Epidémiologie des dermatophytoses du cobaye

Epidémiologie des dermatophytoses du cobaye

Traitement et prophylaxie

Traitement des animaux

L’éradication de la teigne est très difficile à obtenir dans le cas des collectivités. Dans le cas des élevages de cobayes, il n’existe aucun protocole clairement défini pour y arriver.
Jusqu’à ces dernières années, le traitement était essentiellement basé sur l’utilisation hors AMM de la griséofulvine systémique et de l’énilconazole en topique. Actuellement, une étude (10) porte sur l’administration du lufénuron par voie orale pour traiter la teigne chez les rongeurs et lagomorphes (cf. I.5.1.2.).
A l’échelle d’un élevage, la lutte contre la teigne passe par le traitement de tous les animaux de l’élevage, qu’ils soient teigneux ou non, ainsi que par le traitement des installations et du matériel.
 Traitements locaux
La tonte préalable des cobayes teigneux, suivie de la destruction des poils et des croûtes, n’est en général pas réalisée.
• Enilconazole à 0,2%
L’énilconazole est un anti-mycosique de synthèse dérivé des imidazoles dont l’activité antifongique primaire repose sur une inhibition de la synthèse de l’ergostérol, constituant essentiel de la membrane cellulaire des champignons. Ce principe actif exerce une activité fongicide et sporicide sur les principaux agents des dermatophytoses.
Le traitement local à effectuer consiste à laver ou à asperger tous les cobayes de l’élevage avec une solution d’énilconazole à 0,2% (= Imavéral dilué 50 fois), 4 fois successives à 4 jours d’intervalle (8). Il n’y a pas d’AMM pour le cobaye. L’utilisation de ce produit est possible sous la responsabilité du vétérinaire.
D’autres topiques antifongiques peuvent être appliqués, tels que :
• Chlorhexidine à 1%
Application une fois par semaine jusqu’à guérison (15)
• Miconazole
Application une fois par jour pendant 2 à 4 semaines (16).
Le traitement local a une action antifongique en surface, mais il n’atteint pas les champignons dans l’épiderme, ni dans le follicule pileux. Dans certains cas de teigne avancée, il peut être nécessaire d’utiliser un antifongique par voie générale.

Traitements systémiques

• Griséofulvine
La griséofulvine est un antibiotique produit par Penicillium griseofulvum. Elle exerce une action fongistatique contre la croissance des filaments mycéliens du dermatophyte dans les phanères. Les filaments sont ensuite éliminés par désquamation.
L’utilisation de la griséofulvine par voie orale dans le traitement des teignes du cobaye semble controversée. Pour certains auteurs (3, 20, 19), la griséofulvine peut être administrée par voie orale à raison de 20 à 25 mg/kg pendant 3 à 6 semaines. Son utilisation requiert une certaine prudence chez les très jeunes animaux (en dessous de 3 mois) et elle est contreindiquée chez les femelles gestantes. Il n’y a pas d’AMM pour le cobaye. L’utilisation de ce produit est possible sous la responsabilité du vétérinaire.
Pour d’autres auteurs (15, 22), il n’est habituellement pas nécessaire d’utiliser la griséofulvine.
• Terbinafine
La terbinafine (Lamisil Novartis) est un agent fongicide par blocage de la synthèse d’ergostérol. Elle s’est révélée très efficace dans le traitement des teignes humaines. Une étude a été menée par Chen (6) afin de confirmer l’efficacité et la sécurité d’utilisation de ce médicament chez les carnivores domestiques et les rongeurs atteints de dermatophytose. L’auteur a montré que la terbinafine administrée aux rongeurs à la dose de 10-30 mg/kg, une fois par jour, pendant six semaines, se révèle efficace contre la teigne et ne présente pas d’effets indésirables.
• Lufénuron
L’administration de lufénuron (Program F  en ampoules buvables) par voie orale pour traiter la teigne chez les rongeurs et les lagomorphes fait actuellement l’objet d’une étude (10) menée dans plusieurs clientèles. Il n’y a pas d’AMM pour cette molécule chez le cobaye.
• On s’assurera également que le régime alimentaire distribué est correctement dosé en vitamine C pour permettre une bonne récupération des cobayes atteints (20).

Désinfection des locaux

Les mesures de désinfection sont généralement difficiles à appliquer.
Dans les locaux, il faut passer l’aspirateur de façon répétée quand cela est possible. Dans tous les cas, un nettoyage mécanique radical du logement des animaux doit précéder l’étape de désinfection.
Le traitement des surfaces susceptibles d’être contaminées s’avère indispensable pour éviter une recontamination ultérieure des animaux. Cette désinfection des surfaces (sols, murs, cages, parois diverses) peut être faite avec une solution d’énilconazole à 4% (= Clinafarm) ou avec un générateur de fumée contenant le même principe actif. La solution est pulvérisée sur les surfaces et en l’absence des animaux. La solution diluée d’énilconazole à 4% peut également être utilisée pour laver les brosses et autre matériel de toilettage.

Prophylaxie

En milieu infecté, la prophylaxie repose sur l’élimination des éléments fongiques. Elle inclut l’isolement et le traitement des animaux atteints, ainsi que des porteurs sains, et la désinfection des locaux et du matériel d’élevage.
En milieu sain, il faut éviter l’introduction d’animaux teigneux. Lors d’une éventuelle introduction, il faut mettre tous les animaux en quarantaine, et éventuellement leur administrer un traitement topique d’énilconazole à 0,2%.

Table des matières

SOMMAIRE SOMMAIRE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
GENERALITES SUR LES DERMATOPHYTES ET SUR LES DERMATOPHYTOSES DU COBAYE
1 Rappels mycologiques
1.1 Définitions
1.2 Morphologie
1.2.1 Dans les lésions : invasion pilaire
1.2.2 En culture
1.3 Systématique
1.3.1 Place des dermatophytes dans le Règne des champignons
1.3.2 Classifications des dermatophytes
2 Epidémiologie des dermatophytoses du cobaye
2.1 Epidémiologie descriptive
2.2 Epidémiologie analytique
2.2.1 Sources de dermatophytes (7)
2.2.2 Supports de la contamination
2.2.3 Modalités de l’infection
2.2.4 Facteurs prédisposants
2.2.5 Portage asymptomatique
2.3 Transmission à l’homme
3 Pathologie chez le cobaye
3.1 Symptômes – Lésions
3.1.1 Description clinique
3.1.2 Etude histologique des lésions
3.1.3 Evolution
3.2 Immunité
4 Diagnostic
4.1 Diagnostic épidémiologique
4.2 Diagnostic clinique
4.3 Diagnostic différentiel
4.4 Diagnostic expérimental
4.4.1 Examen direct de poils au microscope
4.4.2 Culture des dermatophytes
4.4.3 Champignons contaminants
4.4.4 Inoculation expérimentale
5 Traitement et prophylaxie
5.1 Traitement des animau
5.1.1 Traitements locaux
5.1.2 Traitements systémiques
5.2 Désinfection des locaux
5.3 Prophylaxie
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
ENQUETE EPIDEMIOLOGIQUE DANS LES ELEVAGES DE COBAYES
1 Matériels et méthodes
1.1 Choix des élevages inclus dans l’étude
1.2 Elaboration du protocole d’échantillonnage
1.2.1 Catégories d’élevages
1.2.2 Nombre d’animaux à prélever
1.2.3 Choix des animaux à prélever
1.3 Recueil d’informations auprès de l’éleveur
1.4 Réalisation des prélèvements
1.4.1 Prélèvements sur les cobayes
1.4.2 Prélèvements dans l’environnement
1.5 Cultures mycologiques
1.6 Identification mycologique.
1.6.1 Lecture macroscopique
1.6.2 Lecture microscopique
1.6.3 Manipulations complémentaires
2 Résultats de l’enquête
2.1 Résultats du questionnaire
2.2 Résultats des cultures mycologiques
2.2.1 Dermatophytes isolés
2.2.2 Résultats par élevage
2.2.3 Résultats par groupes d’élevages
2.2.4 Résultats globaux
2.3 Résultats de l’examen dermatologique
3 Discussion
3.1 Difficultés liées à l’échantillonnage
3.1.1 Choix des élevages
3.1.2 Fluctuation des effectifs
3.1.3 Age des cobayes
3.1.4 Tirage au sort
3.1.5 Possibilité de comparaison des élevages des différents groupes
3.1.6 Difficultés liées à la culture mycologique
3.2 Espèces de dermatophytes isolées
3.3 Discussion des résultats
3.3.1 Résultats par élevage
3.3.2 Résultats par groupes d’élevages
3.3.3 Résultats globaux
3.3.4 Extrapolation
3.4 Sources d’infection pour l’élevage
3.5 Perception de la maladie par l’éleveur
3.6 Conséquences de l’infection pour l’élevage
3.7 Risque de contamination humaine et prévention
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE 1
Fiche de renseignements remplie avec l’aide de l’éleveur le jour de la visite dans l’élevage
ANNEXE 2
Informations concernant chaque cobaye prélevé et résultats bruts des cultures mycologiques
ANNEXE 2
ANNEXE 3
Aspect macroscopique de quelques cultures fongiques
Aspect des lésions cutanées observées sur quelques animaux
ANNEXE Répartition des cobayes teigneux, porteurs sains et indemnes en fonction du sexe et de la longueur du pelage pour chaque élevage
ANNEXE Répartition des cobayes teigneux, porteurs sains et indemnes en fonction du sexe pour chaque groupe d’élevages
ANNEXE Répartition des cobayes teigneux, porteurs sains et indemnes en fonction de la longueur du pelage pour chaque groupe d’élevages

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