Une variรฉtรฉ dโinterventions au service dโune population dense
ย ย Lโรฉtude de lโactivitรฉ opรฉrationnelle, chaque annรฉe plus consรฉquente avec une analyse affinรฉe des risques liรฉs au bassin parisien, renvoie inexorablement ร la situation juridique de la brigade qui reste exceptionnelle et unique dans notre pays ; dโautant que ces particularitรฉs ne sont pas dรฉnuรฉes de consรฉquences. La premiรจre dโentre elles relรจve de lโรฉtendue et de la diversitรฉ de la zone de responsabilitรฉ de la brigade. Bien que celle-ci ne reprรฉsente que 760 kmยฒ, soit seulement 1/800e de la superficie totale de la France mรฉtropolitaine, la population dรฉfendue รฉquivaut ร environ :
– six millions deux cent mille rรฉsidents cโest-ร -dire, un peu plus de 10% de la populationย franรงaise ;
– plus de vingt-cinq millions de touristes qui visitent la ยซ ville lumiรจre ยป chaque annรฉe ;
– et environ deux millions de franciliens et provinciaux qui transitent chaque jour dans les transports en commun pour venir travailler dans la capitale. Cลur institutionnel du pays, la zone de compรฉtence de la brigade concentre la Prรฉsidence de la rรฉpublique, vingt-cinq ministรจres, lโAssemblรฉe Nationale et le Sรฉnat, cent trente ambassades, cinq prรฉfectures et cent quarante quatre mairies. Centre culturel et administratif, elle abrite cent cinq musรฉes, trois cents vingt รฉcoles primaires, collรจges et lycรฉes, ainsi que de nombreuses universitรฉs. Carrefour de communications, le secteur de la brigade compte un hรฉliport et trois aรฉroports, Le Bourget, Roissy Charles-De-Gaulle et Orly, ainsi que six gares SNCF majeures et trois cent soixante-douze stations de mรฉtro et de RER. Centre รฉconomique enfin, on y dรฉnombre plus de trois cent cinquante mille entreprises de toutes dimensions, quinze dรฉpรดts pรฉtroliers ainsi que le plus grand marchรฉ alimentaire dโEurope : le marchรฉ dโintรฉrรชt national de Rungis. La seconde de ces consรฉquences concerne lโorganisation de la brigade. Seule unitรฉ interdรฉpartementale, elle sโest attachรฉe ร dรฉvelopper un dispositif opรฉrationnel lui permettant de garantir une efficacitรฉ optimale fondรฉe ร la fois sur une unitรฉ de doctrine et une unicitรฉ de commandement sโaffranchissant des limites administratives des dรฉpartements. Sa zone dโaction a ainsi รฉtรฉ dรฉcoupรฉe en soixante-dix-sept secteurs opรฉrationnels, chacun dรฉfendu par le personnel et les matรฉriels dโun centre de secours, placรฉ sous les ordres dโun sous-officier, chef de centre. Lโimplantation de chacun de ces centres de secours a รฉtรฉ dรฉfinie en tenant compte de lโobligation dโintervenir en tout lieu dans les dรฉlais trรจs brefs. Les centres de secours ont รฉtรฉ regroupรฉs en vingt-quatre compagnies dโincendie, chacune placรฉe sous les ordres dโun capitaine, elles-mรชmes regroupรฉes en trois groupements opรฉrationnels, ร raison de huit par groupement, commandรฉ par un lieutenant-colonel ou un colonel. Les moyens sโappuient mutuellement et sont coordonnรฉs par un รฉchelon central unique placรฉ au niveau de lโรฉtat-major de la brigade. Cette organisation permet dโassurer la disponibilitรฉ immรฉdiate, 24 heures sur 24, tous les jours de lโannรฉe, en tout point de la zone dโaction de la brigade de plus de mille cinq cents sapeurs-pompiers de Paris. Les effectifs de la brigade constituent รฉgalement une des consรฉquences de cette situation : avec environ huit-mille hommes et femmes, elle forme lโunitรฉ de sapeurs-pompiers la plus importante de tout le pays. En deux dรฉcennies, des changements au sein de la sociรฉtรฉ sont constatรฉs. Lโurbanisation sโintensifie et de nouveaux risques apparaissent. Outre les interventions qualifiรฉes dโusuelles telles que le ยซ secours ร personnes ยป et la ยซ lutte contre les feux ยป, les sapeurs-pompiers sont aujourdโhui confrontรฉs ร des accidents chimiques et technologiques, ร des mouvements de foule lors de grands รฉvรฉnements et depuis peu ร des troubles urbains ; des dangers qui demandent des compรฉtences particuliรจres, des matรฉriels adaptรฉs et de nouvelles formations. La notion dโurgence est elle-mรชme transformรฉe : la population trรจs assistรฉe exige une rรฉponse rapide pour des interventions bรฉnignes qui, hier encore, nโauraient pas suscitรฉ un appel ร lโaide. Nรฉanmoins, pour le soldat du feu, lโincendie reste lโintervention majeure car cโest une opรฉration au cours de laquelle il exprime un total savoir-faire. Combattre les flammes et soustraire une personne dโun pรฉril imminent nรฉcessitent une prรฉparation minutieuse et permanente, car la moindre erreur ou le moindre retard est susceptible de mettre des vies en danger. De ce fait, lโexรฉcution de la mission implique lโusage de matรฉriels spรฉcialement conรงus. Lโรฉpoque des vรฉhicules hippomobiles du dรฉbut du 20e siรจcle est rรฉvolue, chaque รฉquipement en service dans un engin ou utilisรฉ par les sapeurs est dรฉveloppรฉ pour garantir efficacitรฉ et sรฉcuritรฉ.
Un volume dโinterventions en constante augmentation
ย ย La zone de responsabilitรฉ de la brigade gรฉnรจre un volume dโinterventions et une variรฉtรฉ dโopรฉrations sans commune mesure avec le restant des dรฉpartements franรงais. Durant les dix huit derniรจres annรฉes, la brigade a connu un accroissement de ses interventions de plus de 70%, pour passer en 1986 de 264 711 interventions (BSPP BOPE, 1987) ร 428 458 en 2003, soit 1 173 interventions par jour (BSPP-BOPE, 2004). Finalement, les raisons de ces รฉvolutions, sur lesquels la brigade nโa pas de prise, tiennent ร des paramรจtres ร la fois dโordre technique, comme lโessor considรฉrable de la tรฉlรฉphonie mobile, dโordre sociologique, avec en particulier le dรฉveloppement de la prรฉcaritรฉ, dโordre juridique ou encore en raison du dรฉsengagement dโun certain nombre dโacteurs de la mission du ยซ secoursย ร victime ยป (mรฉdecins libรฉraux, ambulanciers privรฉsโฆ).
Des effectifs stagnants et des matรฉriels opรฉrationnels vieillissants
ย ย La sollicitation toujours plus importante de ses effectifs demeurรฉs quasi-constants (environ 7640 sapeurs-pompiers en 2002 contre 6 760 en 1985), et le vieillissement de ses matรฉriels, gรฉnรจrent des consรฉquences prรฉjudiciables sur la capacitรฉ opรฉrationnelle de lโunitรฉ, qui se trouve de ce fait fragilisรฉe, tant dans son recrutement que dans la fidรฉlisation de ses personnels. Cette sollicitation est dโautant plus grande, que les effectifs de la brigade sont sous dimensionnรฉs par rapport ร la population dรฉfendue : elle prรฉsente le ratio le plus faible de France avec 1,1 sapeurs-pompiers pour 1000 habitants, contre 4,51 pour lโensemble du territoire national. Ce sous-dimensionnement se traduit par une charge de travail trรจs importante, chaque sa peur pompier assurant annuellement 135 gardes de 24 heures et 20 rรฉserves opรฉrationnelles de 10 heures, soit environ 90 heures de prรฉsence par semaine. Le temps passรฉ sur une intervention, pendant une garde de 24 heures, sโest รฉgalement ยซ alourdi ยป, pour passer de 22 minutes par heure en 1985 ร plus de 45 minutes en 2002. Du point de vue des matรฉriels et des vรฉhicules, la situation est รฉgalement critique puisque lโaccroissement du nombre de sorties dโengins, qui sont passรฉes de 374 261 en 1985 ร 533 806 en 2002 soit une hausse de plus de 42%, a รฉtรฉ supportรฉ par un parc ร la fois modeste et vieillissant, avec pour consรฉquence un coรปt dโentretien et de maintenance รฉlevรฉ (la poursuite de lโutilisation de vรฉhicules trop รขgรฉs devenant rapidement plus onรฉreuse que leur valeur vรฉnale).
Une modernisation dรฉcidรฉe par le gouvernement
ย ย Finalement, pour rรฉguler toutes ces interventions et รฉviter une รฉventuelle dรฉrive des missions, le commandement de la brigade fait le choix dโun recentrage de son cadre dโemploi. En 1996, un nouveau rรจglement relatif aux missions et ร lโorganisation de la BSPP, est proposรฉ au Prรฉfet de Police de Paris, son autoritรฉ de tutelle (dรฉcret 2000 – 1162 du 28 novembre 2000). Dispersรฉes dans diffรฉrents textes souvent anciens, insuffisants dans certains domaines et parfois sujets ร interprรฉtation, les missions de la brigade nรฉcessitaient dโรชtre regroupรฉes, complรฉtรฉes et prรฉcisรฉes dans un instrument juridique unique, afin que son action puisse se dรฉvelopper dans un cadre rรฉglementaire ร la fois cohรฉrent et clair. Parallรจlement ร la promulgation de la loi sur lโorganisation des services dรฉpartementaux dโincendie et de secours (loi nยฐ96-359 du 3 mai 1996, relative aux services dโincendie et de secours), la brigade prรฉsente donc un rรจglement ayant pour objet de rรฉpondre aux impรฉratifs prรฉcitรฉs et de prendre en compte les รฉvolutions intervenues ces derniรจres annรฉes dans le domaine de la sรฉcuritรฉ civile et les textes qui y sont rattachรฉs. Le 28 novembre 2000, un dรฉcret est publiรฉ au Journal Officiel pour pallier ร lโinsuffisance des textes antรฉrieurs. Avec cette nouvelle norme, la brigade peut organiser sa professionnalisation, modifier ses principes de recrutement notamment en raison de la fin du service national et adapter lโemploi de ses moyens par rapport ร lโรฉvolution des sollicitations.
La problรฉmatique des feux
ย ย Le problรจme des incendies nโest certes pas nouveau (Dosne, 2004 ; Hascoet et al., 2006), il reste toujours dโactualitรฉ et des catastrophes humaines dues au feu sont lร pour nous le rappeler pรฉriodiquement. Le feu de lโOpรฉra Comique ร Paris en mai 1887, avec 115 morts ; le feu du bazar de la charitรฉ ร Paris, en 1897, avec 130 morts dont la plupart รฉtait des femmes ; le feu des nouvelles galeries ย de Marseille en 1938, avec 75 dรฉcรฉdรฉs ; le feu du cinรฉma ยซ Le Sรฉlect ยป en 1947 ร RueilMalmaison avec 89 victimes ou encore la catastrophe du dancing ยซ le Cinq-Sept ยป en Isรจre oรน 146 jeunes pรฉrirent des suites dโรฉmanations de vapeurs toxiques provenant de la dรฉcomposition de dรฉcors en polystyrรจne et autres matรฉriaux synthรฉtiques (Borgรฉ et Viasnoff ; 1995), sont autant de drames qui ont contribuรฉ ร lโรฉvolution des rรจgles de construction et dโamรฉnagement. Si ces catastrophes pour ne citer quโelles, concernent dโabord les usagers de ces lieux publics, il nโen demeure pas moins vrai que le pompier, malgrรฉ les progrรจs de la prรฉvention et les avancรฉes rรฉalisรฉes en matiรจre de sรฉcuritรฉ du travail, reste exposรฉ ร une multitude de risques lorsquโil combat le feu. Des recherches pour dรฉfinir les dangers encourus par les soldats du feu, puis pour les rรฉduire, ont bien รฉtรฉ menรฉes ces derniรจres annรฉes dans le monde (Giguรจre, 1995 ; Von Bjรถrn Lรผssenheide, 2003), mais, lโaccidentologie spรฉcifique ร lโattaque du feu reste encore trรจs limitรฉe en France (Pourny, 2003). Lโรฉtude des statistiques opรฉrationnelles relatives aux interventions dans la capitale et en particulier celles qui intรฉressent les incendies (BSPP-BOPE, 2004 et 2005(a)), permet de dresser de nombreux constats. Le volume et la nature des interventions effectuรฉes par les pompiers, les diffรฉrents paramรจtres spรฉcifiques aux incendies ainsi que les diffรฉrents types dโatteintes corporelles subies par les soldats du feu, notamment les brรปlures, permettent une meilleure apprรฉciation des risques opรฉrationnels et des mesures de protection qui en dรฉcoulent. Ainsi, parmi les interventions conventionnelles, ce sont les opรฉrations de lutte contre le feu et les explosions (Fuilla et al. 2000 ; Noto, 2000) qui gรฉnรจrent pour les pompiers les dangers les plus importants. Bien que ne reprรฉsentant quโun peu moins de 5% du total des interventions, on comptabilise tout de mรชme chaque annรฉe entre 17 000 et 20 000 incendies dans la capitale (BSPP-BOPE, 2004 et 2005(a)). Cette cinquantaine de feux par jour occasionne les blessures les plus importantes chez les intervenants qui, tout en disposant de protections spรฉcifiques, restent confrontรฉs aux mรชmes dangers pendant lโexรฉcution de leur mission que ceux qui menacent les occupants des volumes sinistrรฉs. En espaces clos ou semi confinรฉs, ce sont les phรฉnomรจnes thermiques qui sont le plus redoutรฉs pendant la lutte contre le feu (Garrigues et al., 2003). A lโair libre, les risques sont diffรฉrents. Lorsque lโincendie concerne un vรฉhicule, cโest lโexplosion dโun rรฉservoir de gaz de pรฉtrole liquรฉfiรฉ qui est le plus ร craindre. En 1999, ร Vรฉnissieux (69),ย le dysfonctionnement dโune soupape de sรฉcuritรฉ sur un rรฉservoir de carburant avait occasionnรฉ la blessure de six pompiers, lโun dโentre eux sโรฉtant mรชme vu arracher la jambe. Enfin, les risques de sociรฉtรฉ ne doivent pas รชtre nรฉgligรฉs, ainsi, pendant la pรฉriode des troubles urbains en banlieue parisienne, entre le 27 octobre 2005 et le 15 novembre 2005, les pompiers de Paris ont รฉtรฉ confrontรฉs ร 1 477 feux de poubelles, 3 392 feux de vรฉhicules et 588 incendies de bรขtiments, avec 962 incendies pour la seule nuit du 5 au 6 novembre 2005. Treize pompiers ont รฉtรฉ blessรฉs ou brรปlรฉs, cinquante six engins dโinterventions ont รฉtรฉ dรฉgradรฉs et deux centres de secours ont รฉtรฉ attaquรฉs, lors de cette pรฉriode dโincivilitรฉs envers les secours de la brigade (Audoin et Le Goff, 2005).
Le stress physique et psychologique du pompier
ย ย Dโautres รฉtudes (Soccorsi, 1986 ; Guenec, 1987 ; Le Gall et Michel, 1997 ; Ruttiman, 2000) mettent รฉgalement en รฉvidence que les exigences de travail sollicitent beaucoup le systรจme cardiovasculaire, notamment en ambiance chaude. Dโautant que, les contraintes sur le soldat du feu sont aggravรฉes par le poids des outils et les รฉquipements de protection thermique et respiratoire. La charge physique est souvent proche des capacitรฉs maximales, ce qui explique un nombre รฉlevรฉ dโaccidents cardiaques chez les pompiers. Ces informations sont dโailleurs, ร lโorigine des tests dโรฉvaluation de la condition physique et de sรฉlection ร lโembauche. Enfin, il est de plus en plus admis que la combinaison dโefforts physiques importants et du stress รฉmotionnel lors de sauvetage de personne ou pendant la lutte contre les flammes a une incidence sur les problรจmes cardiaques (Dublin et al., 1947 ; DรฉCouflรฉ et al., 1977 ; Kuorinka et Korhonen, 1981 ; Feuer et Roseman, 1986 ; Noto, 1989 ; Nivet et al., 1989 ; Neveux-Huben, 1997 ; Lavilluniรจre, 2007).
Rรฉflexions sur la conduite de lโattaque du feu
ย ย La lutte contre lโincendie reste une action dรฉlicate qui demande sans cesse des moyens et des formations nouvelles avec une organisation opรฉrationnelle structurรฉe. Les changements dโรฉtat de la matiรจre, la stratification des fumรฉes et des gaz chauds, le sens du tirage sont des phรฉnomรจnes quโil sโagit dโobserver au plus vite, afin dโanticiper sur lโรฉvolution du feu par une conduite opรฉrationnelle mรฉthodique et structurรฉe. Cโest donc ร partir dโanalyse, telle que celle menรฉe par la brigade sur lโรฉpidรฉmiologie des brรปlures de sapeurs-pompiers que des progrรจs significatifs peuvent รชtre apportรฉs ร la sรฉcuritรฉ du soldat du feu. Les observations qui mettent en รฉvidence que prรจs de 70% brรปlures du pompier sont localisรฉes sur la partie supรฉrieure du corps, permettent de dรฉboucher sur un double constat :
– la position dโapproche et dโattaque du feu nรฉcessiterait dโรชtre rรฉvisรฉe, afin que dans un volume embrasรฉ oรน les gaz chauds sโaccumulent essentiellement en partie haute, la posture du porte-lance soit la mieux adaptรฉe pour rรฉduire son exposition aux effets thermiques ;
– les limites dโemploi des รฉquipements de protection individuelle ne devraient plus รชtre fixรฉes ร partir de leurs seules performances intrinsรจques et normatives, mais selon une approche ergonomique oรน il est tenu compte des interfaces dรฉveloppรฉes entre chacun des รฉlรฉments afin que les intervenants puissent connaรฎtre leurs seuils physiologiques au-delร desquels ils encourent un danger.
La protection de la tรชte
ย ย Avec la crรฉation du bureau dโรฉtudes, la mise au point dโรฉquipement de protection individuelle devient pendant les annรฉes 1970, lโune des prioritรฉs de la brigade. Les premiers travaux portent sur la dรฉfinition dโun nouveau casque dโintervention. Avec lโextension de lโinfrastructure parisienne, les performances du casque mรฉtallique modรจle ยซ Franck ยป, alors en dotation, sont rapidement limitรฉes. Cet รฉquipement de tรชte, qui est une รฉvolution, sans modifications fondamentales du premier casque pour pompier crรฉรฉ en 1765, reprรฉsente en fait essentiellement la coiffure dโarme du corps (Lemire, 1983). Pendant plus dโun demi-siรจcle, le casque en acier chromรฉ modรจle 1933 โ hรฉritier direct du casque Adrien qui coiffa les poilus de la grande guerre โ fut le symbole mรชme de la silhouette du sapeur-pompier franรงais. Sโil assure une parfaite protection de la partie supรฉrieure de la tรชte contre les projections et les chocs, de nombreuses autres fonctions telles la protection de la nuque contre la chute dโobjet, la prรฉservation du visage contre le flash thermique, le manque de stabilitรฉ, la conduction dโรฉlectricitรฉ ou encore la faible isolation thermique, ne sont pas ou sont incomplรจtement assurรฉes. De plus, pour coiffer un appareil respiratoire isolant il faut lโenlever et il est difficile dโy intรฉgrer un systรจme respiratoire reliรฉ ร une rรฉserve dโair respirable et un dispositif de transmission phonique. Lโรฉvolution des constructions et notamment la diversification des immeubles de grande hauteur et des immeubles sur dalle, oblige les รฉquipes dโinterventions ร sโengager davantage lors des sinistres, ce qui modifie les besoins opรฉrationnels et implique nรฉcessairement un รฉquipement auquel pourraient รชtre รฉventuellement intรฉgrรฉs un systรจme de communication phonique et un dispositif dโรฉclairage. A lโรฉpoque, les responsables du bureau dโรฉtudes estiment que : ยซ de tels รฉquipements prรฉsenteraient en tout premier lieu lโintรฉrรชt de donner au porteur la confiance en soi, indispensable pour assurer une intervention efficace ยป (Legendre, 1982 ; BSPP/BEG, 1983). Il nโest pas encore question de stress du sapeur-pompier. A lโรฉtranger, les casques des sapeurs-pompiers nโoffrent pas de meilleures protections que le casque modรจle 1933. Dans certains pays, les pompiers sont encore รฉquipรฉs de casques en cuir bouilli, en cuivre ou en inox et avec parfois quelques accessoires comme un couvre nuque ou une visiรจre pare flammes. Dโune maniรจre quasi gรฉnรฉrale, les casques en service ร la fin des annรฉes 1970, rรฉsultent dโune adaptation des coiffes des combattants des derniรจres guerres (Rolland, 2000). Parfaitement consciente de cette situation, la brigade lance, dรจs 1978, en collaboration avec la direction des recherches, รฉtudes et techniques et avec la Dรฉlรฉgation Gรฉnรฉrale pour lโArmement, une รฉtude de faisabilitรฉ pour la rรฉalisation dโun nouvel รฉquipement de tรชte pour le sapeur-pompier. Intรฉgrรฉ dans une รฉtude ergonomique poussรฉe, le casque est dรฉveloppรฉ avec les meilleures technologies disponibles afin de combler les carences du casque mรฉtallique. La rรฉalisation sera de type modulaire. Ainsi, ร partir du module de base qui assure une protection multidirectionnelle contre les chocs et les agents corrosifs, il est possible dโajouter des fonctionnalitรฉs particuliรจres comme lโรฉclairage, la communication, la protection contre le flash thermique et lโadaptation dโun dispositif respiratoire. Par ailleurs, un soin particulier est portรฉ ร lโaspect esthรฉtique. Entre 1980 et 1984, six prototypes seront conรงus, les derniers prรฉsentant la particularitรฉ de pouvoir mettre en place instantanรฉment le masque de lโappareil respiratoire tout en assurant une excellente รฉtanchรฉitรฉ, quelle que soit la forme du visage du porteur (Legendre, 1982 ; BSPP/BEG, 1983). En 1984, la sociรฉtรฉ Gallet procรจde ร la fabrication dโune prรฉsรฉrie de 1 800 casques conformes au sixiรจme prototype et en aoรปt 1985, la brigade le met en service ร Paris. Il reรงoit lโappellation de casque ยซ modรจle F1 ยป, non pas en raison de sa ressemblance avec ceux des coureurs automobiles, mais parce quโil sโinscrit dans un nouveau type de tenue dont sโest dotรฉe la brigade ร partir de 1982 et dรฉnommรฉe la tenue SPF1 (Soton, 2007). Le casque F1 est constituรฉ dโune calotte extรฉrieure enveloppante en matรฉriau composite, revรชtue de nickel par galvanisation. Le nickelage รฉvite par rรฉflexion que la calotte qui assure une protection intรฉgrale de la tรชte et de la nuque, ne sโรฉchauffe et que la tempรฉrature sโรฉlรจve ร lโintรฉrieur du casque. Le cimier, ou calotin, est formรฉ par une nervure longitudinale qui sโestompe au niveau du bรฉquet avant. Il constitue un amortisseur pour absorber les chocs. La bombe supรฉrieure du casque loge deux รฉcrans amovibles :
– un รฉcran de protection oculaire, transparent, escamotable dans la calotte, qui sโabaisse au moyen dโune molette placรฉe sur le cรดtรฉ du casque ;
– un รฉcran facial miroitรฉ couleur dorรฉe, รฉgalement escamotable dans la calotte et rabattable jusquโร la lรจvre infรฉrieure. Grรขce ร sa forme couvrante, il assure une protection intรฉgrale du visage contre les projections horizontales et le flash thermique. Le confort est obtenu par un bandeau de tรชte facilement ajustable et deux coussins de nuque afin dโassurer une stabilitรฉ idรฉale. Une jugulaire deux points, avec un brin de nuque, est liรฉe ร la partie rigide du casque. Elle est รฉquipรฉe dโune mentonniรจre en cuir, ร fixation rรฉglable par velcro. Lโisolation thermique et lโaรฉration sont obtenues par le revรชtement rรฉflรฉchissant de la face externe de la calotte, ainsi que par lโamรฉnagement dโespaces laissรฉs libres entre le sommet de la tรชte et lโintรฉrieur de la calotte et entre le tour de tรชte et lโintรฉrieur de la calotte. Son ergonomie permet le port dโun masque dโassistance respiratoire et de systรจmes dโรฉclairage et de communication. La perception des bruits extรฉrieurs nโest pas diminuรฉe de plus de 10 % et aucun phรฉnomรจne de rรฉsonance nโest perรงu lorsque lโรฉcran facial est baissรฉ.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GรNรRALE
CHAPITRE 1. LES RISQUES ET LES รQUIPEMENTS DE PROTECTION LIรS AUX INTERVENTIONS DE LUTTE CONTRE LโINCENDIEย
1.1. Lโactivitรฉ opรฉrationnelle des pompiers en France et les dangers du mรฉtier de sapeur-pompierย
1.1.1. Un mรฉtier diversifiรฉ aux risques variรฉs
1.1.1.1. Des tรขches multiples
1.1.1.2. Les risques du mรฉtier
1.1.2. Les dangers dโun incendie
1.1.2.1. La problรฉmatique des feux
1.1.2.2. Le caractรจre dangereux des fumรฉes et des gaz chauds
1.1.2.3. Le risque de brรปlure
1.1.2.4. Les contraintes et les astreintes physiques et physiologiques des sapeurs pompiers lors dโune intervention sur feu
1.1.2.5. Les troubles musculo-squelettiques
1.1.2.6. Le stress physique et psychologique du pompier
1.1.2.7. Les intoxications lors des dรฉblaiements
1.1.3. Enseignements issus des accidents
1.1.3.1. Constats
1.1.3.2. Evolution des rรจgles de construction
1.1.3.3. Rรฉflexions sur la conduite de lโattaque du feu
1.2. Les รฉquipements de protection individuelle (EPI)ย
1.2.1. Historique
1.2.2. Des รฉquipements de protection individuelle conรงus selon de nouvelles normes
1.2.3. La protection de la tรชte
1.2.4. Les รฉvolutions techniques de la protection respiratoire
1.2.5. Les leรงons dโun drame
1.2.6. Une nouvelle gรฉnรฉration dโรฉquipements
CHAPITRE 2. CARACTรRISTIQUES DES รQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLEย
2.1. Dรฉtermination des caractรฉristiques techniques et ergonomiques des ensembles dโinterventionย
2.1.1. Description des รฉquipements
2.1.2. Bilan massique des รฉquipements E1 et E2Co
2.1.3. Permรฉabilitรฉ ร lโair des รฉquipements E1 et E2Co
2.1.4. Isolement thermique des รฉquipements E1 et E2Co
2.1.4.1. Principes et dรฉfinitions gรฉnรฉrales
2.1.4.2. Evaluation de lโisolement thermique des รฉquipements E1 et E2Co
2.1.4.3. Isolement thermique des รฉquipements E1 et E2Co
2.2. Dรฉtermination de la rรฉsistance ร la vapeur dโeau des ensembles dโinterventionย
2.2.1. Dรฉfinition des rรฉsistances thermique sรจche et รฉvaporatoire
2.2.1.1. Mesures sur mannequin transpirant
2.2.1.2. Isolation thermique sรจche Rct
2.2.1.3. Rรฉsistance รฉvaporatoire Ret
2.2.2. Dรฉtermination des caractรฉristiques dโun nouveau sous-vรชtement, le ยซ polo F2 ยป expรฉrimental
2.2.2.1. Indices de confort statique, dynamique et de sรฉcuritรฉ thermique
2.2.2.1.1. Indice de confort statique
2.2.2.1.2. Indice de confort dynamique
2.2.2.1.3. Indice de sรฉcuritรฉ thermique
2.2.2.2. Mรฉthodologie
2.2.2.3. Choix des รฉchantillons
2.2.2.4. Permรฉabilitรฉ ร la vapeur, indices de confort statique, dynamique et de sรฉcuritรฉ thermique des diffรฉrents polos testรฉs
2.2.2.5. Dรฉfinition des caractรฉristiques techniques du ยซ polo F2 ยป expรฉrimental
2.2.3. Evaluation des rรฉsistances thermique sรจche et รฉvaporatoire des ensembles E1, E2, E2Co et E3 sur mannequin transpirant articulรฉ
2.2.3.1. Mรฉthodologie
2.2.3.2. Equipements รฉvaluรฉs
2.2.3.3. Rรฉsistances thermiques sรจches et rรฉsistances ร la vapeur dโeau des diffรฉrents รฉquipements testรฉs
2.2.3.4. Chaleur totale perdue et rรฉsistance ร la vapeur dโeau, Re
2.2.3.5. Accumulation de lโhumiditรฉ dans les vรชtements
CHAPITRE 3. COMPORTEMENT ET RรACTION AU FEU DES รQUIPEMENTS DE PROTECTIONย
3.1. Comportement des รฉquipements soumis ร un flux thermique modรฉrรฉย
3.1.1. Protocole expรฉrimental
3.1.2. Tenues soumises aux essais ร chaleur radiante
3.1.3. Rรฉsultats des mesures pour un flux de 5 kW/mยฒ
3.1.3.1. Mesures des tempรฉratures surfacique et du mannequin
3.1.3.2. Evaluation des brรปlures
3.1.3.3. Synthรจse
3.1.4. Rรฉsultats des mesures pour un flux de 10 kW/mยฒ
3.1.4.1. Humidification des vรชtements
3.1.4.2. Tempรฉratures mesurรฉes ร la surface des vรชtements
3.1.4.3. Tempรฉratures mesurรฉes ร la surface du mannequin
3.1.4.3. Estimation des brรปlures
3.1.4.4. Masse perdue par les sous-vรชtements durant les tests
3.1.4.5. Synthรจse relative aux essais ร flux thermique modรฉrรฉ
3.2. Comportement des รฉquipements soumis ร un flash thermiqueย
3.2.1. Mรฉthodologie dโรฉvaluation des รฉquipements soumis ร un flash thermique
3.2.1.1. Principe de rรฉalisation des essais avec le mannequin Thermo-manmd
3.2.1.2. Protocole expรฉrimental et tests rรฉalisรฉs
3.2.2. Analyse visuelle des รฉquipements
3.2.2.1. Etat gรฉnรฉral de lโรฉquipement E1 ร la suite des tests nยฐ1 et nยฐ2
3.2.2.2. Etat gรฉnรฉral des รฉquipements E2 et E3 ร la suite des tests nยฐ 3 et nยฐ4
3.2.3. Estimation des brรปlures
3.2.3.1. Estimation des brรปlures pour les tenues E1
3.2.3.2. Estimation des brรปlures pour les tenues E2 et E3
3.2.4. Synthรจse relative aux essais de flash thermique
3.3. Synthรจseย
CHAPITRE 4. ETUDES PRรLIMINAIRES AUX ESSAIS SUR LโHOMME EN CONDITIONS RรELLES DE LUTTE CONTRE LโINCENDIEย
4.1. Simulations numรฉriques de scรฉnarios laboratoire et opรฉrationnelย
4.1.1. Bilan thermique et contrainte thermique
4.1.1.1. Bilan thermique
4.1.1.1.1. La conduction K
4.1.1.1.2. La convection C
4.1.1.1.3. Le rayonnement R
4.1.1.1.4. Lโรฉvaporation E
4.1.1.2. La contrainte thermique
4.1.1.4. Le mรฉtabolisme
4.1.1.5. Seuils de danger et durรฉes limites dโexposition (DLE)
4.1.1.5.1. La mouillure cutanรฉe maximale (wmax)
4.1.1.5.2. La sudation maximale (swmax)
4.1.1.5.3. La perte hydrique maximale (Dmax)
4.1.1.5.4. Le stockage maximal de chaleur (Q max)
4.1.1.3.5. Durรฉe limite dโexposition (DLE)
4.1.2. Simulation numรฉrique de la contrainte thermique pour un scรฉnario ยซ laboratoire ยป et un scรฉnario opรฉrationnel
4.1.2.1. Modรจles dโรฉvaluation de la contrainte thermique
4.1.2.2. Le scรฉnario ยซ laboratoire ยป
4.1.2.3. Le scรฉnario ยซ opรฉrationnel ยป
4.1.2.4. Rรฉsultats des simulations du scรฉnario ยซ laboratoire ยป en ambiance thermique modรฉrรฉe
4.1.2.4.1. Influence de la masse des รฉquipements sur le coรปt mรฉtabolique
4.1.2.4.2. Evolution des DLE ยซ thermiques ยป et ยซ hydratation ยป en fonction de la charge de travail
4.1.2.4.3. Evolution de la DLE en fonction des conditions ambiantes
4.1.2.4.4. Simulation du scรฉnario laboratoire avec Protectยฎ
4.1.2.5. Rรฉsultats des simulations du scรฉnario opรฉrationnel avec le logiciel Predictol
4.1.2.5.1 Scรฉnarios opรฉrationnels simulรฉs
4.1.2.5.2. Rรฉsultats des simulations
4.2. Essais sur lโHomme en laboratoire sur tapis motorisรฉย
4.2.1. Protocole expรฉrimental
4.2.1.1. Les sujets
4.2.1.2. Evaluation de lโastreinte thermique par des mesures physiologiques
4.2.1.2.1. Mesure de la tempรฉrature du noyau central du corps, tcr
4.2.1.2.2. Mesure de la tempรฉrature cutanรฉe, tsk
4.2.1.2.3. Mesure de la frรฉquence cardiaque
4.2.1.2.4. Mesure de la variation de la masse corporelle due ร la sudation
4.2.1.3. Scรฉnario ยซ laboratoire ยป
4.2.2. Rรฉsultats des tests
4.2.2.1. Frรฉquence cardiaque
4.2.2.2. Tempรฉrature du corps
4.2.2.3. Stockage thermique
4.2.2.4. Perte hydrique
4.2.2.5. Synthรจse des essais
CHAPITRE 5. DรFINITION DES DURรES DโENGAGEMENT DU SAPEUR-POMPIER EN CONDITIONS RรELLES DE LUTTE CONTRE LโINCENDIEย
5.1. Protocole expรฉrimentalย
5.1.1. Plateaux techniques
5.1.1.1. Description des installations
5.1.1.2. Ambiances thermiques
5.1.2. Scรฉnario de manลuvre
5.1.3. Mesure de lโastreinte thermique
5.2. Evaluation des durรฉes dโengagementย
5.2.1. Caractรฉristiques des essais
5.2.1.1. Les sujets et leur รฉquipement
5.2.1.2. Ambiances thermiques
5.2.2. Evolution des paramรจtres physiologiques
5.2.2.1. Evolution de la frรฉquence cardiaque moyenne
5.2.2.2. Evolution de la tempรฉrature centrale moyenne et du stockage thermique
5.2.3. Evolution de lโindice de charge physique
5.3. Validation et confirmation des durรฉes dโengagement sous ARIย
5.3.1. Caractรฉristiques des essais
5.3.1.1. Les sujets et leur รฉquipement
5.3.1.2. Ambiances thermiques
5.3.2. Evolution des paramรจtres physiologiques
5.3.2.1. Evolution des frรฉquences cardiaques
5.3.2.2. Evolution de la tempรฉrature centrale
5.3.2.3. Evolution de la tempรฉrature cutanรฉe
5.3.3. Evolution du stockage thermique et de la charge physique
5.3.3.1. Evolution du stockage thermique
5.3.3.2. Lโindice de charge physique
5.4. Synthรจse des tests en conditions rรฉelles de lutte contre lโincendie
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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