Le diffusionnisme en anthropologie culturelle
Comme l’évolutionnisme, le diffusionnisme croit à l’égalité des hommes et à l’inégalité des cultures, le monde présentant des foyers culturels plus avancés que d’autres. Mais en revanche, il n’affirme pas le même confiance dans le génie de l’homme et vde sa faculté à progresser par invention. Pour lui, les sociétés se développent beaucoup plus par l’emprunt et l’imitation à la suite de contacts culturels entre peuples, plus nombreux que ne le croyaient les évolutionnistes. Autrement dit, les éléments de culture se répandent de sociétés à sociétés voisines, par migration ou par guerres. En bref, si pour l’évolutionniste, l’objet était la recherche des causes de l’inégalité des cultures, pour les diffusionnistes c’est la recherche des modes de diffusion d’une culture à une autre. Chaque culture est le fruit d’une expérience particulière, d’un passé commun et d’une mémoire collective. Mais la culture, malgré sa permanence, est aussi dynamique. Elle se modifie dans l’histoire avec le progrès technique et le changement social, comme l’ont montré trop systématiquement les évolutionnistes ; elle se déplace dans l’espace, d’autant plus rapidement que les moyens de communication se développent, chaque société sélectionnant plus ou moins les apports culturels extérieurs. Toutefois, le terme d’ « acculturation » est un des termes courants du langage anthropologique. Il faut distinguer l’acculturation (changement exogène, apporté de l’extérieur) du changement culturel (qui peut être endogène et exogène ou l’un des deux), de même de l’assimilation du modèle. Les modalités d’acculturation sont multiples et varient en fonction de la diversité des relations et de la dimension des groupes en contact, mais aussi en fonction de la supériorité technique du contact et du degré de résistance de la culture soumise à ce contact. Même en cas de forte influence, il existe toujours un « filtrage » de la culture réceptrice, une sélection parmi les apports culturels extérieurs, sélection qui entraîne une réinterprétation, concept fondamental dans l’étude de l’acculturation. La coutume ou le trait culturel emprunté est rarement accepté tel quel, sans transformation : il peut être modifié soit dans son contenu, soit dans sa fonction, soit dans les deux. Par contre, une acculturation trop brutale pourra entraîner des réactions de la part de la société soumise, sous la forme de contre-acculturation, mouvement élitiste ou de masse qui cherchera à revaloriser certaines cultures atteintes par le changement dans leur authenticité.
Les problèmes inhérents à l’agriculture
Les exploitants agricoles rencontrent des problèmes de différentes natures. Ces problèmes diffèrent d’une province à l’autre. Les problèmes évoqués sont liés à chaque culture de chaque parcelle c’est-à-dire que les problèmes sont spécifiques à la culture et peuvent être différents sur une même parcelle. Les cyclones et inondations sont les problèmes les plus évoqués par les agriculteurs à l’exception de Fianarantsoa et de Toliara où on note plutôt l’insuffisance des pluies ou leur arrivée tardive. A Antananarivo et à Antsiranana, 37,9% et 41,2%(15) des parcelles ont connu des problèmes d’inondation. Le second problème diffère beaucoup d’une province à l’autre. A Mahajanga, 13,8% des parcelles rencontrent des maladies phytosanitaires des plantes ; à Toamasina, nous déplorons plutôt la destruction des plantes par les rats (20% des parcelles)(15). La non-maîtrise de l’eau est la principale source de problèmes pour les produits vivriers tels le paddy, le maïs, la pomme de terre, les haricots. Ils souffrent tantôt d’une eau trop abondante tantôt d’une insuffisance selon les provinces décrites auparavant. Pour les trois principaux produits d’exportation à savoir le café, le girofle et la vanille, le problème se rencontre plutôt sur une eau trop abondante due aux intempéries. Pour le cas particulier de la vanille, le cas des exploitants qui déplorent en outre les vols sur pieds et qui concernent 21,7% (15) des plantations n’est pas négligeable.
Les interactions entre la forêt et son milieu
Parmi les nombreuses interactions des éléments d’un milieu écologique, les unes sur les autres, nous ne retiendrons pour le besoin de ce travail que les influences de la forêt sur le climat, sur l’eau et sur le sol. Ce qui nous permettra de trier une conclusion sur la relation entre la forêt et la production agricole, et alors sur le rôle que celle-ci joue quant à la maîtrise de l’autosuffisance alimentaire. Pour ce qui est de l’influence de la forêt sur le climat, il faut rappeler qu’elle contribue à jouer un rôle de régulation sur le régime hydrique par le biais de l’évapotranspiration et de l’absorption de la radiation. Ce qui entraîne, sur le plan local, un abaissement sensible de la température de l’air, d’où une atténuation de l’amplitude thermique. Cet abaissement de la température associé à l’élévation de l’hygrométrie et à la réduction des écarts thermiques, sont les meilleures conditions pour faciliter les condensations et améliorer le régime de précipitations, majeures comme occultes. La création de micro-climat en présence de la forêt ou de simple rideau d’arbres est alors bien connue. Dans l’androy par exemple, où nous avons installé quelque 500 Km de rideau-abris ou de brise-vent espacée de 25 à 200m constitué d’espèces comme le « filao », l’eucalyptus, a permis de réduire les effets du vent dominant et d’accroître sensiblement le rendement des cultures. Malgré la performance de la technologie, celle-ci se révèle impuissante quand il s’agit de maîtriser le cycle de l’eau avant que celle-ci n’atteigne le sol. Il faut en effet que les conditions atmosphériques soient réunies. Jamais de telle opération ne sera possible dans des conditions où l’arbre fait défaut. Mais aussi la forêt intervient dans la lutte contre les crues en absorbant une bonne partie des masses pluviales par ses parties aériennes (23) tout en favorisant l’infiltration grâce aux conditions pédagogiques éminemment favorables des sols sous forêt qui joue un véritable rôle d’éponge grâce aux feutrages des racines et à la présence de l’humus forestier très absorbant. (24) A part cela, il y a aussi la problématique de l’érosion du sol. Le relèvement de la température superficielle du sol au passage des feux de brousses accélère le processus en faisant précipiter l’argile au niveau du sol. Ce qui aboutit à la formation d’une couche concrétionnée stérile, et même vulnérable. Le végétal le plus rustique n’y vient plus. Nous ne répétons jamais assez qu’avec ce rythme de dégradations du sol arable, le pays aura certainement du mal à s’assurer son autosuffisance alimentaire.
Une stagnation de la production de paddy et surtout des rendements
La production vivrière hors riz croît moins rapidement que la population. Pour les cinq produits principaux (riz, racines, tubercules, légumes et grains), le taux d’accroissement annuel est compris entre 1,1 % (pomme de terre) et 2 % (maïs) et seul le haricot sec (+ 3,9 %) fait exception. En volume, la production de ces cinq vivriers n’a augmenté que de 1,4 % par an de 1982 à 1998, grâce à une augmentation des surfaces cultivées (+ 1,7 %), les rendements ayant plutôt tendance à régresser (50) .Malgré une population active agricole en augmentation, le monde rural peine à accroître sa productivité par ses propres moyens et donne l’impression d’un repli sur soi. Dans ce contexte, le riz ne fait que refléter ces tendances lourdes de l’agriculture malgache, mais en les accentuant du fait de son poids relatif dans la production vivrière. Au mieux, nous pouvons considérer que la production rizicole stagne et que les variations inter-annuelles sont essentiellement dues à des phénomènes climatiques (cyclones et retard de la saison des pluies). Ainsi, la production s’élevait à 2,42 millions de tonnes en 1990 et n’atteignait que 2,45 millions de tonnes en 1998. Mais, entre ces deux dates, la population est passée de 11,2 à 14,3 millions d’habitants (50). Les causes de cette stagnation sont multiples: insuffisante maîtrise de l’eau, dépendance des premières pluies pour la mise en culture (y compris sur les périmètres disposant d’un bon contrôle de l’eau), ancienneté du matériel végétal dont les paysans apprécient souvent la rusticité, utilisation à des doses « homéopathiques » des fertilisants, des herbicides et des pesticides, jugés trop coûteux et pour lesquels il n’existe pas de réseau commercial performant, stérilisation croissante de terres cultivables dans les grands périmètres à cause des crues dont l’amplitude semble directement liée à l’érosion et à l’absence de dispositifs de protection sur les bassins versants, prix du paddy en période de récolte jugé peu incitatif, vulgarisation peu efficace et absence de crédits de campagne.
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Table des matières
INTRODUCTION
Choix du sujet
Problématique
Hypothèse
Méthodologie et outils conceptuels
PARTIE I : GENERALITES SUR L’ALIMENTATION A MADAGASCAR
CHAPITRE I : LES PROBLEMES LIES A L’ALIMENTATION
I- La malnutrition
II- L’augmentation des prix du riz
a) La paysannerie dans la crise
b) Les problèmes inhérents à l’agriculture
III- Une dépendance alimentaire
CHAPITRE II : LA PLACE DU RIZ A MADAGASCAR
I- Les Riziculteurs
II – Le Riz dans la Consommation des ménages malgaches
CHAPITRE III : LA FORET ET L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE
I- La forêt à Madagascar
II- Les interactions entre la forêt et son milieu
PARTIE II : LES PRATIQUES ALIMENTAIRES A ANTANANARIVO RENIVOHITRA
CHAPITRE IV : LA CONSOMMATION DU RIZ A ANTANANARIVO RENIVOHITRA
I- La fréquence de la consommation du riz
V- Les conséquences de l’augmentation du prix du riz
CHAPITRE V : LA CONSOMMATION DES AUTRES PRODUITS ALIMENTAIRES A ANTANANARIVO RENIVOHITRA
I- La consommation des produits industriels
II- Les types de plats les plus consommés et la consommation des produits vivriers de base
III- Les critères de choix
CHAPITRE VI : VERS UNE MUTATION DES PRATIQUES ALIMENTAIRES A ANTANANARIVO RENIVOHITRA
I- Le mimétisme alimentaire à Antananarivo Renivohitra
II- Les modes de préparation des repas à Antananarivo Renivohitra
III- Les acquis anthropologiques
PARTIE III : LES PERSPECTIVES POUR UNE AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE A MADAGASCAR
CHAPITRE VII : SYNTHESE DE LA SITUATION ACTUELLE DE LA FILIRRE RIZ : EXTENSION SUR LE CAS DE MADAGASCAR
I- Une stagnation de la production de paddy et surtout des rendements
II- Une commercialisation du paddy mal cernée et peu orientée vers l’échange
III- Une grande diversité régionale du comportement des consommateurs vis-à-vis du riz
a) Part du riz dans les revenus des ménages
b) Part du riz dans les dépenses des ménages
IV- Des ajustements par l’importation
V- Les prix du riz à la consommation
VI- Le circuit du riz local
VII- Le transport du riz
VIII- Le stockage du riz local
IX- La disponibilité en riz
X- Les emplois crées par la filière riz
a) La main- d’œuvre
b) Les autres emplois crées
CHAPITRE VIII : PROJET POUR UNE AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DU RIZ ET DU PRIX DY PADDY A MADAGASCAR : CREATION D’EVENEMENT « Fetin’ny Vary » ou fête du riz
I- Objectifs du projet
II- Les axes stratégiques relatifs à ces objectifs
III- Les avantages de l’évènement
IV- Les participants
V- Les impacts de cet évènement
a)Impacts sociaux
b) Impacts économiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
I- Questionnaire
II- Les actions réalisées par l’administration publique pour améliorer la production et la commercialisation du riz à Madagascar
III- Part de l’alimentation dans la consommation totale à Madagascar
IV- Profil des enquêtés
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