Les troubles musculo squelettiques (TMS) liés au travail correspondent à des symptômes ou des lésions des muscles, tendons, ligaments, cartilages et disques intervertébraux auxquels contribuent l’environnement du travail et la réalisation de la tache de travail. Leur survenue est également en rapport avec les conditions de travail prolongées délétères [1,2]. Ils regroupent diverses pathologies dont la douleur est l’expression la plus manifeste. Elles sont généralement associées à une gêne fonctionnelle qui peut parfois être invalidante [3]. Les TMS résultent d’un déséquilibre entre les sollicitations biomécaniques et les capacités fonctionnelles de l’organisme. Lorsque les sollicitations sont supérieures aux capacités fonctionnelles la survenue des TMS est majorée. A l’inverse si les sollicitations sont inférieures aux capacités fonctionnelles, le risque des TMS est faible [3]. Ils sont plurifactoriels et favorisés par la répétitivité des mouvements, la réalisation des efforts excessifs, le dépassement de certains angles articulaires, la réalisation des mouvements complexes et ce d’autant plus que les gestes sont réalisés sous contraintes temporelles. Les causes favorisantes sont multiples : physiques, organisationnelles, individuelles, ou socioculturelles. Les sites préférentiels de ces symptômes ou lésions sont le rachis dorsolombaire, la région cervico brachiale, l’épaule, et le membre supérieur. Ils s’expriment par des dorso-lombalgies, des cervicalgies, des douleurs articulaires pouvant aboutir à de véritables syndromes rhumatologiques. De par leur fréquence et leur impact médical et socioprofessionnel, les TMS constituent un problème majeur de santé au travail avec des répercussions sur d’autres organes. Ainsi dans les pays de l’Union européenne, les TMS sont les plus courants des problèmes de santé au travail [4]. Le syndrome du canal carpien, est le principal problème (59%) de toutes les affections reconnues et couvertes en 2005 par les statistiques européennes sur les maladies professionnelles (projet European Occupational Diseases Statistics) [5]. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a révélé en 2009 que les TMS étaient à l’origine de plus de 10% de toutes les années de travail perdues pour incapacité [6]. En Grande Bretagne, les TMS représentent 40 % des maladies liées au travail sur douze mois en 2011-12[8]. Les TMS représentent de 10 12 % des raisons de consultation médicale en première ligne. Ils constituent la cause principale d’incapacité dans la population québécoise et 55 % des TMS seraient reliés au travail.
Troubles musculo-squelettiques
Eléments de définition
Les problèmes musculo squelettiques liés aux conditions de travail constituent un problème mondial, tant du point de vue de la santé que socialement et économiquement. Ils sont désignés « troubles musculo-squelettiques » (TMS) liés au travail de manière à ne pas sousentendre un facteur de cause particulière. Cependant, il s’agit bien des mêmes effets que ceux désignés dans d’autres pays par « Cumulative trauma disorders » (CTD), ou « Work related upper limb disorders » (WRULD) ou « repetitive strain injuries » (RSI) ou encore » lésions attribuées au travail répétitif » (LATR) [11]. Ces troubles peuvent être imputables à une activité professionnelle impliquant des postures ou des mouvements inconfortables de manière répétitive, accompagnées d’efforts relativement importants .
L’Institut National de Veille Sanitaire définit les TMS comme « un ensemble d’affection péri-articulaires qui peuvent affecter diverses structures des membres supérieurs, inférieurs et du dos : tendons, muscles, articulations, nerfs et système vasculaire ». Ces troubles sont également appelés « pathologies d’hyper-sollicitation».
Description fonctionnelle
La plupart des mouvements des segments du membre supérieur sont assimilables à des mouvements de rotation autour d’un ou plusieurs axes ou degrés de liberté. Ainsi, l’épaule en possède trois, le coude deux et le poignet deux. L’épaule permet des mouvements d’abduction – adduction, de rotation interne ou externe et antépulsion-rétropulsion :
– l’abduction est un mouvement qui rapproche le bras du plan sagittal médian du corps.
– la rotation se fait selon l’axe longitudinal du bras ; elle peut être interne ou externe.
– l’antépulsion correspond à un mouvement du bras vers l’avant.
– La rétropulsion correspond à un mouvement du bras vers l’arrière.
Le coude permet des mouvements de flexion-extension et de pronation-supination (Ou prono-suppination) :
– l’extension éloigne l’avant-bras de la face antérieur du bras.
– la flexion rapproche l’avant-bras de la face antérieur du bras.
– La pronation est un mouvement de rotation de l’avant-bras vers l’intérieur qui ramène le pouce vers le plan sagittal médian du corps. Le poignet permet des mouvements de flexion extension et abduction adduction. Il est signalé que l’adduction est également appelée déviation ulnaire, et l’abduction, déviation radiale :
– l’extension du poignet amène le dos de la main vers la face postérieure de l’avant bras.
– la flexion du poignet amène la paume de la main vers la face antérieure de l’avant bras.
– l’abduction est un mouvement qui éloigne la main du plan sagittal médian du corps.
Le tendon possède des propriétés viscoélastiques qui lui permettent de réagir aux charges qui lui sont transmises par la contraction musculaire. Un tendon mis en charge s’étire immédiatement (réaction élastique). Si la charge continue d’être appliquée, le tendon continu à s’allonger ou à se déformer lentement (réaction visqueuse). Le retour à l’état initial prend un certain temps [17,18]. On peut comparer certaines propriétés du tendon à celles d’un élastique. L’élastique réagit à la force tensile (charge, stress) qui lui est appliquée en s’étirant, générant une astreinte (jobs train) à l’intérieur de la structure. Si la force est constante, on observe une élongation additionnelle de la structure (phénomène de «creep»). Lorsque la force cesse d’être appliquée, la structure retrouve progressivement ses caractéristiques originales .
Physiopathologie
On retrouve deux types d’efforts musculaires (fig.9). Tout d’abord, les muscles peuvent se contracter pour produire des mouvements. Ce travail dynamique est caractérisé par l’alternance cyclique de contraction et de relâchement musculaire (pliométrie). Ce type de travail favorise l’irrigation du muscle car celui-ci agit comme une pompe sur le système vasculaire. Les éléments nutritifs sont amenés au muscle sur une base régulière et les « déchets » métaboliques sont évacués. Le travail musculaire peut ainsi continuer sur une longue période, lorsque le rythme est acceptable. Les muscles peuvent également agir pour maintenir une posture ou stabiliser une articulation. Le travail statique est caractérisé par un état de contraction prolongée du muscle. Lorsque les conditions sont similaires, un effort statique demandera un apport sanguin plus important qu’un effort dynamique et les périodes de repos nécessaires seront plus longues. Durant le travail statique, les vaisseaux sanguins sont comprimés par la pression interne dans le tissu musculaire (fig.9). Ainsi, la circulation dans le muscle est diminuée en proportion de la force exercée.
Le muscle ne reçoit plus la quantité de glucose ou d’oxygène dont il a besoin pour effectuer son travail ce qui amène un métabolisme anaérobique et la formation d’acide lactique. Le ralentissement de la circulation diminue également l’excrétion des produits de dégradation métabolique comme l’acide lactique lorsque les réserves énergétiques du muscle ne suffisent plus à la demande, et qu’il y a accumulation d’acide lactique et d’autres métabolites, il y aura apparition de symptômes de fatigue musculaire. Lorsque l’activité cesse, le tissu musculaire reçoit davantage d’oxygène et doit éliminer les métabolites accumulés. Avant de revenir à son état initial, il faut un certain temps (dette d’oxygène). Si le tissu musculaire est utilisé de façon répétée avec un délai de récupération insuffisant, il y aura diminution de la performance musculaire et des changements dégénératifs chroniques pourront se développer. Si les muscles sont « entraînés », ils peuvent gagner en force et en taille, ou devenir plus efficaces et plus résistants à la fatigue [19]. La fatigue musculaire survient lorsqu’un muscle perd sa capacité à se contracter et à exercer une force. Elle est principalement due au manque relatif d’ATP, c’est-à-dire au fait que le muscle ne peut pas produire assez d’ATP pour alimenter la contraction. Une trop grande accumulation d’acide lactique et un déséquilibre ionique contribuent également à la fatigue musculaire. Même en l’absence de fatigue musculaire, des changements importants des propriétés chimiques du muscle surviennent suite à un travail musculaire intense. Ainsi, pour qu’un muscle revienne à l’état de repos, il doit reconstituer, entre autres, ses réserves d’oxygène, de glycogène, d’ATP et de créatinine phosphate et transformer l’acide lactique accumulé. Les TMS sont des pathologies multifactorielles à composante individuelle et professionnelle.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITERATURE
I. Troubles musculo-squelettiques
I.1. Eléments de définition
I.2-Epidémiologie
I.3-Description anatomique
I.4- Squelette du membre supérieur
I.5- Articulations
I.6.- Muscles
I.7- Tendons
I.8- Nerfs
I.9-Description fonctionnelle
I.10-Physiopathologie
I.11- Classification des TMS
II. SOMMEIL
II.1. Eléments de définition
II.2- Physiologie du sommeil
II.2-1 Bases neuro-anatomiques
I.2-2- Bases neurophysiologiques
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. OBJECTIFS
I.1. Objectif Général
I.2. Objectifs spécifiques
II. METHODOLOGIE
II.1. Type et période d’étude
II.2. Cadre d’étude
II.3. Population d’étude
II.3.1. Critères d’inclusion
II.3.2. Critères non inclusion
II.4. Echantillonnage
II.5. Procédures administratives
II.6. Collecte des données
II.7. Analyses statistiques
III. RESULTATS
II.1. Paramètres anthropométriques de la population d’étude
III.2- Prévalence des troubles musculo-squelettiques chez les athlètes
III.2.1-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction du genre
III.2. 2-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction des disciplines sportives
III.2.3-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction de catégorisation sportive
III.2. 4-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction de régions corporelles atteintes
III.2. 5-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction du nombre des régions corporelles atteintes
III.3. Association TMS et la qualité du sommeil chez les athlètes
III.3.1-Proportion de la bonne et mauvaise qualité de sommeil chez les athlètes
III.3.2-Prévalence de la qualité de sommeil en fonction de catégorisation sportive
III.3. 3-Prévalence de la mauvaise qualité de sommeil des sportifs en fonction des disciplines
III.3. 4- Qualité de sommeil en fonction du nombre de régions corporelles avec TMS au cours des 12 derniers mois
III.3.5.- Association entre la qualité de sommeil et le nombre de régions corporelles atteintes de TMS
III.4.- Facteurs associés aux troubles musculo-squelettiques chez les athlètes
DISCUSSION
IV.DISCUSSION
IV.1- Paramètres anthropométriques et le nombre des séances par semaine
IV.2-Prévalence des troubles musculo-squelettiques (TMS) chez les athlètes
IV.2.1-Prévalence globale des troubles musculo-squelettiques
IV.2.2-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction du genre
VI.2.3-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction de catégorisation sportive
IV.2. 4-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction des disciplines sportives
IV.2. 5- TMS en fonction du nombre des régions corporelles atteintes
IV.2. 6-Prévalence des troubles musculo-squelettiques en fonction de régions corporelles atteintes
IV.3- Association entre TMS et la qualité du sommeil chez les athlètes
IV.3.1- Proportion de la bonne et mauvaise qualité de sommeil chez les athlètes
IV.3.2-Prévalence de la mauvaise qualité de sommeil en fonction de catégorisation sportive
III.3. 3- Mauvaise qualité de sommeil en fonction des disciplines sportives
IV.4.- Facteurs associés aux troubles musculo-squelettiques chez les athlètes
CONCLUSION