Epitopes de PLA2R1 reconnus par les anticorps dans les GEM idiopathiques

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GEM post-mรฉdicament

La GEM peut รฉgalement รชtre associรฉe ร  diffรฉrents mรฉdicaments et toxiques tels que les AINS, les sels dโ€™or, la pรฉnicillamine et le mercure.
En 2010, Li et al. ont repris 11 cas de GEM secondaire ร  une exposition chronique au mercure. Il sโ€™agit de 10 femmes et un homme รขgรฉ de 15 ร  45 ans. Lโ€™exposition au mercure a durรฉ entre 2 et 16 mois. Elle provient pour 5 cas de mรฉdicaments contenant du mercure (3 patients prenaient ce traitement pour de lโ€™arthrite rhumatoรฏde, un pour une maladie de Still et un pour une tuberculose pulmonaire); 4 patients utilisaient des crรจmes รฉclaircissant la peau contenant du mercure ; un patient utilisait une teinture pour cheveux contenant du mercure et un dernier รฉtait exposรฉ ร  des vapeurs de mercure. Tous ces patients se sont prรฉsentรฉs avec une protรฉinurie, trois avaient un syndrome nรฉphrotique et aucun ne prรฉsentait dโ€™insuffisance rรฉnale. Les concentrations urinaires de mercure รฉtaient de 1.5 ร  50 fois supรฉrieures ร  la normale. Quatre patients avaient des anticorps anti-nuclรฉaires dont 2 dans un contexte dโ€™arthrite (traitรฉs par mercure) et deux รฉtaient asymptomatiques. Lโ€™analyse histologique des 11 biopsies retrouve une prolifรฉration mรฉsangiale modรฉrรฉe, une infiltration cellulaire glomรฉrulaire et interstitielle dans 4 cas associรฉe ร  une dรฉfaillance tubulaire focale. Les dรฉpรดts le long de la membrane basale glomรฉrulaire รฉtaient constituรฉs majoritairement dโ€™IgG1 avec du C3, C4 et C1q. Neuf patients sont rentrรฉs en rรฉmission ร  lโ€™arrรชt de lโ€™exposition au mercure et 2 patients sont perdus de vue aprรจs une baisse significative de leur protรฉinurie aprรจs 6 mois dโ€™arrรชt dโ€™exposition (Li et al., 2010). La recherche dโ€™anticorps anti-PLA2R1 nโ€™a pas pu รชtre effectuรฉe dans cette cohorte.
Nawaz et al. ont dรฉcrit un cas de syndrome nรฉphrotique suite ร  la prise dโ€™anti-inflammatoires non-stรฉroรฏdiens. La ponction biopsie rรฉnale a mis en รฉvidence une GEM avec une prรฉdominance dโ€™IgG1 et un marquage positif de PLA2R1(Nawaz et al., 2013).

GEM et cancer

Il existe รฉgalement une association avec diffรฉrents types de tumeurs solides. De nombreux cas cliniques associant GEM et cancer ont รฉtรฉ dรฉcrits (Couser et al., 1974). Des dรฉpรดts dโ€™antigรจnes tumoraux ont รฉtรฉ retrouvรฉs dans des GEM associรฉes ร  des cancers (Costanza et al., 1973).
En 2006 Lefaucheur et al. ont repris une sรฉrie de 240 cas de GEM suivis en France et mis en รฉvidence une prรฉvalence de 10% de cancer (24 cas) avec plus frรฉquemment des cancers du poumon et de la prostate avec un risque qui augmente avec lโ€™รขge et le tabagisme (Lefaucheur et al., 2006).
Lโ€™incidence des cancers dans cette population est statistiquement supรฉrieure ร  celle de la population gรฉnรฉrale (le rapport entre lโ€™incidence de cancer de cette population porteuse dโ€™une GEM sur lโ€™incidence attendue de ce groupe est de 9.8 pour les hommes et 12.3 pour les femmes). Vu lโ€™augmentation de frรฉquence des diagnostics de cancers a des stades prรฉcoces, un dรฉbat รฉmerge sur la rรฉalitรฉ des formes secondaires de GEM oรน certains considรจrent que la survenue dโ€™un cancer chez un patient qui prรฉsente une GEM peut รชtre un รฉvรฉnement indรฉpendant vu que la GEM et les cancers touche la mรชme population cโ€™est-ร -dire des hommes dโ€™รขge murs (aprรจs 50 ans). Dans lโ€™รฉtude GN-PROGRESS oรน lโ€™on retrouve 24 cas de cancers sur une cohorte de 240 GEM, 22 patients ont bรฉnรฉficiรฉ dโ€™un traitement spรฉcifique de leur tumeur dont 12 avec une rรฉmission carcinologique complรจte. Dans seulement 3 cas, le traitement complet du cancer nโ€™a pas induit de rรฉmission du syndrome nรฉphrotique. Dans les 10 autres cas, le traitement carcinologique nโ€™a pas induit de rรฉmission tumorale avec la persistance dโ€™un syndrome nรฉphrotique. Les 3 cas discordants correspondent ร  un cas de cancer de lโ€™estomac, un cas de cancer du col de lโ€™utรฉrus et un cas de cancer du sein. Si lโ€™on se tient ร  la dรฉfinition des formes secondaires le taux de formes secondaires liรฉes aux cancers est ici de 8,75%.
Un autre rรฉsultat important de cette รฉtude est dโ€™avoir montrรฉ que lโ€™on retrouvait de faรงon significative un nombre important de cellules inflammatoires infiltrant les glomรฉrules (8 par glomรฉrule) permettant de distinguer avec une sensibilitรฉ de 92% et une spรฉcificitรฉ de 92% les formes idiopathiques des formes secondaires ร  un cancer.
Dans lโ€™รฉtude de Qin, trois patients sur dix testรฉs avec une GEM associรฉe ร  un cancer ont des anticorps anti-PLA2R1 positifs en western blot. Sur ces 3 patients la rรฉsection de la tumeur nโ€™a pas entrainรฉ de rรฉmission du syndrome nรฉphrotique, ce qui les rapproche plutรดt de formes primaires avec un cancer associรฉ (Qin et al., 2011).

Rรฉpartition des formes primaires et secondaires

Comme nous lโ€™avons vu le niveau de vaccination contre lโ€™Hรฉpatite B ร  un impact sur lโ€™incidence des GEM secondaires (Liao et al., 2011). La rรฉpartition des diffรฉrents types de glomรฉrulonรฉphrites nous montre bien que dans les pays en voie de dรฉveloppement les glomรฉrulonรฉphrites post-infectieuses sont prรฉpondรฉrantes alors que dans les pays dรฉveloppรฉs, les glomรฉrulonรฉphrites primaires ยซ auto-immunes ยป type nรฉphropathies ร  IgA, glomรฉrulonรฉphrites ร  Lรฉsions Glomรฉrulaires Minimes et GEM idiopathiques ou les glomรฉrulonรฉphrites liรฉes ร  lโ€™obรฉsitรฉ (HSF) sont prรฉpondรฉrantes.
Pour certains auteurs, lโ€™augmentation de lโ€™incidence ces glomรฉrulonรฉphrites observรฉes dans les pays dรฉveloppรฉs peut-รชtre expliquรฉe par la thรฉorie de lโ€™hygiรจne (Hurtado and Johnson, 2005). La faible exposition dans lโ€™enfance du systรจme immunitaire ร  des agents infectieux induit un dรฉsรฉquilibre de nos lymphocytes Th1 au profit des lymphocytes Th2 ร  lโ€™origine de lโ€™รฉmergence de maladies allergiques et auto-immunes. Les auteurs de cette revue ont montrรฉ la prรฉdominance des glomรฉrulonรฉphrites post-infectieuses dans les pays ayant un faible Produit Intรฉrieur Brut (PIB) et inversement la prรฉdominance de glomรฉrulonรฉphrites auto-immunes dans les pays ร  fort PIB.
Lโ€™incidence des GEM post-infectieuses est en baisse dans les pays industrialisรฉs alors que sa forme auto-immune est stable voir en augmentation.

Prรฉsentation clinique et biologique

La GEM se prรฉsente dans 80% des cas avec un syndrome nรฉphrotique. Comme nous lโ€™avons vu, elle touche prรฉfรฉrentiellement lโ€™homme aprรจs 50 ans (Schieppati et al., 1993). Elle nโ€™est accompagnรฉe que dans seulement 41% des cas dโ€™oedรจmes, ce qui fait que beaucoup de poussรฉes peuvent passer inaperรงues. On retrouve une hypertension artรฉrielle dans 55% des cas.
La maladie se complique dans 7% des cas dโ€™une thrombose veineuse profonde, plus frรฉquemment dans les deux premiรจres annรฉes qui suivent le diagnostic avec un risque statistiquement augmentรฉ lorsque le taux dโ€™albumine sรฉrique est infรฉrieur ร  28g/L (Lionaki et al., 2012).

Histoire naturelle de la GEM idiopathique

La GEM idiopathique comme beaucoup de maladies auto-immunes รฉvolue par poussรฉes et peut rentrer spontanรฉment en rรฉmission.
En 1993, Schieppati et al. ont รฉtudiรฉ lโ€™histoire naturelle de 100 patients porteurs dโ€™une GEM idiopathique pris en charge entre 1974 et 1992 avec un suivi minimum de 6 mois ne recevant quโ€™un traitement symptomatique (Schieppati et al., 1993). Lโ€™รขge moyen est de 51 ans avec 68 hommes pour 32 femmes. Le traitement symptomatique comprend : un traitement anti-hypertenseur par bloqueurs du systรจme rรฉnine angiotensine, inhibiteurs calciques ou beta-bloquants, ainsi quโ€™un rรฉgime ร  1g de protรฉines par kilogramme de poids sec pour les patients sans insuffisance rรฉnale et entre 0.6 et 0.8 g de proteines par kilogramme de poids sec en cas dโ€™insuffisance rรฉnale.
Les auteurs ont rapportรฉ pour cette cohorte un suivi moyen de 52 mois (6-208 mois). A la fin du suivi, 14 patients ont รฉvoluรฉ vers une insuffisance rรฉnale chronique terminale avec recours ร  la dialyse, 3 ont une insuffisance rรฉnale sรฉvรจre (crรฉatininรฉmie >265 ยตmol/L), 15 ont une insuffisance rรฉnale modรฉrรฉe ร  sรฉvรจre (crรฉatininรฉmie comprise entre 132 et 265 ยตmol/L), soit 32% des patients qui ont une dรฉgradation de leur fonction rรฉnale. Six patients sont dรฉcรฉdรฉs, 4 dans les suites de complications cardio-vasculaires, un patient suite ร  une infection et un patient suite ร  une embolie pulmonaire. La probabilitรฉ de maintenir une fonction rรฉnale normale est de 88% ร  5 ans et de 73% ร  8 ans.
Dans le groupe des patients qui ont un suivi total de 60 mois, 13 sur 37 (35%) ont un syndrome nรฉphrotique persistant dont 7 aprรจs une rรฉmission partielle.
La prรฉsence dโ€™un syndrome nรฉphrotique, dโ€™une hypertension, dโ€™une protรฉinurie รฉlevรฉe ou dโ€™un taux de cholestรฉrol รฉlevรฉ au moment de la prise en charge nโ€™รฉtait pas prรฉdictive de la survie rรฉnale. Les patients de moins de 50 ans ont un meilleur pronostic ainsi que les femmes (62% des femmes et 59% des hommes ont un rรฉmission partielle ou complรจte).
Lโ€™รฉvolution de la maladie sans traitement immunosuppresseur semble relativement bรฉnigne mais un tiers des patients ont une insuffisance rรฉnale aprรจs 5 ans et ร  la fin du suivi un tiers ont un syndrome nรฉphrotique persistante. Ces donnรฉes nous montre bien que le traitement symptomatique doit rester la premiรจre ligne de prise en charge des patients prรฉsentant une GEM idiopathique, mais รฉgalement lโ€™importance de mettre en รฉvidence de nouveaux marqueurs de gravitรฉ de la maladie afin dโ€™identifier les patients qui vont dรฉvelopper une insuffisance rรฉnale et nรฉcessiteraient le recours ร  un traitement immunosuppresseur avant lโ€™installation de lรฉsions rรฉnales irrรฉversibles.

Terrain gรฉnรฉtique

Lโ€™identification de familles porteuses de GEM idiopathiques suggรจre une part gรฉnรฉtique au dรฉveloppement de la maladie bien que ces cas restent trรจs marginaux (Bockenhauer et al., 2008). Les รฉtudes de recherche dโ€™associations ร  lโ€™รฉchelle du gรฉnome (GWAS) menรฉes dans trois populations caucasiennes diffรฉrentes porteuses de GEM idiopathiques: 75 Franรงais, 146 Hollandais et 335 Anglais appariรฉes ร  une population caucasienne contrรดle ont pu identifier 2 loci associรฉs aux GEM idiopathiques. Au niveau du chromosome 2q24 contenant le gรจne codant pour PLA2R1 ; le SNP (Single Nucleotide Polymorphisms) rs4664308 est significativement associรฉ au risque de dรฉvelopper une GEM idiopathique. Au niveau du chromosome 6p21 contenant le gรจne codant pour la chaรฎne alpha du complexe HLA-DQA1, le snp rs2187668 est รฉgalement significativement associรฉ ร  la GEM. La prรฉsence ร  lโ€™รฉtat homozygote des 2 allรจles ร  risque augmente par 78.5 fois le risque de dรฉvelopper la maladie (Stanescu et al., 2011).
Saeed et al. ont menรฉ une autre รฉtude dans une population caucasienne et afro-amรฉricaine prรฉsentant une GEM idiopathique avec ou sans anticorps anti-PLA2R1. Les variants gรฉnรฉtiques de PLA2R1 influencent la positivitรฉ des anticorps anti-PLA2R1 chez les caucasiens. Lโ€™association avec le SNP rs 2187668 du complexe HLA DQA1 est trรจs fortement associรฉ au groupe GEM caucasien. Lโ€™association est faible ou absente dans le groupe GEM afro-amรฉricain. Aucune association gรฉnomique nโ€™a รฉtรฉ retrouvรฉ dans la population sans anticorps anti-PLA2R1 (Saeed et al., 2014).
Coenen et al. ont analysรฉ le sรฉquenรงage de PLA2R1 chez 95 patients caucasiens dont 60 patients sont porteurs dโ€™anticorps anti-PLA2R1 ou des dรฉpรดts de PLA2R1 dรฉtectables dans la biopsie rรฉnale. Ils ont ainsi identifiรฉ 18 variants ou SNP de PLA2R1 comprenant 2 variants dรฉjร  dรฉcrits, 7 variants rares (<1%) et 9 variants communs. Ils ont confirmรฉ une association entre 6 variants communs et la GEM (Coenen et al., 2013).
Trois de ces variants communs significativement associรฉs ร  la GEM prรฉsentent des variations de sรฉquences dans les domaines oรน nous avons identifiรฉ des รฉpitopes reconnus par les anticorps anti-PLA2R1 : le domaine CysR, le domaine CTLD1 et entre le domaine CTLD6 et 7.

Endopetidase neutre (NEP)

Malgrรฉ les progrรจs rรฉalisรฉs dans la comprรฉhension de la pathogรฉnie de la GEM grรขce au modรจle de la nรฉphrite de Heymann, aucun antigรจne podocytaire humain nโ€™a รฉtรฉ identifรฉ avant 2002 puisque la mรฉgaline nโ€™est pas prรฉsente dans le glomรฉrule humain. De plus les IgG4 qui prรฉdominent dans la GEM humaine sont incapables dโ€™activer le complรฉment.
En 2002, lโ€™รฉquipe du Pr Ronco a identifiรฉ le premier antigรจne podocytaire impliquรฉ dans la GEM humaine. Il sโ€™agit dโ€™un cas de GEM antenatale allo-immune sur une deuxiรจme grossesse oรน une mรจre dรฉficiente en endopeptidase neutre sโ€™est immunisรฉe contre cette protรฉine podocytaire lors de sa premiรจre grossesse et a transfรฉrรฉ les anticorps anti-NEP ร  son deuxiรจme enfant qui a prรฉsentรฉ une GEM dรจs 34 semaines dโ€™amรฉnorrhรฉe.
Dโ€™autres cas ont pu confirmer ces rรฉsultats et il a รฉtรฉ montrรฉ que le dรฉveloppement de la protรฉinurie dรฉpendait dโ€™IgG fixant le complรฉment plutรดt que des IgG4 anti-NEP.
Seulement quelques familles ont รฉtรฉ identifiรฉes oรน les anticorps anti-NEP รฉtaient ร  lโ€™origine dโ€™une GEM allo-immune mais aucun cas de GEM idiopathique nโ€™a pu รชtre identifiรฉ impliquant des anticorps anti-NEP (Debiec et al., 2002).
Ce rรฉsultat a permis dโ€™apporter la preuve du concept quโ€™un antigรจne intra-podocytaire pouvait comme dans la nรฉphrite de Heymann รชtre ร  lโ€™origine de la formation de complexes immuns in situ chez lโ€™homme mais nโ€™a pas apportรฉ dโ€™intรฉrรชt clinique en pratique.

Autres antigรจnes intra-podocytaires associรฉs ร  la GEM

Dโ€™autres antigรจnes podocytaires ont รฉtรฉ identifiรฉs. Prunotto et al. dรฉcrivent en 2010 la prรฉsence dโ€™anticorps circulants dirigรฉs contre lโ€™aldose rรฉductase (AR) et contre la manganรจse superoxide dismutase (SOD2) chez 24 patients porteurs dโ€™une GEM idiopathique.
Comme pour PLA2R1, des dรฉpรดts dโ€™AR et de SOD2 sont retrouvรฉs dans les biopsies des patients porteurs dโ€™une GEM et non sur du rein sain (on retrouve รฉgalement des dรฉpรดts dโ€™AR sur des biopsies de patients porteurs de nรฉphropathie ร  IgA, de formes secondaires de GEM ou de diabรจte de type II). En microscopie รฉlectronique, AR et SOD2 sont localisรฉs au niveau du cytoplasme des podocytes et le long de la membrane plasmique. La microscopie confocale montre que les dรฉpรดts dโ€™AR et de SOD2 co-localisent avec les dรฉpรดts dโ€™IgG4 et de C5b9 le long de la membrane basale glomรฉrulaire. De plus lโ€™รฉlution des IgG ร  partir de biopsies de patients porteurs de GEM avec anticorps anti-AR et anti-SOD2 reconnaissent en condition rรฉductrice 8 protรฉines diffรฉrentes issues dโ€™un lysat podocytaire dont AR, SOD2 et la vimentine. En conditions non rรฉductrices, 3 nouvelles bandes apparaissent ร  200, 170 et 155 kDa.
AR et SOD2 sont des protรฉines podocytaires cytoplasmiques qui sont exprimรฉes sur la membrane plasmique dans des lignรฉes de podocytes humains immortalisรฉs. Lโ€™expression sur la membrane plasmique de SOD2 est augmentรฉe in vitro en rรฉponse ร  lโ€™exposition de peroxide dโ€™hydrogรจne (H2O2) (Prunotto et al., 2010).
Un autre antigรจne cytoplasmique avait dรฉjร  รฉtรฉ identifiรฉ dans les GEM il sโ€™agit de lโ€™ฮฑ-รฉnolase, mais les anticorps anti-ฮฑ-รฉnolase ne sont pas spรฉcifiques de la GEM, on en retrouve รฉgalement dans les vascularites ร  ANCA (Moodie et al., 1993) et au cous dโ€™infection (Terrier et al., 2007).
En 2012, Murtas et al. ont recherchรฉ dans une cohorte de 186 patients porteurs dโ€™une GEM la prรฉsence dโ€™anticorps dirigรฉs contre les cibles dรฉcrites : PLA2R1, NEP, AR, SOD2 et ฮฑ-รฉnolase. Des anticorps anti-PLA2R1 sont retrouvรฉs chez 60% des patients de cette cohorte, aucun anticorps anti-NEP nโ€™est retrouvรฉ et 43% ont des anticorps anti-AR, 28% des anti-SOD2 et 43% des anti-ฮฑ-รฉnolase. Dix-neuf patients รฉtaient porteurs des 4 anticorps dirigรฉs contre les 4 antigรจnes citรฉs, 25 contre 3 antigรจnes, 55 contre 2, 50 contre un antigรจne et pour 37 patients aucun anticorps nโ€™a pu รชtre identifiรฉ. Chez ces patients qui nโ€™ont aucun auto-anticorps caractรฉrisรฉ, la protรฉinurie ร  un an est infรฉrieure ร  celle du groupe de patients avec des auto-anticorps caractรฉrisรฉs (Murtas et al., 2012).
La co-existence chez un mรชme patient de plusieurs anticorps dirigรฉs contre des protรฉines podocytaires suggรจre un mรฉcanisme physiopathologique en plusieurs รฉtapes dirigรฉ contre diffรฉrentes cibles podocytaires induisant sa dรฉfaillance.

THSD7A

En 2010, Beck et al. identifient en western blot un patient prรฉsentant un cancer de la prostate deux ans avant lโ€™apparition dโ€™un syndrome nรฉphrotique liรฉ ร  une GEM, et porteur dโ€™anticorps dirigรฉs contre une protรฉine dโ€™environ 250 kDa contenue dans un extrait glomรฉrulaire humain qui nโ€™est pas PLA2R1 (Beck, 2010).
Nous avons รฉgalement pu identifier un patient co-infectรฉ VIH/VHC avec une charge virale positive pour le VHC qui prรฉsentait des anticorps dirigรฉs contre une protรฉine de 250 kDa contenue dans un extrait glomรฉrulaire humain qui nโ€™est pas PLA2R1.
Nous avons alors testรฉ une nouvelle cohorte de Hambourg et identifiรฉ 5 nouveaux patients GEM capables de reconnaรฎtre cette protรฉine de 250 kDa et 9 nouveaux patients dans une cohorte amรฉricaine.
Nous avons dans un premier temps testรฉ la reconnaissance de ce sรฉrum contre les paralogues de PLA2R1 : le rรฉcepteur mannose du macrophage (1), le rรฉcepteur Endo-180 (MRC2) et le rรฉcepteur des cellules dendritiques (DEC-205, LY75) mais sans rรฉactivitรฉ. Nous avons alors protรฉolysรฉ lโ€™extrait glomรฉrulaire ร  la trypsine avec et sans N-glycopeptidase F. Les fragments ainsi obtenus ont รฉtรฉ analysรฉs en spectromรฉtrie de masse et nous avons pu dรฉfinir une liste de protรฉines candidates. Les protรฉines ont alors รฉtรฉ sรฉlectionnรฉes en fonction de leur taille et leur prรฉsence supposรฉe dans le glomรฉrule. Ainsi, comme pour PLA2R1, la Trombospondine de type 1 (THSD7A) ???? comme รฉtant la cible antigรฉnique de ces anticorps.
Comme pour PLA2R1 la sous-classe IgG4 est la sous-classe prรฉdominante. Le titre dโ€™anticorps semble bien corrรฉlรฉ ร  lโ€™activitรฉ de la maladie et THSD7A co-localise avec les dรฉpรดts dโ€™IgG dans la biopsie rรฉnale des ces patients. Les IgG รฉluรฉes de la biopsie rรฉnale reconnaissent THSD7A.

GEM secondaire ร  lโ€™hรฉpatite B

Dโ€™autres antigรจnes cationiques ont รฉtรฉ dรฉcrits comme pouvant รชtre des antigรจnes plantรฉs dans la membrane basale glomรฉrulaire comme lโ€™antigรจne ยซ e ยป du virus lโ€™hรฉpatite B avec une fixation secondaire des anticorps in situ dโ€™antigรจnes non ยซ natifs ยป (Beck, 2010).

GEM secondaire au cancer

De nombreux cas cliniques de traitement dโ€™une tumeur avec rรฉsolution dโ€™un syndrome nรฉphrotique liรฉ ร  une GEM ont รฉtรฉ dรฉcrits. La physiopathologie de la GEM dans ce contexte nโ€™est pas connue. Costanza et al. ont dรฉcrit des dรฉpรดts dโ€™antigรจnes tumoraux type ACE (Antigรจne Carcino-Embryonnaire) dans des biopsies rรฉnales de patients porteurs dโ€™une GEM associรฉe ร  des cancers colo-rectaux (Costanza et al., 1973).
Couser et al. ont dรฉcrit en 1974 le cas dโ€™un patient รขgรฉ de 60 ans prรฉsentant un syndrome nรฉphrotique secondaire ร  une GEM associรฉe ร  un carcinome du colon et des titres รฉlevรฉs dโ€™ACE. Aucun dรฉpรดt dโ€™ACE nโ€™a pu รชtre mis en รฉvidence dans sa biopsie rรฉnale. Par contre, ils ont pu mettre en รฉvidence que son sรฉrum prรฉlevรฉ une semaine aprรจs la rรฉsection de sa tumeur รฉtait capable de fixer sur sa biopsie rรฉnale aprรจs รฉlution, un antigรจne dรฉposรฉ le long de la membrane basale glomรฉrulaire. Cette fixation est perdue si lโ€™on prรฉ-incube le sรฉrum avec un lysat de la tumeur du patient. Par contre, la fixation persiste aprรจs incubation avec un lysat issu de colon normal, dโ€™un polype colique, du foie ou de la rate. Malgrรฉ la rรฉsection de la tumeur, le patient est restรฉ nรฉphrotique, il a bรฉnรฉficiรฉ dโ€™une nouvelle ponction biopsie rรฉnale 4 mois aprรจs lโ€™intervention qui ne retrouve plus de dรฉpรดt. Ce cas illustre le fait quโ€™un nรฉo-antigรจne tumoral peut รชtre ร  lโ€™origine de complexes immuns capables de se dรฉposer dans la membrane basale glomรฉrulaire (Couser et al., 1974).

Rรดle de PLA2R1 dans lโ€™inflammation

Plusieurs sPLA2 (IIA, V et X) ainsi que PLA2R1 sont exprimรฉes dans les poumons (Lambeau and Gelb, 2008). Les sPLA2 IIA et X sont prรฉsentes dans les lavages broncho-alvรฉolaires (LBA) de patients souffrant dโ€™asthme. Henderson et al. ont montrรฉ dans un modรจle dโ€™asthme induit par lโ€™ovalbumine que les souris invalidรฉes pour la sPLA2-X produisent moins dโ€™icosanoรฏdes pro-inflammatoires et ont moins dโ€™asthme (Henderson et al., 2007). Dans ce mรชme modรจle des souris invalidรฉes pour PLA2R1 prรฉsentent une rรฉponse inflammatoire plus intense. Les LBA des souris PLA2R1 -/- contiennent davantage de sPLA21 IB et X et des concentrations plus รฉlevรฉes dโ€™icosanoรฏdes et de cytokines Th2. Lโ€™augmentation de sPLA2 rรฉsulte dโ€™une clairance et dโ€™une dรฉgradation rรฉduite de ces sPLA2 (Tamaru et al., 2013). PLA2R1 a donc dans ce modรจle un rรดle anti-inflammatoire en inhibant lโ€™activitรฉ des sPLA2 et en les รฉliminant du milieu extracellulaire. Lโ€™administration de LPS ร  des souris sauvages induit un choc septique qui provoque la mort des animaux en 24 heures. Chez ces souris, dโ€™importantes quantitรฉs de TNF ฮฑ sont produites dans les poumons, la rate, le rein et lโ€™utรฉrus des tissus qui expriment la sPLA2 IB. Lโ€™expression de PLA2R1 est รฉgalement augmentรฉe dans les cellules รฉpithรฉliales des alvรฉoles pulmonaires et dans les lymphocytes splรฉniques des souris sauvages exposรฉes au LPS (Yokota et al., 2000). Hanasaki et al. ont รฉtudiรฉ le rรดle du complexe sPLA2 IB/PLA2R1 dans la pathogenรจse du choc septique. Ils ont montrรฉ que comme le LPS, la sPLA2 IB induit un choc septique lorsquโ€™elle est administrรฉe ร  des souris prรฉalablement sensibilisรฉes ร  des doses sublรฉthales de LPS. En revanche, les souris PLA2R1 -/- sont plus rรฉsistantes que les souris sauvages au choc septique, induit par le LPS ou par la sPLA2 IB (Hanasaki et al., 1997). Chez ces souris PLA2R1 -/- les concentrations plasmatiques de TNF ฮฑ et dโ€™IL-1ฮฒ induites par le LPS sont sensiblement rรฉduites. PLA2R1 pourrait dans ce modรจle relayer certains effets pro-inflammatoires des sPLA2 et participer via la production de cytokines pro-inflammatoires, ร  la progression du choc septique.

Rรดle de PLA2R1 dans le cancer

Lโ€™รฉquipe du Pr Bernard en collaboration avec notre รฉquipe, a suggรฉrรฉ un rรดle anti-tumoral de PLA2R1 lors du criblage gรฉnรฉtique fonctionnel destinรฉ ร  identifier les gรจnes contrรดlant la sรฉnescence cellulaire.
La sรฉnescence est un arrรชt irrรฉversible de la prolifรฉration cellulaire et constitue comme lโ€™apoptose un mรฉcanisme de dรฉfense anti-tumoral. Plusieurs mรฉcanismes induisent lโ€™entrรฉe en sรฉnescence dโ€™une cellule : lโ€™รฉpuisement du pouvoir rรฉplicatif des cellules par รฉrosion des tรฉlomรจres (on parle de sรฉnescence rรฉplicative) ou suite ร  lโ€™exposition ร  un stress oncogรฉnique (on parle alors dโ€™oncogene-induced senescence ou OIS).
Dans des cultures primaires de fibroblastes (WI38) et des cellules รฉpithรฉliales mammaires (HMEC), Augert et al. ont montrรฉ une surexpression de PLA2R1 lorsque ces cellules rentrent en senescence. La diminution dโ€™expression de PLA2R1 par ARN interfรฉrence retarde lโ€™entrรฉe en sรฉnescence, tandis que la surexpression de PLA2R1 induit la sรฉnescence prรฉmaturรฉe (Augert et al., 2009). Lโ€™effet pro-sรฉnescent de PLA2R1 dรฉpend de la production de radicaux oxygรฉnรฉs, de lโ€™induction de dommages ร  lโ€™ADN et de lโ€™activation du gรจne suppresseur de tumeurs p53. Cet effet est perdu en dรฉlรฉtant le domaine CTLD1 de PLA2R1 (Augert et al., 2013). Cet effet de la forme humaine de PLA2R1 pourrait expliquer pourquoi nous nโ€™avons jamais pu obtenir de clone stable de cellule HEK transfectรฉes par PLA2R1 alors que la transfection avec le rรฉcepteur de lapin nโ€™est pas toxique pour la cellule.

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Table des matiรจres

1. Introduction
1.1. Diagnostic de la GEM
1.1.1. Dรฉfinition de la GEM
1.1.2. Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
1.1.3. Prรฉsentation clinique
1.1.4. Histoire naturelle
1.1.5. Terrain gรฉnรฉtique
1.2. Physiopathologie de la GEM
1.2.1. Nรฉphrite de Heymann
1.2.2. NEP
1.2.3. PLA2R1
1.2.4. Autres antigรจnes intra-podocytaires associรฉs ร  la GEM
1.2.5. THSD7A
1.2.6. Formes secondaires
1.3. Rรฉcepteur PLA2R1 et anticorps anti-PLA2R1
1.3.1. Structure
1.3.2. Ligands de PLA2R1
1.3.3. Rรดle de PLA2R1 dans lโ€™inflammation
1.3.4. Rรดle de PLA2R1 dans le cancer
1.3.5. Rรดle de PLA2R1 dans le rein
1.3.6. Tests diagnostiques
1.3.7. Anticorps anti-PLA2R1 et activitรฉ de la maladie
1.3.8. Epitopes de PLA2R1 reconnus par les anticorps dans les GEM idiopathiques
1.4. Prise en charge de la GEM
1.4.1. Facteurs pronostics
1.4.2. Prise en charge de la GEM (KDIGO) Recommandations actuelles ! 11!
1.4.3. Rรฉcidive de GEM aprรจs transplantation
1.5. Objectifs
2. Rรฉsultats
2.1. Article 1 : Mise au point dโ€™un test ELISA permettant le suivi des anticorps anti- PLA2R1
2.2. Article 2 : Le suivi des Ac anti-PLA2R1 aprรจs la transplantation rรฉnale permet de prรฉdire la rรฉcidive de GEM sur le greffon
2.3. Article 3 : Rรฉactivitรฉ croisรฉe des anticorps anti-PLA2R1 contre le rรฉcepteur de lapin et le rรฉcepteur de souris et mise au point de deux nouveaux tests ELISA avec des performances diffรฉrentes dans la Glomรฉrulonรฉphrite Extra-Membraneuse
2.4. Article 4 : Un ยซ spreading ยป intra-molรฉculaire est associรฉ ร  des formes actives de mauvais pronostic dans les Glomรฉrulonรฉphrites Extra-Membraneuses avec Ac anti- PLA2R1
2.5. Article 5 : Identification dโ€™une nouvelle cible antigรฉnique dans la Glomรฉrulonรฉphrite Extra-Membraneuse idiopathique
3. Discussion et perspectives
4. Annexes
5. Bibliographie

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