Epidémiologie et circonstance de survenue

L’intoxication est l’ensemble des manifestations pathologiques de l’organisme consécutives à l’ingestion ou au contact superficiel avec une substance toxique. C’est une pathologie fréquente en réanimation. Elle peut être accidentelle (involontaire) et / ou volontaire (tentative d’autolyse). Selon l’OMS, l’intoxication s’inscrit dans le cadre global des affections accidentelles et/ou volontaires [8]. Les Intoxications, qu’elles soient accidentelles ou volontaires, représentent une charge de travail importante pour la médecine préhospitalière, des services d’accueil des urgences et des services de réanimation dans la plupart des pays développés. Elles constituent la première cause d’admission hospitalière dans les pays développés et la seconde cause de mort brutale dans les pays en voie de développement, après celles due aux accidents de la voie publique [15]. Cependant, les intoxications aux hydrocarbures occupent une place importante dans les différentes intoxications. En effet, pour son usage domestique permanent (éclairage, allumage domestique, peinture) et ses conditions de conservation (les produits souvent transvasés dans des bouteilles dont le contenu d’origine est alimentaire), les hydrocarbures représentent un facteur de risque d’intoxication pour les enfants [27]. De nombreux enfants de moins de 5 ans s’intoxiquent en ingérant des dérivés du pétrole tels que l’essence, le kérosène et les diluants pour peintures, même si la plupart d’entre eux se rétablissent. Un risque accru est représenté par les adolescents toxicodépendants dont la pratique consiste à renifler, sniffer de la colle ou utiliser des substances volatiles illicites.

Epidémiologie et circonstance de survenue 

Première cause d’hospitalisation des personnes de moins de 30 ans dans les pays développés, les intoxications posent un problème de santé publique. La mortalité hospitalière est actuellement inférieure à 1 %, grâce à une prise en charge précoce et orientée essentiellement sur le traitement symptomatique. Sur une étude menée par Gueye et al [25] à Dakar au Sénégal sur les intoxications aux hydrocarbures, 6333 enfants ont été hospitalisés avec 40 reçus pour intoxication aux hydrocarbures, soit une prévalence de 0,6%. Bien que les troubles digestifs et respiratoires soient les symptômes les plus fréquentes pour les hydrocarbures, la gravité est le plus souvent liée à la défaillance respiratoire, cardiovasculaire et le coma.

Dans notre société, les hydrocarbures sont utilisés comme solvants dans de nombreux produits ménagers ou industriels avec des proportions plus ou moins importantes de substances volatiles. En milieu médical, leur utilisation s’est développée en anesthésiologie. Ces substances, lorsqu’ elles sont inhalées produisent des effets sur l’organisme similaire à ceux induits par les dépresseurs du système nerveux central. L’exposition accidentelle chronique ou intentionnelle (toxicomanie) aux substances volatiles est donc un réel enjeu de santé publique [51].

Facteurs favorisant et types d’intoxications 

Involontaire ou accidentelle
Imprévisible chez les enfants le plus souvent due à la négligence des parents. Intoxications volontaires : surtout dans les tentatives d’autolyse .

Le mécanisme des intoxications aux hydrocarbures 

Endogène : toxicose due à des substances produites par l’organisme, soit par des germes vivants, soit par l’organisme lui-même (déchet de la nutrition).
Exogène : toxicose due à des substances produites en dehors de l’organisme
-Intoxication aiguë
Accumulation spontanée de toxique dans l’organisme qui se développe surtout chez les enfants.
-Intoxication chronique
Consécutive à l’exposition répétée pendant une longue période à un toxique. Les signes se manifestent : Soit parce que le poison s’accumule dans l’organisme, c’est-à-dire la quantité éliminée est inférieure à la quantité absorbée et donc la concentration du toxique augmente progressivement jusqu’à l’obtention d’un seuil suffisant pour engendrer des signes cliniques ; Soit parce que les effets engendrés par l’exposition répétée s’additionnent sans que le toxique ne s’accumule dans l’organisme.

Ces intoxications chroniques se voient surtout chez les adultes qui travaillent dans des zones exposées (mécanicien d’avion, industrie pétrochimique, laboratoire de chimie, etc.).

Les voies de pénétration des hydrocarbures 

La voie pulmonaire
Ce mécanisme se voit dans les intoxications par inhalation de gaz, de vapeur toxique. Exemple : Renifleur d’essence. Le passage du toxique dans le sang est très rapide et rend cette intoxication foudroyante.
La voie digestive
Par voie orale, la vitesse d’absorption dépend du produit en cause, de sa nature : les solutions s’absorbent en général plus rapidement que les formes solides. Ce qui s’avère important pour une éventuelle décision de pratiquer le lavage gastrique. En outre, l’absorption est influencée par l’état de réplétion de l’estomac et la nature des aliments contenus avant l’intoxication.
La voie cutanéo muqueuse
Elle comporte plusieurs volets dont la pénétration percutanée et la pénétration oculaire.

Les substances en causes des intoxications aux hydrocarbures 

De nombreux solvants sont utilisés dans la maison pour le détachage du linge et des moquettes, le décapage des peintures, le nettoyage des pinceaux. Ils sont également présents dans les colles et les vernis. Ces produits sont liposolubles et volatils, toxiques par inhalation, ingestion et contact cutané. Après ingestion, les solvants aliphatiques halogénés comme le trichloréthylène sont très irritants pour le tube digestif et provoquent des douleurs abdominales, des diarrhées, des brûlures digestives pouvant aller jusqu’à des irritations annales avec escarres fessières. Le risque essentiel est cardiaque avec des troubles du rythme, tachycardie et fibrillations ventriculaires [10]. D’autres produits responsables de l’intoxication aux hydrocarbures sont le plus souvent : L’essence : Liquide, vapeur et très inflammable, elle peut être mortelle en cas d’ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires [12]. La majorité des cas d’intoxication à l’essence signalés concernent l’inhalation ou l’absorption percutanée. Les données sont rares sur les complications et les résultats après l’empoisonnement à l’essence par ingestion orale. La principale cause de mortalité et de morbidité associée à l’ingestion d’essence est liée à l’aspiration pulmonaire. Malgré la fréquence élevée des ingestions, il existe peu de documentation sur les effets toxiques non pulmonaires de l’essence. Apres ingestion, la principale toxicité est la pneumonie par aspiration, mais toute manifestation extra pulmonaire documentée de cette affection peut être importante dans la prise en charge globale des patients [42]. Le Gasoil : le gasoil est probablement le plus toxique, tant par ses composants (toluène, xylène et trimethylbenzene) que ses additifs (éthanol, méthanol, méthyle tertiaire butyle éther) [11]. Le kerdane, appelé pétrole lampant est un liquide de faible viscosité, incolore ou légèrement jaune, pratiquement insoluble dans l’eau mais miscible a un grand nombre de solvants usuels [36]. Il est obtenu par distillation du pétrole brut. Il s’agit d’un produit peu visqueux, plus volatile que le pétrole, dont la dose létale 50 a été fixée à 0,5ml /kg de poids corporel chez l’animal par voie inhalée. Elle est cent fois supérieure par voie digestive [30]. Le pétrole lampant avait constitué également une cause importante d’intoxication au Mali, troisième place parmi les produits incriminés.

Selon une étude réalisée en Côte d’Ivoire et au Congo Brazzaville, le pétrole lampant constituait le premier tandis que, chez Sylla et al. (2006) à Bamako au Mali, il occupait la deuxième place des produits en cause d’intoxication chez les enfants de moins de 5 ans. Les conditions de conservation du pétrole lampant sont sources de confusions pour les enfants dans beaucoup de pays africains. Le pétrole lampant est en effet, conservé dans des bouteilles d’eau ou de boissons sucrées. Il est utilisé comme moyen d’allumage de feu de cuisine (charbon de bois) et constitue par la même occasion la seule source d’éclairage pour certaines familles. Les enfants s’intoxiquent en buvant le pétrole lampant pour se désaltérer surtout pendant la période de chaleur [20]. Les hydrocarbures aromatiques comme le benzène, le toluène et le paradichlorobenzène ont une toxicité neurologique [10]. Le benzène : son exposition est plus grave car il est beaucoup plus volatil par rapport à l’essence et au pétrole. L’ingestion provoque des troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements) et neurologiques (vertiges, ivresse, céphalées, somnolence, coma, convulsions). L’inhalation provoque les mêmes symptômes neurologiques, pouvant entraîner la mort (à titre indicatif, la mort intervient de cinq à quinze minutes d’exposition à une concentration de 2 %). En application cutanée, le benzène est irritant.

Le Diluant : Le diluant, un produit à usage industriel, serait-il une cause d’intoxication à domicile ? Hélas oui ! Les données du Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc confirme cet état de fait [41]. Ce produit qui ne devrait pas être d’usage domestique est pourtant banalisé et se retrouve dans plusieurs maisons. Ce qui prédispose à des intoxications accidentelles relativement fréquentes, particulièrement chez l’enfant, et parfois à l’origine de préjudices sanitaires graves. Les diluants sont en effet très utilisés par les artisans marocains opérant dans le domaine de la tôlerie, la peinture et de la menuiserie. Or ces artisans, souvent de niveau socio-économique faible, n’ont pas de connaissances suffisantes sur les risques encourus, ni sur les bonnes pratiques d’utilisation, de conditionnement et d’élimination [41]. Cliniquement, les signes d’intoxication au méthanol apparaissent 6 à 12 heures après l’ingestion et dépendent de la dose ingérée. La forme mineure se caractérise par la présence de symptômes digestifs isolés à type de nausées et vomissements. Lors d’ingestion de doses plus importantes apparaissent des signes oculaires et neuropsychiatriques allant du coma au décès. La symptomatologie oculaire débute entre 30 minutes et 72 heures après l’ingestion sous forme d’un brouillard visuel, de phosphènes et une baisse visuelle rapide et majeure. Le fond d’œil objective, une hyperhémie papillaire puis un œdème de la papille et de la rétine adjacente. Une mydriase initiale est de mauvais pronostic. Les potentiels évoqués visuels sont très altérés, voir éteints. L’électrorétinogramme montre une diminution de l’amplitude de l’onde b par atteinte des photorécepteurs. Le scanner peut mettre en évidence des lésions caractéristiques de l’intoxication au méthanol sous forme d’hypodensités symétriques des régions putaminales.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. Généralités
1. Définition
2. Epidémiologie et circonstance de survenue
3. Facteurs favorisant et types d’intoxications
4. Le mécanisme des intoxications aux hydrocarbures
5. Les voies de pénétration des hydrocarbures
6. Les substances en causes des intoxications aux hydrocarbures
II DIAGNOSTIQUE POSITIF
1. Anamnèse
2. Examen clinique
3. Examen para clinique
III. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
IV. DIAGNOSTIQUE ETIOLOGIQUE
V. TRAITEMENT
A. CURATIF
1. BUTS
2. MOYENS
3. INDICATIONS
B. PREVENTIF
VI. EVOLUTION
VI.1. Éléments de surveillance
VI.2. Modalités évolutives
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. CADRE D’ETUDE
I.1. Organisation structurelle du service
I.2. Organisation du personnel
I.3. PATIENTS ET METHODE
I.3.1. Patients
I.3.2. Méthode
I.3.3. Période et type d’étude
I.3.4 Critères d’inclusion
I.3.5. Critères d’exclusion
I.3.6. Recueil et analyse des données
RESULTATS
II. Résultats
II.1. Fréquence globale ou incidence
II.2. Données épidémiologiques et sociodémographiques
II.3 Données anamnestiques
II.4. Données cliniques
II.5. Les données para cliniques à l’admission
II.6. Données thérapeutiques
II.7. Données évolutives
III. DISCUSSION
III.1 Fréquence globale ou incidence
III.2 Données épidémiologiques et sociodémographiques
III.3. Données anamnestiques
III.4. Données cliniques
III.5. Les données para cliniques à l’admission
III.6. Données thérapeutiques
III.7. Données évolutives
CONCLUSION E ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *