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Infection profonde de lโincision et infection de lโorgane ou du site ou de lโespace
Cโest une infection survenant dans les 30 jours suivant lโintervention ou dans lโannรฉe, sโil y a eu mise en place dโun implant ou dโune prothรจse, affectant les tissus ou espaces situรฉs au niveau ou au-dessus de lโaponรฉvrose ; diagnostiquรฉe par :
– un รฉcoulement purulent provenant dโun drain sous aponรฉvrotique ;
– une prรฉsence dโun des signes suivants :
โข dรฉhiscence spontanรฉe de lโincision, de la cicatrice ou de la paroi ;
โข ouverture par le chirurgien en cas de fiรจvre >38ยฐC, douleur localisรฉe, sensibilitรฉ ร la palpation (sauf si la culture du prรฉlรจvement de plaie est nรฉgative.)
– un abcรจs ou autre signe dโinfection observรฉs lors dโune intervention chirurgicale, dโun examen histopathologique, dโun examen dโimagerie ou de radiologie interventionnelle [25].
EPIDEMIOLOGIE DES INFECTIONS DU SITE OPERATOIRE
Epidรฉmiologie descriptive
En France environ 3% des interventions se compliquent dโune infection du site opรฉratoire. Les infections du site opรฉratoire reprรฉsentent (10,2 %) des infections nosocomiales. Elles occupent la 3รจme place aprรจs les infections urinaires (39,7%) et les infections de la peau et des tissus mous (10,7%) selon lโenquรชte nationale de prรฉvalence rรฉalisรฉe en France en 2001 [12].
Le rapport de Novembre 2010 du CCLIN Paris Nord a retrouvรฉ une incidence des infections du site opรฉratoire de 1% [11].
La prรฉvalence des infections de plaies post-opรฉratoires pour la pรฉriode 2001- 2002 en Belgique sโรฉlevait ร 34,5% du nombre total dโinfections nosocomiales [43].
En Afrique, lโincidence des infections du site varie de 16% ร 38,7% selon des รฉtudes en milieu hospitalier [21].
Epidรฉmiologie analytique
Les infections nosocomiales rรฉsultent des interactions entre un patient et un รฉtablissement de santรฉ, dont essentiellement mais non exclusivement les soins donnรฉs.
De nombreux facteurs sont de nature ร influencer leur frรฉquence de survenue. Cependant, la mise en รฉvidence dโune association entre un facteur dit ยซ dโexposition ยป ou facteur de risque et une maladie (ici une ISO) relรจve de tests statistiques.
Si lโassociation est ยซ significative ยป, il convient de discuter une possible relation de cause ร effet. Concernant les ISO et en dรฉpit des limites des รฉtudes publiรฉes, des mรฉcanismes physiopathologiques ont รฉtรฉ dรฉcrits ou suggรฉrรฉs et rendaient plausibles les associations mises en รฉvidence.
Des facteurs ยซ endogรจnes ยป (liรฉs au patient opรฉrรฉ) et des facteurs exogรจnes (associรฉs ร lโacte opรฉratoire et ร son environnement) sont habituellement admis ou invoquรฉs.
Le risque de dรฉvelopper une ISO dรฉpend de nombreux facteurs prรฉsentant tous une certaine importance.
Facteurs liรฉs ร lโacte chirurgical
Type de chirurgieย
Les interventions peuvent รชtre classรฉes en fonction de leur risque infectieux, la classification dโAltemeier donnant 4 degrรฉs de contamination est la plus utilisรฉe (Tableau I).
Les premiรจres รฉtudes ont montrรฉ des taux dโinfection du site opรฉratoire de 1,5%, 7,5%, 15,2%, 40% pour respectivement les classes de contamination I, II, III et IV.
Certaines รฉtudes ont montrรฉ que le risque des ISO augmente de 1%-3% a 5% en chirurgie propre, de 5-10% ร plus de 15% en chirurgie de classes II, III et IV.
Le taux dโISO varie selon le type de chirurgie et de lโorgane opรฉrรฉ.
Il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ des variations des taux dโISO allant de 1ร 14% en fonction du type de chirurgie. Une variation comparable a รฉtรฉ observรฉe aux Etats-Unis dans le cadre du rรฉseau NNIS.
Lโincidence des ISO varie en fonction de la nature de la chirurgie mais aussi de lโorgane opรฉrรฉ. Ainsi, pour la chirurgie digestive, le risque dโISO variait de 1,55 % pour les cholรฉcystectomies et la chirurgie pariรฉtale abdominale ร 10,85 % pour la chirurgie du cรดlon.
Aprรจs cholรฉcystectomie, lโincidence des ISO รฉtait de 1,05 % aux Etats-Unis, soit, comme en France, la plus basse des incidences observรฉes aprรจs une chirurgie digestive.
Technique opรฉratoire
Des รฉtudes publiรฉes ont montrรฉ que la technique opรฉratoire peut influencer la frรฉquence de survenue des ISO.
Ainsi, il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ que les incidences des ISO aprรจs une intervention rรฉalisรฉe sous endoscopie diffรจrent de celles observรฉes avec un autre mode opรฉratoire.
En France, le rรฉseau RAISIN, a montrรฉ que le taux dโISO รฉtait de 1,36 % aprรจs endoscopie, et de 2,02 % dans les autres cas.
Aux Etats-Unis, lโendoscopie est principalement utilisรฉe pour les cholรฉcystectomies et la chirurgie colique, les appendicectomies et la chirurgie gastrique.
Le risque dโISO aprรจs cholรฉcystectomie est de 0,64 % aprรจs laparoscopie et de 1,77 % aprรจs laparotomie.
Durรฉe de lโacte chirurgical (dรฉlai incision/fermeture)ย
Lโaugmentation de la durรฉe dโune intervention chirurgicale a รฉgalement รฉtรฉ associรฉe ร une augmentation du risque dโISO.
Dans le rรฉseau RAISIN, toutes interventions confondues, lorsque la durรฉe de lโintervention est โค 75e percentile de la distribution des durรฉes dโintervention pour un type dโintervention, lโincidence des ISO รฉtait de 1,54 %, versus 3,23 % pour des durรฉes opรฉratoires > 75e percentile.
Plusieurs raisons pourraient expliquer lโassociation entre le taux dโISO et la durรฉe de lโacte chirurgical :
โข une augmentation de la durรฉe dโexposition au risque de contamination du foyer opรฉratoire ;
โข une ischรฉmie prolongรฉe et des dommages tissulaires plus graves en raison de manipulations plus importantes et prolongรฉes du site opรฉratoire ;
โข une baisse des capacitรฉs de rรฉsistance ร lโinfection locale et gรฉnรฉrale.
La durรฉe opรฉratoire et ses consรฉquences pourraient aussi รชtre des marqueurs indirects de trois facteurs difficiles ร mettre en รฉvidence directement : lโhabiletรฉ technique du chirurgien, la gravitรฉ des lรฉsions mises en รฉvidence lors de lโintervention et la complexitรฉ de la procรฉdure opรฉratoire employรฉe.
Les durรฉes dโintervention varient selon les techniques chirurgicales pour une mรชme pathologie. Lorsque les conditions de lโintervention induisent un changement de procรฉdure, les dรฉfinitions de la nature et de la durรฉe dโintervention et donc du seuil deviennent complexes. Cโest pourquoi, les interventions doivent รชtre standardisรฉes. Ceci implique que la durรฉe dโintervention doit รชtre comparรฉe ร une distribution de durรฉes dโinterventions qui ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes dans des conditions qui ne diffรจrent pas sensiblement des conditions dans lesquelles lโintervention รฉtudiรฉe a รฉtรฉ effectuรฉe.
Autres facteurs liรฉs ร lโacte opรฉratoire
Anesthรฉsieย
Il a รฉtรฉ suggรฉrรฉ que les techniques dโanesthรฉsie pourraient influencer le risque infectieux, ainsi que lโhypothermie per-opรฉratoire. Cependant, les donnรฉes disponibles dans la littรฉrature nโont pas mis en รฉvidence dโassociations significatives entre taux dโISO et modalitรฉs de lโanesthรฉsie.
Dispositifs mรฉdicaux
Si la flore endogรจne est habituellement en cause, une inoculation exogรจne reste possible, notamment par contamination des dispositifs mรฉdicaux utilisรฉs pendant lโacte opรฉratoire.
Par exemple, le matรฉriel dโendoscopie est en cause du fait dโune dรฉsinfection insuffisante ou de contact avec un tissu ou un matรฉriel contaminรฉ.
La contamination peut aussi survenir lors dโun contact avec lโenvironnement. Cโest ce qui a รฉtรฉ mis en รฉvidence lors dโune รฉpidรฉmie dโISO due ร Mycobacterium xenopi prรฉsent dans lโeau utilisรฉe pour le nettoyage du matรฉriel chirurgical.
Les prothรจses accroissent le risque dโISO car lโinoculum bactรฉrien infectant est moindre en lโabsence du corps รฉtranger. La contamination intervient en rรจgle pendant lโacte opรฉratoire alors que le dรฉfaut de stรฉrilisation de la prothรจse semble exceptionnel. Nรฉanmoins, la prothรจse peut รชtre contaminรฉe et sโinfecter par voie hรฉmatogรจne, ร distance de lโintervention.
Pose de drainsย
La prรฉsence de drains laissรฉs en place, dans ou ร proximitรฉ du foyer opรฉratoire au dรฉcours de lโintervention, a รฉtรฉ incriminรฉe comme ร lโorigine dโISO. En effet, les drains se colonisent rapidement, avec une frรฉquence dรฉpassant 15 % au-delร des 24 premiรจres heures post-opรฉratoires. Leur rรดle reste cependant discutรฉ et nโa pu รชtre associรฉ ร un accroissement du risque dโISO au cours dโessais contrรดlรฉs.
Facteurs associรฉs ร lโenvironnement chirurgical
Bloc opรฉratoireย
Les bactรฉries en suspension dans lโair sont susceptibles de contaminer le foyer opรฉratoire. Il est admis que le gradient de pression doit empรชcher des mouvements dโair des zones les plus contaminรฉes vers le champ opรฉratoire.
Il est rapportรฉ que les personnels du bloc opรฉratoire reprรฉsentent la source essentielle de la contamination aรฉrienne. Le risque de contamination aรฉrienne pourrait รชtre accru par le nombre de personnes participant ร une intervention chirurgicale et il est recommandรฉ dโen limiter le nombre et de rรฉduire les mouvements dโallรฉes et venues dans le bloc opรฉratoire. Cependant, lโimpact de ces facteurs sur le risque dโISO aprรจs la prise en compte dโautres facteurs de risque reste ร dรฉmontrer.
Aspects organisationnelsย
La gestion des blocs opรฉratoires mais aussi lโorganisation et lโactivitรฉ des services de chirurgie pourraient influencer les taux dโISO.
Des dรฉficiences dans la stรฉrilisation des matรฉriels chirurgicaux, dโendoscopie, dans la blanchisserie, voire la dispensation de produits pharmaceutiques, ont รฉtรฉ incriminรฉes mรชme si de telles observations sont trรจs rares.
La contamination du site de lโincision peut exceptionnellement intervenir aprรจs le retour du bloc opรฉratoire et รฉvoluer vers une ISO.
Le patient lui-mรชme ou des visiteurs peuvent aussi รชtre ร lโorigine de contaminations postopรฉratoires et dโISO.
Les associations entre ISO et soins postopรฉratoires en รฉtablissements de long sรฉjour, ร domicile ou en ambulatoire restent ร รฉvaluer.
Durรฉe de sรฉjour prรฉ-opรฉratoireย
Un sรฉjour prรฉ-opรฉratoire prolongรฉ augmente le risque dโinfection, en raison:
โข de la modification de la flore microbienne cutanรฉe et digestive dรจs le 3รจme et 4รจme jour, qui sโaccompagne des souches multirรฉsistantes, plus difficiles ร traiter en cas dโinfection post-opรฉratoire ;
โข de la frรฉquence croissante des complications de dรฉcubitus (infections urinaires, pulmonaires cutanรฉes etcโฆ) ;
โข de la frรฉquence des explorations invasives et des traitements durant cette pรฉriode, eux-mรชmes responsables dโinfections.
Les donnรฉes du rรฉseau de surveillance des infections du site opรฉratoire (rรฉseau INCISO) dรฉcrivent un taux dโincidence dโISO de 3,6 % chez les patients ayant un sรฉjour prรฉopรฉratoire < 2 jours et 7,0 % chez ceux ayant un sรฉjour prรฉopรฉratoire โฅ 2 jour.
En retenant les mรชmes limites (< 2 jours et โฅ 2 jours), des incidences respectives de 1,5 % et de 4,8 % ont รฉtรฉ observรฉes dans le cadre du RAISIN.
Cependant, il nโa jamais รฉtรฉ formellement dรฉmontrรฉ quโune rรฉduction du sรฉjour prรฉopรฉratoire entraรฎnait une rรฉduction du taux dโISO.
On recommande toutefois que pour les opรฉrations รฉlectives, le sรฉjour prรฉopรฉratoire soit rรฉduit au minimum.
Idรฉalement les patients devraient รชtre admis la veille ou le matin mรชme de lโopรฉration.
Prรฉparation cutanรฉe de lโopรฉrรฉย
Plusieurs types de prรฉparations cutanรฉes ont รฉtรฉ รฉvaluรฉes : le rasage, la douche prรฉopรฉratoire, lโรฉpilation, la dรฉtersion de la zone opรฉratoire et lโantisepsie cutanรฉe.
A partir des rรฉsultats de plusieurs enquรชtes, il ressort que le rasage est la technique la plus nรฉfaste.
En effet, une telle pratique provoque des lรฉsions cutanรฉes qui sont ensuite colonisรฉes rapidement par la flore rรฉsidente ou exogรจne dโautant plus que le dรฉlai entre celui-ci et lโintervention est long.
Il a รฉtรฉ obtenu des taux :
โข de 0,6% dโISO en lโabsence de rasage ou dโutilisation de crรจme รฉpilatoire;
โข de 3,1% lorsque le rasage est effectuรฉ juste avant lโintervention;
โข de 7,1% lorsquโil est effectuรฉ dans les 24 heures prรฉcรฉdant lโintervention ;
โข plus de 20% lorsque ce dรฉlai est supรฉrieur ร 24 heures.
Facteurs liรฉs au patient
Certains facteurs ยซ patient ยป : รขge avancรฉ, dรฉnutrition, diabรจte, pathologies malignes, infection ร VIH, traitement par les corticoรฏdes ou immunosuppresseurs, sont probablement anti-infectieux, ce qui pourrait favoriser la survenue dโinfections nosocomiales.
Lโobรฉsitรฉ pourrait compliquer les gestes opรฉratoires, augmenter la durรฉe dโintervention, et รชtre associรฉe ร une altรฉration de lโรฉtat physiologique du site opรฉratoire en majorant lโischรฉmie durant lโintervention.
Nombreux de ces paramรจtres ont รฉtรฉ documentรฉs comme significativement associรฉs ร une augmentation du risque dโISO pour des chirurgies trรจs variรฉes. Dans le score NNIS, le score ASA essaie de prendre en compte un certain nombre de ces facteurs ยซ patient ยป mais sans doute incomplรจtement. Le score NNIS est la somme des 3 variables suivantes cotรฉ de 0 ou 1.
– Classe de contamination
0 = chirurgie propre ou propre contaminรฉe
1 = chirurgie contaminรฉe, sale ou infectรฉe
– Score ASA
0 = score ASA 1 ou 2
1 = score ASA 3, 4 ou 5
– Durรฉe dโintervention (dรฉlai dโincision/fermeture)
0 = durรฉe infรฉrieure ou รฉgale ร T heures*
1 = durรฉe supรฉrieure ร T heures*
T : valeur seuil pour la durรฉe dโintervention correspondant au percentile 75 de la durรฉe de chaque type dโintervention provenant des rรฉsultats dโรฉtudes amรฉricaines.
La prรฉsence dโautres infections contemporaines de lโintervention et non encore guรฉries lors de la rรฉalisation de lโacte opรฉratoire est รฉgalement impliquรฉe dans le dรฉterminisme des ISO.
La colonisation puis lโinfection dโun implant prothรฉtique, par voie hรฉmatogรจne, ร partir dโun foyer infectieux ร distance du site de lโintervention, est associรฉe ร une augmentation de lโincidence des ISO.
PHYSIOPATHOLOGIE
Mode de contamination
Pathogรฉnie de lโISO
La contamination microbienne du site opรฉratoire est un prรฉalable indispensable ร la survenue dโISO.
Il est communรฉment admis quโun site opรฉratoire contaminรฉ avec plus de 105 microorganismes par gramme de tissu, prรฉsente un risque accru dโISO [34]. Dans certaines situations, la dose de micro-organismes requise pour le processus infectieux peut รชtre beaucoup plus faible. Cโest le cas lorsquโun matรฉriel รฉtranger est laissรฉ en place dans le site opรฉratoire. (ex : 100 staphylocoques par gramme de tissu introduit sur des fils de suture).
Les micro-organismes peuvent contenir ou produire des toxines ou dโautres substances augmentant leur capacitรฉ ร dรฉtruire les tissus de lโhรดte. Par exemple, de nombreuses bactรฉries Gram nรฉgatif produisent des endotoxines qui stimulent la production de cytokines, qui modulent la rรฉponse de syndrome inflammatoire systรฉmique pouvant parfois mener ร des dรฉfaillances multi viscรฉrales [34โ4]. Lโune des plus importantes causes de dรฉfaillances multi viscรฉrales post-chirurgicales est lโinfection intra-abdominale [33-30]. Des constituants de la surface bactรฉrienne, notamment les polysaccharides de la capsule, peuvent inhiber la phagocytose [18] qui constitue la rรฉponse immunitaire rapide et importante de dรฉfense contre les micro-organismes. Certaines souches de Clostridium et de Streptocoques beta hรฉmolytiques produisent des exotoxines qui dรฉtruisent la membrane ou altรจrent le mรฉtabolisme cellulaire [17].
Une large variรฉtรฉ de micro-organismes, incluant les bactรฉries Gram-nรฉgatif, produisent des glycocalyx et des composants associes nommรฉs โslime,โ [39] qui permettent dโรฉviter la phagocytose et inhibent la fixation ou la pรฉnรฉtration des agents antimicrobiens [40].
Bien que ces facteurs de virulence soient bien dรฉfinis, leur relation mรฉcanistique avec la survenue dโISO nโa pas รฉtรฉ clairement dรฉterminรฉe.
Origine endogรจne
La flore des patients prรฉsente au niveau ou ร contiguรฏtรฉ du site opรฉrรฉ est ร lโorigine de la majoritรฉ des ISO [23]. Le S. aureus et le staphylocoque coagulase nรฉgative, premier et second micro-organismes les plus frรฉquemment rencontrรฉs, sont des rรฉsidents de la peau et des muqueuses, et sont ร haut risque de contaminer le site opรฉratoire durant lโincision ou les manipulations. Ces micro-organismes sont inรฉgalement rรฉpartis sur notre peau selon les zones concernรฉes : de 102 micro-organismes/cm2 dans les zones sรจches a 107/cm2 dans les zones humides (aisselles, plis inguinaux, etc…). Pour le S. aureus, le portage nasal ou cutanรฉ est un facteur de risque de survenue dโISO et peut quadrupler le risque dโISO ร ce mรชme germe, en comparaison de patients non porteurs [56]. Ce constat a amenรฉ la formulation de recommandations pour la dรฉcontamination systรฉmatique des patients porteurs allant bรฉnรฉficier dโune chirurgie cardiaque [47]. La prรฉparation cutanรฉe de lโopรฉrรฉ est maintenant inscrite dans la routine. Elle permet de rรฉduire la flore rรฉsidente cutanรฉe et de rรฉduire le risque dโISO. En revanche, si la peau devient fortement colonisรฉe suite ร des atteintes cutanรฉes, la flore rรฉsidente peut persister et contaminer le site opรฉratoire. Par ailleurs, une antisepsie optimale ne permet pas dโรฉradiquer entiรจrement la flore cutanรฉe. Environ 20% des bactรฉries vivent en dessous de la surface cutanรฉe, le long des follicules pileux et dans les glandes sรฉbacรฉes [3]. Lors de chirurgie contaminรฉe, en plus du rรดle de la flore cutanรฉe de contiguรฏtรฉ, les flores intestinales, respiratoire, gรฉnitale ou urinaire peuvent contaminer le site opรฉrรฉ.
Origine exogรจneย
Les sources exogรจnes dโISO incluent le personnel chirurgical, lโenvironnement du bloc opรฉratoire (incluant lโair) et les outils, instruments et matรฉriel apportรฉs dans le champ stรฉrile durant lโintervention. Les principaux vรฉhicules de cette flore sont donc :
โข lโรฉquipe chirurgicale : les mains et les ongles de lโรฉquipe chirurgicale portent des micro-organismes qui peuvent contaminer le site chirurgical par inoculation directe durant la procรฉdure chirurgicale. Ce phรฉnomรจne a amenรฉ ร lโutilisation de gants chirurgicaux stรฉriles comme barriรจre au transfert de micro-organismes et ร lโhygiรจne chirurgicale des mains pour diminuer la population microbienne sur la peau et les mains. En plus des mains, les cheveux du personnel (aussi bien que ceux du patient lui-mรชme), le nez, lโoropharynx ont รฉtรฉ montrรฉs comme pouvant porter des bactรฉries pathogรจnes comme S. aureus ou des bactรฉries Gram-nรฉgatif.
โข le matรฉriel chirurgical (problรจme de stรฉrilisation, de contaminationโฆ).
โข l’air : traitement de l’air, concentration des micro-organismes en suspension proportionnelle ร l’activitรฉ et au nombre de personnes en salle. La flore exogรจne est principalement constituรฉe par des anaรฉrobies, des bactรฉries Gram-positif (Staphylococcus et Streptococcus). Les contaminations fongiques sont rares, que ce soit en source endogรจne ou exogรจne et leur pathogรฉnicitรฉ nโest pas complรจtement comprise.
Micro-organismes impliquรฉs
Comme รฉvoquรฉ prรฉcรฉdemment, dans la majeure partie des situations, le pathogรจne responsable dโISO provient de la flore endogรจne du patient et notamment de la peau [2].
Dans cette situation, les micro-organismes les plus frรฉquemment isolรฉs sont les Staphylococcus aureus, les staphylocoques coagulase nรฉgative, commensaux de la peau.
Cependant, lโรฉpidรฉmiologie microbiologique des ISO dรฉpend principalement du type de chirurgie et du site anatomique abordรฉ. Ainsi, en chirurgie digestive, les principaux micro-organismes retrouvรฉs sont les entรฉrobactรฉries et les anaรฉrobies prรฉsents de maniรจre dominante dans le macrobiote intestinal (Tableau II).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
RAPPELS
1. DEFINITIONS
1.1. Dรฉfinition de lโinfection nosocomiale
1.2. Dรฉfinition et classification de lโinfection du site opรฉratoire
1.2.1. Infection superficielle de lโincision
1.2.2. Infection profonde de lโincision et infection de lโorgane ou du site ou de lโespace
2. EPIDEMIOLOGIE DES INFECTIONS DU SITE OPERATOIRE
2.1. Epidรฉmiologie descriptive
2.2. Epidรฉmiologie analytique
2.2.1. Facteurs liรฉs ร lโacte chirurgical
2.2.1.1. Type de chirurgie
2.2.1.2. Technique opรฉratoire
2.2.1.3. Durรฉe de lโacte chirurgical (dรฉlai incision/fermeture)
2.2.1.4. Autres facteurs liรฉs ร lโacte opรฉratoire
2.2.1.4.1. Anesthรฉsie
2.2.1.4.2. Dispositifs mรฉdicaux
2.2.1.4.3. Pose de drains
2.2.2. Facteurs associรฉs ร lโenvironnement chirurgical
2.2.2.1. Bloc opรฉratoire
2.2.2.2. Aspects organisationnels
2.2.2.3. Durรฉe de sรฉjour prรฉ-opรฉratoire
2.2.2.4. Prรฉparation cutanรฉe de lโopรฉrรฉ
2.2.3. Facteurs liรฉs au patient
3. PHYSIOPATHOLOGIE
3.1. Mode de contamination
3.1.1. Pathogรฉnie de lโISO
3.1.2. Origine endogรจne
3.1.3. Origine exogรจne
3.2. Micro-organismes impliquรฉs
4. DIAGNOSTIC
4.1. Signes cliniques
4.2. Cytobactรฉriologie du pus
4.2.1. Technique de prรฉlรจvement
4.2.2. Examen macroscopique
4.2.3. Examen microscopique
5. TRAITEMENT
5.1. Traitement curatif
5.1.1. But
5.1.2. Moyens et Mรฉthodes
5.1.3. Indications
5.2. Traitement prรฉventif
5.2.1. Antibioprophylaxie
5.2.2. Principes de lโantibioprophylaxie
5.2.2.1. Dรฉbut de lโantibioprophylaxie
5.2.2.2. Voie dโadministration
5.2.2.3. Doses
5.2.2.4. Durรฉe de lโantibioprophylaxie
5.2.2.5. Choix de lโantibiotique
5.2.3. Prรฉvention au bloc opรฉratoire
5.2.4. Personnel soignant du bloc opรฉratoire
5.2.5. Barriรจres
5.2.6. Patient
5.2.7. Lavage des mains
DEUXIEME PARTIE
1. PATIENTS ET METHODE
1.1. TYPE ET CADRE DโETUDE
1.2. TYPE ET DUREE DE LโETUDE
1.3. CRITERES DE SELECTION
1.3.1. Critรจres dโinclusion
1.3.2. Critรจres de non inclusion
1.4. PARAMETRES ETUDIES
1.5. COLLECTE ET TRAITEMENT DES DONNEES
2. RESULTATS
2.1. ETUDE DESCRIPTIVE
2.1.1. Age
2.1.2. Sexe
2.1.3. Antรฉcรฉdents
2.1.4. Stade OMS
2.1.5. Stade ASA
2.1.6. Indice de masse corporelle
2.1.7. Donnรฉes opรฉratoires
2.2.1. Incidence des iso en fonction des classe dโรขge
2.2.2. Incidence selon le sexe
2.2.3. Incidence selon le type de chirurgie (classe dโAltemeier)
2.2.4. Incidence suivant le contexte dโintervention
2.2.5. Incidence suivant le stade OMS
2.2.6. Incidence suivant le stade ASA
2.2.7. Incidence selon le stade IMC
2.2.8. Incidence suivant lโantibioprophylaxie
2.2.9. Incidence suivant la voie dโabord
2.2.10. Incidence suivant le niveau dโopรฉrateur
2.2.11. Incidence suivant le drainage
2.2.12. Incidence suivant la durรฉe de lโintervention
2.2.13. Incidence suivant lโincident peropรฉratoire
2.2.14. Traitement des ISO
2.2.15. Tableau rรฉcapitulatif des variables significatives et non significatives
DISCUSSION
1. Frรฉquence des ISO
2. Facteurs de risque significatifs retrouvรฉs
3. Germes rencontrรฉs
4. Spectre de sensibilitรฉ
5. Consรฉquences des ISO
5.1. Durรฉe dโhospitalisation postopรฉratoire
5.2. Surcoรปt
CONCLUSION
REFERENCES
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