Les insectes reprรฉsentent l’รฉlรฉment prรฉdominant de la biodiversitรฉ dans la plupart des รฉcosystรจmes (Berenbaum, 2009; Rech & Carde, 2009). Hรฉlas, ils nโont suscitรฉ, jusqu’ ร prรฉsent, que peu d’intรฉrรชt par rapport ร d’autres taxons plus populaires, principalement les vertรฉbrรฉs.
La connaissance du statut des insectes du Maghreb nโa donc pas beaucoup avancรฉ, en comparaison des nombreuses donnรฉes recueillies sur des groupes plus charismatiques, notamment les oiseaux. Toutefois, les nouveaux intรฉrรชts suscitรฉs par les arthropodes, et rappelรฉs par dโimportantes organisations de conservation comme l’UICN, doivent รชtre reconnus (Samraoui et al., 2011b; Clausnitzer et al., 2012). On connaรฎt environ 30.000 espรจces dโhรฉtรฉroptรจres de dans le monde. Celles-ci abondent plus particuliรจrement dans les rรฉgions chaudes. La plupart sont terrestres mais quelques 3.000 d’entre elles sont aquatiques (Dรฉthier et al., 2000).
Les Hรฉmiptรจres Hรฉtรฉroptรจres aquatiques constituent un groupe taxinomique hรฉtรฉrogรจne de punaises qui ont en commun la mรชme propension ร vivre dans, sur, ou ร proximitรฉ immรฉdiate de l’eau,aussi bien dans les faciรจs lentiques que lotiques. Cโest bien entendu lโeau douce qui renferme le plus dโespรจces, le milieu marin nโรฉtant habitรฉ que par quelques reprรฉsentants particuliers (Halobates sp, par exemple) qui peuvent se rencontrer trรจs loin des cรดtes. Les insectes des eaux douces ne sont pas tous รฉgalement adaptรฉs au milieu aqueux. Certains nagent sous lโeau โ obligรฉs pour la plus grande majoritรฉ de venir respirer rรฉguliรจrement ร la surface โ, dโautres marchent sur le fond ou sur les vรฉgรฉtaux aquatiques, quelques uns courent et patinent ร la surface ; dโautres se tiennent parmi les plantes รฉmergรฉes. Ce mode de vie a, bien entendu, nรฉcessitรฉ toute une gamme dโadaptations originales comme les pelotes hydrofuges des pattes, les soies natatoires, les siphons respiratoires, les plastrons aรฉrifรจres, etc. Chez beaucoup dโinsectes adultes (Notonectes, Naucores, Corixidรฉs), il existe un revรชtement plus ou moins รฉtendu de poils hydrofuges, enduits dโune sรฉcrรฉtion cireuse ou graisseuse, capable dโemmagasiner de lโair que lโinsecte vient chercher ร la surface de lโeau.
Dโautres emmagasinent lโair sous leurs ailes ou dans des cryptes aรฉrifรจres. Des phytophages prennent directement lโair dans les cellules des vรฉgรฉtaux. Les Nรจpes et les Rรขnatres sont pourvues, ร lโextrรฉmitรฉ de leur abdomen, dโun siphon respiratoire qui, perรงant la surface de lโeau, amรจne lโair aux stigmates. Les jeunes larves des Punaises aquatiques ont gรฉnรฉralement une respiration uniquement cutanรฉe qui leur permet dโutiliser, au travers de leurs tรฉguments, lโair dissous dans lโeau.
Les zones humides
Bien que devenue partie contractante ร la Convention de Ramsar en 1983, lโAlgรฉrie ne comptait jusquโen 2000, que trois zones humides d’importance internationale. Toutefois, entre 2001 et 2003, le pays proposait 23 nouveaux sites et fin 2004, l’Algรฉrie dรฉsignait encore 16 nouvelles zones humides. Actuellement, 50 sites (contre 42 en 2009) rรฉpondant aux critรจres de dรฉsignation sont des sites Ramsar, au titre de la ยซย Convention relative aux zones humides d’importance internationaleย ยป.Notons รฉgalement que 13 autres sont en cours de classement. L’actualisation du recensement des zones humides en Algรฉrie en 2006 a permis de dรฉnombrer 1.451 zones humides dont 762 naturelles et 689 artificielles (Tableau 1). De par la superficie classรฉe (3.02 millions dโhectares), lโAlgรฉrie, est le troisiรจme pays en Afrique, aprรจs le Botswana (6,8 millions dโha) et la Tanzanie (3,5 millions dโha).Sur le plan international, elle se classe huitiรจme aprรจs le Canada (13 millions dโha), la Russie (10,3 millions dโha), lโAustralie (5,2 millions dโha), le Brรฉsil (4,5 millions dโha) et le Pรฉrou (2,9 millions dโha) (Source : site Ramsar).
Dโune maniรจre gรฉnรฉrale, les zones humides sont des milieux souvent sans frontiรจres nettes, en position intermรฉdiaire dans un continuum allant de situations purement terrestres ร des conditions totalement aquatiques, certains pouvant รชtre considรฉrรฉs comme des รฉcotones sous l’influence des systรจmes รฉcologiques adjacents. Cette position de lisiรจre dans l’espace et dans le temps leur confรจre des propriรฉtรฉs et un fonctionnement bien particuliers mis en รฉvidence notamment par leur rรดle dans les cycles biogรฉochimiques et par leur forte productivitรฉ (Mistch & Gosselink, 1986).
Dรฉfinition d’une zone humideย
Les zones humides prรฉsentent une grande diversitรฉ de milieux naturels ou modifiรฉs, de localisation, de forme, de taille, de fonctionnements hydrologiques et d’usages. Cela s’est traduit par une multitude de dรฉfinitions ร travers le monde et une relative difficultรฉ ร leur appliquer une dรฉfinition unique. Une zone humide est une rรฉgion oรน lโeau est le principal facteur qui contrรดle le milieu naturel et la vie animale et vรฉgรฉtale associรฉe. Elle apparaรฎt lร oรน la nappe phrรฉatique arrive prรจs de la surface ou affleure ou encore, lร oรน des eaux peu profondes recouvrent les terres. Ou encore comme รฉtant ยซdes terrains, exploitรฉs ou non, habituellement inondรฉs ou gorgรฉs d’eau douce, salรฉe ou saumรขtre de faรงon permanente ou temporaire ; la vรฉgรฉtation, quand elle existe, y est dominรฉe par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’annรฉeยป (Barnaud, 1998). La Convention de RAMSAR tenue en 1971 a retenu la dรฉfinition suivante : ย ยป Les zones humides sont des รฉtendues de marais, de fagnes, de tourbiรจres ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, oรน l’eau est stagnante ou courante, douce, saumรขtre ou salรฉe, y compris des รฉtendues d’eau marine dont la profondeur ร marรฉe basse n’excรจde pas six mรจtres ยซย .
Caractรฉristiques des zones humidesย
Les milieux naturels en gรฉnรฉral et les zones humides en particulier ne sont pas immuables. Ils รฉvoluent spontanรฉment ou artificiellement sous la dรฉpendance de diffรฉrents facteurs (physiques, biologiques, anthropiques). Ainsi, le terme de milieu ยซย naturelย ยป n’est pas tout ร fait justifiรฉ. Si certaines zones humides rรฉellement naturelles se maintiennent de faรงon marginale, la grande majoritรฉ d’entre elles sont des espaces semi-naturels, rรฉsultant d’un รฉquilibre entre les processus naturels et les activitรฉs humaines. Les zones humides mรฉditerranรฉennes regroupent une grande variรฉtรฉ d’habitats naturels : deltas des fleuves, lacs et marais (eau douce, saumรขtre ou salรฉe), riviรจres permanentes ou oueds, forรชts inondables des bordures de fleuves, oasis ou bien salines et lacs de barrage. La diversitรฉ biologique de la rรฉgion mรฉditerranรฉenne est exceptionnellement รฉlevรฉe du fait de sa situation entre trois continents, sa gรฉologie, son climat variรฉ et la richesse de ses habitats. Dans le Bassin mรฉditerranรฉen, la surface des zones humides, difficile ร prรฉciser ne serait-ce que parce quโelles sont des milieux en รฉvolution constante, se rรฉpartit en lagunes cรดtiรจres (6 500 kmยฒ), lacs et marais naturels (12 000 kmยฒ) et zones humides artificielles (jusquโ ร 10 000 kmยฒ), soit une surface totale รฉquivalente ร celle de la Sicile ou de lโAlbanie. La plupart des lagunes et deltas cรดtiers rรฉsultent de lโaccumulation, dans les eaux cรดtiรจres non affectรฉes par les marรฉes, des sables et limons charriรฉs par les cours dโeau. Exceptรฉes ces formations et en raison de lโimportance de lโรฉvaporation par rapport aux prรฉcipitations, on ne trouvera de zones humides que lorsque des dรฉpressions permettent ร lโeau dโun bassin versant de sโaccumuler comme les chotts ou sebkhas dโAfrique du Nord (grandes dรฉpressions salรฉes dans les zones arides) qui se remplissent dโeau ร la suite de crues subites.ย lโรฉvaporation รฉtant en moyenne de plus de huit fois supรฉrieure aux prรฉcipitations, lโeau nโy subsiste guรจre plus de quelques semaines.
Les zones humides mรฉditerranรฉennes abritent une diversitรฉ dโespรจces animales et vรฉgรฉtales endรฉmiques dont beaucoup sont rares et menacรฉes. Elles accueillent รฉgalement dโimportantes populations dโoiseaux. On estime ร deux milliards les oiseaux migrateurs de 150 espรจces qui les utilisent comme sites รฉtapes, pendant leur migration entre lโEurasie et lโAfrique, pour nicher ou hiverner. Environ 50% des populations hivernantes de canards et de foulques de lโOuest palรฉarctique sรฉjournent en rรฉgion mรฉditerranรฉenne.
Ce nโest que depuis une pรฉriode relativement rรฉcente que lโon ne considรจre plus les zones humides comme des zones ยซ stรฉriles ยป. Ce prรฉjugรฉ est nรฉ du fait quโร lโorigine, les terrains se prรชtaient mal aux processus de drainage, de dรฉfrichage et ร la pose de clรดtures qui marquaient la progression dโune agriculture formelle basรฉe sur la propriรฉtรฉ fonciรจre privรฉe. De ce fait, les zones humides mรฉditerranรฉennes ont gardรฉ un statut communautaire basรฉ sur des activitรฉs traditionnelles (chasse, pรชche, pรขturage des animaux domestiques, cueillette de divers produits vรฉgรฉtaux) qui ont jouรฉ un rรดle important pour leur maintien. A titre dโexemple, le pรขturage par les animaux domestiques a gรฉnรฉralement un effet bรฉnรฉfique, la prรฉsence dโanimaux permettant dโentretenir une plus grande diversitรฉ de la vรฉgรฉtation. Cependant, depuis une cinquantaine dโannรฉes, le drainage intensif, la pression dรฉmographique, lโeutrophisation, la surpรชche ont entraรฎnรฉ leur dรฉgradation. Leur utilisation directe par lโexploitation des ressources risque, ร long terme, dโaltรฉrer de faรงon sensible les รฉquilibres รฉcologiques et hydrologiques.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
1. CHAPITRE 1- LES ZONES HUMIDES
1.1. Dรฉfinition d’une zone humide
1.2. Caractรฉristiques des zones humides
1.2.1. La vรฉgรฉtation
1.2.1.1. Les plantes halophytes
1.2.1.3. Les plantes d’eau douce submergรฉes et flottantes
1.3. Fonctions des zones humides
1.3.1.1. Les fonctions hydrologiques
1.3.1.1.1. Fonction de maintien et dโamรฉlioration de la qualitรฉ de l’eau
1.3.1.1.2. Fonction de rรฉgulation des rรฉgimes hydrologiques
1.3.1.1.3. Prรฉvention des risques naturels
1.3.1.2. Les fonctions biologiques
1.3.1.2.1. fonction d’alimentation
1.3.1.2.2. fonction de reproduction
1.3.1.2.3. fonction d’abri, de refuge et de repos
1.3.1.2.4. Production de ressources biologiques
1.3.1.3. Les fonctions climatiques
1.3.1.4. Les fonctions pรฉdologiques
1.3.2. Les valeurs ou services rendus
1.3.2.1. Les valeurs culturelles et touristiques
1.3.2.2. Les valeurs รฉducatives, scientifiques et patrimoniales
1.3.3. Les processus de destruction et de dรฉgradation des zones humides
1.3.3.1. Les processus de destruction
1.3.3.1.1. Le dรฉveloppement de l’urbanisation
1.3.3.1.2. Les amรฉnagements touristiques
1.3.3.1.3. La rรฉgulation du dรฉbit des cours d’eau
1.3.3.1.4. Les amรฉnagements hydro-รฉlectriques
1.3.3.1.5. L’extraction de granulats
1.3.3.1.6. L’extraction de la tourbe
1.3.3.2. Autres processus de dรฉgradation des zones humides
2. CHAPITRE 2 – LES HEMIPTERES HETEROPTERES AQUATIQUES (HEMIPTERA HETEROPTERA, INSECTA)
2.1. Gรฉnรฉralitรฉs sur la biologie et lโรฉcologie des Hรฉmiptรจres aquatiques
2.1.1. Morphologie gรฉnรฉrale
2.1.2. Classification et prรฉsentation sommaire des principales familles dโHรฉmiptรจres Hรฉtรฉroptรจres aquatiques
2.1.2.1. Les Nรฉpomorphes (Sous-ordre des Nepomorpha Popov, 1968)
2.1.2.1.1. Famille des Belostomatidae Leach, 1815
2.1.2.1.2. Famille des Nepidae Latreille, 1802
2.1.2.1.3. Famille des Notonectidae Leach, 1815
2.1.2.1.4. Famille des Pleidae Fieber, 1860
2.1.2.1.5. Famille des Corixidae Leach, 1815
2.1.2.1.6. Famille des Naucoridae Fallen, 1814
2.1.2.2. Les Gรฉrromorphes (Sous-ordre des Gerromorpha Popov, 1971)
2.1.2.2.1. Famille des Hydrometridae Billb.1820
2.1.2.2.2. Famille des Mesoveliidae Douglas & Scott, 1867
2.1.2.2.3. Famille des Veliidae Amyot & Serville, 1843
2.1.2.2.4. Famille des Gerridae Leach, 1815
2.1.2.2.5. Famille des Hebridae Amyot & Serville, 1843
2.1.3. Adaptation ร la vie aquatique
2.1.4. La respiration des insectes aquatiques
2.1.5. Elรฉments dโรฉcologie
2.1.6. Intรฉrรชts รฉconomiques et alimentaires des hรฉmiptรจres aquatiques
2.2. Historique des recherches menรฉes en Algรฉrie
2.3. Aperรงu sur la Biogรฉographie des Hรฉmiptรจres aquatiques dโAlgรฉrie
2.3.1. Faune hรฉmiptรฉrologique du Nord
2.3.2. Faune hรฉmiptรฉrologique Saharienne
3. CHAPITRE 3 – LOCALISATION GEOGRAPHIQUE ET DESCRIPTION GENERALE DES BIOTOPES ECHANTILLONNES
3.1. Le Constantinois
3.1.1. Djebel Ouahch
3.1.1.1. Situation gรฉographique
3.1.1.2. Description du site
3.1.1.3. Relief et pรฉdologie
3.1.1.4. Hydrologie
3.1.1.5. Vรฉgรฉtation de la rรฉserve biologique
3.1.1.6. Faune de la rรฉserve biologique
3.1.1.7. Aspect climatique
3.1.1.7.1. Pluviomรฉtrie
3.1.1.7.2. Tempรฉratures
3.1.2. Autres sites รฉchantillonnรฉs dans la rรฉgion de Constantine
3.1.2.1. La rรฉgion de Chelghoum Laid
3.1.2.2. Les autres sites relevant du Constantinois
3.2. Les hautes plaines sรฉtifiennes
3.2.1. La rรฉgion de Sรฉtif
3.2.1.1. Situation gรฉographique
3.2.1.2. Le milieu physique
3.2.1.2.1. Orographie
3.2.1.2.2. Pรฉdologie
3.2.1.2.3. Cadre gรฉologique rรฉgional
3.2.1.2.4. Hydrologie
3.2.1.2.5. Aspect climatique
3.2.1.2.6. Vรฉgรฉtation
3.2.1.2.7. Autres stations explorรฉes dans la rรฉgion de Sรฉtif
3.2.2. La rรฉgion de Bordj Bou Arreridj
3.2.2.1. Situation gรฉographique
3.2.2.2. Relief et morphologie
3.2.2.3. Cadre gรฉologique rรฉgional
3.2.2.4. Hydrologie
3.2.2.5. Aspect climatique
3.2.2.6. Autres stations explorรฉes dans la rรฉgion de Bordj Bou Arrerridj
3.2.3. Autres rรฉgions
3.3. Synthรจse bioclimatique
3.3.1. Diagrammes ombrothermiques de Bagnouls et Gaussen: Indice xรฉrothermique de Gaussen
3.3.2. Dรฉtermination du Quotient pluviomรฉtrique et des รฉtages bioclimatiques d’Emberger
4. CHAPITRE 4 – MATERIEL ET METHODES
4.1. Matรฉriel utilisรฉ
4.2. Mรฉthodes utilisรฉes
4.2.1. Techniques dโรฉchantillonnage
4.2.2. Recherche et rรฉcolte des insectes aquatiques
4.2.2.1. La capture individuelle
4.2.2.2. La capture ยซ en vrac ยป
4.2.3. Prรฉparation et conservation des insectes aquatiques
4.2.4. Identification des spรฉcimens
4.2.5. Mode de calcul : Diversitรฉ spรฉcifique et รฉquitabilitรฉ
CONCLUSION GENERALE