Escalade sportive
Méthode:
L’expérimentation consistait en une voie d’escalade de niveau maximal que les participants devaient grimper en recevant des instructions. Chaque participant a réalisé deux fois le même protocole à une semaine d’intervalle, le jour et l’heure étant identiques, seules les instructions variaient.
Sujets:
Vingt et un grimpeurs (18 hommes et 3 femmes) en bonne santé, âgés entre 20 et 40 ans, ont participé à cette étude. Deux sujets ont dû être écartés des résultats car leur forme physique n’était pas identique lors des deux visites. Tous les participants, qui avaient plus de 3 ans d’expérience en escalade, ont estimé leur niveau maximal en escalade de voie. Avec un niveau allant du 6c au 8a selon l’échelle de cotation française, tous les grimpeurs étaient considérés comme avancés (Draper & al., 2011). Le protocole de cette étude, mais pas le but, a été expliqué au préalable et les volontaires ont donné leur consentement écrit pour leur participation .
Protocole expérimental:
Le protocole expérimental durait environ 60 minutes et était constitué d’un échauffement, d’un pré-test de force (force maximale et force endurance), d’une ascension d’une voie d’escalade et d’un post-test de force identique au pré-test. Lors de l’ascension de la voie, le grimpeur recevait soit des instructions spécifiques à la respiration (condition expérimentale, RESP), soit des instructions neutres de type encouragements (condition contrôle, CONT). Lors de la deuxième visite, le protocole était identique, seules les instructions lors de l’ascension de la voie différaient. Les conditions expérimentales et contrôles étaient randomisées.
L’échauffement:
L’échauffement durait environ 35 minutes et était constitué de la mise en train, de la visualisation, d’une pause et de la première prise du taux de lactate sanguin. Le participant effectuait trois tours de salle à la course puis devait grimper sur un pan facile (Figure 22) en choisissant les prises. Il effectuait un total de deux cent mouvements de mains et avait pour consigne de ne pas se fatiguer.
Pré-test:
À la fin des 15 minutes de pause, le participant effectuait le pré-test qui consistait en un test de force maximale des doigts de la main (Fmax 1) et d’un test d’endurance musculaire (Res 1). Suite au pré-test de force, le participant effectuait dix minutes de récupération active où il devait grimper à nouveau sur le pan d’échauffement. Il avait pour consigne de ne pas s’arrêter
de grimper mais de se reposer en choisissant des grandes prises et des positions économiques. Suite à la pause active, le participant avait encore cinq minutes pour visualiser la voie. En observant la forme, la taille et la disposition des prises, le participant pouvait s’imaginer les mouvements qu’il allait effectuer, repérer les parties plus simples où il pourrait se reposer et élaborer ainsi un plan tactique afin d’atteindre le sommet de la voie. À la fin de la visualisation, une deuxième prise de lactate était effectuée (Lac 1). L’expérimentateur installait un lecteur mp3 sur le participant et allumait la caméra.
Ascension de la voie:
Une fois le participant et l’assureur prêts devant la voie de test, ils effectuaient le double contrôle de sécurité pour vérifier l’encordement. L’expérimentateur mettait en route le lecteur mp3 pour que le participant entende les instructions durant son ascension. Le participant devait alors grimper la voie de test en accrochant toutes les dégaines et en respectant les règles de sécurité. Le but du grimpeur était d’atteindre la prise la plus haute de la voie sans effectuer de pause dans la corde. Il s’agissait donc de grimper jusqu’à la chute. Si le grimpeur réussissait trop facilement la voie, il était immédiatement redescendu au sol et recommençait une seconde fois la même voie. Lorsque le grimpeur chutait, il était automatiquement redescendu au pied de la voie et l’expérimentateur enclenchait le chronomètre. Le plus rapidement possible, le participant devait observer une échelle de Borg (Annexe 3) et donner un nombre entre 1 et 10 de son ressenti subjectif de l’effort (RPE). Exactement trois minutes après la chute du grimpeur, l’expérimentateur effectuait la troisième mesure de lactate (Lac 2).
Post-test:
Directement après la troisième mesure du taux de lactate, le participant effectuait à nouveau les tests de force maximale (Fmax 2) et de force endurance (Res 2), identiques au pré-test.
Analyse statistique:
Toutes les données sont exprimées en moyenne ± écart-type. Lorsque les données respectaient les conditions de normalité et d’homogénéité des variances, des tests t appariés ont été utilisés pour déterminer les différences pour chaque sujet entre les deux conditions (RESP vs CONT) et les deux essais (1, 2) au niveau des paramètres de la charge interne et externe. Des tests t indépendants ont été utilisés pour déterminer les différences entre les deux groupes de sujets (avancés vs experts ; augmentation vs diminution BF). Plusieurs relations ont été déterminées entre la condition RESP et CONT ; la différence de la fréquence de respiration et du niveau des participants (△BF vs Niv), la différence de la fréquence de respiration et la différence du
résultat (△BF vs △TopN), la différence de la variation du taux de lactate, après l’ascension
et avant l’ascension, et la différence du résultat (△△Lac vs △TopN) et la différence de la variation du taux de lactate, après l’ascension et avant l’ascension, et la différence de la variation entre Res 1 et Res 2 (△△Lac vs △△Res). Le test de normalité de Shapiro-Wilk a été utilisé pour tester la normalité des données. Si les données n’étaient pas normales, le coefficient de corrélation de Spearman (rho) a été calculé. Si les données respectaient les conditions de normalité, le coefficient de corrélation de Pearson a été utilisé. Pour toutes les analyses statistiques, le seuil de significativité (*) était fixé à p < 0.05. Toutes les analyses statistiques ont été effectuées avec le logiciel SPSS Statistics (IBM© SPSS© Statistics, Version 24.0.0.0, 1989-2016).
But et hypothèse de l’étude:
Le but de cette étude est de déterminer si la performance en escalade, lors de l’ascension entête d’une voie de niveau maximal, peut être améliorée par le contrôle de la respiration. La performance est quantifiée comme le nombre de prises que le grimpeur saisit lors de l’ascension de la voie. Le contrôle de la respiration est défini par une respiration continue (sans épisode d’apnée) et consciente. Afin d’examiner scientifiquement cette question, nous avons formulé l’hypothèse suivante : H0 : Le fait de contrôler sa respiration de manière consciente ne va pas éviter des épisodes d’apnée et augmenter ainsi la fréquence de respiration moyenne. La performance ne sera pas améliorée. H1 : Le fait de contrôler sa respiration de manière consciente va éviter des épisodes d’apnée et augmenter ainsi la ventilation moyenne. Cette augmentation devrait amener plus d’O2 aux muscles, augmentant ainsi la contribution relative de la filière aérobie à l’apport total d’énergie. Au final, la performance devrait ainsi être améliorée.
Physiologie:
Les filières énergétiques et les types d’effort:
La source d’énergie d’une contraction musculaire vient de l’hydrolyse de l’adénosine triphosphate, ATP. Comme l’ATP existe à de faibles doses dans la cellule musculaire, le corps a développé un mécanisme chimique pour la régénérer afin de permettre aux fibres musculaires de continuer à se contracter (Gastin, 2001).Trois filières énergétiques distinctes permettent de satisfaire les besoins du muscle en énergie : le système anaérobie alactique, le système anaérobie lactique et le système aérobie. La filière anaérobie alactique intervient à l’état initial d’un exercice intense, sans oxygène et sans production d’acide lactique. La phosphocréatine et l’ATP stocké dans les muscles permettent un apport d’énergie rapide mais sur une durée limitée (Gastin, 2001).
La fatigue musculaire:
La fatigue musculaire est définie par l’incapacité de nos muscles à maintenir et développer de la force ou de la puissance sur la durée (Gastin, 2001). Les mécanismes responsables de la fatigue musculaire peuvent être classifiés comme centraux ou périphériques. La distinction entre ces deux types de fatigue se fait en fonction de l’origine de la perte de force par rapport à la jonction neuromusculaire. Avant la jonction, il s’agit de la fatigue centrale et après la jonction, de la fatigue périphérique ou musculaire (Edwards, 1983). Les facteurs de la fatigue dépendent directement de la nature et de l’intensité de l’exercice. Lors d’un effort de longue durée, les facteurs limitants peuvent notamment être la réserve de glycogène et le taux d’enzymes oxydatives (Sesboüé, 2006). Lors d’un exercice de très haute intensité et de durée limitée, l’accumulation d’acide lactique intramusculaire a longtemps été considérée comme la cause la plus importante de fatigue. L’acide lactique n’est pas présent dans le corps sous sa forme neutre, il est représenté par des ions de lactate et des ions H+. Afin d’évaluer correctement l’effet de l’acide lactique sur la fatigue, il est important de considérer ces deux formes ioniques séparément. Les ions lactate sont formés pour permettre à la glycolyse de continuer à fonctionner, le lactate peut ensuite être utilisé comme substrat énergétique. Les ions H+ produits vont engendrer une baisse du potentiel hydrogène intramusculaire, pH, entraînant une acidose du milieu. On ne sait pas si les ions H+ sont produits durant la production de lactate ou durant les réactions glycolytiques.
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Table des matières
Résumé
Liste des figures
Liste des tableaux Abréviations
1 Introduction
1.1 Escalade sportive
1.2 Physiologie .
1.3 Escalade de difficulté
1.4 Escalade et respiration
1.5 But et hypothèse de l’étude
2 Méthode
2.1 Sujets .
2.2 Protocole expérimental
2.3 Mesures et matériel
2.4 Analyse statistique
3 Résultats
3.1 Comparaison de la condition RESP et de la condition CONT
3.2 Comparaison de l’essai 1 et de l’essai 2
3.3 Comparaison entre grimpeurs avancés et grimpeurs experts
3.4 Comparaison entre grimpeurs qui ont augmenté leur fréquence de respiration et grimpeurs qui ont diminué leur fréquence de respiration
4 Discussion
5 Conclusion
Bibliographie
Annexe
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Remerciements
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