Madagascar (Tolojanahary, 2017). Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) rapporte en 2007 que 48% des ménages du Sud-Est littoral sont en situation d’insécurité alimentaire , et 5% en situation d’insécurité alimentaire sévère . Le Fokontany de Karimbelo fait partie de cette zone précaire, et figure parmi les sites où le Welt Hunger Hilfe (WHH) en collaboration avec le Département des Recherches Agronomiques du FOFIFA (FOibem-pirenena FIkarohana ampiharana amin’ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra) œuvrent dans l’amélioration de l’alimentation de la population locale via le projet « NutriHAF » .
Si l’on se réfère aux cultures du riz, cette zone présente deux périodes de soudure dans l’année que l’on peut définir comme la période entre l’épuisement des stocks de riz et la nouvelle récolte. L’une, d’octobre à décembre, a lieu avant la récolte du riz d’inter-saison, le Vary Hosy. L’autre période de soudure, de mars à mai, se situe avant la récolte du riz de saison, dit Vary Vatomandry. Cette période est la plus difficile pour la plupart des exploitants agricoles, seuls le fruit à pain et le jaque font office de féculents dans les régimes alimentaires (Guegan et al., 2009).
La structure de l’apport en calories de la population locale se caractérise par 83% d’origine glucidique, 5% d’origine lipidique et 12% d’origine protidique. Cette distribution accuse un important déséquilibre au regard de la norme qui fixe l’énergie glucidique de 50 à 60%, lipidique de 28 à 38% et protidique de 15 à 30% (Ravelombola, 2016). La population présente des carences en micronutriments (Vitamine A, Vitamine B9, et Vitamine C, Calcium et Fer) s’expliquant par la faible consommation des aliments riches en ces éléments. Certes, la population locale consomme des fruits tels que la banane (Musa sp., MUSACEAE), le litchi (Litchi chinensis ou Litchi sinensis, SAPINDACEAE), le « vontaky » (Strychnos spinosa, LOGANIACEAE) et la goyave (Psidium guajava, MYRTACEAE) mais ceci reste irrégulier et dépendant des saisons.
Les produits maraîchers contiennent des nutriments cependant, la notion de genre doit être prise en compte étant donné que leur production est encore régie par le facteur genre (Tojonirina Tanjona, 2017). L’homme joue un rôle important dans l’amélioration de la vie familiale et dans le développement en général. Il est habituellement le chef de famille et est le premier responsable au niveau du ménage. Il y a cependant des femmes chefs de ménage qui jouent les mêmes rôles. Les ménages dirigés par des femmes fonctionnent bien mais certaines difficultés existent et sont souvent liées à des problèmes de l’environnement, aux us et coutumes de la région (Ramilisoa, 2006).
Des études sur les cultures maraîchères au niveau du Fokontany de Karimbelo ont été réalisées suivant différents terroirs mais les cultures sous ombre ont été détruites par les animaux d’élevage et celles à ciel ouvert n’ont pas abouti à des résultats concluants à cause de l’exceptionnelle sècheresse de l’année considérée pour ces travaux. Ainsi, une expérimentation visant la diversification des cultures maraîchères dans la zone a été menée. La problématique est de savoir : «Comment les différentes espèces et variétés de légumes considérées s’adaptent elles dans le Fokontany de Karimbelo ? ».
Le principal objectif de l’étude est d’analyser la capacité d’adaptation des cultures maraîchères. Les objectifs spécifiques sont de :
– déterminer les différents degrés d’adaptation des cultures maraîchères (pe-tsaï, courgette, haricot et tomate) ainsi que ceux des variétés localement utilisées et introduites (pe-tsaï Chanvre vert et Victory F1; courgette Vanga fotsy et Non coureuse d’Italie; haricot Ran’omby et FOFIFA Vangamena et tomate Kadà et Lavalava);
– étudier l’impact du facteur genre sur la production;
– analyser la rentabilité des variétés de légumes étudiés.
La présente étude repose sur trois hypothèses selon lesquelles :
– Hypothèse 1 : Les variétés sont susceptibles d’influencer la capacité d’adaptation des légumes. Selon Bouharmont (1994), la rusticité, la résistance aux ennemis de culture et la production diffèrent suivant les variétés.
– Hypothèse 2 : Le facteur genre influe sur la production, car selon la FAO (2013), les hommes et les femmes ont des perspectives et des connaissances différentes sur l’agriculture compte tenu de leurs rôles respectifs, de leurs tâches, de leurs responsabilités et de la répartition du travail.
– Hypothèse 3 : La productivité du travail d’une variété de légume peut déterminer sa rentabilité, en considérant que la culture des légumes en général exige une quantité de travail importante (BNDA , 2015).
Une brève présentation de la zone d’étude
Délimitation de la zone d’étude
Le Fokontany de Karimbelo figure parmi les zones d’intervention du WHH avec le projet NutriHAF. Il fait partie de la Commune rurale de Mahabo Mananivo, District de Farafangana, Région Atsimo Atsinanana. Le Fokontany est limité au Nord par la rivière Menantsimba et la Réserve Spéciale de Manombo, à l’Est par l’Océan Indien, au Sud par la réserve d’Agnalazaha et à l’Ouest par le Fokontany de Lohagisy. Le Fokontany de Karimbelo se situe entre les latitudes Sud 23°07’ et 23° 09’ et les longitudes Est 47°43’ et 47°45’.
Un climat tropical chaud et humide
La Région Atsimo Atsinanana est dotée d’un climat chaud et humide (FAO et PAM, 2013). La région est fréquemment touchée par les cyclones et autres cataclysmes naturels.
La zone présente un climat tropical humide (été chaud et humide ; hiver doux et moins pluvieux) avec deux périodes distinctes : une période perhumide (P>2T et P>100 mm par mois) qui s’étend de décembre à juillet ; et une période humide (P>2T et P<100 mm par mois) d’août à novembre. Le maximum de précipitations est observé au mois de mars avec une moyenne mensuelle de 321,54 mm tandis que le minimum est en septembre avec une moyenne mensuelle de 69,68 mm. L’abondance des pluies et les pics observés entre le mois de janvier et mars correspondent aux périodes cycloniques. La température maximale se situe au mois de mars avec une valeur de 24,81°C et la température minimale se situe au mois d’août avec une valeur de 21,13°C.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. MATERIELS ET METHODES
1. 1. Matériels
1. 2. Méthodologie
2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
2. 1. Des relevés climatiques supérieurs aux moyennes sur 20 ans
2. 2. Des variétés de légumes avec des capacités d’adaptation diversifiées
2. 3. Des quantités de travail importantes
3. DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
3. 1. Des conditions de culture contraignant la physiologie des plantes
3. 2. Le facteur genre : les prises de décisions et leur impact sur la production
3. 3. Des productivités de travail diversifiées
3. 4. Limites de l’expérimentation
3. 5. Recommandations et perspectives
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LISTE DES ANNEXES
ANNEXES
