Le grand mariage connu en comorien sous l’appellation « Anda » constitue l’épine dorsale de la culture comorienne. La réalisation du Anda permet au comorien de devenir une personne complète à part entière, aux yeux de la société. Le « Anda » se traduit par diverses cérémonies combinées à des festivités qui durent presque au moins 1 mois, dans certains cas, il faut 5 à 10ans pour terminer le anda, mais cela dépend des ressources financières des familles organisatrices. La personne qui accomplit son grand mariage, appelé Mdrumdzima se voit attribué un grand nombre de privilèges ou de pouvoirs socioculturels. Seulement, la réalisation de ce grand mariage demande des immobilisations corporelles et incorporelles très importantes. L’acquisition de ces immobilisations fait appel à des sommes faramineuses, qui, très souvent, dépassent largement le triple du revenu annuel total des organisateurs du grand mariage.
DESCRIPTION DU TERRAIN ET ANALYSE DES DIFFÉRENTES ÉTAPES DU ANDA
Constitués par quatre principales îles, l’archipel des Comores se situe à l’entrée septentrionale du canal de Mozambique et couvrent une superficie de 2236 km². L’une des îles, en l’occurrence Mayotte (Maoré, 374km²), est restée sous administration française au moment de l’accès du territoire à l’indépendance le 16 juillet 1975, et de ce fait, la souveraineté de l’Etat comorienne ne s’exerce, en pratique, que sur les trois autres îles que sont Mohéli (Mwali, 290 km²), Anjouan (Ndzuwani, 424 km²), et Grande Comores (Ngazidja, 1148km²). Depuis son accession à l’indépendance, les Comores n’ont pas connu de véritable période de stabilité politique susceptible de créer les conditions nécessaires pour le développement socio-économique et la mise en place d’un cadre politicoinstitutionnelle viable et répondant aux aspirations de la population. L’économie comorienne se caractérise par un dualisme entre un secteur agricole tourné essentiellement vers l’agriculture de subsistance et peu productif qui contribue pour environ 40% du PIB, et un secteur tertiaire dominé par le commerce d’importation et qui fournit jusqu’à 52% du PIB en moyenne. Le secteur secondaire reste marginal en termes de productivité avec seulement 8 à 12% du PIB. Le anda est un rite composé de plusieurs étapes à franchir pour permettre à l’individu de devenir un homme complet à part entière (Mdrumdzima).
LA PRÉSENTATION DE L’UNION DES COMORES
L’historique et la localisation géographique des Comores
Appelé les îles aux parfums par les colons, les Comores sont formées par quatre îles, notamment NGAZIDJA, MOHELI, ANJOUAN, et MAYOTTE, actuellement sous administration française . Les Comores se localisent dans l’océan indien, au nord du canal de Mozambique, à égal distance de Tanzanie, Mozambique, la cote Est de l’Afrique et de la pointe nord de Madagascar, s’élevant à 300km. Sa position géographique est la suivante : 11°20’ et 13°40’ de latitude Sud et 43°11’ et 45°19’ de longitude Est.
Les influences migratoires des Arabes du Golfe Persique (Chiraz), des Africains de la Côte Est (Zanzibar, Mozambique), des Swahili et aussi des Noirs africains (Bantous)) ne sont pas sans conséquences dans les îles Comores. La population de ces îles est le résultat de l’assimilation de toutes ces migrations . Le mouvement migratoire qui débute dès le VI IIe siècle a connu un ralentissement. En clair, nous voyons que le peuplement des Comores trouve ses origines dans l’Arabie Saoudite, chez les Africains notamment les Swahili et les Bantous qui sont venus peupler les Comores à titre d’esclaves. Voilà pourquoi Saïd ABDOURAHIM dit tout simplement ceci : « La population de Ngazidja comme du reste de l’archipel est le résultat d’un brassage des peuples venus des diverses régions de l’océan Indien et d’ailleurs. Le mélange hétérogène des Sémites du golfe arabo-persique, de Malayo-polynésiens et des Bantous, a donné naissance à un peuple dont les aspects physiques varient d’un individu à l’autre. La couleur de la peau va du teint clair au foncé, à tel point qu’il nous semble hasardeux de vouloir définir un « Mgazidja » anthropologiquement parlant, c’est-à-dire suivant l’aspect physique général. Il n’y a pas une homogénéité typologique chez les Comoriens,selon nous ».
On note ici l’importance des influences étrangères, en particulier des musulmans du monde arabe. De toutes ces influences, il faut noter que celles des Arabes, qui ont été à l’origine de la religion musulmane, sont les plus dominantes. D’ailleurs, les structures de la société relèvent d’une hiérarchisation sociale remarquable. Au plus haut de l’échelle de la société, on place toujours les musulmans blancs (Saoudiens et Yéménites). Ils représentent l’aristocratie, mais aussi les dirigeants potentiels de toute la communauté sociale. Ce sont eux qui détiennent le savoir (connaissances religieuses, techniques, nautiques,…). A l’époque, ils étaient les seuls à savoir lire et écrire, d’où leur influence sur la lecture, la parole et sur la langue, c’est-à-dire le Chikomori qui s’écrit en arabe. Voilà pourquoi c’est l’écriture et l’alphabet arabe qui dominent et s’emploieent dans les îles Comores.
Le bas de l’échelle est logiquement occupé par les Noirs (esclaves ou affranchis). Ces derniers constituent les sujets, les serviteurs des nobles. Les musulmans du monde arabe sont également les fondateurs de grandes dynasties. En effet, vu leur avidité à diriger, ils fondent dès le XIVe siècle et le XVe siècle, des Cités-Etats dans lesquelles ils exerceront leur autorité sociopolitique. Ainsi, on notera l’origine de la fondation des villes comoriennes et leur toponymie. Foumbouni compte parmi ces Cités-Etats fondées par ces musulmans : des Cités-Etats qui se fondent toujours au niveau de la mer. Ceci est dû aux activités maritimes auxquelles les musulmans s’adonnaient sans cesse. Les individus appelés Antalaotra en terme malagasy de l’époque, s’adonnaient également au commerce. Leurs transactions se passaient dans les îles Comores, sur la côte Est africaine, au Nord-Ouest de Madagascar et dans la péninsule arabe.
Les Cités-Etats étaient des centres commerciaux ouverts à toutes les régions de l’Océan Indien, un lieu de rencontre et d’assimilation de différents groupes humains, grâce aux négoces. C’est aussi le positionnement côtier de ces Etats qui les a exposés au raid des pirates malagasy. L’accès a été facîle, vu le moyen de communication qui était la mer. Il convient de signaler que ces Malagasy qui sont venus dans les îles ont été pris pour des mercenaires par les dirigeants des CitésEtats. En effet, les conflits internes obligèrent les sultans à faire recours au mercenariat. Les pirates malagasy ont découvert peu à peu les Cités-Etats comoriens et leur potentialité en matière d’hommes : raison pour laquelle ces pirates voulaient se lancer dans le commerce de ces hommes pour les vendre comme esclaves. Ces pirates n’étaient pas uniquement motivés par les hommes, mais aussi par d’autres richesses telles que les bestiaux, etc. Parmi ces pirates, ce sont les Sakalava et les Betsimisaraka qui sont les plus connus. Les pirates sakalava et betsimisaraka ne cessent de razzier les villes comoriennes, avec des actes tout à fait destructifs ayant comme effet immédiat le déchirement de la société, et la désorganisation sociale et économique des villes. Ainsi, l’insécurité et l’angoisse totales régnaient dans les esprits de la population de ces villes. La chronique de Saïd ABDOURAHIM rapporte également cette tragique période :
« Quand les Malgaches arrivèrent à Foumbouni, les Grandes Comoriens s’y rassemblèrent, ils les combattirent et les poussèrent. Deux années plus tard, ils vinrent à Mutsamudu (Hambu), ils les combattirent, les vainqueurs et les Malgaches repartirent. Après cela, des dissensions se firent jour parmi les Grande Comoriens et ils déclarent que chacun resterait chez soi… Les Malgaches vinrent à Ikoni et les habitants montèrent sur la montagne. (…). Après avoir ruiné Ikoni, les Malgaches allèrent à Mbude et quelques-uns des gens de Mitsamihuli étaient dans la forteresse de Mbude. Les Malgaches établirent des retranchements, cernèrent la forteresse et s’installèrent. Ceux qui étaient dans la forteresse sortaient pour combattre puis rentraient. Mais, à la fin, les Malgaches les attaquèrent, les firent prisonniers et les embarquèrent sur leurs bateaux » .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : DESCRIPTION DU TERRAIN ET ANALYSE DES DIFFÉRENTES ÉTAPES DU ANDA
Chapitre I : LA PRÉSENTATION DE L’UNION DES COMORES
Section I : L’historique et la localisation géographique des Comores
Section II : Étude démographique
Section III : La situation politique et économique des Comores
Section IV : La ville de Foumbouni
Chapitre II : LE « ANDA » ET SES RITUELS
Section I : Kombé et Badiriyi
Section II: Zindru
Section III : Mdjiyo Dahoni et Ukumbi
DEUXIÈME PARTIE : ÉTUDE DES IMPACTES SUR LA RÉALISATION DU ANDA DANS L’ÉCONOMIE NATIONALE
Chapitre I : LES EFFETS AU NIVEAU DE LA BALANCE PAIEMENT
Section I : Le déséquilibre de la balance commerciale
Section II : L’entrée massive de devise étrangère dans le pays
Section III : L’augmentation des dépenses publiques
Chapitre II : LES CONSÉQUENCES DU ANDA SUR LE PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT DE L’UNION DES COMORES
Section I : Incidences sur les indicateurs de développement humains(IDH)
Section II : Les facteurs aggravant le sous-développement des Comores
Section III : Les tentatives et perspectives de développement
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES