L’HEGEMONIE DU LANGAGE CAPITALISTE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
Depuis la conférence de Berlin, en Novembre 1884 et Février 1885, l’impérialisme des pays occidentaux sur les africains et le reste du monde, a fini de jeter les bases d’une distribution ou redistribution des colonies, voire le partage de l’Afrique. Ainsi, l’impérialisme s’affirme comme une arme devant faire plier et influencer toute forme de relations, allant jusqu’à la colonisation des pays développés. Partout en Europe, avec la révolution industrielle se développent les chemins de fer, pièce maîtresse de l’industrie impérialiste et capitaliste, du commerce mondial ainsi que de la civilisation démocratique. Ceux-ci constituent le fer de lance de la grande production bourgeoise, des grands monopoles et marché intercontinentaux. En effet, la multiplication des banques, des cartels des trusts, et l’oligarchie financière vont crescendo. La propriété privée de moyens de production se renforce avec la recherche accrue de profit au détriment de l’accroissement des inégalités sociales. Sous cet aspect les guerres impérialistes entre les différentes puissances sont inévitables. Alors plusieurs millions de morts, de mutilés seront enregistrés à l’issu de ces guerres de positionnement et domination des marchés mondiaux, et de la finance internationale, entrainant le monde dans une impasse sans précédent. C’est ainsi que tout le monde entre en guerre à cause, non de leurs intérêts, mais de l’intérêt des pays capitalistes développés. De ce point de vue, le capitalisme gagne du terrain et devient un moyen légitime de domination douce, civilisatrice, naturelle car soutenue dans des concepts tels que, démocratie, modernité et développement. C’est tout le sens de ces propos de Lénine : « Propriété privée fondé sur le travail du petit patron libre concurrence, démocratie : tous ce slogans dont les capitalistes et leur presse se servent pour tromper les ouvriers et les paysans sont depuis longtemps dépassés. Le capitalisme s’est transformé en un système universel d’oppression coloniale et d’asphyxie financière de l’immense majorité de la population du globe par une poignée de pays avancés ». C’est ainsi que le capitalisme, contribue à noyer les pays sous-développés dans une pauvreté perpétuelle, car toujours ils seront sous le joug de ces pays-là . De ce fait, toutes les organisations internationales de l’époque, la société des nations (SDE) et plus tard l’organisation des nations unies (ONU) sont sous l’influence des pays capitalistes, qui y dictent leur politique au regard du monde entier. Ainsi, il est à constater que tous les pays, sous le seuil de la pauvreté, subissent de manière violente des politiques étrangères qui ne garantissent pas leur développement. Aussi, il nous semble intéressent d’énoncer ici l’exemple de la coopération entre la France et ses anciennes colonies. Elle est basée essentiellement sur un faux discours qui ne scande que le profit, l’intérêt et le gain. La géopolitique se fait de façon équitable avec des pays qui ont le même niveau de développement, mais d’une manière différente avec des pays inférieurement dominés. Tous les foyers de tension dans le monde sont souvent la conséquence de rivalités et de profits entre différentes puissances. Les guerres en Irak, en Syrie, au Congo, au Mali sont des exemples plausibles. Cette géopolitique est soutenue par l’expression des pays capitalistes forts et le suivisme des nations faibles. Ainsi, elle est la face actuelle de la politique internationale. Dans cette situation, les Etats deviennent des « loups pour les états » C’est ce qu’explique ces propos d’Éric Weil : « La violence a été et est encore la cause motrice de l’histoire et néanmoins la conscience politique cherche le progrès vers l’élimination de la violence, élimination qui est sa cause finale ». De ce fait, penser les enjeux géopolitiques de notre temps chez Éric Weil aujourd’hui, c’est arriver à promouvoir une géopolitique où « [elle] (la violence) aurait disparu, aurait été écartée par l’homme agissant raisonnablement selon le discours portant sur la violence » . Ainsi, dans le but d’humaniser les relations internationales et d’équilibrer la géopolitique entre les pays riches et pauvres, Éric Weil innove en insérant la morale dans la politique. Cette morale ne dédouane l’individu non pas à s’écarter du monde mais plutôt à assumer les lourdes responsabilités et risques de son action. Pour Éric Weil, il faut fixer à la géopolitique la fin à réaliser. Ce but, Éric Weil le voit dans la constitution d’une société mondiale où resteront rassemblées les conditions de la « satisfaction de l’homme dans et par la reconnaissance de tous et de chacun par tous et par chacun» .Le philosopher d’Éric Weil, contrairement au discours des pays capitalistes n’exclut aucun pays, aucune personne ; il reconnaît tout le monde dans sa particularité, dans sa minorité et dans le respect de sa dignité. Les pays développés peuvent dialoguer avec les pays pauvres de façon équitable sans aucune tentative d’exploitation. Les minorités seront reconnues, jouiront totalement de tous leurs droits et la raison raisonnable sera le critère de mesure de la bonne action mais non pas celle instrumentale porteuse de conflit et de profit surtout. C’est la raison pour laquelle Kant soutient que : « l’homme est destiné par sa raison à former une société, à se cultiver, à se civiliser et à se moraliser par l’art et par les sciences ;aussi fort que soit son penchant animal à s’abandonner passivement aux attraits du confort et du bien- être ; qu’il appelle félicité ;sa raison le destine au contraire à se rendre digne de l’humanité dans l’actif combat contre les obstacles qu’ oppose la grossièreté de sa nature ». Ce n’est qu’en ce moment que la pleine humanité aura triomphée et que l’histoire se réalisera. Le mal de la géopolitique mondiale d’aujourd’hui est le caractère violent du langage des politiques. Encore une fois, le problème de la géopolitique s’exprime par une politique nationaliste caractérisée par une scission d’union d’états ou de nations simples qui déjà s’est opérée en Angleterre avec le Brexit, en Espagne avec la Catalogne, en Afrique, avec le Nord et Sudouest camerounais, au Nigeria dans la région du Biafra, au Maroc avec le front Polisario, au Sénégal, la Casamance et le Soudan du Sud, en Asie, l’Irak et les Kurdes, etc. De plus, avec le génocide des Rohingyas de la Birmanie, les attaques terroristes répétitives en France, Belgique, Allemagne, en Syrie, Irak, au Mali, Burkina Faso, Nigeria, Côte- d’ivoire, Egypte, Niger et en Somali récemment avec plus de trois cents morts et des milliers de blessés, partout dans le monde soit par l’Etat Islamique DAESCH ou Boko Haram. Aussi, le problème de l’immigration vient aggraver la situation. Chaque année, ce sont desmilliers de morts recensés : à Gibraltar 3286 cadavres ont été repêchés entre 1989 et 2001, l’Italie dénombre officiellement 1000 morts par an. Ce fléau a occasionné aujourd’hui un phénomène nouveau à savoir le retour de la traite des noirs en Libye avec des marchés d’esclaves. Sous ce rapport, la politique migratoire est devenue aujourd’hui un sujet politique de discussion et d’enjeu majeur de développement et de relation internationale. En effet, ce n’est pas pour rien que Donald Trump en fait son cheval de bataille, mais aussi l’utilise comme moyen de campagne lors des élections de mis mandat le 7 novembre passé. Il est allé même jusqu’à déporté plus de15000 soldats le long de la frontière avec le Mexique pour arrêter les milliers de marcheurs migrants d’Honduras, avec ordre de tirer sur eux. De ce point de vue, on comprend aisément comment le discours incohérent ou irrationnel peut renfermer une certaine forme de violence. Là, nous comprenons bien Éric Weil, lorsqu’il pose le problème entre vérité et violence, lesquelles notions jouent un rôle déterminant du point de vue moral, dans les rapports sociaux que nous entretenons les uns des autres.
SENS DE LA POLITIQUE : LA PENSEE DE L’ACTION RAISONNABLE
Le philosopher d’Éric Weil se caractérise par la volonté d’exposer de la façon la plus critique les problèmes du monde de notre temps. Si, pour le professeur Sémou Pathé Gueye la philosophie a pour définition de nous élucider sur les grands problèmes du monde et sur celle de la destinée humaine ; celle d’Éric Weil s’est totalement et entièrement développée tout en apportant des alternatives aux opaques fléaux auxquels sont confrontés le monde d’aujourd’hui. Mais Éric Weil ne se limite pas aux grands problèmes du monde, il met en garde l’humanité sur les dérives de la raison qui dès fois peuvent déchoir et porter préjudice à tous. C’est tout le sens de ces propos : « le philosophe a peur, non pas de l’homme, ni de la mort, mais de ce qui n’est pas raison et dont il est, condamné à vivre avec». Géopolitique et politique sont indistinctement liées l’une de l’autre. Mais toutes les deux s’expriment à travers le langage, tel qu’il est dans toute sa naturalité. Il va donc sans dire que le langage bien évidemment prendra les caractéristiques humaines et sera sans doute, doté d’une dose d’animalité et d’humanité. C’est-à-dire qu’il s’exprimera en premier lieu par la violence, avant de redevenir raison. Ainsi, l’œuvre philosophique d’Éric Weil, se présente comme un discours cohérent, qui s’intéresse non pas sur un domaine particulier, mais sur le tout du réel, de la réalité, non dans une restriction mais plutôt dans une ouverture fructueuse. Cela signifie que pour Éric Weil, toute réalité se révèle dans le discours, quoiqu’il existe une pluralité de langage, laquelle ne pourra être comprise que dans le discours philosophique. S’il est donc normal que la géopolitique soit l’expression de tous les langages, discours ou de politiques diverses, il n’en est pas moins qu’elle devrait être comprise par le discours de la totalité, en ce sens que grâce à la catégorie du sens, sensée elle-même comprendre toute la réalité de la philosophie et du sens de la politique dans les relations internationales. Or, pour Éric Weil, la politique est et ne doit être que le sens de l’action raisonnable, car elle ne vise que l’action universelle. C’est tout le sens de ces propos d’Éric Weil, dès lors qu’il soutient que : « La politique, science philosophique de l’action raisonnable, a affaire à l’action universelle, laquelle tout en étant, de par son origine empirique, action d’un individu ou d’un groupe, ne vise pas l’individu ou le groupe en tant que tel, mais la totalité du genre humain ». Donc, la politique chez Éric Weil a une importance capitale, car participant à aider les hommes raisonnables à universaliser leurs actions, dans les valeurs cardinales qui nous lient et pacifient l’espace social. Ici, Weil se rapproche de Kant, dans son projet à vouloir universaliser ses maximes, par le concept de la politique. Ainsi, en intégrant la politique comme l’entend Éric Weil dans la géopolitique, nous œuvrons à normaliser les relations internationales. Cela ne passera que lorsque la politique sera dépouillée de tous intérêts partisan et personnel. Il faut donc, en ce sens infuser à la politique, à l’homme politique, non pas de valeurs authentiques, figées, mais celles leur permettant de créer un climat de se rapprocher les uns envers les autres. Cependant, le rejet du discours cohérent est à comprendre dans une liberté capable de lui tourner le dos. Celle-ci n’est que la manifestation d’une possibilité parmi tant d’autre. Par conséquent, le but du philosopher d’Éric Weil serait de comprendre tout ce flot de violence dans la géopolitique comme dans la politique. Mais, pour autant que le philosopher d’Éric Weil pense la géopolitique, autant la philosophie se pense elle-même, parce qu’elle a à penser son autre. Ainsi, il est à constater que la politique de la géopolitique se fait dans un discours absolu, dominateur, se substituant aux autres discours des pays puissants. Pour Éric Weil, la philosophie ne saurait cautionnée un discours absolument fermé et qui prétend toujours avoir raison. Par là, nous disons avec Éric Weil, que la politique, la pensée de l’action raisonnable ne saurait quittée l’espace géopolitique, car elle est le moyen par lequel toute violence se dissipe, se dompte et se comprend dans une articulation de ces deux possibilités libres : la violence et la raison. En effet, cette géopolitique dominatrice et provocatrice, nous la vivons aujourd’hui avec l’avènement d’une nouvelle politique internationale des Etats Unis, sous l’égide de leur président. Cela est même dénoncé par le Washington Post, dans sa publication au lendemain du 14 mai 2018. Ce jour du 14 mai coïncide avec le soixante dixième anniversaire et le déménagement de l’ambassade Américaine à Jérusalem. En ce moment-là, les Palestiniens manifestaient à la frontière à Gaza et cinquante-huit d’entre-eux étaient tués par l’armée Israélienne. C’est ainsi que tous les médias américains dans la grande majorité ont signé l’avis de décès du processus de paix Israélo-Palestinien. Voilà donc comment le Washington Post qualifiait ces faits : « Rien ne fait autant pour le processus de paix que la mort de 58 palestiniens, sans oublier 2700 blessés, auxquels il faut ajouter les tensions renouvelées entre l’Iran et Israël, le risque d’embrasement de la région ». Dans la publication du New York Times, du même jour on y lisait : « Le processus de paix est moribond, comme les espoirs de 2 millions de personnes entassées dans une bande de terre le long de la Méditerrané entre Israël et l’Egypte. Compte tenu de ces deux exemples, tout porte à croire que l’action de Donald Trump contribue à faire reculer le processus de paix ». Dans ce même journal il était écrit que : « l’ouverture est un cadeau sans contrepartie fait au gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou et un coup violent asséné aux Palestiniens. Pourtant, de ce fait, on assiste à une géopolitique à double vitesse, voire partisane, mue uniquement par des intérêts, car ce à quoi le monde a vécu n’est pas le début d’un processus de paix et de sécurité pour deux peuples qui l’espèrent. Ainsi, dans l’analyse sans complaisance de ce fait de géopolitique, il nous faut rappeler que ce jour-là, tous les alliés des USA ont boycotté l’événement, mais il a participé à renforcer les clivages entre les musulmans et les juifs, les peuples du tiers et l’occident. D’ailleurs, ce déplacement de l’ambassade des USA est pour l’ambassadeur des Etats Unis en Israël Stephen Colbert, un message fort et crucial aux israéliens, pour leur dire : « qu’ils ne sont pas seuls ». Oui Israël n’est pas seul. Mais, pire l’ambassadeur Stephen Colbert déclare sur la chaine CBS : « Il nous reste à déstabiliser l’Antarctique et bingo ! Nous aurons une crise mondiale ». Il nous faut, lutter contre cette violence, au sein même de la géopolitique et en cela, la catégorie de l’action nous permet de comprendre la politique.
EDUCATION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Partant de l’idée selon laquelle pour Éric Weil : « Eduquer, c’est seulement conduire le sentiment de la relativité des sens concrets, voire le sentiment de l’absence de sens, à la conscience de soi et à la réflexion sur soi, à la volonté de comprendre et de se comprendre », il n’en demeure pas moins vrais que la définition de l’homme comme étant un animal doué de langage et de langage raisonnable, tient toujours la route, car on éduque l’homme pour la seule et bonne raison qu’il peut choisir librement la raison, librement la non raison. L’éducation révèle, à l’homme qu’il n’est pas un être infini, mais seulement fini, aussi bien dans le monde que dans la compréhension de son être. L’éducation est un moyen, une manière d’être au monde, de voir en lui comme un cosmos bien harmonisé et de comprendre l’homme dans le monde. Elle est ce qui permet à l’homme de s’élever en Soi capable d’agir en toute conformité avec la raison dans la réalisation de l’universel concret. Ainsi, la communauté internationale est dans la nécessité de s’éduquer, parce qu’elle n’est que le reflet des actions d’hommes passibles de non raison. C’est dans l’éducation de la communauté internationale, que les rapports conflictuels entre les Etats s’humaniseront, en vue de retrouver le Bien en soi, gage de stabilité et de paix durable. En ce sens, le monde sera un lieu d’épanouissement non dans la raison rationnelle, mais dans celle raisonnable. L’expression de la violence enferme l’homme dans le cachot du désespoir et de l’indignité.Cela se justifie par ces propos d’Éric Weil : « Jamais plus l’homme ne trouvera sa place dans un monde qui est et qui l’enferme. Son monde devra être un monde de découvert un monde qui ne sera que dans la mesure où il le fera et dont il n’oubliera pas qu’il est le créateur ». L’ouverture du monde est non dans la violence, le refus de la raison, elle est plutôt dans l’éducation de l’être qui est présent au monde par la raison. De ce fait, la communauté internationale se trouve dans l’obligation de déceler ce qui est et qui constitue la pomme de discorde et la source de conflits dans le monde. Mais une fois l’avoir identifiée, elle dégagera une ligne de conduite qui nous permettra de nous en éloigner, tout en réglant les différends susceptibles d’entraver la vie en communauté. En effet, l’importance de l’éducation, dans les relations internationales, est de participer à la reconnaissance de l’homme en droit et en dignité. En cela, les hommes s’élèveront à la fois au-dessus de la nature et de l’animalité pour ainsi demeurer de « vrais hommes ». C’est pourquoi Éric Weil dira en ce sens que : « Entre les vrais hommes, la violence est interdite ». Ainsi, entre la communauté d’hommes raisonnable, la violence est formellement interdite. Par conséquent, les organisations internationales comme celles des nations unies (ONU), le fond monétaire international(FMI) doivent veiller à ce que la violence telle comme elle se présente sous toutes ses formes (économique, sociale intellectuelle, financière culturelle etc.) devra être exclue dans les relations et la coopération entre les Etats. Comment comprendre les politiques d’ajustement imposées par la banque mondiale à nos pays au bord du gouffre ? Comment comprendre l’imposition de programmes scolaires à nos pays qui n’ont pas les mêmes réalités, la même histoire ainsi que la même conception de voir le monde ? Comment se fait-il que nous sommes assaillis par une culture outre que la nôtre ? Le monde ne devrait pas, en aucune manière s’uniformiser. C’est là où le mal de la géopolitique est à penser. En d’autres termes, le déficit d’éducation, la fracture numérique au sein même de la géopolitique laisse croire que l’uniformisation du monde soit un phénomène salutaire. En réalité, l’uniformisation est l’histoire d’une homogénéisation culturelle du monde, qui Edouard Glissant reprend sous le terme de « nivellement par la bas » c’est-à-dire, l’hégémonie de la culture occidentale sur toutes les autres et à tout point de vue. L’uniformisation des cultures, laisse croire une certaine passivité des peuples dans une imposition d’un modèle culturel, lequel fait advenir une dilution des cultures des tiers- Etats du monde. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’universel n’est pas l’uniforme. C’est ce qui amène François Jullien a levé le voile en soutenant que : « De l’universel à l’uniforme s’opère préalablement, en effet, cette disjonction de plans. On pourrait résumer ainsi l’opposition, entre eux : l’uniforme est un concept, non de la raison, mais de la production, tel est le standard ou le stéréotype. Il relève, non pas d’une nécessité mais d’une commodité : moins couteux, parce que produit en chaine » Autrement dit l’uniformisation n’a qu’un double but. D’une part elle est économique, car son soubassement est l’économie de marché, la montée fulgurante du capitalisme des occidentaux. D’autre part il repose sur l’imitation. Décidemment, elle aura comme conséquence la dissolution des identités particulières, l’inhibition des appartenances locales au détriment d’un tout uniforme. C’est tout le sens des propos d’Amine Maalouf, dès lors qu’il écrit : « L’identité dans une soupe informe où toutes les couleurs s’effaceraient ». De plus, elle provoque un certain repli identitaire, une affirmation de la différence, pire elle renforce le fondamentalisme religieux. Cependant pour que, l’humanité puisse tirer profit de la différence, il faut que désormais, la culture ne soit pas une arme pour faire plier l’autre et l’emporter dans un moule uniforme. Il faut donc que les organisations éducatives internationales prône le vouloir « vivre ensemble » dans la différence, construise sur le terrain des interactions, parce que : « L’humanité ne doit pas se faire dans l’effacement des uns au profit des autres ». La réalisation d’un tel projet, n’est pas dans l’absolutisation de nos identités, mais plutôt dans une réflexivité, allant dans le sens de découvrir et de connaître l’autre. C’est fort de ce constat, qu’il serait intéressant de répondre à cette invite de Maalouf à travers ce propos : « Pour l’universalité des valeurs, il est impératif de lutter contre l’uniformisation appauvrissante (…) contre l’unanimisme bêtifiant, contre tout ce qui bâillonne les multiples expressions linguistiques, artistiques intellectuels (religieux), contre tout ce qui dans le sens d’un monde monocorde et infantilisant ». Alors, aux yeux d’Éric Weil, comme il est convenu que nul ne peut vivre désormais en vase clos, il faut cependant lutter contre l’isolationnisme dans le repli autarcique, lequel enferme les hommes dans une autosatisfaction et les inscrivent dans une attitude d’exclusion de tout ce qui semble diffèrent et vient du dehors. Ainsi, nous comprendrons Éric Weil, quand il soutient que : « La communauté ne subsiste qu’aussi longtemps que dialogue suffit à tout régler de ce qui peut diviser les membres » . Ce repli sur soi est le fondement même du dogmatisme et du fondamentalisme religieux. C’est en cela que Fara Rajah attire notre attention en défendant que : « Le déclin de toute culture provient de son enfermement dans des carcans mortifères, dans des territoires hermétiquement cloisonnés ». En conséquence, ce n’est que dans cette voie que l’humanité évitera de porter les traits caractéristiques d’un universalisme réducteur, voire abstrait, parce que se voulant universel alors qu’il ne l’est pas. Et de facto, il exclut toute autre forme de modèle civilisationnel. C’est ainsi que l’on comprendra que les « receveurs universels » contrains de vivre dans l’unanimisme se sentiront alors dominés, blessés dans leur amour propre. Toutefois, il est à constater que la géopolitique d’aujourd’hui vit une violence verbale inouïe, qui, si l’on en tient pas compte risquerait d’emportait le monde à la dérive. Ainsi, quand le président des Etats Unis traite certains pays (Haïti, Salvador et les pays Africains) comme des « pays de merde », le bouchon est encore allé beaucoup plus loin qu’on le pensait, mais aussi c’est une confirmation du degré de violence, qui va crescendo sur toutes les activités de l’homme et de la société dans les relations internationales. L’éducation de la communauté et des dirigeants, en ce sens, semble plus que pressante, car c’est faire abstraction de tout discours raisonnable et sensé. Cela ne fera qu’embraser le monde, augmenter les conflits dormants. C’est pour cette raison qu’Éric Weil attire notre attention sur les violences, qui dans une certaine mesure pourraient être évitées, des lors qu’il défend que : « Violence, en elle-même, est la négation de tous sens, l’absurde pur, on sombrera dans la violence ».
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SENS DU LANGAGE DANS LA GEOPOLITIQUE
CHAPITRE PREMIER : L’HEGEMONIE DU LANGAGE CAPITALISTE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
CHAPITRE 2 : SENS DE LA POLITIQUE : LA PENSEE DE L’ACTION RAISONNABLE
CHAPITRE 3 : EDUCATION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
DEUXIEME PARTIE : LES FONDEMENTS D’UN DIALOGUE RAISONNABLE DANS LA GEOPOLITIQUE
CHAPITRE PREMIER : LA RECONNAISSANCE ET LA PROMOTION DE LA DIVERSITE DANS LA COMMUNAUTE
CHAPITRE 2 : LA PROMOTION DE L’ETAT DEMOCRATIQUE
CHAPITRE 3 : LA MORALE DANS LA POLITIQUE
TROISIEME PARTIE : L’ALTERNATIVE D’ÉRIC WEIL POUR ERADIQUER LA VIOLENCE
CHAPITRE PREMIER : LA VIOLENCE INSTITUTIONNELLE
CHAPITRE 2 : LE DIALOGUE OU LA DISCUSSION
CHAPITRE 3 : LA NON-VIOLENCE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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