Epidémiologie du tabagisme

Le tabagisme est une intoxication due au tabac, correspondant à une toxicomanie légale avec une dépendance physique et psychologique à la nicotine [78]. Il constitue la première cause de décès évitable dans le monde. Il est responsable de 5 millions de décès chaque année ; la plupart de ces décès sont observés dans les pays de faible revenu. Si la tendance actuelle persiste, on observera 8 millions de décès annuels d’ici 2030 [64]. Ces décès sont imputables aux effets causés par le tabac au niveau de nombreux organes et systèmes du corps humain dont les conséquences physiopathologiques sont nombreuses et dangereuses .

Parmi ces organes et systèmes on peut citer le système cardiovasculaire avec notamment les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, les pathologies vasculaires périphériques, l’appareil respiratoire avec les bronchites chroniques, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives, l’emphysème pulmonaire, l’appareil digestif avec les paradontopathies, les ulcères gastroduodénaux. Le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers. Celui du poumon vient en tête mais d’autres organes peuvent être atteints (langue, larynx, pharynx, reins, vessie). Le tabagisme touche toutes les couches de la population et reste une réalité en milieu médical dans le monde comme au Sénégal. Il est responsable d’une morbi-mortalité très importante. Certains groupes sociaux ont un rôle important à jouer dans la lutte antitabac ; les professionnels de santé en sont des acteurs privilégiés de par leur contact avec une masse déjà importante de la population.

Outre le rôle de modèle qu’il représente pour le public, le personnel de santé peut véhiculer des informations concernant la toxicité et la dépendance induites par la consommation tabagique. Il est donc important qu’il s’implique davantage dans la lutte anti tabac. La promotion d’un hôpital sans tabac représente un volet essentiel de cette lutte. Une première enquête sur la prévalence du tabagisme du personnel de l’Hôpital Général de Grand Yoff (HOGGY) avait été réalisée en 2006. Cette étude constituait le premier jalon mis en place par le comité de lutte antitabac (CLAT) de l’hôpital et devait guider les actions de sensibilisation et de prévention à mener. C’est dans ce cadre que nous avons mené une deuxième étude au sein du même hôpital avec comme objectifs :
-établir un état des lieux du tabagisme du personnel ;
-définir les catégories exposées
-déterminer la prévalence du tabagisme chez le personnel
-étudier leur comportement tabagique
-évaluer leur niveau de dépendance
-apprécier leur niveau de sensibilisation par rapport aux campagnes de prévention .

Epidémiologie du tabagisme

Le tabagisme constitue un enjeu majeur de santé publique dans le monde entier, en raison de la mortalité et de la morbidité qui lui sont liées. Il constitue la première cause de décès évitable dans le monde. Au cours des trois dernières décennies, la prévalence mondiale du tabagisme a augmenté de 3,4 % par an avec des disparités importantes selon les pays [49, 48, 67]. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la mortalité liée au tabagisme est en augmentation constante, estimée en 2013 à plus de 6 millions de décès par an. La moitié de ces décès concernent les pays industrialisés. Si aucune mesure n’est prise d’urgence, le nombre annuel de ces décès pourrait atteindre plus de 8 millions d’ici à 2030 [49, 48, 67]. La consommation de tabac est aussi liée à la problématique du développement. Le tabac alimente la pauvreté, tuant des gens dans la force de l’âge. Il grève le budget familial et celui des soins de santé en général et de santé primaire en particulier [37, 70]. D’autre part, les dépenses liées à la consommation de tabac constituent autant de ressources en moins pour l’éducation, l’alimentation ou les médicaments .

En Amérique, la consommation de tabac a progressé très rapidement après la première guerre mondiale du fait d’une promotion active des cigarettes, facilitée par l’essor du cinéma. En 1965, la prévalence du tabagisme était de 43 %, avec une consommation moyenne de dix cigarettes par jour et par adulte. Depuis les trois dernières décennies une décroissance constante du tabagisme a été observée, la prévalence en 1995 étant estimée à 24 % .

Il n’existe pas de différence significative selon les races puisque la prévalence du tabagisme est de 25,6 % chez les blancs et de 25,8 % chez les noirs .

En Europe, l’évolution globale est comparable à celle observée aux États-Unis, avec une décroissance nette du tabagisme à partir des années 1970, conséquence probable de l’adoption de mesures de lutte contre le tabagisme [49, 67]. La prévalence du tabagisme est élevée, atteignant des taux de 50 % chez les hommes et 30 % chez les femmes. La mortalité directement imputable au tabagisme dans ces pays représente 25 % de tous les décès annuels attribuables au tabagisme dans le mond .

L’ Asie consomme le tiers du tabac produit dans le monde. Environ 63 % des hommes et 4 % des femmes fument, mais la prévalence chez les femmes est à l’évidence sous-estimée pour une raison culturelle. En effet, elles dissimulent leur tabagisme car il est synonyme de légèreté des mœurs. On estime à 300 millions le nombre de fumeurs en Chine, avec une mortalité estimée à 750 000 décès par an attribuables au tabac. Une augmentation de la consommation individuelle de 26 % a été observée entre 1970 et 1990 [49, 67]. Contrairement à la plupart des pays industrialisés, la consommation individuelle a augmenté de 20 % dans les années 1985 et 1992 alors qu’elle diminuait dans le même temps de 13 % aux États-Unis et en Europe du Nord.

En Afrique, la prévalence globale du tabagisme est faible en Afrique subsaharienne, inférieure à 25 % au Tchad, au Nigeria ou au Malawi, plus élevée en Afrique du Nord et en Afrique du Sud où elle atteint 45 % .

Au Sénégal la prévalence du tabagisme dans la population générale est mal connue; mais du fait du développement de la publicité en faveur du tabac, ainsi que la rareté des campagnes de sensibilisation, il est à craindre que ce nombre augmente; par ailleurs, il s’y associe le non-respect des lois .

Historique du tabac

Le tabac est originaire d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud, et a vraisemblablement débuté il y a plus de 4000 ans. Il fut probablement utilisé pour la première fois par les Maya puis par diverses tribus amérindiennes, notamment au cours de rituels religieux et sociaux. Sa consommation s’étendit également à toutes les Caraïbes [75]. Les indiens commencèrent à rouler les feuilles de tabac jusqu’à obtenir une sorte de grand cigare qu’ils appelèrent “Tobacco’’ ou ‘’ Tobago’’ [75]. Le nom TABAC viendrait :
– soit de l’ile de Tobago dans l’archipel des petites Antilles où le tabac était cultivé ;
– soit de la ville mexicaine de Tobacco ;
– soit du nom Tobacco que les indigènes donnaient à leurs pipes.

La fumée fut longtemps associée à des croyances et à des rituels, tantôt funéraires, tantôt festifs. Avant la découverte des Amériques, le tabac était surtout une plante sacrée et curative, utilisée par les prêtres et les chamanes (prêtres magiciens qui pratiquent la transe, la divination, les soins médicaux, en relation avec une force supranaturelle, avec laquelle ils entrent en contact au travers d’un voyage mystique). Il servait à communiquer avec les esprits et à apaiser des douleurs. Ceci fut corroboré par de nombreuses représentations de dieux et de prêtres qui fumaient .

Les fouilles effectuées en Amérique du Sud révélèrent également un usage ancestral de la pipe remontant à près de mille ans avant notre ère .

Diffusion du tabac

En 1492, Christophe COLOMB découvrit le tabac à Cuba et l’importa pour la première fois en Europe. Au 16ème siècle le médecin personnel de Philippe II commença à propager le « médicament universel » : le tabac. Dans la cour espagnole et portugaise il fut longtemps utilisé comme simple plante d’ornement. En 1556, le moine André THEVET ramena pour la première fois des graines du tabac en France. En 1560, le tabac triompha en France grâce à Jean NICOT. Celui-ci, croyant à l’effet curatif de la plante, envoya de la poudre à la Reine Catherine de Médicis afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le traitement eut du succès et le tabac devint ainsi « l’herbe à la Reine » dont la vente, sous forme de poudre, était réservée aux apothicaires. En l’honneur de Jean NICOT on appela le tabac « Nicotiana Tabacum » .

Le tabac porta alors différentes appellations:
– Herbe à la reine Quaternaire ;
– Herbe à tous les maux ;
– Herbe à Nicot .

En 1580, le tabac parvint en Turquie, véritable porte vers l’Asie continentale. En 1595, il fut introduit en Corée, au Japon et en Chine par les Portugais .

Au 17ème siècle, les côtes africaines furent atteintes via le Maroc. La plante se répandit à travers le Sahara aux grés des échanges commerciaux et des conquêtes militaires .

Principe actif

En 1809 le principe actif des feuilles de tabac fut isolé par Louis Nicolas Vauquelin, chimiste de l’école de médecine de Paris. Il nomma ce principe actif la ‘’nicotine’’ en hommage à Jean Nicot.

Manufacture

En 1843, la première usine de cigarette fut installée par Jean Baptiste Duke à Durham aux Etats Unis. C’est lors de la guerre 1914-1918 qu’elle connut un grand essor avec la distribution automatique de cigarettes aux soldats [2]. Le tabac avait ainsi nombreux effets [2] :
– anti migraineux ;
– anorexigène ;
– aphrodisiaques.

Les opposants du tabac

A la fin du 17ème siècle et au début du 18ème siècle, des opposants au tabac ont entrainé la restriction de son usage.
– Le souverain Jacques 1er d’Angleterre rédigea, un texte stigmatisant la fumée du tabac comme ‘’ une coutume dégoutante, désagréable au nez, dangereuse pour le cerveau et les poumons ».
– Le shah Perse Abbas fit couper le nez aux priseurs, les lèvres aux fumeurs.
– Le Pape Urbain VIII proclama que, tout homme, femme ou enfant pris en train de fumer dans un lieu public ou privé sera excommunié .
– Kuching, dans son précis d’anatomie, décrivait ainsi l’autopsie des fumeurs : la langue des cadavres était noire et dégageait une odeur de poison, la trachée était bouchée par la suie comme une poêle, les poumons étaient secs et friables, le corps donnait l’impression dans son ensemble qu’on avait allumé un feu dans les organes.

Malgré toutes ces controverses l’usage du tabac s’est répandu dans le monde entier, touchant toutes les couches socioprofessionnelles, notamment le monde médical.

Le tabac

Présentation du tabac

Le tabac est classé dans l’embranchement des spermatophytes, le sous embranchement des Gymnospermes, la classe des Dicotylédones, l’ordre des Gamopétales, la famille des solanacées. Cette famille comprend entre autres : la tomate, les pommes de terre, le piment, l’aubergine [20, 14]. Il appartient au genre Nicotiana qui est subdivisé en trois sous-genres : Rustiqua, Tabanicum, Petunoide, mais seuls Rustiqua et Tabanicum ont un intérêt économique.
– le sous-genre Petunoide comprend 45 espèces et est donc plus hétérogène et disperse.
– le sous-genre Rustiqua appelé ‘’vrai tabac’’comporte 9 espèces. C’est une herbe vigoureuse. Il est cultivé au Sénégal dans les régions orientales et au Sine Saloum.
-le sous-genre Tabanicum comporte 6 espèces. Il est cultivé aussi au Sénégal plus particulièrement en Casamance, où, depuis 1970-1971, des pieds de tabac sont de plus en plus plantés de façon artisanale autour des habitations.

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Table des matières

Introduction
I. Epidémiologie du tabagisme
II. Historique du tabac
II.1 Diffusion du tabac
II.2 Principe actif
II.3 Manufacture
II.4 Les opposants du tabac
III. Le tabac
III.1 Présentation du tabac
III.2 Caractéristique des sous genres rustiqua et Tabanicum
III.3 Culture du tabac
III.4. Traitement du tabac
III.4.1 La dessiccation
III.4.2 La fermentation
III.5 Les différentes variétés de tabac
III.5.1 Le tabac brun
III.5.2 Le tabac blond
III.5.3 Le Virginia
III.5.4 Le Burley
III.5.5 Le Latakia
III.5.6 Le Kentucky
III.5.7 Le Cavendish
III.5.8 Les tabacs orientaux
III.5.9 Le maryland
III.6 La composition du tabac
III.6.1 Les différents groupes
III.6.2 La combustion
III.7 Les formes de consommation du tabac
III.7.1 Les tabac à fumer
III.7.2 Les tabacs à priser
III.7.3 Les tabacs à chiquer
IV. Le tabagisme
IV.1 Les types de tabagisme
IV.1.1 Le tabagisme actif
IV.1.2 Le tabagisme passif
IV.2 Les facteurs déclenchant le tabagisme
IV.3 La dépendance au tabac
IV.3.1 Les types de dépendance
IV.3.2 Les critères de dépendance
IV.3.3 Le degré de dépendance
V. Les effets du tabac sur l’organisme
V.1 Les dangers du tabac sur l’organisme
V.1.1 Les maladies Cardiol vasculaires
V.1.1.1 Cardiopathie ischémique
V.1.1.2 Accidents vasculaires cérébraux
V.1.1.3 Atteintes vasculaires périphériques
V.1.2 Les maladies respiratoires
V.1.3 Les effets sur l’appareil digestif
V.1.3.1 Au niveau stomatologique
V.1.3.2 Au niveau gastroduodénal
V.1.4 Les effets sur l’appareil uro-génital
V.1.5 Les cancers
V.1.6 Les effets sur la grossesse
V.2 Autres atteintes de l’organisme
V.3 Quelques effets bénéfiques du tabac
VI. Syndrome de sevrage
VII. Stratégie de lutte contre le tabac
VII.1 Au plan médical
VII.1.1 Les traitements de substitution nicotinique
VII.1.1.1 Les différentes formes galéniques
VII.1.1.2 Effets indésirables des tsf
VII.1.2 Les thérapies cognitivo-comportementales
VII.1.3 Le bupropion
VII.2 Au plan juridique
Deuxième partie
Méthodologie
I. Population d’étude
II. Cadre d’étude
III. Type et période d’étude
IV. Objectif général
V. Objectifs spécifiques
VI. Paramètres étudiés
VII. Distribution et collecte des données
VIII. Critères d’inclusion
IX. Critères de non inclusion
X.Echantillonage
XI. Présentation et analyse des résultats
Résultats
I. Aspects épidémiologiques
I.1 Répartition population selon sexe et âge
I.2 Répartition selon la profession
I.3 Répartition des personnels médicaux et paramédicaux
II. Habitudes tabagiques
II.1 Répartition des sujets selon les statuts tabagiques
II.1.1 Répartition des sujets selon statut tabagique et tranche d’âge
II.1.2 Répartition des sujets selon statut et profession
II.2 Tabagiques actifs
II.2.1 Répartition selon le sexe
II.2.2 répartition des tabagiques par tranches d’âge
II.2.3 répartition des tabagiques selon les différentes catégories professionnelles
II.2.3.1 répartition du tabagisme des médecins et des paramédicaux
II.2.3.2 prévalence du tabagisme dans les services techniques
II.2.4 répartition des tabagiques selon l’âge d’initiation au tabagisme
II.2.5 répartition des tabagiques selon les circonstances de début du Tabagisme
II.2.6 types de tabac
II.2.7 les différentes sensations procurées par le tabac chez les fumeurs
II.2.8 Répartition des tabagiques en fonction de leur affinité avec le fumeur
II.3 Evaluation de la dépendance
II.3.1 Répartition selon la consommation journalière de tabac
II.3.2 Répartition selon l’horaire préférentiel du tabagisme
II.3.3 Répartition des tabagiques selon le délai de la prise de la première cigarette par rapport au lever
II.3.4 Répartition des tabagiques en fonction de l’importance de la première cigarette
II.3.5Repartition des tabagiques en fonction de la difficulté a ne pas fumer dans les lieux interdits
II.3.6 Tabagisme et alitement
II.3.7 degré de dépendance des tabagiques : score de Fagerström
II.4 tabac et coaddiction
II.5 tabagisme et sevrage tabagique
II.5.1 tabagiques désirant arrêter de fumer
II.5.2 tabagique ayant asseye d’arrêter de fumer
II.5.3 fréquence des tentatives d’arrêt
II.5.4 moyens de sevrage utilisés
II.5.5 raisons évoquées par les anciens fumeurs n’ayant pas fait appel aux structures anti tabac
II.6 tabagisme et campagnes de prévention
II.6.1 information sur l’existence des campagnes de prévention
II.6.2 appréciation par rapport a l’efficacité des campagnes de prévention ainsi que les raisons évoquées
II.6.3 les différentes raisons évoquées par rapport a l’inefficacité des campagnes de prévention
II.6.4 connaissance des sujets sur les risques lies au tabagisme
III. Résultats analytiques
III.1 sexe et gène procurée par la fumée des autres
III.2 statut actuel de la population d’etude selon le sexe
III.3 Age des sujets interrogés et leur statut actuel
III.4 statut des sujets interroges et la prise d’alcool
III.5 Connaissance des risques liés au tabagisme par les tabagiques et leur
Conclusion

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