Ergothérapie en EHPAD

Contexte et point de rupture 

Le thème de cette recherche découle d’une observation vue en stage en Etablissement d’Hébergement pour Personne Agée Dépendante. Lors de ce stage, j’ai pu observer que la prise de médicament chez la personne âgée ayant une pathologie de type Alzheimer est importante. En effet, selon une étude réalisée auprès de dix EHPAD en alsace, les résidents ingéraient en moyenne 8,1 médicaments par jour (1). Cependant l’HAS recommande « d’utiliser en première intention des techniques de soins appropriées aux troubles du comportement. Elles peuvent permettre de prévenir le déclenchement ou la majoration des troubles et d’éviter le recours à des traitements médicamenteux »(2). Je me suis donc demandé dans un premier temps quels sont les bénéfices des thérapies non médicamenteuses sur les personnes présentant une maladie d’Alzheimer ? Et pourquoi la prise de médicament est-elle aussi importante chez la personne âgée ? J’ai pu notamment voir la mise en place de ces thérapies non médicamenteuses lors de mon stage par l’ergothérapeute en collaboration avec la psychologue et les aides-soignantes. Cependant j’ai remarqué que ces thérapies sont difficiles à mettre en place et à faire suivre.

Analyse critique de la revue de littérature 

Lors de la lecture de ces sources, il en est ressorti plusieurs sous thématiques qui permettent d’avoir des informations pertinentes sur la recherche.

❖ Thérapies médicamenteuses :
Les traitements médicamenteux dans la maladie d’Alzheimer visent principalement à ralentir le déclin cognitif et à prévenir les troubles de comportements liés à la maladie (7). En effet aujourd’hui il n’existe pas de traitement curatif (5). Ces traitements sont donc prescrits pour traiter les symptômes et ralentir l’évolution de la maladie. Actuellement, les traitements dits « spécifiques » de la maladie d’Alzheimer sont les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase et la mémantine (8). Ces traitements ont notamment un but de diminuer les troubles du comportement ou leur survenu. En effet selon une étude de 2007 réalisé sur 1067 patients, la mémantine avait un effet significatif pour 60 % d’entre eux (9). Cependant, en opposition à cela, il y a eu beaucoup de débats sur la prise de ces médicaments lors des quinze dernières années et plusieurs études ont été réalisées afin de démontrer leur prise inappropriée. En effet, la prise de médicaments peut avoir des effets dangereux sur la personne âgée. Selon l’ANESM une hospitalisation sur dix est lié aux effets secondaires d’un médicament ou d’une prise ou prescription inapproprié (4). En corroboration, selon une étude réalisée auprès de dix EHPAD en alsace, les résidents ingéraient en moyenne 8,1 médicaments par jour et 1,4 médicaments était prescris de manière inappropriée (1). Plusieurs mesures ont donc été mise en place pour diminuer cette forte médication. En 2008 l’AHS recommande d’utiliser en première intention les thérapies non médicamenteuses (2). À la suite de cela, en 2011 une polémique apparait et remet en cause l’efficacité des traitements médicamenteux. En opposition à ces demandes, nous pouvons remarquer que dans les EHPAD, malgré ces recommandations, les prescriptions de ces médicaments sont très peu en baisse (8). Nous remarquons tout de même une vigilance plus importante des médecins prescripteurs sur ces médicaments (8). Nous pouvons donc retrouver dans toutes les études et les recommandations sur le sujet qu’il est recommandé d’avoir une prise en soin médicamenteuse et non médicamenteuse en privilégiant les thérapies non médicamenteuses en première intention (1,4,7–10). La prise en soin doit être également pluridisciplinaire, individualisée et centrée sur les besoins de la personne et de son entourage .

❖ Thérapies non médicamenteuses :
Comme cité précédemment, depuis 2008 l’HAS recommande les thérapies non médicamenteuses en première intention dans la démence de type Alzheimer (2). En effet, ces thérapies permettent de traiter les symptômes de la démence sans avoir d’effets secondaires lourds lorsque cela est possible. Ces thérapies ont pour but de freiner l’évolution de la maladie par le maintien de l’autonomie de la personne, par la diminution du déclin cognitif et en diminuant les troubles du comportement. Elles peuvent également avoir un impact sur l’humeur et la qualité de vie du patient mais également de son entourage (5,11–13). Différentes thérapies non médicamenteuses peuvent être mises en place en fonction des besoins et de la demande de la personne. En effet cette prise en soin regroupe plusieurs personnels soignants comme des orthophonistes, des kinésithérapeutes, des psychomotriciens, des ergothérapeutes ou encore des aides-soignants (12). Plusieurs méthodes sont donc proposées en fonction des symptômes retrouvés chez le patient. Cela peut passer par de la thérapie fonctionnelle qui a pour but principal de maintenir l’autonomie dans les activités quotidiennes. Mais cela peut être aussi une thérapie cognitive qui sera principalement pour le maintien de la mémoire, une thérapie sensorielle comme de la musicothérapie ou de l’aromathérapie qui invitera le patient à se détendre ou encore d’autres méthodes plus spécifiques comme l’approche Montessori ou Snoezelen (12,14,15). Cependant les études démontrent qu’il faut rester prudent sur les effets concrets de ces thérapies. Ces thérapies sont prometteuses mais aucune étude à long terme n’a été proposée pour valider ces thérapies (5,12–14,16,17). En effet, plusieurs études ont été réalisées pour voir l’impact de ces thérapies chez des patients déments vivants en institution ou à domicile mais les études étaient généralement faites sur quelques mois et se sont ensuite arrêtées (16,18). Nous y retrouvons donc les effets à court terme mais cela ne va pas plus loin. Nous pouvons donc nous demander pourquoi les programmes de thérapies non médicamenteuses ne sont pas continués dans la durée et comment sont mises en place ces thérapies sur le long terme ? De plus, il est recommandé de favoriser les thérapies non médicamenteuses en première intention. Beaucoup d’études montrent donc la prise en soin non médicamenteuses chez des personnes étant au stade léger à modéré de la maladie notamment avec des programmes d’exercices, des stimulations cognitives ou des aménagements de l’environnement. Lors de symptômes sévères de la maladie, la thérapie médicamenteuse semble ensuite privilégiée (2). Nous pouvons donc nous demander ici comment sont mises en place les thérapies non médicamenteuses selon l’évolution de la maladie ?

❖ Suivi des thérapies non médicamenteuses selon les stades de la maladie :
Comme expliqué dans la paragraphe précédent, les thérapies non médicamenteuses ont un rôle important dans la maladie d’Alzheimer pour prévenir son évolution et les symptômes qu’elle engendre sur le patient mais aussi dans le bien être psychologique et physique des aidants (11). Au stade léger à modéré de la maladie, la prise en soin par les thérapies non médicamenteuses a généralement un rôle pour ralentir le déclin de la maladie et maintenir la personne à son domicile et donc éviter l’institutionnalisation précoce (12). Cependant, certaines études démontrent qu’il n’y a aucun résultat probant dans la mise en place de ces thérapies au stade sévère de la maladie d’Alzheimer (16,18). On peut se demander alors si des thérapies non médicamenteuses sont mises en place au stade sévère de la maladie et quels effets sont attendus à ce stade ?

Au stade léger à modéré, l’ergothérapeute a rôle important dans cette prise en soin non médicamenteuse. Il va tout d’abord pouvoir faire un aménagement du domicile de la personne pour faciliter sa participation dans les activités de la vie quotidienne et pour que l’environnement soit sécurisé (5). Il peut également faire un programme à domicile avec des activités thérapeutiques de la vie quotidienne, des activités cognitives, sensorielles ou encore de l’activité physique pour maintenir l’autonomie de la personne (14,16,18). Des études à ce sujet montre un réel impact sur l’autonomie des personnes dans leurs activités de la vie quotidienne. En effet une étude montre que des exercices réguliers d’aérobie réalisé par l’ergothérapeute à domicile apporte une diminution des chutes (18). De plus un aménagement de l’environnement en plus de ces exercices permet une augmentation de l’autonomie dans les activités de tous les jours (18). En complémentation, une revue de littérature réalisé en 2018 sur les thérapies non médicamenteuses et leurs effets nous apprend également que les exercices physiques peuvent réduire certains troubles du comportement ce qui engendre une amélioration de la performance occupationnelle et amène un soulagement aux aidants de la personne (14). Un programme de stimulation cognitive sur six mois montre une perte moins rapide de la mémoire (18). D’autres programmes de stimulation cognitive montrent également des résultats au niveau de la mémoire mais aussi sur l’orientation spatiale et temporelle et sur le langage et la compréhension (14). Ces résultats amènent une amélioration significative sur la qualité de vie de la personne et de ses aidants (14). Des résultats ont également montrés une baisse de la dépression par des activités productives en ergothérapie (18). Comme expliqué précédemment, les thérapies non médicamenteuses dans le stade sévère de la maladie ont un autre objectif que pour le stade léger à modéré. Ici ces thérapies ont pour principal objectif de diminuer les troubles du comportements liés à la maladie. Les troubles du comportement ont un lourd impact sur la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie mais aussi au niveau du fardeau des aidants. Ils sont une des principales causes d’institutionnalisation (17). Plusieurs objets médiateurs ont été mis en place pour canaliser les troubles aigus du comportement. Des thérapies sensorielles comme la mise en place de moments de détente avec de la musique ont montré une diminution des troubles du comportements (18). Cependant cette thérapie fonctionne sur un moment précis mais il n’y a pas de preuve de la diminution des troubles du comportements à long terme (18). Plusieurs thérapies sont également mises en place comme la luminothérapie, l’aromathérapie, les massages ou d’autres stimulations sensorielles mais ne montrent pour l’instant pas de résultats probants sur les effets à long terme contre les troubles du comportements (14). Dans la prise en soin des troubles du comportement on peut également observer l’importance ici d’un aménagement de l’environnement. En 2015, une étude quantitative a notamment été réalisée sur la mise en place d’un tableau interactif dans des unités spécialisées dans  l’accompagnement des personnes ayant une maladie d’Alzheimer ou apparentée (19). Ce projet a été réalisé dans le but de stimuler les patients lors de leur déambulation et de diminuer les comportements moteurs aberrants comme déranger des affaires ou fouiller des tiroirs (19). La mise en place de ce dispositif a permis de traiter un besoin chez les patients de manipuler des objets mais également au niveau du soignant car le patient peut s’exercer sans se mettre en danger ou mettre en danger quelqu’un d’autre et sans détériorer le lieu de vie .

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Contexte et point de rupture
1.2 Thème
1.2.1 Champs disciplinaires
1.2.2 Résonnance du thème
1.3 Revue de littérature
1.3.1 Méthodologie
1.3.2 Analyse critique de la revue de littérature
1.3.3 Enjeux professionnels et questionnement
1.4 Enquête exploratoire
1.4.1 Méthodologie
1.4.2 Résultats
1.5 Cadre théorico-conceptuel
1.5.1 L’occupation
1.5.2 L’engagement
1.5.3 Synthèse du cadre théorico-conceptuel
1.6 Question et objet de recherche
2. Matériel et méthode
2.1 Choix de la méthode
2.2 Identification des variables
2.3 Hypothèses de recherche
2.4 Population
2.5 Site d’exploration
2.6 Choix et construction de l’outil de recueil de données
2.7 Anticipation des biais
2.8 Test de faisabilité et de validité du questionnaire
2.9 Déroulement de la recherche
2.10 Choix des outils de traitements des données
3. Résultats
3.1 Statistiques descriptives
3.2 Inférences statistiques
3.2.1 Tests utilisés
3.2.2 Application
4. Discussion
4.1 Discussion des résultats au regard du dispositif de recherche
4.2 Discussion des résultats au regard de la revue de littérature, de l’enquête exploratoire et du cadre conceptuel
5. Conclusion
5.1 Apports, intérêts et limites pour la pratique professionnelle
5.2 Proposition et transférabilité pour la pratique professionnelle
5.3 Perspectives de recherche
Bibliographie
Annexes

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