Épidémiologie de l’infection à Herpesvirus Humain type 8

L’herpesvirus humain type 8, jadis appelé Herpes virus associé au sarcome de Kaposi est un virus qui appartient à la famille des Herpesviridae. C’est un virus découvert par Chang et coll. en 1994 [14] dans les lésions du sarcome de Kaposi et son identification est basée sur sa biologie moléculaire. Depuis, de nombreuses études moléculaires ont permis d’associer ce virus au Sarcome de Kaposi essentiellement mais aussi à d’autres affections tumorales comme la maladie de Castleman (hyperplasies ganglionnaires angiofolliculaires), les lymphomes diffus des séreuses et le myélome multiple. L’épidémiologie de l’infection à Herpesvirus humain type 8 est établie par les données sur la séroprévalence ; la plupart de ces études a été effectuée sur des populations adultes. La séroprévalence chez les enfants est très peu connue En Afrique les études disponibles ont été faites dans la partie centrale et australe ; cependant la partie occidentale ne dispose d’aucune donnée publiée à ce jour.

RAPPELS SUR LE HUMAN HERPESVIRUS TYPE 8 

C’est un virus appartenant à la famille des Herpesviridae qui comporte près d’une centaine d’Herpesvirus humains et d’un grand nombre d’espèces animales. Seuls huit Herpesvirus humains ont été décrits : ce sont les virus herpétiques humains dénommés de types 1 à 8. Il s’agit d’un groupe de virus à symétrie cubique, à ADN bicaténaire linéaire enroulé autour d’une bobine protéique ; ils sont enveloppés et leur poids moléculaire varie entre 80.10⁶ et 150.10⁶ daltons. Entre l’enveloppe et la capside se trouve une structure fibrillaire de nature protéique appelée tégument. Leur physiopathologie est caractérisée par un phénomène de latence et de récurrence.

DECOUVERTE

Depuis 1994, le virus herpétique type 8 (HHV8) est régulièrement retrouvé par amplification génique dans toutes les formes de sarcome de Kaposi, dans certains cas de maladie de Castleman et de lymphomes diffus des séreuses [14]. Son existence fut prouvée pour la première fois par Chang et coll. lors d’une étude utilisant une approche moléculaire particulière : l’analyse de la différence de représentation (RDA) décrite par Lisitsyn et coll. [51bis]. Pour mettre en évidence une séquence étrangère au niveau du génome cellulaire, séquence susceptible d’appartenir à un agent infectieux, Chang et coll. réalisèrent deux banques d’ADN obtenues respectivement à partir d’une lésion de maladie de Kaposi (sarcome de Kaposi-DNA) et de tissu sain du même sujet infecté par le VIH par amplification génique (PCR). Les fragments d’ADN des deux banques ont d’abord été digérés par une enzyme de restriction : la Bam H-1. Une autre amplification génique fut réalisée à partir des fragments de restriction utilisant comme amorce les séquences NBam 12 et NBam 24 décrites par Lisitsyn et coll. [51bis]; après la PCR, les amorces sont libérées par digestion enzymatique (Bam H1). Une autre PCR et une deuxième paire d’amorce (Jbam 12 et Jbam 24) sont utilisées uniquement avec les fragments issus de la banque sarcome de Kaposi-DNA. Cette étape sert à mettre en évidence une ou des éventuelles séquences étrangères : le produit d’amplification est hybridé avec de l’ADN tissulaire normal. Après une nouvelle digestion enzymatique, il s’en suivit une dernière amplification/hybridation utilisant comme amorces Rbam 12 et 24. Le résultat a été la mise en évidence de deux fragments KS330 Bam et KS631 Bam spécifiques de sarcome de Kaposi-DNA qui, rappelons le, est le fragment d’ADN issu de lésion de sarcome de Kaposi d’un sujet infecté par le VIH. Ces séquences n’hybrident pas avec des échantillons d’ADN de lymphocytes infectées par l’EBV ni avec l’ADN de Mycoplasma penetrans qui ont été tous les deux incriminés comme agents du sarcome de Kaposi. Une homologie a été néanmoins retrouvée entre les deux fragments spécifiques des lésions de Kaposi et le génome des virus herpétiques appartenant à la sous famille des γ Herpesvirinae. Cependant, un lien entre la présence de ces fragments et le sarcome de Kaposi associé au Sida n’a pu être établi par les travaux de Chang et coll. qui ont quand même pensé qu’il s’agit d’un virus herpétique humain latent qui coloniserait volontiers les lésions de sarcome de Kaposi. Car, à la différence des travaux précédents, recherchant un agent associé au sarcome de Kaposi, cette étude a montré que ces fragments étaient présents dans tous les échantillons d’ADN de lésions de Kaposi chez un grand nombre de patients alors que chez ces mêmes patients, les tissus sains en contenaient peu [14]. Comme le suspectaient Chang et coll, d’autres auteurs Russo et coll en 1996 [77] puis Neipel et coll en 1998 [63] ont pu, par la suite, démontrer l’homologie entre les séquences KS 330 Bam et KS 631 Bam et certaines séquences des génomes de virus de la sous-famille des γ Herpesvirinae créant à coté des Lymphocryptovirus un nouveau genre, le genre Rhadinovirus comprenant une seule espèce humaine : Herpesvirus associé au KS (Kaposi’s sarcoma-associated Herpes-Like virus ou KSHV) maintenant dénommé Human Herpesvirus type 8 (HHV 8). Le virus herpétique simien, Herpesvirus Saimiri (HVS), appartient à ce nouveau genre.

CLASSIFICATION

Les virus sont classés selon 2 critères : leurs propriétés biologiques et la structure de leur génome.

Classification selon leurs propriétés biologiques

Dans les propriétés biologiques, l’accent sera mis sur la spécificité d’hôte, la durée du cycle réplicatif, la cytopathologie et les caractères de l’infection. Ainsi les Herpesviridae sont classées en 3 sous-familles : Les α Herpesvirinae, les ß Herpesvirinae et γ Herpesvirinae.

Sous-famille des α Herpesvirinae
L’infection naturelle est de façon générale spécifique d’une espèce animale donnée mais on peut expérimentalement infecter d’autres espèces.
– Le cycle de réplication virale est très rapide : < à 24 h. Les cellules infectées présentent un effet cytopathogène caractéristique.
– L’infection latente siège essentiellement in vivo dans les ganglions nerveux mais d’autres tissus peuvent également héberger le virus.

Sous-famille des ß Herpesvirinae
L’infection naturelle est limitée à une espèce animale sensible (spectre d’hôte très étroit).
– Le cycle de réplication virale in « vitro » n’a lieu en général que dans les fibroblastes de l’espèce sensible à l’infection naturelle. Ce cycle de réplication est très long (plusieurs jours). Un effet cytopathogène peut être observé dans la cellule infectée ; cet effet cytopathogène se développe en foyers donnant de grandes cellules (cytomégalie) évoluant lentement vers la lyse. Il existe des inclusions nucléaires (inclusion de type A de Cowdry)
– L’infection latente siège « in vivo » au niveau de plusieurs tissus : glandes salivaires, ganglions, reins, lymphocytes.

Sous famille des γ Herpesvirinae
– Le spectre d’hôte est réduit à l’espèce sensible à l’infection naturelle ou à des espèces qui en sont proches ;
– Le cycle de réplication des virus de ce groupe n’a lieu « invitro » que dans les lymphocytes et dans certains cas dans les cellules épithéliales et les fibroblastes ;
– L’effet cytophatogène n’est pas toujours évident.

Classification selon la structure de leur génome 

Tous les virus herpétiques possèdent au niveau de leurs génomes des séquences répétées. Il s’agit de séquences répétées inversées ou de répétition de séquences de même orientation. Le groupement de ces séquences a permis de classer les Herpesviridae en 5 classes de A à E. Ces séquences ont été mises en évidence grâce à des images de microscopie électronique, et confirmées par la suite par des analyses à l’aide d’enzymes de restriction .

STRUCTURE

Caractères morphologiques 
Différentes études, en particulier la microscopie électronique en coloration négative, ont permis de montrer qu’il s’agissait de virus enveloppé, d’un diamètre compris entre 120 à 200 nm. De l’intérieur vers l’extérieur, on trouve :
– Le noyau ou core qui est constitué par l’ADN du virus enroulé autour d’une structure protéique fibrillaire. Les terminaisons des fibres sont ancrées à la face interne de la capside.
– La nucléocapside qui est de symétrie icosaédrique avec 162 capsomères (150 hexamères et 12 pentamères). Elle a un diamètre d’environ 110 nm.
– Le tégument qui est composé de matériel fibreux qui entoure la capside et joue un rôle important de jonction entre l’enveloppe et la nucléocapside.

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Table des matières

INTRODUCTION
RAPPELS SUR LE HUMAN HERPESVIRUS TYPE 8
1-DECOUVERTE
2-CLASSIFICATION
2-1- Classification selon leurs propriétés biologiques
2-1-1- Sous-famille des α Herpesvirinae
2-1-2-Sous-famille des ß Herpesvirinae
2-1-3-Sous famille des γ Herpesvirinae
2-2-Classification selon la structure de leur génome
3-STRUCTURE
3-1-Caractères morphologiques
3-2-Composition chimique
3-3-Caractères du virus
4-MULTIPLICATION DU VIRUS
4.2. Multiplication « in vivo »
5-PHYSIOPATHOLOGIE
6-EPIDEMIOLOGIE
6-1-Transmission
6-1-1-Voie sexuelle
6-1-2-La transmission horizontale
6-1-3- La salive
6-1-4- Transmission iatrogène
6-2-Facteurs de dissémination du virus
6-3- Répartition géographique
7- PATHOLOGIES ASSOCIEES A L’INFECTION AU VIRUS HERPETIQUE DE TYPE 8 (HHV8)
7-1- Le Sarcome de Kaposi
7-1-1-La forme classique ou « Européenne »
7-1-2-La forme endémique ou « africaine »
7-1-3- La forme liée à l’immunodépression iatrogène
7-1-4-La forme liée à l’infection à VIH
5-2-Myélome multiple
7-3-Maladie de Castleman
7-4-Les Lymphomes diffus des séreuses
8- DIAGNOSTIC DE L’INFECTION AU VIRUS HERPETIQUE HUMAIN TYPE 8
8-1-Diagnostic direct
8-1-1-Prélèvement
8-1-2-La Culture
8-1-3-L’amplification génique ou Polymerase Chain Reaction
8-2-Diagnostic indirect
8-3-Interprétation des résultats
9- TRAITEMENT DE L’INFECTION AU HERPES VIRUS HUMAIN TYPE 8 (HHV8)
SEROPREVALENCE DE L’INFECTION A HHV8 CHEZ LES ENFANTS
Cadre d’étude
1 – Présentation de l’hôpital A. LE DANTEC
2 – Le laboratoire de Bactériologie-Virologie
2 – 1- L’accueil
2 – 2 L’unité de Bactériologie
2 – 3 La salle de stérilisation
2 – 4 L’unité d’Immunologie-Sérologie
POPULATION D’ETUDE, MATERIEL ET METHODES
1-POPULATION D’ETUDE
1-1 Prélèvement
2- Matériel et réactifs
2-1- Matériel
3-Méthodes
3-1 Sérologie HHV8
3-1-1- Principe du test
3-1-3- Interprétation des résultats
2-2- Exploitation des résultats
RESULTATS
1-POPULATION D’ETUDE
1-1-Répartition de la population d’étude selon l’origine du prélèvement
1-2-Répartition de la population d’étude selon l’âge
1-3- Répartition de la population d’étude selon origine hospitalière et âge
1-4-Répartition de la population d’étude selon le sexe
1-5- Répartition de la population d’étude selon l’hospitalisation
1-6- Répartition de la population d’étude selon le lieu de résidence
1-7- Répartition de la population d’étude selon le lieu de résidence à Dakar
1-8- Répartition de la population d’étude selon la profession du père
1-9- Répartition de la population d’étude selon la profession de la mère
1-10-Répartition de la population d’étude selon le diagnostic
2-RESULTATS DE LA SEROLOGIE
2-1 Séroprévalence globale du HHV8
2-2- Séroprévalence selon le sexe
2-3-Séroprévalence en fonction de l’âge
2-4 Séroprévalence du HHV8 selon le lieu de résidence
2-5- Séroprévalence du HHV8 selon la profession
2-5-1- Séroprévalence du HHV8 selon la profession du père
2-5-2- Séroprévalence du HHV8 selon la profession de la mère
2-6- Séroprévalence du HHV8 et diagnostic
2-7 Séroprévalence du HHV8 et hospitalisation
2-8 Autres paramètres biologiques
DISCUSSION
CONCLUSION

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