Les fractures sont définies comme des solutions de continuité osseuse complètes ou non survenant chez l’individu âgé de 0 à 15 ans. Environ le tiers de tous les enfants aussi bien garçons que filles risquent d’avoir une fracture avant l’âge de 16 ans [56]. Elles représentent 10 à 25% des traumatismes pédiatriques [56]. Selon certaines études, en moyenne 25% des enfants en sont victimes chaque année [50, 54]. Les fractures constituent l’une des principales causes de handicap moteur chez l’enfant. En 2008, l’OMS estime qu’environ 950000 enfants de moins de 18 ans sont décédés à la suite d’un traumatisme, bien que les études récentes menées par l’UNICEF suggèrent que ce nombre pourrait être beaucoup plus élevé [55]. La curiosité de l’enfant, la découverte de la marche et du jeu, ainsi que les activités physiques, participent à son développement et à son épanouissement, mais l’emportent souvent sur son aptitude à comprendre les dangers et sont fréquemment sources de fractures [56]. En effet, les accidents domestiques et ludiques s’avèrent être les causes les plus fréquentes des fractures de l’enfant [5, 49, 53]. Ces fractures sont souvent diagnostiquées par des radiographies standard mais des techniques d’imagerie plus performantes en l’occurrence la tomodensitométrie, et l’imagerie par résonance magnétique peuvent être utiles [22, 28, 48]. Une grande partie du squelette de l’enfant est cartilagineuse. La croissance, l’ossification, ses propriétés biomécaniques se modifient et avec elles, le type de lésion rencontrées, les orientations thérapeutiques et surtout les aspects évolutifs. Il existe en effet, des fractures propres à l’enfant qui sont les fractures en motte de beurre, les fractures en bois vert, les fractures en cheveu, et les fractures plastiques [34].
Rappel anatomique
Membre thoracique
Le membre thoracique est utilisé́ pour la préhension et les 3 systèmes articulaires (épaule, coude, poignet) sont utilisés pour amener la main dans toutes les positions nécessaires pour la saisie d’un objet. Le membre supérieur comprend six parties ou régions principales (Figure 1). L’épaule est la région la plus mobile de toutes les articulations de l’organisme, permettant de donner à la main une capacité maximale d’exploration spatiale et de précision. Elle est constituée par la ceinture scapulaire qui à son tour se compose de la clavicule et de l’omoplate. Cette ceinture assure l’union du bras avec le thorax. L’omoplate est un os plat et pair de forme triangulaire non symétrique et qui présente une cavité glénoïde dans laquelle s’engage la tête humérale. La clavicule est un os cylindrique long pair non symétrique en forme de S italique et s’articule avec l’omoplate au niveau de l’acromion. La région du bras est la portion du membre thoracique comprise entre l’épaule et le coude. Son squelette est formé par un seul os : l’humérus qui est un os long pair et non symétrique, et qui présente une diaphyse et deux épiphyses proximale et distale. L’épiphyse proximale comprend 4 parties : la tête humérale, le col anatomique, les deux tubercules et le col chirurgical. L’épiphyse distale comprend la trochlée humérale, le capitulum de l’humérus ainsi que deux saillies latérales à savoir l’épicondyle médiale et l’épicondyle latérale. La région du coude est le complexe articulaire intermédiaire du membre thoracique permettant à celui-ci, orienté préalablement par l’épaule dans les trois plans de l’espace, de porter plus au moins loin du corps son extrémité active : la main. Elle est composée de 3 articulations :
– l’huméro-cubitale trochléenne, siège des mouvements de flexion-extension;
– la radio-cubitale (proximale et distale) trochoïde qui permet les mouvements de prono-supination;
– l’huméro-radiale qui est une énarthrose et participe à la fin des deux autres mouvements.
La région de l’avant-bras comporte deux os : le cubitus en dedans et l’ulna en dehors. Ils ne s’articulent que par leurs extrémités et ils sont unis par une membrane interosseuse. Le radius est un os long, pair et non symétrique. Il s’articule en haut avec l’humérus, en bas avec le carpe et à ses deux extrémités avec le cubitus. Le radius présente une double courbure, qui nous permet de le comparer à une manivelle à 2 courbures : une supérieure, dite supinatrice qui va du col à la tubérosité bicipitale et une inférieure, dite pronatrice qui va de la tubérosité à l’extrémité inférieure sur lesquelles s’insèrent les muscles moteurs de la pronosupination. L’ulna est un os long, pair et non symétrique. Il est oblique en bas et en dehors. Sa conformation est inverse de celle du radius. Son extrémité proximale présente la grande cavité sigmoïde en forme de crochet. Elle est composée de deux saillies osseuses appelées l’olécrane et l’apophyse coronoïde. Le poignet est l’articulation distale du membre supérieur. Il permet à la main de se présenter dans la position optimum d’efficacité pour la préhension. Elle possède deux articulations élémentaires, l’articulation radio-carpienne et l’articulation médio-carpienne. Elle possède deux degrés de liberté et avec la prono-supination qui lui est annexée, la main peut être orientée sous n’importe quel angle pour saisir ou soutenir un objet.
Membre pelvien
Le membre pelvien est le membre de la locomotion permettant aux humains de se déplacer d’un endroit à un autre. Le membre pelvien comprend six parties ou régions principales (Figure 2). La région glutéale est la région de transition entre le tronc et la partie libre du membre pelvien qui comprend elle-même deux parties : la partie postérieure saillante et arrondie de la fesse, la partie latérale habituellement moins saillante de la hanche qui couvre l’articulation de la hanche et le grand trochanter du fémur. La région glutéale est limitée en haut par la crête iliaque immédiatement par le pli interfessier et, en bas par le pli ou sillon sous-jacent à la fesse, le pli fessier. La région de la cuisse ou région fémorale s’étend entre les régions glutéale, abdominale, et périnéale du côté proximal et la région du genou du côté distal. Elle contient la majeure partie du fémur qui relie la hanche au genou. La transition entre le tronc et la partie libre du membre pelvien est abrupte en avant et médialement. La région du genou comprend les parties saillantes distales (condyles) du fémur et proximales du tibia, la tête de la fibula, et la patela qui se trouve en avant de l’extrémité distale du fémur ainsi que les articulations qui regroupent ces différentes structures osseuses. La partie postérieure du genou comprend une dépression bien limitée et remplie de graisse appelée fosse poplitée. La jambe ou région jambière est la région qui s’interpose entre le genou et les protubérances arrondies médiales et latérales qui flanquent l’articulation de la cheville. La jambe contient le tibia et la fibula et relie le genou au pied. La cheville ou cou-de-pied correspond à la région talo-crurale. Elle inclut la partie distale et étroite de la jambe et les malléoles L’articulation de la cheville se situe entre les malléoles.
Le pied ou la région du pied est l’extrémité distale du membre pelvien. Le pied comprend le tarse, le métatarse et les phalanges. Sa face supérieure est le dos du pied et sa face inférieure est celle qui prend contact avec le sol, la plante ou région plantaire.
Particularités de l’os de l’enfant
L’os de l’enfant a une structure différente de celui de l’adulte, car il est plus chargé en eau. Il est aussi mécaniquement moins résistant que celui de l’adulte. La luxation articulaire est exceptionnelle. En effet l’os est moins résistant que la capsule articulaire. Les os longs sont constitués d’un corps ou diaphyse et de deux extrémités ou épiphyses, proximale et distale. Entre la diaphyse et les épiphyses se trouve la métaphyse.
Particularités de constitution
Le périoste
C’est un tissu épais et résistant adhérant à la diaphyse. Il est riche en cellules ostéoblastiques. Il joue un rôle important dans la croissance en épaisseur de l’os. Le périoste de l’enfant est beaucoup plus épais que celui de l’adulte. Il a donc une résistance mécanique importante. Il s’étend d’un cartilage de croissance à l’autre, collé sur la métaphyse et l’épiphyse et fonctionne en hauban . Lors d’une fracture, il est souvent incomplètement rompu et permet dans la grande majorité des cas de réduire les fractures, de les maintenir et de corriger certaines déformations résiduelles. Il se reconstitue rapidement en formant un cal dit périosté ou cal externe (en deux à trois semaines) qui noie la fracture d’un nuage osseux.
Le cartilage de croissance ou plaque conjugale
Le cartilage de croissance est un tissu cartilagineux présent aux deux extrémités des os longs à la jonction épiphyso-métaphysaire. Il assure la croissance en longueur de l’os. C’est donc la structure à respecter, à tout prix. Il est mécaniquement faible et peu résistant aux forces de traction axiale et de torsion. Beaucoup de fractures de l’enfant passent par ce cartilage de croissance. La complication la plus grave est la création d’un point d’épiphysiodése (destruction d’une partie ou de la totalité du cartilage) avec arrêt de croissance et perte de longueur et désaxation.
Cette complication sera d’autant plus importante que l’enfant est jeune et que la fracture survient sur un des cartilages les plus actifs de l’organisme.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS ET REVUE DE LA LITTERATURE
I.Rappel anatomique
1. Membre thoracique
2. Membre pelvien
II.Particularités de l’os de l’enfant
1. Particularités de constitution
1.1. Le périoste
1.2. Le cartilage de croissance ou plaque conjugale
2. Particularités du fonctionnement
III.Rappels histologiques de l’os de l’enfant
1. Composition du tissu osseux
1.1. La trame protéique
1.2. La substance minérale
2. Structure du tissu osseux
2.1. La texture de l’os
2.2. L’architecture de l’os
2.3. Les cellules osseuses
2.3.1. Les ostéoclastes
2.3.2. Les ostéoblastes
2.3.3. Les ostéocytes
2.3.4. Les cellules bordantes
3. Le modelage osseux
3.1. Ossification endochondrale
3.2. Ossification de membrane
4. Le remodelage osseux
IV.Rappels sur la consolidation de l’os chez l’enfant
1. La phase inflammatoire
2. La phase de réparation
3. La phase de remodelage
V.Généralités sur les fractures chez l’enfant
1. Etiologies
2. Mécanismes
3. Anatomopathologie
VI.Epidémiologie des fractures chez l’enfant
DEUXIÈME PARTIE : NOTRE ETUDE
PATIENTS ET METHODES
I.Patients
1. Critères d’inclusion
2. Critères de non inclusion
3. Population d’étude
II. Méthodes
1. Cadre de l’étude
1.1 Description des lieux
1.2. Personnel
1.3. Activités du service
2. Type d’étude
3. Phase de collecte
4. Paramètres de l’étude
4.1. Fréquence
4.2. Provenance
4.3. Age
4.4. Délai de consultation
4.5. Traitement traditionnel
4.6. Circonstances de survenue
4.7. Siège de la fracture
4.8. Type de fracture
4.9. Déplacement
4.10. Traitement
5. Exploitation des données
RESULTATS
1. Fréquence
2. Provenance
3. Age
4. Sexe
5. Délai de consultation
6. Traitement traditionnel
7. Circonstances de l’accident
8. Côté atteint
9. Siège de la fracture
10. Type de fracture
11. Déplacement
12. Traitement
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES