Historique
L’aide médicale d’urgence a existé depuis longtemps [43 ,103]. En effet, déjà au VIe siècle l’empereur Mauricius fut le premier à créer un corps de cavaliers chargés du ramassage des blessés et de leur transport chez les barbiers (chirurgiens de l’époque). Il a fallu attendre le XVIe siècle avant qu’une initiative de ce genre ne soit prise de nouveau par le roi François 1er, qui créa le grand bureau des pauvres chargé d’aller chercher à domicile les malades indigents et trop faibles pour se rendre à l’Hôtel Dieu. Durant la guerre de Corée et la Seconde Guerre mondiale, le service de santé américain fut le premier à se doter de matériels d’urgence, visant au déchoquage sur place des patients en arrêt cardiaque. C’est à partir de 1945 avec la création de la sécurité sociale que le patient est devenu assuré social et consommateur de soins. Avec la naissance du marché de la santé, la demande de soins en urgence n’a cessé d’augmenter. Pour répondre à cette nouvelle demande, les services d’urgences se sont agrandis, sont devenus performants et plus équipés avec un personnel mieux formé.
Malgré cela, la demande continue d’augmenter et les services d’urgence sont de plus en plus surchargés. Cela a engendré une forme d’escalade où l’offre crée une nouvelle demande et semble favoriser l’attitude consumériste des usagers. Les services d’urgence, maintenant devenus très attractifs et compétitifs (ouverture permanente, facilité d’accès, regroupement des examens dans letemps et dans l’espace), permettent aux usagers de consommer de la médecine d’urgence. Ils s’y présentent spontanément sans avoir consulté leurs médecins traitants.
Epidémiologie des urgences
Les urgences médicales pédiatriques restent une réalité quotidienne et constituent un véritable problème de santé publique. Pour améliorer cette situation, la connaissance du profil de ces urgences est indispensable.
Morbi-mortalité des urgences
Le nombre de consultations dans les services d’accueil des urgences pédiatriques n’a cessé d’augmenter partout dans le monde [91]. En France [29], les urgences pédiatriques représentent 25 à 30% de l’ensemble des urgences avec une augmentation moyenne annuelle de 5% avec une prédominance des enfants de moins de 5 ans. Dans plus de 50% des cas elles sont médicales. En Afriquesubsaharienne [29 ,44] Au Congo, les urgences médicales pédiatriques représentent 18,54% des admissions. Les principaux groupes étiologiques sont dominés par les maladies infectieuses principalement le paludisme, les affections respiratoires et digestives.
Au Gabon, les urgences pédiatriques représentent 27% des admissions avec un taux de mortalité globale de 9%. Au Mali, les principales étiologies dominantes sont le paludisme grave avec 33,7%, la déshydratation sévère par gastro-entérite (18,4%), suivis des pneumopathies, des infections néonatales et de la méningite. Au Sénégal les urgences pédiatriques représentent 52% des admissions avec un taux de mortalité de 15,9%. Les principaux groupes étiologiques sont dominés par les affections respiratoires 19% des cas, les troubles digestifs 16,5% des cas et la malnutrition aiguë 15,5% des cas [44].
Classification des services de prise en charge des urgences
Les services d’urgence sont classés selon plusieurs critères :
– Le niveau de technicité
– Le plateau technique (les normes d’équipement)
Le type de classement varie en fonction des pays et de leurs priorités [43]. En France on distingue trois niveaux :
➤ Les Services d’Accueil et d’Urgences (SAU) : qui ont le niveau d’équipement le plus élevé et doivent pouvoir traiter tous les types d’urgence
➤ Les Unités de Proximité d’Accueil, d’Orientation et de Traitement des Urgences (UPATOU) qui prennent en charge les cas plus simples
➤ Les Pôles Spécialisés d’Accueil et de Traitement des Urgences (POSU) capables de prendre en charge des urgences lourdes, mais seulement dans des domaines spécifiques comme la cardiologie, la pédiatrie.
La prise en charge des malades dans ces services est assurée par des médecins spécialisés en médecine d’urgence.
Au Canada (Québec), la classification est celle de l’OMS comprenant les soins de santé de premier, de deuxième et de troisième échelon [29] :
➤ Services médicaux de première ligne : ce sont des services de santé courants qui peuvent s’appuyer sur une infrastructure légère de moyens diagnostiques et thérapeutiques permettant de résoudre la majorité des préoccupations et des problèmes communs de la population en regard de la santé. Ces soins ne requièrent pas la structure d’un service d’urgence. Ils ne nécessitent ni observation ni hospitalisation.
➤ Services médicaux de deuxième ligne : ces services s’appuient sur une technologie diagnostique et thérapeutique plus lourde mais répandue et qui permet de résoudre des problèmes de santé plus complexes. Ils s’adressent aux personnes en prise avec des problèmes ne pouvant être résolus en première ligne. Dans les services d’urgence, les services de deuxième ligne sont ponctuels.
➤ Services médicaux de troisième ligne : ce sont des services médicaux ultra spécialisés. Ils s’appuient sur une technologie diagnostique et thérapeutique lourde et peu répandue, et s’adressent aux personnes aux prises avec des problèmes de santé très complexes ou présentant des problèmes rares.
Difficultés rencontrées dans l’organisation et la prise en charge des urgences
Dans le monde
Les urgences vraies, au sens des manuels médicaux, représentent un faiblepourcentage des motifs de consultation des services d’urgence selon une étude réalisée à Marseille [104]. Le pourcentage de patients hospitalisés à la suite de leur passage dans les services d’urgence fournit indirectement une information sur le degré de gravité de leur état de santé. Selon les données de la DREES, près de 80 % des patients qui se présentent dans les services d’urgence retournent à domicile après une simple consultation ou des examens complémentaires (65 %). Ce constat est conforté par le fait que 76% des usagers se présentent aux urgences de manière autonome, sans contact médical préalable ; les sensations de la douleur (68,5%) et la disponibilité des services paramédicaux comme l’imagerie, et les tests de laboratoire avant les prescriptions médicamenteuses jouent un rôle. Le surpeuplement des services d’urgence est considéré comme un problème majeur pouvant être lié à [19] :
– l’insuffisance des lits (85,3%)
– la longue durée de séjour dans les SAU (62,5%).
Seul un diagnostic porté par des professionnels peut permettre la bonne orientation du patient. Pour éviter un afflux non justifié des patients aux urgences, il faut que le système de régulation de la demande soit bien organisé en amont des établissements de santé et que son fonctionnement soit connu de la population, ce qui n’est pas souvent le cas.
Au Sénégal et en Afrique
➤ Au Sénégal, l’organisation de la prise en charge des urgences connaît un réel problème. L’hôpital Aristide Le Dantec avait aménagé en 1993, une unité d’urgences chirurgicales pour recevoir les urgences de chirurgie générale et traumatologiques. Beaucoup d’hôpitaux publics ne disposent pas de SAU. Les transports sanitaires sont rarement médicalisés. Ce n’est qu’en 2005 que la mise en place du SAMU national a vu le jour, de même que le Service d’Accueil et d’Urgences de l’hôpital Principal de Dakar. Tout ceci dû à l’absence de moyens financiers, techniques et matériels qui est également une difficulté commune des structures de santé des pays en voie de développement.
➤ Au Cameroun la prise en charge des patients est caractérisée par l’absence quasi totale d’une médicalisation pré-hospitalière organisée. Au niveau du service d’accueil des urgences de l’hôpital central de Yaoundé au Cameroun, malgré l’afflux excessif des patients, seuls 47,9 % ont été traités dans la première heure après leur arrivée, du fait de nombreux handicaps sociaux, et aussi en raison de l’indisponibilité du matériel et du personnel spécialisé [16].
➤ Au Maroc, les problèmes subsistaient liée à la grande proportion de patients « économiquement faibles » qui attendaient la nuit pour consulter aux urgences [68].
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. GENERALITES
1. Définitions
1.2. L’urgence médicale
1.2. L’accueil
1.3. Référence
1.4. Contre référence
2.Historique
3. Epidémiologie des urgences
3.1 Morbi-mortalité des urgences
3. 2 Classification des services de prise en charge des urgences
3. 3 Difficultés rencontrées dans l’organisation et la prise en charge des urgences
3.3.1 Dans le monde
3.3.2 Au Sénégal et en Afrique
4. Classification clinique des urgences
5. Place et le rôle du SAMU National du Sénégal
6. Organisation du système de santé au Sénégal
II. ORGANISATION DES TRANSPORTS SANITAIRES
II. 1. Transport primaire
II. 2. Transport secondaire
II. 2 .1. Transport inter-hospitalier
II.2.2.transport intra-hospitalier
III. PRINCIPES DE PRISE EN CHARGE DES URGENCES PEDIATRIQUES
III. 1. Circuit du malade
III. 1.1 Accueil administratif
III. 1 .2 Accueil médical
III. 1.2.1. L’interrogatoire de l’accompagnant
III. 1 .2.2. La mesure des constantes
III. 1.2.3 Le triage
2. Les principaux motifs de consultation aux urgences
2.1 Perception de l’urgence
2.2 Autres motifs de consultation aux urgences
3. Les principales situations d’urgence vitale
3.1 L’état de choc
3.2 Détresse respiratoire aigüe
3.3 Fièvre
3.4 Convulsions du nourrisson et du jeune enfant
3 .5 Coma
3.6 Déshydratation aigüe de l’enfant
3.7 Intoxications aigues
3.8 Les urgences simples et fausses urgences
DEUXIEME PARTIE
1. Cadre d’étude
1.1 Présentation du site
1.2 Le service de consultation externe
1.2.1 Avant mise en place de l’unité des urgences
1.2.2 Après mise en place de l’unité des urgences
1.2.3 Fonctionnement du service
1.2.4 Répartition du personnel de soins
1.2.4.1 Personnel médical
1.2.4.2 Personnel paramédical
1.2.4.3 Personnel de soutien
1.2.5 Equipement disponible
2. METHODOLOGIE
2.1 Type d’étude
2.2 Population de l’étude
2.3 Collecte et analyse des données
3. RESULTATS
3.1 Données épidémiologiques et sociodémographiques des patients
3.1.1 Taux de fréquentation
3.1.2. Répartition mensuelle des consultations
3.1.3 Le Sexe
3.1.4 L’âge des patients
3.1.5 Origine géographique
3.1.6 Provenance des patients
3.1.7 La profession du père
3.1.8 La profession de la mère
3.1.9 Niveau socio-économique des parents
3.1.10 Moyen de transport
3.4. Heure d’arrivée des patients
3.5 Délai d’attente des parents
3.6. Appréciation du délai d’attente par les parents
3.7. Répartition des patients selon le lieu d’admission
3.8. Caractéristiques des patients admis au déchoquage
3.9. Répartition selon le groupe pathologique
3.10. Répartition selon le diagnostic
3.10.1 Diagnostic respiratoire
3.10.2 Diagnostic digestif
3.10.3 Oto-Rhino-Laryngologie
3.10.4 Les diagnostics neurologiques
3.10.5 Autres diagnostics infectieux
3.11 Soins prodigués
3.11.1 Monitorage
3.11.2 Aérosolthérapie
3.11.3 Antibiothérapie
3.11.4 Soins d’urgence et de réanimation
3.11.5 Bilans complémentaires réalisés
3.11.5.1 Imagerie
3.11.5.2 Biologie et biochimie
3.11.5.3 Microbiologie
3.12. Gestes techniques
3.13. Suite de prise en charge
DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXE