La pauvreté représente un très grand danger pour Madagascar. L’écart croissant entre les riches en minorité et les pauvres en majorité s’élargit au même rythme que l’insécurité et la criminalité. La pauvreté provoque d’innombrables conséquences néfastes à la vie humaine surtout dans les Pays en voie de développement comme Madagascar. Avec la situation de crise que Madagascar traverse depuis 2009, l’impact de la pauvreté s’est renforcé au niveau des ménages. La pauvreté diminue la capacité des ménages à contribuer à la croissance économique et renforce le sous-développement. Les économistes ont la lourde responsabilité de proposer des solutions pour lutter contre ce fléau.
Un des premiers des objectifs du millénaire pour le développement est la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim d’ici 2015. Malgré les efforts de l’État et des organismes internationaux, la pauvreté persiste et s’aggrave pour Madagascar. Avec l’arrivé de la crise financière mondiale et de la crise politique de 2009, la situation de pauvreté a pris une grande ampleur pour la grande île. Le pays présente une grande difficulté dans la poursuite des objectifs du millénaire pour le développement. Cela nous pousse à interroger la pertinence et l’efficacité de ces politiques nationales et stratégies internationale de lutte contre la pauvreté appliquées dans les PED et en particulier à Madagascar.
Essai de cadrage du concept de pauvreté
Ce sont les pays les moins avancés qui subissent le plus du phénomène de pauvreté. Madagascar fait partie des pays les plus pauvres du monde. L’économie du pays se dégrade de plus en plus au cours de l’histoire et le niveau de vie de la population ne cesse de baisser. Cette situation nous pousse à examiner les caractéristiques de la pauvreté afin de mieux élaborer des stratégies de lutte.
Définitions de la pauvreté
Il existe une multitude de définition de la pauvreté selon les approches adoptées. On peut définir la pauvreté comme une situation où un individu ne dispose pas de ressources nécessaires pour assurer sa survie, de se procurer un logement, et de participer aux activités jugées normales dans une société donnée. La définition de la pauvreté diffère selon la situation économique du pays considéré. S’agit-il d’un pays développé ou d’un pays en voie de développement, ou encore d’un pays à revenu intermédiaire. On est confronté au problème de définition de la pauvreté. Elle diffère selon le type de société dans laquelle on se trouve et aussi selon le type d’approche que l’on adopte.
Définition économique de la pauvreté
Pour une définition économique de la pauvreté, elle est analysée selon les variables économiques, notamment monétaires. En général, on analyse le revenu de l’individu. Dans ce cas, on définit un seuil de pauvreté que l’on sert de base de référence pour juger qu’un individu est pauvre ou non. Le seuil de pauvreté est un revenu minimal en dessous duquel, un individu ou un ménage est considéré comme pauvre. Dans cette hypothèse, la personne ne peut satisfaire ses besoins fondamentaux avec son revenu, donc il est considéré comme pauvre. En 2002, le seuil de pauvreté à Madagascar était de 197 600 Ar. En 2010, le seuil de pauvreté est passé de 468 800 Ar. « Est classé comme pauvre, tout individu dont la contrevaleur monétaire de ses consommations annuelles est en dessous du seuil de 468 800 Ar, relativement aux prix pratiqués dans la capitale » .
Cette mesure de la pauvreté relève donc du concept de pauvreté absolu et se distingue donc du concept de pauvreté subjective. Dans la perspective absolue, on utilise un seuil de pauvreté unique au niveau national. Pour assurer la comparabilité temporelle, ce seuil est la mise à jour de celui de l’année 2005, par le taux d’inflation dans la capitale. De ce fait, tout individu dont le revenu est inférieur à cette somme est considéré comme pauvre. Il s’agit d’une approche unidimensionnelle de la pauvreté monétaire pour définir l’état de pauvreté.
Définition sociale de la pauvreté
D’un point de vue social, une personne est considérée comme pauvre si elle n’arrive pas à participer aux activités de la société et privée du bien être social due aux manques de ressources. Il s’agit d’une approche en termes d’exclusion. Le concept d’exclusion sociale relève d’un sentiment subjectif : la personne se sent exclu de la communauté où il vit. Cela peut se révéler par des considérations objectives : la personne ne participe pas à la vie économique, politique ou sociale. La personne est exclue des réseaux d’entraide et de solidarité. Il s’agit d’une approche multidimensionnelle de la pauvreté qui, à part le revenu, prend d’autres critères pour définir l’état de la pauvreté d’un ménage ou d’un individu. Les autres critères sont : la santé, l’éducation, l’accès à la nourriture, au logement et aux autres biens et services non alimentaires comme les services sociaux. Le seuil de pauvreté absolu se base sur les besoins vitaux à satisfaire, il s’agit du nombre de calories par jour. Une ration alimentaire de 2133 kilo calories par jour est censée être le minimum pour entretenir une vie normale et active. L’INSTAT par son enquête périodique auprès des Ménages (EPM), affirme que : « on définit par pauvre toute personne qui se trouve dans un état de privation se manifestant par l’impossibilité de subvenir aux besoins alimentaires quotidiens de 2 133 Kilocalories. A ce seuil de pauvreté alimentaire vient s’ajouter un seuil de pauvreté non alimentaire étant donné qu’une personne doit aussi subvenir à des besoins essentiels qu’alimentaires » . La précarité est caractéristique de la pauvreté persistante. Dans un contexte de crise, on désigne les « nouveaux-pauvres », ceux qui sont victimes de la conjoncture économique notamment le chômage et les licenciements. L’analyse multidimensionnelle de la pauvreté se réfère aux capacités de l’individu à s’intégrer dans la société où il vit. Il s’agit là des capacités humaines, socioculturelles et politiques. Les capacités humaines se référent au niveau d’éducation, à la santé, à l’accès à la nourriture et au logement. La capacité socioculturelle se rapporte à la considération sociale de l’individu, son statut envers les autres membres de la société. La capacité politique se base sur le droit et le devoir en tant que citoyen.
Approche objective et approche subjective de la pauvreté
En effet, il existe deux approches pour définir la pauvreté :
✔ l’approche objective
✔ l’approche subjective
L’approche objective délimite la pauvreté par rapport à la situation socio-économique et culturelle de la société où l’on fait l’étude et selon les variables explicatives retenues mais en générale, la pauvreté est définie par le seuil de pauvreté. L’approche subjective de la pauvreté se base sur une évaluation du degré de satisfaction des besoins par les individus interrogés. Selon cette approche, la pauvreté est définie selon la perception des individus de leurs propres états, selon ses sentiments à propos de son niveau de vie. Nous analyserons la pauvreté objective et la pauvreté subjective dans la section concernant la mesure de la pauvreté.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE LA PAUVRETE
Chapitre I : Essai de cadrage du concept de pauvreté
Section 1 – Définitions de la pauvreté
1) Définition économique de la pauvreté
2) Définition sociale de la pauvreté
3) Approche objective et approche subjective de la pauvreté
l’approche objective
l’approche subjective
Section 2 – Les facteurs déterminant de la pauvreté
1) L’inégalité
2) L’exode rural
Section 3 : mesure de la pauvreté
1) Pauvreté absolue/ Pauvreté relative
La pauvreté absolue
La pauvreté relative
2) Pauvreté subjective et pauvreté objective
Chapitre II : Approche théorique des auteurs et des organismes internationaux sur la pauvreté
Section 1 : Approche d’AMARTYA SEN
Section 2 : La pauvreté selon le PNUD et la Banque mondiale
1) La Définition de la pauvreté selon le PNUD
2) La définition de la pauvreté selon la Banque mondiale
3) Les indicateurs du PNUD
L’indicateur de développement humain (IDH)
L’Indicateur de Pauvreté Humaine
Chapitre III : Madagascar et la pauvreté
Section 1 : la situation économique de Madagascar par rapport à la pauvreté
1) La situation économique avant la crise politique de 2009
2) La situation économique de Madagascar après la crise politique de 2009
3) Un impact visible de la double crise sur les finances publiques et les investissements privés
4) Situation de l’emploi à Madagascar après la crise
Une crise d’origine exogène liée avec un conflit politique dévastateur sur la population
Un marché du travail caractérisé par des travailleurs jeunes, sous‐employés et pauvres
Section 2 : les problèmes et les obstacles rencontrés dans le processus de réduction de la pauvreté
1) Le problème en milieu rural
Le problème d’accès à la terre
Le manque d’intrants agricoles
L’enclavement
Le manque d’instruction
L’obsolescence des techniques agricoles
L’accès au crédit et au financement
L’insécurité
2) Le problème en milieu urbain
PARTIE II : ANALYSE DES POLITIQUES ET DES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Chapitre I : Les politiques économiques appliquées par le gouvernement malgache
Section 1 : historiques des politiques économiques appliquées à Madagascar
Chapitre II : analyse des politiques et des stratégies internationales de réduction de la pauvreté
Section 1 : l’ajustement structurel
1) Contexte historique
2) Définition de l’ajustement structurel
3) L’ajustement structurel pour Madagascar
4) Les effets de l’ajustement structurel
Section 2 : le DSRP
1) Rappel du contexte
2) Principes à la base des DRSP
3) Vocation déclarée du DSRP
4) Élaboration du DSRP
5) Critique du DSRP
6) Les apports du DSRP dans le processus de développement
Section 3 : Le MAP
Chapitre III : Les nouvelles perspectives de lutte contre la pauvreté pour Madagascar
Section 1 : la promotion d’une croissance pro‐pauvre
1) La promotion de l’agriculture par la hausse de la productivité agricole
2) Investissements routiers pour réduire les marges commerciales
3) les investissements privés pour la promotion de l’emploi
4) La hausse des investissements privés dans le tourisme
Section 2 : Opportunités et dangers fiscaux
Section 3 : le rôle de l’État
1) La bonne gouvernance
2) La réduction des inégalités
3) La promotion des institutions favorables au développement
CONCLUSION
ANNEXE