Épidémiologie des blessures sportives
INTRODUCTION
Dans le cadre de la présentation des Jeux du Québec à Shawinigan pendant l’été 2012 , le Carrefour Promotion de la Santé Globale a été mis sur pied grâce au soutien financier de Québec en Forme ainsi qu ‘à une collaboration entre le comité organisateur des Jeux du Québec et l’Université du Québec à Trois-Riviéres (UQTR). Ce vaste Carrefour comprend plusieurs volets , dont le présent projet de recherche portant sur la prévalence et les impacts des symptômes musculosquelettiques chez les adolescentsathlétes et non-athlétes.Ce mémoire présente, dans un premier temps , les données probantes sur l’épidémiologie des différentes conditions musculosquelettiques ainsi que leurs répercussions sur la santé des adolescents. De plus , la problématique entourant les blessures liées à la pratique de d’activités physiques et sportives ainsi que leurs impacts est également présentée. Ensuite, les fondements théoriques sur lesquels repose le présent projet de maîtrise sont détaillés et traitent de l’épidémiologie ainsi que les facteurs de risque des blessures sportives et des problèmes musculosquelettiques. Dans le cadre du présent mémoire, un premier article intitulé Assessment of musculoske/etal symptoms and their impacts in the adolescent population: adaptation and validation ofa questionnaire a été publié dans le Journal BMC Pediatries (Legault, Cantin , & Descarreaux, 2014). Cet article , présenté en ANNEXE B, traite de l’élaboration et la validation d’un questionnaire ayant servi d’outil de mesure pour l’étude principale de ce projet de maîtrise. D’ailleurs , l’article principal a comme objectif de comparer la prévalence de symptômes musculosquelettiques et leurs impàcts chez les adolescents-athlètes par rapport aux non-athlètes.
Les conditions musculosquelettiques chez les adolescents
Les symptômes et les blessures musculosquelettiques sont largement répandus chez les adolescents. Selon une étude transversale portant sur la prévalence des symptômes d’ordre physique (p. ex. : fatigue, douleurs musculosquelettiques, maux de ventre, maux de tête, etc.) chez les adolescents américains, les types de plainte les plus fréquemment rapportés sont les maux de tête à 29 % et les douleurs musculosquelettiques à 27 % (Rhee , Miles, Halpern, & Holditch-Davis, 2005). De plus, près de 7 % de ces adolescents subissent ces symptômes régulièrement et même tous les jours (Rhee et aL , 2005). Gunz, Canizares, Mackay et Badley (2012) ont identifié qu’il y a près de 380 000 enfants et adolescents qui ont consulté un médecin en raison de symptômes ou de blessures musculosquelettiques en Ontario durant l’année budgétaire 2006 à 2007; ce qui représente un taux de 122 consultations par 1000 enfants et adolescents. Toujours selon cette même étude, les plus hauts taux de consultation sont associés aux blessures traumatiques (fracture, dislocation , entorse, etc.), soit 63 consultations par 1000 personnes âgées de moins de 19 ans; suivi de 33 par 1000 pour les problèmes musculosquelettiques non diagnostiqués et de 28 par 1000 pour l’arthrite dont seulement 1,4 par 1000 étaient de l’arthrite rhumatoïde (Gunz, Canizares, Mackay, & Badley, 2012). Les blessures ainsi que les désordres musculosquelettiques non diagnostiqués sont donc fréquents et ont un taux d’incidence notable au Canada.
Répercussions des conditions musculosquelettiques chez les adolescents
Les symptômes musculosquelettiques ont des répercussions à long terme et devraient être pris au sérieux dès l’adolescence surtout lorsque ce sont des atteintes du rachis. À titre d’exemple, des études ont montré que l’apparition de douleurs au dos à l’enfance et à l’adolescence est un facteur prédisposant aux douleurs lombaires à l’âge adulte (Brattberg, 2004; Harreby, Kjer, Hesselsoe, & Neergaard, 1996). Une étude longitudinale effectuée sur 9600 jumeaux du Danemark sur une période de huit ans a montré que les adolescents ayant des douleurs lombaires persistantes sont significativement plus à risque de souffrir de lombalgie à l’âge adulte (Hestbaek, Leboeuf-Yde, Kyvik, & Manniche, 2006). Selon cette même étude, les adolescents ayant des douleurs lombaires ont quatre fois plus de chance d’être atteints de douleurs lombaires persistantes à l’âge adulte avec un rapport de cote (odds ratio) de 4,65 (Hestbaek et al. , 2006). Ces résultats sont d’autant plus inquiétants puisque la prévalence des douleurs au bas du dos atteint 20,5 à 50 % à l’adolescence (Kjaer, Wedderkopp, Korsholm, & Leboeuf-Yde, 2011 ; Leboeuf-Yde & Kyvik, 1998; Masiero,Carraro, Celia, Sarto, & Ermani, 2008) et se maintient à l’âge adulte (Leboeuf-Yde &Kyvik, 1998).Bref, les douleurs au rachis à l’adolescence ne tendent pas à s’améliorer avec le temps (Hestbaek et al. , 2006; Leboeuf-Yde & Kyvik, 1998); elles nuisent à la qualité de vie des adolescents touchés (Roth-Isigkeit, Thyen , Stoven, Schwarzenberger, & Schmucker, 2005) et peuvent éventuellement se transformer en douleurs chroniques incapacitantes et coûteuses pour la société (Commission de la Santé et Sécurité au Travail du Québec, 2012).
Les douleurs cervicales et thoraciques peuvent également se manifester dès l’adolescence. Une étude long itudinale effectuée par Kjaer et al. (2011) auprès d’adolescents danois âgés de 9 à 15 ans, a montré que la prévalence des douleurs thoraciques et cervicales est de 20 % et de 10 % respectivement à l’âge de 9 ans. Bien que ces mêmes auteurs aient observé une diminution à l’âge de 13 ans , leur étude suggère que la prévalence des douleurs thoraciques et cervicales augmente à 28 % et 15 % respectivement à l’âge de 15 ans . Considérant les douleurs au dos, toutes régions confondues , de la cohorte de l’étude de Kjaer, les adolescents de 15 ans avaient 58 % plus de chance de souffrir de maux de dos s’ils en avaient souffert à l’âge de 13 ans (Kjaer et al. , 2011) . Cependant, seulement 7 % des adolescents ressentaient des douleurs au dos (cou , haut du dos et bas du dos) aux trois périodes de collectes de données soit à 9, 13 et 15 ans; tandis que 30 % des adolescents ne ressentaientaucune douleur aux trois périodes (Kjaer et al., 2011). Les auteurs de cette étude tirent donc la conclusion que les douleurs au dos fréquentes et constantes n’étaient pas prédominantes entre l’âge de 9 à 15 ans , mais que les douleurs passagères étaient plutôt prévalentes.
Les blessures chez les adolescents
Les blessures liées à la pratique d’activités physiques et sportives sont fréquentes particulièrement chez les adolescents. Une étude effectuée aux États-Unis a estimé qu ‘il y a en moyenne 2,6 millions de visites à l’urgence annuellement pour des blessures survenues lors de la pratique d’activités physiques chez les personnes âgées de 5 à 24 ans (Burt & Overpeck, 2001). Une enquête épidémiologique effectuée au sein de 11 pays , dont le Canada et les États-Unis, a estimé que les activités sportives sont de loin la première cause de blessures nécessitant de l’attention médicale , et ce tous pays confondus (Molcho et al. , 2006). Selon cette même étude, le Canada figure parmi les trois pays ayant répertorié le plus de blessures sportives nécessitant des soins médicaux puisque 36,4 % des adolescents âgés de 11 et 15 ans ont subi une blessure sportive suffisamment sévère pour devoir consulter un médecin ou une infirmière durant l’année 1998 (Molcho et al., 2006). De plus, selon un recensement effectué en 2009, 27 % des jeunes canadiens âgés de 12 à 19 ans ont subi une blessure dont les deux tiers (66 %) étaient liés à la pratique d’activités sportives (Billette & Janz, 2011). De plus , la proportion de blessures liées à la pratique d’un sport chez les adolescentes semble être à la hausse ayant augmenté de 5 % depuis 2001 (Billette & Janz, 2011). Ainsi , les blessures liées à la pratique d’activités physiques et sportives ont une ampleur notable ainsi que des répercussions importantes qui seront décrites dans les sections suivantes.
Répercussions des blessures chez les adolescents
Les blessures sportives ont plusieurs répercussions au niveau de la santé musculosquelettique des adolescents-athlètes (D. Caine , DiFiori , & Maffulli, 2006). Tout d’abord , les blessures sportives constituent un facteur de risque de problèmes de croissance (D. Caine et al. , 2006) ainsi que de récidives de blessure (Dennis Caine, Caine , & Maffulli , 2006). Une revue de la littérature a montré que les blessures aiguës (p. ex. : fractures) ou de surutilisation au niveau des plaques de croissance peuvent engendrer des déformations (p . ex. : valgus) ou même nuire significativement à la croissance des os (D. Caine et al. , 2006). Selon cette même revue , il est estimé qu ‘entre 1 et 12 % des blessures sportives toucheraient les plaques de croissance et que ces blessures, à long terme, entraîneraient des troubles de croissance (D. Caine et al. , 2006).Aussi , les symptômes résiduels des blessures antérieures constituent un facteur
de risque de récidives ou de nouvelles blessures touchant d’autres régions du corps. La revue de littérature de Caine et al. (2006) montre que le pourcentage de récidives de blessures au membre initialement blessé varierait entre 6,4 % et 49 % selon le sport pratiqué et le niveau de compétition.
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Table des matières
RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
CHAPITRES
I. INTRODUCTION
PROBLÉMATIQUE
Les conditions musculosquelettiques chez les adolescents
Répercussions des conditions musculosquelettiques chez les adolescents
Les blessures chez les adolescents
Répercussions des blessures chez les adolescents
CADRE THÉORIQUE
Définitions
Épidémiologie des blessures sportives
Facteurs de risque des blessures sportives
Épidémiologie des symptômes musculosquelettiques
Facteurs de risque des symptômes musculosquelettiques
OBJECTIFS
II. INSERTION DE L’ARTICLE (À SOUMETTRE) : The Comparison of Musculoskeletal Symptoms Between Athletes and Non-Athletes in the Adolescent Population
ABSTRACT
1. INTRODUCTION
2. METHODS
2.1 Study population
2.2 Data collection
2.3 Procedures
2.4 Data analysis
2.5 Statistical analysis
3. RESULTS
4. DiSCUSSiON
4.1 Limitations
5. CONCLUSiON
6. AUTHORS ‘ CONTRIBUTIONS
7. REFERENCES
III. DISCUSSION GÉNÉRALE
Synthèse des résultats
La prévalence des symptômes et leurs impacts
La différence entre les athlètes et les non-athlètes
La prévalence des symptômes chez les athlètes et les non-athlètes selon le genre
Limites
Retombées pratiques et perspectives de recherche
IV. CONCLUSION GÉNÉRALE
RÉFÉRENCES
ANNEXES
A. Le Teen Nordic Musculoskeletal Screening Questionnaire (TNMQ-S)
B. Article publié du présent projet de mémoire intitulé: Assessment of musculoskeletal symptoms and their impacts in the adolescent population: adaptation and validation of a questionnaire
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