Erasmus France/Italie : une forme d’exil ?

Ces dernières années, les notions d´internationalisation et de mondialisation sont devenues omniprésentes. Le XXème siècle a été en effet riche en rebondissements : difficultés dont l’Europe a dû se relever pour s’unir. Le programme Erasmus + en est l’exemple même.

C’est en effet dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale que les douze États qui composent alors l’Europe se réunissent pour créer un programme nommé Erasmus (acronyme signifiant EuRopean Community Action Schema for the Mobility of University Students). Depuis 2014, le programme a subi quelques modifications, pour devenir Erasmus +.

Le programme Erasmus doit son nom à Desiderius Erasmus de Rotterdam (1469- 1536); un philosophe, théologien et humaniste hollandais. Lorsqu’il était étudiant, il a beaucoup voyagé, notamment en Europe. Ainsi a-t-il pu se rendre à Paris, Louvain, Cambridge et Bâle. Par ailleurs, il a passé un certain temps en Italie, en Angleterre : cela lui a permis de s’enrichir et de développer sa conception humaniste du christianisme. En effet, il avait pour ambition, à la suite de ces voyages, d’aider d’autres jeunes comme lui à « devenir meilleurs » à l’aide de l’intelligence.

Le but de ce programme est simple : accroître la dimension européenne de l’enseignement supérieur en permettant à un maximum d’étudiants de développer des compétences linguistiques, interculturelles et professionnelles afin de favoriser une meilleure insertion sur le marché du travail européen. Nous nous concentrerons essentiellement sur les expériences étudiantes, bien que le programme ne leur soit pas réservé : enseignants, apprentis, personnes à la recherche d’un emploi, jeunes actifs peuvent également y prétendre. La mobilité des étudiants Erasmus à des fins d’études, qui est le cas de figure le plus fréquent, leur permet d’étudier à l’étranger pendant une période comprise entre trois et douze mois. Depuis le 15 juin 1987, date de création du programme, Erasmus aura fait voyager plus de trois millions de jeunes Européens des trente-trois pays participants (les vingt-huit États membres de l’Union Européenne, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la République de Macédoine, la Norvège et la Turquie). Mais avant d’en arriver à un programme abouti et reconnu, il va sans dire que le chemin a été long. En effet, lors de la signature du Traité de Rome en 1957, les États membres instaurent l’un des principes fondamentaux de l’Union Européenne : la libre circulation des personnes, des services et des capitaux. C’est à la suite de ce Traité que le programme Erasmus a été créé afin de favoriser la mobilité des jeunes étudiants européens grâce aux accords passés à ce jour entre trois mille universités et institutions. D’autres accords ont vu le jour par la suite et n’ont fait que consolider le programme Erasmus. Le Traité de Maastricht (1992), notamment, promeut la mise en place d’une politique européenne commune en termes d’éducation, prônant la coordination entre les États membres. Une mobilité pendant le cursus universitaire permet une amélioration au niveau linguistique, mais aussi et surtout une confrontation des étudiants avec d’autres cultures. Bien que le programme Erasmus + ne concerne aujourd’hui encore qu’une minorité d’étudiants, sociologues, universitaires et hommes politiques s’accordent pour parler tout de même de « Génération Erasmus », au vu notamment des impacts sur les choix de vie à la suite d’une mobilité européenne, et de son influence sur la démographie ces trente dernières années avec un million de bébés Erasmus. Certes, le nombre total d’étudiants européens en mobilité s’est accru depuis l’institutionnalisation du programme, mais s’agit-il de nouveaux voyageurs ?  Nous l’avons vu, Erasmus + est souvent vu par ceux qui en bénéficient comme étant une expérience enrichissante, mais peut-il être perçu comme une nouvelle forme d’exil juvénile ? De plus, une étude de la Commission Européenne datant de 2014 évoque ces jeunes comme étant la « première génération européenne » : cette étude soulignera en effet que « plus de 80 % des étudiants Erasmus déclarent être fortement attachés à l’Europe » . Les mobilités étudiantes développent-elles nécessairement un esprit européen et cosmopolite ?

L’exil désigne le « hors de chez soi », une forme de déracinement qui oblige au déplacement vers un ailleurs, autrement dit qui oblige à la migration passagère et parfois à l’errance sans fin. De prime abord, l’exil peut être perçu comme une fuite forcée d’un État vers un autre, avec entre autres comme conséquence « le mal du pays », la nostalgie ou la mélancolie de la terre natale, de ses proches, de la langue maternelle et de tout un monde qu’on a laissé derrière soi en partant. Mais l’exil peut être aussi vu comme un choix libre et délibéré. En effet, un exil peut aussi engendrer une approche du monde singulière, et devenir le lieu de croisements culturels féconds. C’est justement le but d’Erasmus + qui est un exil volontaire, bien que parfois fortement motivé par des circonstances politiques et économiques. Entre le moment du départ et celui du retour possible, la condition de l’exilé est souvent comme suspendue dans le temps, avec des difficultés qui peuvent différer d’un étudiant à un autre : difficulté à se faire à sa terre d’accueil et à réinstaller un « chez soi » dans cet endroit encore inconnu, difficultés d’ordre économique, bureaucratique. Le pays d’accueil n’est pas alors perçu comme un nouveau foyer, mais bien comme une terre d’exil dans l’attente et l’espérance d’un retour possible. Une mobilité étudiante permet de rompre (momentanément ou non) avec ses habitudes, sa culture, et ses appartenances, et elle est dans tous les cas une expérience de vie. Mais dans quelles conditions les étudiants vivent-ils cet exil ? Comment vivent-ils au croisement de diverses cultures ?

Ce programme d’échange permet aux étudiants d’étudier et de faire des stages à l’étranger, et aux enseignants de faire une formation à l’étranger. Au vu de son contenu très large, nous ne nous concentrerons que sur la mobilité des étudiants pour les études, en France et en Italie. D’autres aspects d’Erasmus pourront être l’objet d’un autre travail de recherche. Le choix d’une étude comparative a été déterminé par la popularité de ces destinations. En trente ans, plus d’un million de Français ont participé au programme et la France, depuis 2014, est le pays qui envoie le plus d’étudiants en mobilité, devant l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.

D’un point de vue méthodologique, quatre types de questionnaires ont été élaborés : deux pour les étudiants francophones (en cours de séjour / ayant conclu leur séjour) et deux pour les étudiants italophones (en cours de séjour / ayant conclu leur séjour). Cela nous permettra d’établir des comparaisons et des statistiques entre les deux systèmes universitaires, français et italien. Ayant moi-même participé au programme Erasmus durant l’année universitaire 2015 – 2016, j’ai décidé tout en prenant le recul nécessaire à un travail de recherche de m’inclure dans la Génération Erasmus étudiée. Enfin, ce travail comportera également une dimension plus théorique, plus formelle. Les rapports mis à disposition sur le site de la Commission Européenne seront une ressource importante, pour évaluer l’Erasmus tant au niveau quantitatif que qualitatif. Bien que le programme Erasmus ait célébré en 2017 ses trente ans, nous mettrons en relief le contexte européen de l’échange, tout en mettant en avant l’accroissement des mobilités étudiantes entre la France et l’Italie pendant les dix dernières années. Le choix de se concentrer sur les dix dernières (2007-2017) est dû à une volonté d’effectuer un travail concis, sur deux périodes précises (délimitées par la Commission Européenne) :

• 2007-2013 (période durant laquelle apparait le « programme européen d’Education et Formation Tout au Long de la Vie (EFTLV) , découpée en quatre programmes sectoriels, un programme transversal et du programme Jean Monnet bien que seul le programme Erasmus nous intéresse pour notre étude) ;

• puis 2014-2020 (période qui voit l’ancien programme Erasmus céder sa place à Erasmus + qui est accès sur la formation). Nous ferons une rapide prospection jusqu’en 2020, date à laquelle verra le jour sans doute un nouveau programme.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: Erasmus, un programme d’études ?
1) Le séjour Erasmus + dans la formation intellectuelle des étudiants
2) Quelle place pour la pédagogie ?
3) La confrontation avec une autre langue
DEUXIEME PARTIE : Le séjour à l’étranger dans la formation de la personnalité
1) Devenir adulte : aspects économiques et psychologiques du déplacement
2) Le déplacement dans le rapport avec la famille
3) Un séjour de loisirs
4) Avoir de nouvelles responsabilités
5) Un apprentissage sur soi-même et sur les autres
TROISIEME PARTIE : Les étudiants Erasmus : des citoyens du monde ?
1) Le goût du voyage et de l’aventure
2) Le retour à la vie « d’avant »
3) L’impact d’Erasmus sur le marché du travail et la « fuite des cerveaux »
4) L’Européanisation : les jeunes concernés ?
CONCLUSION

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