La performance économique est une des priorités les plus importantes des décideurs d’aujourd’hui. Elle est l’indicateur principal de la richesse et de la prospérité des pays. Malheureusement, les outils et les cadres utilisés de nos jours pour mesurer cette performance économique ne tiennent pas compte des composants critiques de la richesse. C’est particulièrement le cas de l’énorme valeur économique que procurent les écosystèmes et la diversité biologique qui les sous-tend (CDB, 2014). Une activité économique durable prend en compte l’évolution dans le temps du capital naturel et du capital physique pour les générations présentes et à venir (Tietenberg et al., 2013). Le capital naturel comprend les biens naturels de la Terre (le sol, l’air, l’eau, la faune et la flore), et les services écosystémiques qui en résultent et qui rendent la vie humaine possible. Les biens et services écosystémiques issus du capital naturel représentent une valeur équivalente à plus de mille milliards de dollars américains par an et constituent nourriture, fibres, eau, santé, énergie, sécurité climatique et aussi d’autres services essentiels à tous. Ni ces services ni le stock de capital naturel qui les fournit ne sont adéquatement évalués comparé au capital social et financier. Bien que fondamentaux à notre bien-être, leur usage quotidien demeure quasiment inaperçu au sein de notre système économique. Or une telle utilisation du capital naturel n’est pas durable. Le secteur privé, les gouvernements, chacun d’entre nous, doivent de plus en plus comprendre et être en mesure de justifier notre utilisation du capital naturel, et reconnaître le coût réel de la croissance économique et de la préservation du bien-être humain aujourd’hui et demain. Ainsi, il est nécessaire de considérer les richesses naturelles dans les comptes nationaux d’un pays pour avoir une idée précise des impacts des activités économiques sur la population (CDB, 2014).
Plusieurs réunions internationales recommandent l’utilisation de la comptabilité du capital naturel. Le Sommet de Rio en 1992 a évoqué son utilité (UN, 1992). La conférence des parties de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) en 2010 a recommandé sa mise en place dans les pays avant 2020 (CDB, 2014). Le Sommet des pays de l’Afrique Australe ont émis la nécessité de disposer de comptes nationaux du capital naturel en 2012 (Déclaration de Gaborone). De son côté, le comité d’experts des Nations-Unies sur la comptabilité environnementale économique (UNCEEA) a mis en place les bases d’une comptabilité environnementale économique (SEEA).
La comptabilité du capital naturel donne une vue d’ensemble de la situation et de l’évolution des richesses naturelles d’un pays entre deux dates. Elle permet une compréhension générale des changements de l’état de l’écosystème associés aux activités anthropiques (Weber, 2014). Ceci devrait permettre aux décideurs de réorienter les activités économiques afin de les rendre durables. En effet, malgré les données et les différentes études existantes, les connaissances et les informations que l’on possède sur l’évolution à moyen ou à long terme de l’écosystème restent fragmentaires et non reliées entre elles (Weber, 1987). Les comptes du capital naturel se déclinent en général en comptes biophysiques et comptes monétaires. Les comptes biophysiques font l’inventaire physique des différentes composantes de la biodiversité. Les comptes monétaires transcrivent les éléments des comptes précédents en termes monétaires. Ce qui permet d’estimer les valeurs économiques de chaque composante. Cette étude ne parle que des comptes biophysiques et la méthodologie comptable adoptée est celle proposée par le SEEA-ENCA.
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE ET SITUATION ADMINISTRATIVE
La NAP Antrema se situe dans l’ex-province de Majunga, Région Boeny, dans la Commune rurale de Katsepy, du District de Mitsinjo et du Fokontany d’Antrema. Elle se trouve à 12 km de la ville de Katsepy, entre 15°42’ à 15°50’ de latitude Sud et 46° à 46°15’ de longitude Est. Elle est limitée au Nord, par le canal de Mozambique et par l’estuaire de Betsiboka, au Sud, par le Delta de la Mahavavy (Carte 1). Elle s’étend sur une superficie de 20620 ha dont 1000 ha de réserve marine, (REBIOMA, 2010). C’est une Aire Protégée de catégorie VI selon l’UICN, nouvellement créée en 2015 selon le décret 2015/712. La limite de la NAP coïncide à la limite administrative du « Fokontany ».
MILIEU PHYSIQUE
Climat
La nouvelle aire protégée d’Antrema est soumise à un climat tropical sec de type bioclimatique subhumide chaud (Morat, 1973). Elle est notamment caractérisée par la présence de deux saisons bien distinctes :
– la saison sèche et fraîche, qui s’étend de Mai jusqu’à Octobre ;
– la saison humide et chaude, caractérisée par des pluies abondantes s’étalant de Novembre à Avril.
De 2004 à 2014, la température moyenne est de l’ordre de 27°C. La moyenne des températures minimales est de 22,23°C et celles des maximales de 32,03°C. La saison la plus chaude est située entre Novembre et Avril avec un pic au mois de Novembre, qui correspond au mois le plus chaud, où la température maximale mensuelle peut monter jusqu’à 33,3°C. La température minimale mensuelle se localise au mois d’Août, correspondant au mois le plus froid, avec une valeur pouvant baisser jusqu’à 18°C.
De 2004 à 2014, la pluviosité moyenne annuelle est de 1267 mm et présente une répartition inégale dans le temps. La saison sèche qui se situe d’Avril à Octobre est très marquée, avec une précipitation mensuelle d’environ 12,3 mm en 2004 et 3,57 mm en 2014. La précipitation mensuelle la plus élevée se rencontre en janvier avec 863,1 mm en 2004 et 501,9 mm en 2014.
MILIEU BIOLOGIQUE
Flore et végétation
La NAP Antrema fait partie du Domaine de l’Ouest de Madagascar (Humbert, 1965) et incluse dans la zone éco floristique de basse altitude (Rajeriarison et Faramalala, 1999). La végétation climacique est une forêt dense sèche caducifoliée de la série à Dalbergia, Hildegardia et Commiphora (Humbert, 1965). Du fait de la variation pédologique et topographique dans la NAP, elle abrite une multitude d’écosystèmes, à savoir des forêts denses sèches caducifoliées, mangrove, végétation de plage, savanes, marais et lacs continentaux (DBEV, 2009). Les forêts denses sèches caducifoliées sont des forêts pluristratifiées avec 3 strates dont une strate inférieure, une strate moyenne et une strate supérieure, respectivement de 0 à 3m, 3 à 6m et 6 à 9m de hauteur. Suivant le substrat, elles sont de deux types (Petit, 1995) :
– Les forêts denses sèches sur sols ferrugineux qui sont des formations basses, de 8 m de hauteur, à voûte semi-ouverte, qui ne possèdent pas de tapis herbacé, de fougères et des mousses ;
– Les forêts denses sèches sur sables dunaires qui sont des formations assez fermées et d’une hauteur maximale de 9m, caractérisées par l’absence de tapis graminéen.
Les espèces rencontrées dans la NAP ont des caractères d’adaptations biologiques au milieu sec dont les plus remarquables sont la caducité du feuillage (totale ou partielle) et la crassulescence-succulence foliaire. La crassulescence est souvent associée à l’aphyllie, c’est-àdire que la plante est dépourvue de feuilles mais présentant une tige verte et charnue (cas de Vanilla madagascariensis). Sur le plan floristique, la NAP Antrema est très riche avec 220 espèces qui se répartissent dans 170 genres et 72 familles. Parmi ces espèces, 74,29 % sont endémiques de Madagascar (Association Reniala, 2016).
Faune
D’après les données obtenues à partir des travaux des équipes nationales et étrangères depuis 1998, cette péninsule abrite un grand nombre d’espèces fauniques (Roger et al., 2000). On note surtout la diversité de certains taxa comme les Primates, les Micromammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Amphibiens et les Insectes :
– 5 espèces de Primates endémiques de Madagascar ont été trouvées dans la NAP Antrema. Ce sont Propithecus coronatus, Eulemur mongoz, Eulemur fulvus rufus, Microcebus murinus et Lepilemur aeechii.
– 4 espèces de Micromammifères ont été recensées, à savoir Tenrec ecaudatus, Rattus rattus, Setifer setosus et Suncus madagascariensis (Association Reniala, 2016).
– Environ 75 espèces d’Oiseaux ont été enregistrées.
– 26 espèces de Reptiles dont Sanzinia madagascarensis, Phelsuma madagascarensis, Liophidium torquatum, Leioheterodon madagascarensis, Acrantopis dumerlii et Crocodylus nilotycus (Association Reniala, 2016).
– 5 espèces d’Amphibiens dont Boophis tephraeomystax, Heterixalus luteostriatus…
– 51 espèces de poissons appartenant à 32 Familles ont été recensées dans la NAP comme Arius madagascariensis, Paratilapia sp.… (Association Reniala, 2016).
– De nombreux invertébrés aquatiques et terrestres comme les Mollusques, les Crustacés…
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : MILIEU D’ETUDE
I. Localisation géographique et situation administrative
II. Milieu physique
II.1. Climat
II.2. Géologie et pédologie
II.3. Hydrographie
III. Milieu biologique
III.1. Flore et végétation
III.2. Faune
III.3. L’homme et ses activités
PARTIE II : MATERIELS ET METHODES
I. Données de base utilisées
II. Méthodes de collecte de données
II.1. Etude bibliographique
II.2. Visite d’institutions
II.3. Enquêtes
III. Méthodes de calcul des comptes
III.1. Comptes de l’eau écosystémique
III.1.1. Bilan de base
III.1.2. Indice d’intensité d’utilisation et de sante écosystémique
III.1.2.1. Intensité d’utilisation
III.1.2.2. Indice du changement de l’état de santé de l’eau
III.2. Comptes fonctionnels de l’infrastructure écosystémique
III.2.1. Unité paysagère socio-écologique (UPSE)
III.2.2. Stocks des rivières
III.2.3. Potentiels écosystémiques accessibles
III.2.3.1. Stocks des potentiels écosystémiques nets du paysage
III.2.2.2. Stocks des potentiels écosystémiques nets des rivières
III.2.3. Intensité d’utilisation et de santé écosystémique
III.2.3.1 Intensité d’utilisation
III.2.3.2. Indice de changement de l’état de santé de l’écosystème
PARTIE III : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. Compte de l’eau écosystemique
I.1. Bilan de base de la ressource en eau écosystémique
I.2. Compte de la ressource en eau écosystémique accessible
I.3. Compte de l’utilisation totale de l’eau
I.4. Intensité d’utilisation et de santé de l’eau écosystémique
I.5. Interprétation générale du compte de l’eau
II. Comptes des services fonctionnels de l’infrastructure écosystemique
II.1. Les comptes de base de la couverture des terres et des systèmes de rivières
II.2. Comptes du potentiel de l’infrastructure écosystémique accessible
II.3. Comptes d’accès aux services fonctionnels de l’infrastructure écosystémique
II.4. Indices d’intensité d’utilisation et de santé de l’écosystème
II.5. Interprétation générale du compte fonctionnel de l’infrastructure écosystémique
PARTIE IV : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
I. Discussions
II.Recommandations
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES