Erosion et salinisation des terres

Au Sénégal le tiers des superficies cultivables est affecté par le sel. La région de Fatick et de Kaolack qui formaient, jadis, le bassin arachidier constituaient un immense espace de culture. Il y a un peu plus de 50 ans cette partie du Sénégal était une vaste forêt dense et touffue, avec une faune et une flore d’une richesse inestimable. Aujourd’hui, le Sine Saloum est l’une des milieux les plus affectées par les processus de dégradation des terres du fait des actions naturelles et anthropiques. Un fléau qui menace sur la sécurité alimentaire. L’ampleur de la salinisation prend les allures d’une catastrophe écologique contre laquelle la prise de mesures urgentes semble imminente. A Fatick, 40% des terres sont affectées par le sel selon l’institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA).

Cette situation s’est produite dans un contexte de changement climatique défavorable et d’une croissance démographique accélérée. La sécheresse des années 1970 caractérisée par des déficits pluviométriques et un assèchement des terres agricoles, a accentué la salinisation et sensibilisé les terres à l’érosion. Toutefois, la Commune de Keur Saloum Diané à l’instar de toute la région de Fatick jadis, bénéficiant des conditions physiques propices à l’agriculture, est soumise aux facteurs de dégradations des ressources terrestres. Cette situation de crise agricole est ressentie dans tous les niveaux. Ces effets néfastes ne se limitent pas seulement dans le monde rural. Ils affectent également toute l’économie nationale essentiellement tributaire du secteur primaire.

Réputée être le poumon de l’économie de la région du Sine Saloum grâce à la fertilité des terres et une pluviométrie régulière, l’agriculture connait depuis des décennies des contraintes liées à la dégradation de l’environnement. De ces contraintes découlent une salinisation qui prend de plus en plus de l’ampleur malgré les nombreux projets et programmes pour endiguer l’avancée du sel et récupérer les terres salées.

Synthèse bibliographique 

Nombreux, sont les travaux qui ont été effectués sur l’environnement de la région du Sine Saloum. Cet espace géographique est soumis à plusieurs facteurs de dégradation naturels et anthropiques qui se manifestent par la baisse de la productivité agricole, la perte des espaces arables etc.…

C’est ainsi qu’en 1986, S. Sadio s’intéresse à l’étude pédologique des facteurs de mortalité des essences forestières introduites en milieux salés au Sénégal. Elle est faite dans le cadre du reboisement des Niayes et du Sine Saloum pour la récupération des terres salés. Selon Sadio, la salinisation a toujours été un problème préoccupant pour la mise en valeur agricole. Il explique également que la restauration des sols salés se confronte à des problèmes de salinité excessive due à des phénomènes d’évaporation intenses et d’apparition de sels en surface par remontée capillaire. Marius et Lucas, (1991) cités par le rapport du PAPIL (2013) expliquent que depuis l’installation de la sécheresse, le Sénégal a connu une dégradation de ses ressources naturelles dont les types les plus marqués, dans les régions de Fatick et de Kaolack, sont entre autres la salinisation des terres et la contamination des nappes phréatiques par la salure des eaux de surface. Ces phénomènes résultent des changements climatiques dont les effets ont entrainé la remontée du niveau eustatique de la mer et une réduction du drainage des eaux douces par les marigots du Sine Saloum. Selon ce rapport le Quaternaire récent demeure la période la mieux connue en ce qui concerne l’évolution des sols salés des régions de Kaolack et de Fatick.

Présentation du milieu 

La Région de Fatick où se trouve notre milieu d’étude est créé en 1984 à la suite de la division en deux de la grande région du Sine Saloum. Elle couvre une superficie de 6685 km2 soit 4,4% du territoire national (Tall, 2010). Elle est limitée au Nord par la région Louga et de Diourbel, au Nord-ouest par Thiès, à l’Est par Kaolack, au Sud par la république de Gambie et à l’ouest par l’océan atlantique. Elle compte trois départements (Fatick, Foundiougne, Gossas), 10 arrondissements, 37 Communes dont celle de Keur Saloum Diané.

Située au Sud-est de cette région, la Commune de Keur Saloum Diané couvre une superficie de 297 km2 , soit 27,8% de la superficie de l’Arrondissement de Toubacouta. Elle se trouve dans le Département de Foundiougne. Selon le découpage administratif de la région de Fatick et de Kaolack, la Commune est limitée :

−Au Nord par les Arrondissements de Wack Ngouna et de Djilor,
−Au Sud par la Commune de Keur Samba Gueye,
−A l’Ouest par la Commune de Nioro Alassane Tall,
−Et à l’Est par l’autre partie de l’Arrondissement de Wack Ngouna.

Cette zone est comprise entre 16° 20’ et 16° 00’ longitude Ouest et 13° 36’ et 13° 48’ latitude Nord. Cette collectivité locale regroupe 37 villages de l’Arrondissement de Toubacouta et compte 20453 habitants d’après le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2002).

Le cadre physique

Les éléments caractéristiques du milieu physique sont le relief et la géologie, le climat, les sols, les ressources hydriques et les formations végétales.

Le relief et la géologie 

Le relief de la Commune de Keur Saloum Diané se caractérise par sa platitude. Il est constitué d’une vaste vallée qui s’étend sur plus de 15 kilomètres l’arc Nord-est-Sud, d’un affluent du fleuve Gambie à l’Est du village de Coular Socé, des plaines et des plateaux ainsi que des basfonds qu’on retrouve au Nord-est et au Sud-est. Cette platitude du relief constitue un avantage pour l’avancée des tannes et la stagnation des eaux salées qui sont présentes surtout dans le département de Foundiougne et de Fatick. Les travaux de Bertrand(1972) révèlent au niveau du Sine Saloum des unités de territoire homogènes définies à partir de leur nature, leur genèse et leur dynamique d’évolution. Les fluctuations climatiques au cours du Quaternaire ont régi les principales phases de la morphogénèse. Lors des périodes subarides, les lits des cours d’eau se sont creusés et de vaste glacis se sont mis en place. Leurs matériaux ont été altérés pendant les phases les plus humides. Les plateaux subhorizontaux actuellement surmontés de cuirasse semblent avoir été générés par au moins une phase d’aplanissement.

La Commune de Keur Saloum Diané se situe dans la partie Sud-ouest du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien qui couvre les 4/5 de la superficie totale du Sénégal. « La géologie de la région appartient à ce bassin sédimentaire dont le substratum géologique n’affleure qu’au niveau de l’estuaire du Sine Saloum où la cuirasse du Continental Terminal apparait sous forme de falaise à Toubacouta ou dans les carrières de Keur Sambel et à Diaglé (au Sud de Sokone). Sur toute l’étendue de la région des dépôts de couvertures sableuses d’origine éolienne ou colluvion-alluvial pour les bordures, sable marin quaternaire subactuel et actuel pour les îles prédominent masquent le substratum géologique » (Soumaré.A, 1996).

Table des matières

Introduction
Synthèse Bibliographique
Problématique
Définition des concepts
Méthodologie
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre I : Le cadre physique
Chapitre II : Le cadre humain
Chapitre III : Les activités socio-économiques
DEUXIEME PARTIE : EROSION ET SALINISATION DES TERRES
Chapitre I : L’érosion
Chapitre II : La salinisation des terres
Chapitre III : Les impacts de l’érosion et de la salinisation
TROISIEME PARTIE : LES STARTEGIES DE LUTTE ET LEURS IMPACTS
Chapitre I : Les stratégies de lutte contre l’érosion et la salinisation
Chapitre II : Les impacts des stratégies de lutte
Conclusion générale

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