ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES VECTORIELLES
Cycle de vie du moustique
L’existence d’un moustique est rythmée par quatre stades de développement (oeuf, larve, nymphe et adulte). On dit donc des moustiques qu’ils sont des insectes à métamorphose complète (holométaboles) car le passage de l’état larvaire à l’état adulte se fait par un état intermédiaire nymphal (Guillaumot, 2009).
Le cycle biologique du moustique se décompose en deux phases :
– Une phase aquatique pré-imaginale4 (« avant les adultes » : oeuf, larve et nymphe),
– Une phase aérienne (stade adulte).
La phase aqueuse, indispensable à la transformation des oeufs en adultes donc indispensable à la survie de l’espèce, est une cible majeure pour les actions de lutte anti-vectorielle. Après accouplement, la femelle fécondée fait un premier repas de sang pour prélever les nutriments nécessaires à la maturation de ses oeufs. Elle n’a besoin d’être fécondée qu’une fois puisqu’elle dispose d’un système de stockage des spermatozoïdes qui lui permet de pondre de façon répétée jusqu’à la fin de sa vie. Environ trois jours plus tard, la femelle moustique est prête à pondre. Elle est à la recherche d’un gîte d’eau stagnante propice au développement de ses larves. La majorité des gîtes sont créés par l’homme : ils peuvent être domestiques (vases d’appartement, soucoupes de pots de fleurs, etc.) ou péri-domestiques (ornements de jardins, coupelles de plantes vertes, vieux pneus, poubelles, puits, bassins, abreuvoirs pour animaux, récipients abandonnés, etc.). La femelle Aedes peut également choisir des gîtes naturels pour pondre ses oeufs : trous d’arbres, plantes à grandes feuilles, noix de coco, etc. (Ministère en charge de la santé, 2010). Il existe en effet des différences de typologie de gîtes larvaires selon les genres de moustiques : eaux résiduelles peu profondes dans les ravines ou les champs pour Anopheles, gîtes anthropiques en milieu urbain pour Aedes, eaux plutôt riches en matières organiques pour Culex, etc. (Guillaumot, 2009). Le moustique femelle pond environ 50 à 400 oeufs à la surface de l’eau. Les oeufs peuvent être très résistants dans l’environnement (oeufs d’Aedes), ils peuvent s’adapter aux conditions climatiques : si les conditions sont défavorables (sécheresse, basse température), ils entrent en phase de dormance (diapause), sinon ils sont prêts à éclore en 1 ou 2 jours pour laisser place à des larves d’environ 2 millimètres. Les larves subissent trois mues avant d’atteindre leur taille maximale d’environ 10 millimètres en 6 à 12 jours selon les conditions environnementales (Guillaumot, 2009 ; Institut Louis Malardé, 2012). Elles respirent généralement grâce à un siphon en se collant à la surface de l’eau et se nourrissent de plancton, de matière organique ou de petits animaux aquatiques. Au bout de 6 à 10 jours, la larve de stade 4 donne naissance à une nymphe. C’est ensuite qu’a lieu l’émergence : en moins de 5 minutes, la nymphe va s’ouvrir au niveau du thorax pour laisser le moustique adulte ou « imago » s’élever en déployant ses pattes, ses ailes et ses antennes pour ensuite s’envoler.
Les moustiques adultes mesurent, selon les espèces, de 5 à 20 millimètres (le mâle est généralement plus petit que la femelle et possède des antennes plumeuses). Les mâles se nourrissent de nectar de fleurs et de jus de fruits, alors que les femelles s’alimentent essentiellement avec du sang (Guillaumot, 2009 ; Institut Louis Malardé, 2012).
Piqûre par le moustique
La première étape du cycle de transmission d’une maladie vectorielle correspond à la contamination de l’arthropode par un malade dont l’agent pathogène circule dans le sang périphérique. Le sang contaminé est aspiré par le labre (canal alimentaire) jusqu’à l’oesophage et l’estomac (Figure 3). L’agent pathogène traverse ensuite la paroi de l’estomac pour se répliquer dans les glandes salivaires du vecteur. La phase qui sépare la contamination du moustique vecteur par un repas de sang et l’infection de ses glandes salivaire est appelée période d’incubation extrinsèque (Guillaumot, 2009). Lors de son prochain repas de sang, le moustique femelle prélèvera du sang par le labre et injectera également de la salive par l’hypopharynx, comme à chaque piqûre puisqu’elle contient des composants anesthésiants et anticoagulants. La salive étant contaminée par l’agent pathogène présent dans les glandes salivaires, cette nouvelle piqûre inocule l’individu.
Le cycle de transmission est lancé et potentiellement multipliable, tant que le contact vecteurhôte- pathogène subsiste. L’étape de développement du pathogène dans le vecteur peut être plus ou moins longue selon l’espèce du vecteur et la nature de l’agent pathogène. Ainsi, la multiplication du virus de la dengue et sa migration vers les glandes salivaires de l’Aedes dure en moyenne dix jours
(Ministère en charge de la santé, 2010). Le moustique infecté peut ensuite piquer pour transmettre l’arbovirus durant toute sa vie et également le transmettre à la génération suivante (transmission transovarienne). Il joue ainsi le rôle de vecteur et de réservoir (OMS, 2012 ; INRS, 2010). Concernant le virus du chikungunya (CHIKV), la phase de réplication au sein de l’organisme du moustique vecteur nécessite 5 à 7 jours. Après ce délai, le moustique devient infectant et peut transmettre le CHIKV.
|
INTRODUCTION
1. MOYENS DE LUTTE CONTRE LES MALADIES À TRANSMISSION VECTORIELLE
1.1. LES MALADIES VECTORIELLES
1.1.1. Les vecteurs
1.1.1.1. Définition d’un vecteur
1.1.1.2. Exemple des moustiques
1.1.1.3. Mécanisme de la piqûre d’arthropode
1.1.2. Les hôtes
1.1.3. Les conditions d’installation d’une maladie vectorielle
1.1.3.1. Les facteurs liés à la population
1.1.3.2. Les facteurs liés au vecteur
1.1.3.3. Les facteurs liés à l’environnement
1.1.4. Exemple de deux maladies vectorielles : la dengue et le chikungunya
1.1.4.1. La dengue
1.1.4.2. Le chikungunya
1.2. ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES VECTORIELLES À TRAVERS QUELQUES EXEMPLES
1.2.1. Dans le Monde
1.2.1.1. Exemple de la dengue
1.2.1.2. Exemple du chikungunya
1.2.1.3. Exemple du paludisme
1.2.2. État des lieux en France métropolitaine
1.3. LA LUTTE ANTI-VECTORIELLE : LAV
1.3.1. Lutte collective
1.3.2. La protection personnelle anti-vectorielle (PPAV)
1.3.3. Surveillances épidémiologique et entomologique en France
1.3.3.1. Surveillance épidémiologique
1.3.3.2. Surveillance entomologique
2. LES RÉPULSIFS : GÉNÉRALITÉS
2.1. DÉFINITION D’UN RÉPULSIF
2.2. HISTORIQUE DES SUBSTANCES RÉPULSIVES
2.3. INDICATIONS DES RÉPULSIFS : INTÉRÊT ET PLACE DANS LA LAV
2.4. CARACTÉRISTIQUES DU RÉPULSIF IDÉAL
2.5. LES RÉPULSIFS DISPONIBLES EN OFFICINE
2.6. COMPOSITION CHIMIQUE DES PRODUITS RÉPULSIFS
2.6.1. Substances naturelles : les huiles essentielles
2.6.2. Substances répulsives synthétiques d’origine naturelle
2.6.3. Substances répulsives synthétiques
2.7. FORMES GALÉNIQUES DES PRODUITS RÉPULSIFS
2.7.1. Répulsifs pour application cutanée
2.7.2. Répulsifs pour imprégnation des vêtements et tissus
2.7.3. Répulsifs pour diffusion atmosphérique
2.7.4. Autres méthodes
2.8. LÉGISLATION DES RÉPULSIFS : CONTEXTE RÈGLEMENTAIRE
3. MODE D’ACTION ET TOXICITÉ DES SUBSTANCES RÉPULSIVES
3.1. HYPOTHÈSES SUR LEUR MÉCANISME D’ACTION
3.1.1. Mécanismes de la transduction olfactive chez l’insecte
3.1.2. Perturbation de la transduction olfactive par les répulsifs
3.1.2.1. Hypothèse 1 : Destruction des OBP
3.1.2.2. Hypothèse 2 : Effet agoniste/antagoniste sur le complexe OR/OR7
3.1.3. Particularité des substances présentant un effet répulsif et insecticide
3.1.3.1. Le DEET
3.1.3.2. Les pyréthrinoïdes
3.2. RELATIONS STRUCTURE-ACTIVITÉ
3.2.1. Le DEET
3.2.2. L’IR3535
3.2.3. La picaridine
3.2.4. Le PMD
3.2.5. L’EHD
3.2.6. Le DMP
3.2.7. Le citronellal
3.2.8. Les pyréthrinoïdes
3.3. TOXICITÉ DES SUBSTANCES RÉPULSIVES
3.3.1. Mécanismes de toxicité(s)
3.3.2. Études de toxicité
3.3.3. Données de toxicovigilance
3.3.3.1. Données nationales des centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) de 1999 à 2006
3.3.3.2. Données de toxicovigilance recueillies au niveau international
3.3.3.3. Données chez la femme enceinte
3.3.3.4. Données chez l’enfant
3.3.3.5. Cas particuliers des professionnels de la LAV : toxicité à long terme
4. RÉPULSIFS ET CONSEILS EN OFFICINE
4.1. RECOMMANDATIONS DE BONNE PRATIQUE EN PPAV
4.1.1. Recommandations générales
4.1.2. Recommandations en cas de séjour en zone à risque de maladie(s) vectorielle(s) grave(s)
4.1.3. Recommandations pour une protection contre Ae. albopictus en France métropolitaine
4.1.4. Recommandations pour une protection contre les moustiques nuisants
4.2. CHOIX DU RÉPULSIF CUTANÉ
4.2.1. Sélection selon l’âge : cas des enfants
4.2.2. Sélection selon la condition physiologique
4.2.2.1. Cas des femmes enceintes
4.2.2.2. Cas des femmes allaitantes
4.2.3. Sélection selon la nature de la substance active
4.2.4. Sélection selon la durée de protection
4.2.5. Sélection selon la forme galénique
4.3. CONSEILS D’UTILISATION DES INSECTIFUGES
4.3.1. Les insectifuges cutanés
4.3.2. Les répulsifs pour imprégnation
4.3.3. Les répulsifs pour diffusion atmosphérique
4.4. SOURCES D’INFORMATIONS POUR LE PHARMACIEN
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet